Une récente mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires a estimé que la production céréalière totale atteindrait, en 1996/97, 5,33 millions de tonnes comprenant 4,10 millions de tonnes de sorgho, 0,49 million de tonnes de mil, 0,64 million de tonnes de blé devant être moissonné en avril 1997, et une quantité relativement réduite de maïs (0,09 million de tonnes) principalement produit dans le sud du pays. Ces prévisions incorporent une estimation plus complète de la production du Soudan méridional et supposent une sous-estimation d'environ 250 000 tonnes de la production de la région au cours des années précédentes. Si l'on fait abstraction de cette augmentation statistique ponctuelle, la récolte 1996/97 est supérieure de moitié à l'estimation finale par le Ministère MANRAW* de la production décevante de l'an dernier. Le sorgho enregistre une progression de 61 pour cent, le mil de 23 pour cent et le blé devrait augmenter de 17 pour cent. La production céréalière totale dépasse même légèrement l'excellente récolte de 1994/95; les volumes de sorgho et de blé sont nettement plus élevés, tandis que le mil ne représente que la moitié de la production de cette année exceptionnelle. L'augmentation considérable des emblavures de sorgho, stimulée par les prix élevés au moment des semis, mais également par des approvisionnements meilleurs que d'habitude en carburant et en engrais et par un usage accru de cultivars de fort potentiel, ont suscité les conditions propices à la meilleure récolte de sorgho de ces dernières années. Les précipitations ont été satisfaisantes en début de saison; cependant, une période sèche qui a commencé au mois de juin dans la région de Gedaref et a affecté plusieurs autres régions productrices au mois de juillet a affecté le potentiel de rendement à un moment critique des cycles de croissance. Les semis ayant parfois dû être retardés jusqu'à la fin de la période sèche, les récoltes ont été attaquées par le moucheron du sorgho. Dans certaines régions, notamment dans certains secteurs du Renk, les pluies se sont interrompues prématurément début octobre, exposant les récoltes semées tardivement à un manque d'humidité durant la phase de remplissage des grains, entraînant une insuffisance de la taille des grains ainsi que des rendements. Cependant, les attaques de ravageurs et les maladies affectant le sorgho ont été, cette année, inférieures à la moyenne dans l'ensemble du pays. Par suite du manque de crédits pour l'arrachage des mauvaises herbes, certaines récoltes ont été affectées par ces dernières. Le "striga" continue de gêner gravement la culture du sorgho dans la plupart des régions du pays, bien que l'on s'efforce de contrer l'apparition de cette mauvaise herbe en améliorant la rotation des cultures. Dans certains secteurs mécanisés, le manque de machines a limité les surfaces ensemencées; en outre, ce phénomène risque d'entraîner des réductions de récoltes dans les exploitations de grandes dimensions du fait de la perte de grains causée par la récolte tardive. Les récoltes de mil ont été nettement moins favorisées que celles du sorgho, étant donné que le millet est surtout planté dans la moitié nord des régions du Darfour et du Kordofan, où les précipitations ont été faibles et irrégulières en milieu de saison. Toutes les régions occidentales situées sur le 13o de latitude Nord ont connu des périodes sèches en août/ septembre, et les récoltes de mil, traditionnellement plantées dans les sols sablonneux "goz", en ont été gravement affectées. En outre, du fait des dommages causés par les sauteriaux aux récoltes précoces du nord et de l'ouest de la région du Darfour, il a fallu réensemencer, mais là encore, les récoltes ont durement souffert de la mauvaise distribution des pluies durant la période ultérieure. Bien que la surface totale ensemencée en mil soit satisfaisante, on estime que plus de la moitié de la récolte est improductive. Quant aux maigres récoltes restantes, elles ont dans de nombreuses régions fait l'objet d'attaques tardives d'Acantho cephala du mil, ce qui a encore réduit les rendements. Bien que la production de mil soit supérieure à celle de l'an dernier, extrêmement médiocre dans tous les secteurs, les stocks sont beaucoup plus bas qu'il y a un an - du fait des importants reports qui avaient été opérés à partir de la campagne 1994/95 - et les approvisionnements en mil seront insuffisants dans le nord Darfour, le nord Kordofan, le nord-ouest du Kordofan ouest, le nord du sud Darfour et la province de Geneina du Darfour ouest. Les perspectives d'approvisionnements alimentaires pour 1996/97 sont par conséquent favorables; cependant, dans certains Etats ou provinces, l'approvisionnement en denrées alimentaires sera probablement précaire. En dépit du surplus global de sorgho, les six Etats du Darfour et du Kordofan, l'Etat de la mer Rouge et l'ensemble du sud connaîtront un déficit dont le montant total sera d'environ 600 000 tonnes. Certains de ces déficits seront compensés grâce au commerce intérieur normal; cependant, notamment dans le cas du Kordofan Nord et du Darfour Nord, certaines régions et secteurs de la population auront du mal à satisfaire leurs besoins alimentaires. Dans ces régions vulnérables, notamment sur le 13o de latitude Nord, la production est très faible, les stocks sont négligeables et les recettes provenant des récoltes vivrières et du bétail pourraient ne pas couvrir l'achat de quantités suffisantes de céréales. Bien que le sorgho soit destiné à se déplacer vers l'ouest à partir des régions excédentaires, les prix demeureront relativement élevés en raison des coûts de transport. C'est pourquoi les prix, même ceux du sorgho, risquent d'être tout à fait inaccessibles pour de larges tranches de populations rurales, notamment à partir de mars 1997 environ. Il est donc suggéré d'adopter un plan d'intervention permettant de venir en aide aux personnes souffrant de déficit alimentaire grave, soit au moyen d'achats locaux de céréales, soit par une assistance au transport de denrées à partir de régions productrices excédentaires. Par ailleurs, un total de 52 176 tonnes d'aide alimentaire d'urgence comprenant 39 000 tonnes de céréales sera nécessaire pour les 2,6 millions de personnes déplacées et affectées par la guerre, au cours de l'année 1997 dans le cadre de l'Opération Survie au Soudan.