TADJIKISTAN* (16 décembre)

ll est difficile d'obtenir des informations systématiques et fiables concernant la production agricole de ce pays déchiré par les troubles et les données officielles relatives à la récolte de 1996 sont contradictoires. Les superficies ensemencées en céréales ont été con-sidérablement étendues pour atteindre 400 000 hectares environ, dont 150 000 hectares sont irrigués. Les inondations ont fait quelques dégâts en mai et des pénuries de toute sorte ont encore une fois affecté le rendement moyen des récoltes; toutefois, de l'avis général, la récolte céréalière de cette année devrait être de l'ordre de 400 000 tonnes, volume sensiblement supérieur à celui de l'an dernier (260 000 tonnes) et aux estimations officielles qui l'établissent à 280 000 tonnes. Cette meilleure estimation est confirmée par la mission de la FAO qui s'est rendue dans le pays en juin/juillet 1996 et a constaté que les rendements céréaliers étaient sous-estimés, surtout pour ce qui concerne le blé. Les informations que la mission a pu obtenir de diverses sources concordent: sur des superficies raisonnables irriguées, le rendement moyen des cultures de blé était de 1,5 à 2,5 tonnes par hectare, tandis sur des terres non irriguées, il dépassait rarement une tonne par hectare. Les conditions de croissance ont été meilleures cette année que l'an dernier et on devrait enregistrer dans certaines zones de très bons rendements pouvant aller jusqu'à 4 tonnes par hectare. Sur la base d'un rendement moyen de 1,75 tonne par hectare sur des terres irriguées et de 0,6 tonne par hectare sans irrigation, la production peut être raisonnablement établie à près de 400 000 tonnes. La production de la plupart des autres cultures vivrières et fourragères devrait être en baisse, sous l'effet de la réaffectation de certaines terres au blé. La production de coton, principale culture de rente, a reculé de près de 25 pour cent, tombant à 320 000 tonnes. Une enquête nutritionnelle conduite par l'institut allemand Agro-Action, a mis en évidence une forte dégradation de la situation nutritionnelle dans l'ensemble du pays depuis 1993, du fait de la pauvreté générale. Malgré une production céréalière plus abondante en 1996, le pays enregistre un important déficit céréalier qu'il ne lui sera pas possible de couvrir en raison de graves problèmes de disponibilités de devises et de la mauvaise récolte de coton de cette année. Les besoins céréaliers pour 1996/97 sont estimés à 760 000 tonnes, dont 660 000 tonnes destinées à la consommation humaine (à raison d'environ 360 grammes par personne et par jour pour une population de 5,5 millions d'habitants) et 100 000 tonnes pour l'alimentation animale et d'autres usages, notamment semencier. Quant aux disponibilités intérieures, elles s'élèvent à 390 000 tonnes (à l'exclusion des légumineuses et du riz en équivalent riz usiné), de sorte qu'il reste à importer 370 000 tonnes. La capacité d'importation du pays à des conditions commerciales est très limitée. Le gouvernement a demandé 180 000 tonnes de blé à titre d'aide alimentaire pour couvrir ses besoins en céréales vivrières entre janvier et juin 1997, ainsi qu'une aide sous forme de machines agricoles, de produits agrochimiques et de semences pour accroître la production vivrière intérieure. En 1996/97, le pays recevra un soutien budgétaire direct de la CE en remplacement de l'aide alimentaire à monétiser. Le débours de ces sommes est lié à la mise en oeuvre de réformes dans le secteur agricole, en particulier à la réforme agraire, à la privatisation de la chaîne de transformation et de distribution des céréales et du pain, et à la libéralisation des prix des céréales. Ces réformes auront probablement pour effet d'accroître la nécessité d'une aide sélective en faveur des plus vulnérables. Les populations vulnérables continuent de nécessiter une aide humanitaire sélective. Il s'agit notamment des populations déplacées à la suite des troubles civils, des retraités âgés, des veuves de guerre avec enfants, des familles nombreuses monoparentales, des orphelins et des handicapés/invalides. Environ 600 000 personnes ont besoin d'une aide alimentaire. Le PAM, les ONG, le CICR et la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge distribuent une aide alimentaire d'urgence. Les réponses à la récente Alerte aux donateurs des Nations Unies ont été encourageantes et les promesses de contributions couvrent les besoins du PAM jusqu'au mois d'août.


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