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2.3. L'aménagement forestier du CFPF de Morondava

2.3.1. Objectif

L'objectif principal est maintenir les superficies forestières actuelles et régulariser l'exploitation des ressources forestières et pour les forêts exploitables de produire du bois d'oeuvre tout en maintenant le maximum de biodiversité animale et végétale.

2.3.2. Régime, rotation et révolution

Le régime est une futaie irrégulière avec des coupes polycycliques. Seuls les arbres des essences de bois d'oeuvre dépassant le diamètre d'exploitabilité sont coupés à chaque rotation. Le diamètre d'exploitabilité est fixé par catégorie d'espèce par la législation forestière.

Cependant, certaines essences précieuses rares comme l'hazomalany (Hernandia voyroni) ne sont pas exploitées. D'autres, dont }es caractéristiques technologiques sont particulières comme le sarongaza (Colvillea racemosa) ou dont la préservation est difficile comme le farafatsy (Givotia madagascariensis), ne sont exploitées que sur demande.

Le seuil minimum de volume exploitable a été fixé en 1978 à 10 m3/ha d'après les résultats des inventaires de la FAO dans la région. Mais étant donné les possibilités des peuplements, il a été abaissé a 7,5 m3/ha, puis à 5 m3/ha.

La méthode de renouvellement privilégiée est la régénération naturelle, soit par graines, soit par rejets ou drageons; la plantation ou le semis direct peut être utilisé si nécessaire. La structure recherchée n'est pas une futaie régulière, mais plutôt une futaie qui ressemblerait à une futaie jardinée par parquets ou par bouquets.

La rotation était fixée au début des activités à vingt-cinq / trente ans. Très rapidement, elle a été augmentée à cinquante ans. Actuellement, elle est estimée à une centaine d'années pour pouvoir récolter la même quantité de bois d'oeuvre à chaque rotation.

On ne peut pas vraiment parler de révolution dans le cadre d'une futaie irrégulière avec des espèces à vitesses de croissance différentes. Pour les arofy (Commiphora guillaumini et C. mafaidoha) espèces qui représentent environ 70% du volume exploitable, le temps nécessaire pour atteindre lé diamètre d'exploitabilité légal de 38 cm est estimé à quatre cents ans. Cependant, l'ouverture progressive des peuplements, qui agit comme une éclaircie ponctuelle, peut favoriser la croissance en diamètre de certaines espèces et, par conséquence, peut diminuer les rotations et les révolutions. Pourtant, il ne semble pas possible de descendre en-dessous de cinquante ans pour la rotation et de deux cents ans pour la révolution.

Des placettes d'observations permanentes ont été mises en place pour suivre l'évolution des peuplements après la première exploitation et pouvoir moduler le temps des rotations en fonction de la richesse des stations (Burren, 1990), mais elles sont encore trop récentes pour pouvoir en tirer des tendances.

2.3.3. Le parcellaire

Le parcellaire s'est appuyé sur deux pistes principales parallèles et distantes de deux kilomètres ouvertes antérieurement par la recherche pétrolière. Elles partent de la Route Nationale et traversent la forêt d'ouest en est. Une piste transversale a été ouverte au milieu de la forêt.

Les parcelles, appelées "blocs", ont une surface de cent hectares et ont une forme carrée d'un kilomètre de côté, sauf en limite de forêt. Chaque bloc est subdivisé en deux sous-blocs de 50 ha perpendiculairement aux pistes principales, et est desservi par une piste secondaire, perpendiculaire aux deux pistes principales.

2.3.4. Inventaire et méthodologie

Deux méthodes ont été testées avec le même taux de sondage de 8% (Covi, 1992):

- la première est un sondage systématique par bande de 40 m de large et de la longueur du bloc et une bande tous les 500 m perpendiculairement aux pistes principales à l'emplacement futur des pistes secondaires. On a donc deux bandes d'un km par bloc de cent hectares; le dispositif retenu est un dispositif systématique à un degré. Une stratification a priori n'a pas été possible, car les documents photographiques disponibles, étaient, soit inexistants, soit de mauvaise qualité. Le taux de sondage est de 8%, donc très élevé en forêt naturelle;

- la deuxième est également un sondage systématique, mais avec une placette circulaire de 20 m de rayon selon un maillage carré de 125 m.

La première méthode a été retenue, car elle est environ deux fois plus rapide que la seconde (7,4 HJ/100 ha contre 14 à 16 HJ/100 ha) sans que cette dernière apporte une meilleure fiabilité des résultats ou une possibilité de cartographie réaliste, car les résultats aussi bien quantitatifs que qualitatifs entre placettes voisines peuvent être très différents.

Le tableau n° 26 détaille par classes de diamètre les volumes totaux par ha, le pourcentage de volume pourri et le nombre de tiges exploitables (avec les intervalles de confiance).

Les deux tiers de la surface de la forêt ont un volume exploitable supérieur à 8 m3/ha. Les blocs riches, proches de la rivière de Kirindy ou situés à l'est de la forêt, sont les plus difficiles à exploiter à cause de leur accessibilité. Il existe une forte variabilité spatiale. Pour deux layons voisins distants de 500 mètres, les résultats peuvent varier du simple au double. L'arbre moyen exploitable est constant (quelle que soit la strate) et a 46 cm de diamètre pour un volume de 1,04 m3. Les arofy (Commiphora spp.) représentent 70% du volume exploitable. Cette proportion diminue avec la richesse de la strate. Le volume des arbres présentant une pourriture interne est élevé surtout dans les strates pauvres.

Tableau n° 26: Volumes et nombres de tiges exploitables par classe de diamètre (Morondava).

Classe de diamètre

Surface (ha)

Pourcentage de la surface

Volume total (m3/ha)

Pourcentage de volume pourri

Nombre de tiges de diamètre supérieur à 37 cm




Volume

Pourcentage de confiance


Nombre

Intervalle de confiance

1

62,52

9

3.85

0,81

27

3,7

0,8

2

159,96

23

6,37

0,46

23

6,1

0,5

3

241,46

35

8.62

0,52

20

8.3

0,4

4

138 60

20

11.22

0,99

16

10 9

0 9

5

92.70

13

14,57

1,02

16

14,0

1,4

Total

695,24

100

Moy = 8,98

19

19

Moy = 8,7

0,3

Une comparaison des volumes inventoriés et exploités a été réalisée sur 560 ha. Les volumes réellement exploités sont inférieurs en moyenne de 25% à ceux estimés par l'inventaire même après déduction des arbres avec pourriture interne. Il n'a pas été trouvé d'explications rationnelles à cette surestimation de l'inventaire: tarif de cubage, arbres oubliés pendant l'exploitation, etc. Donc même avec un taux de sondage élevé (8%), l'inventaire ne donne que des ordres de grandeur des possibilités d'exploitation.

2.3.5 Productivité

Des estimations faites à partir de la croissance des arofy et de la structure des peuplements donnent des accroissements de 0,05 à 0,08 m3/ha/an de bois d'oeuvre pour une station de fertilité moyenne (Walker, 1989). Parmi les espèces de bois d'oeuvre, les arofy sont celles qui ont une des croissances des plus lentes, et par le jeu des exploitations (qui sont des éclaircies localisées auxquelles semblent répondre positivement de nombreuses espèces), on peut penser que les accroissements peuvent être supérieurs à ces chiffres, surtout si des essences à croissance rapide sont favorisées.

Pour l'ensemble du peuplement, aucune étude n'a été faite. Mais les espèces de bois d'oeuvre ne représentent qu'environ 10 à 20% de la surface terrière totale des peuplements et si l'on extrapole les résultats obtenus ci-dessus, la productivité totale serait comprise entre 0,5 et 1 m3/ha/an. Cette productivité peut sembler faible, mais vu les conditions écologiques (pluviosité faible et variable, sols pauvres chimiquement et à faibles réserves en eau, évapotranspiration élevée en période de croissance), ces estimations semblent réalistes et comparables à celles trouvées dans des conditions similaires. Dans des conditions équivalentes, des Eucalyptus camaldulensis de bonne provenance ont un accroissement annuel moyen à 10 ans de 5 m3/ha/an (d'aucuns pourraient être tentés de proposer la conversion de cette forêt, ce qui ne serait pas pertinent).

Pour les produits autres que le bois, peu d'études ont été réalisées. On peut cependant citer une production de 3 tonnes/ha/an de litière, dont une partie non quantifiée est appétée par des lémuriens et des zébus.

2.3.6. L'exploitation forestière

Lors de l'exploitation, seulement 4 à 15 m3/ha (soit 6 à 20 arbres/ha) sont exploités.

L'abattage se fait toute l'année à la scie passe-partout et ne pose pas trop de problèmes, car les arofy sont des bois tendres. La direction de chute est choisie pour faciliter le débusquage et ne pas abîmer les arbres voisins.

Deux méthodes principales de débardage ont été utilisées:

- une méthode semi-mécanisée (Rakotonirina, 1987) avec un tracteur forestier doté d'un treuil qui débusque les grumes avec un câble, puis les débarde en les tirant sur un layon de 4 m de large. Les layons sont implantés perpendiculairement à la piste secondaire tous les 100 m et sont orientés est-ouest. Les infrastructures totales couvrent 5,3% pour 100 ha, dont: pistes secondaires (1,2%), places de dépôt (0,4%), layons de débardage (3,7%);

- une méthode de débardage animal avec un triqueballe et quatre zébus qui déplacent chaque grume de la place d'abattage à la place de dépôt par un layon de débusquage de 2,5 m à 3,5 m de large. Le traçage des layons se fait en fonction des grumes abattues et non pas systématiquement comme dans l'autre méthode et évite les obstacles (gros arbres non exploitables) (Wyss, 1990). Dans cette méthode, les infrastructures couvrent 8% pour 100 ha, dont: pistes secondaires (2,4%), places de dépôt (0,4%), layons de débardage (5,2%).

Les distances maximales de débardage ne dépassent jamais 250 m et sont en moyenne de 125 m.

Dans le cas du débardage mécanisé, les billons sont évacués directement sans rupture de charge. Il nécessite de lourds investissements, une grande durée d'amortissement, et d'importants volumes à exploiter. Dans le cas du débardage animal, les billons les plus lourds sont équarris à la hache ou transformés sur place par sciage de long. En effet, le poids maximal débardable avec quatre zébus ne doit pas dépasser 800 kg. Le débardage animal pose des problèmes, surtout en saison sèche, pour l'alimentation et l'abreuvement des zébus.

Ces méthodes d'exploitation permettent d'obtenir en scierie des rendements en produits semi-finis de 30 à 35% du volume exploité contre 15 à 18% avec les méthodes traditionnelles.

Les rendements:

- ouverture des pistes secondaires de 6 m de large et des places de dépôt: 7 HJ/100 m;
- ouverture des layons de débardage mécanisé de 4 m de large: 3 HJ/100 m;
- ouverture des layons de débardage animal de 3 m de large: 0,7 HJ/100 m;
- abattage: 0,25 HJ/m3 soit 10 arbres par équipe de 2 bûcherons;
- équarrissage: 0,7 à 1 HJ/m3 grume pour un équarrissage de 33%;
- débardage mécanisé (timberjack): 24 m3/jour avec une équipe de deux personnes (chauffeur, élingueur);
- débardage animal: 5 à 6 m3/jour avec une équipe de trois personnes.

2.3.7. Opérations sylvicoles

Les opérations sylvicoles se font en combinaison avec l'exploitation. Elles s'intéressent en priorité aux essences commerciales, surtout celles de qualité technologique supérieure ou (et) à croissance rapide.

Les travaux sylvicoles sont principalement effectués pour la reconstitution de la forêt après exploitation, soit par régénération naturelle, soit par enrichissement; mais quelques opérations d'amélioration de peuplement peuvent être réalisées.

2.3.7.1 La régénération naturelle

Par régénération naturelle, il est compris la régénération par graines, mais aussi par rejets et drageons. Certaines essences importantes semblent se propager principalement par voie végétative: les palissandres (Dalbergia spp.), l'anakaraka (Cordyla madagascariensis) et des Terminalia spp.

La seule méthode qui induise une régénération naturelle en quantité suffisante est l'ouverture du peuplement sur toute sa hauteur et sur une surface d'au moins 100 m2; car la lumière est le facteur prépondérant pour l'installation et surtout la croissance initiale des semis d'essences commerciales qui sont en général héliophiles. C'est pourquoi, on ne trouve des régénérations abondantes que sur les infrastructures de débardage. Les trouées dues à l'abattage sont trop petites en surface (rarement plus de 25 m2) pour obtenir suffisamment de lumière au sol. Les autres facteurs primordiaux sont le sol et l'alimentation en eau, qui sont sous la dépendance de la topographie. Les régénérations les plus intéressantes ne se rencontrent qu'en milieu de pente, en bas de pente et en fond de vallon sur des sols non inondés. Ces stations sont parmi les plus riches en volume exploitable et en diversité d'essences. De nombreux autres facteurs interviennent pour la réussite de la régénération.

Les principaux travaux sylvicoles sont des dégagements les deux premières années en début de la saison des pluies, et ensuite une mise en lumière par élargissement des layons. Le défourchage ou le dépressage sont réalisés si nécessaire en même temps que les dégagements. Après sept ans, les hauteurs dominantes ont entre 3 et 8 m selon la station et les essences. Pour chaque station souvent une à trois espèces dominent et le peuplement se stratifie. Il peut être envisagé ensuite de nouveaux dépressages et des éclaircies combinés avec des délianages. Une liste d'une trentaine d'essences à favoriser, a été dressée pour faciliter le travail des ouvriers.

2.3.7.2 La plantation

La plantation est réalisée, soit dans les stations défavorables à la régénération naturelle, soit quand cette dernière est insuffisante.

Plus de vingt cinq espèces autochtones sont utilisées, dont sept couramment: Broussonetia greveana, Colvillea racemosa, Commiphora guillaumini, C. mafaidoha, Gyrocarpus americanus, Hernandia voyroni et Neobeguea mahafaliensis. Quelques espèces exotiques (Gmelina arborea, Khaya senegalensis et Tectona grandis) ont été essayées, mais sans grand succès. La récolte et la germination des graines ont été souvent les problèmes les plus cruciaux à résoudre. Les plants utilisés sont tous des plants à racines nues. Les stumps ne donnent pas de résultats satisfaisants. Le choix de l'espèce se fait en fonction du type de sol. La plantation a lieu en général en saison sèche (juillet-août) car étrangement, les résultats de reprise sont supérieurs (tableau n° 27).

Il est indispensable de protéger les plants contre des prédateurs, notamment le Vositsy (Hypogeomus antimena), rongeur endémique, et le potamochère qui apprécie particulièrement les jeunes tubercules du Cordyla madagascariensis.

Tableau n° 27: Accroissement annuel moyen en hauteur et hauteur moyenne pour quelques espèces à Morondava.

Espèce

Accroissement annuel moyen en hauteur (cm)

Hauteur moyenne à 7 ans (m)

Broussonetia greveana

20-60

4-6

Colubrina decipiens

30-70

3 -5

Colvillea racemosa

40-150

5-7

Commiphora guillaumini

20-40

2-63

Commiphora mafaidoha

30-50

3-4

Cordyla madagascariensis

25-60

3-4

Gyrocarpus americanus

20-50

2,5-3,5

Hernandia voyroni

5-30

très variable

Neobeguea mahafaliensis

25-45

2,5-3,5

Le mélange d'espèces, bien que plus difficile à gérer, est une option technique à ne pas négliger car il permet de minimiser les risques, de recréer des structures voisines de celles des forêts naturelles et d'aider à garder la diversité génétique.

2.3.7.3 Le semis direct

C'est un procédé intéressant, car il est deux à trois fois moins cher qu'une plantation. Cependant il n'est utilisable qu'avec des espèces dont les graines sont disponibles en quantité et en qualité. Il faut:

- labourer le lit de semis;

- semer après les premières pluies régulières (mi-décembre à début janvier);

- réaliser le premier dégagement rapidement après le semis (février-mars). Colvillea racemosa et Gyrocarpus americanus satisfont seules à ces conditions (la première dans les stations sèches et la seconde dans les stations humides).

2.3.7.4 L'amélioration des peuplements

Des éclaircies sélectives, cherchant à mettre en lumière le houppier, sont réalisées au profit de sujets d'espèces commercialement intéressantes. Cette éclaircie est donc modulée selon l'étage et l'état du houppier du sujet traité.

Les résultats montrent que des éclaircies sélectives peuvent augmenter la croissance en diamètre de certaines essences, notamment les espèces héliophiles. Ces éclaircies permettent de doubler l'accroissement en diamètre des tiges des étages inférieurs et intermédiaires pendant au moins cinq ans. Pour les essences à tempérament sciaphile (Hernandia voyroni), les éclaircies ne semblent pas avoir d'effet sur la croissance; ce qui rend cette technique onéreuse pour un résultat dont l'efficacité dans le temps n'est pas assurée.

2.3.7.5 Conclusion

De 1978 à 1993, grâce à ces différentes techniques sylvicoles, le CFPF a réalisé:

- la régénération naturelle d'environ 200 ha sur places de dépôt, layons de débardage et anciens petits défrichements à l'intérieur de la forêt;

- la plantation sur layons de débardage, places de dépôt, layons de débusquage et trouées d'abattage sur 4 000 ha exploités, soit l'équivalent de 160 ha en plein avec 200 000 plants;

- le semis direct sur layons de débardage et places de dépôt sur environ 500 ha exploités, soit l'équivalent de 20 ha en plein (avec environ 150 000 graines);

- l'amélioration de peuplements sur environ 50 ha.

La sylviculture pratiquée peut être considérée comme douce, car elle perturbe peu les écosystémes forestiers. Seulement, 10 à 15% de la surface des peuplements sont touchés par les infrastructures d'exploitation et trouées d'abattage. Cette sylviculture permet à long terme un rendement soutenu en bois d'oeuvre tout en minimisant les risques de dysfonctionnement des écosystèmes forestiers. Les exploitants traditionnels de la région créent peu d'infrastructures, car elles sont coûteuses et, en général, les bois exploités sont débardés à dos d'homme par des petites sentes. Ces dernières sont peu favorables à la reconstitution, car trop fermées.

Le cahier des clauses techniques des exploitants stipule des normes pour préserver la pérennité de la forêt et sa reconstitution. Mais ces normes sont le plus souvent trop générales, difficilement applicables et contrôlables. En plus, les exploitants préfèrent payer au Service Forestier une redevance relativement faible (qui devrait servir à reboiser une surface équivalente à celle exploitée) plutôt que réaliser des travaux sylvicoles dans leur lot d'exploitation.

Après exploitation traditionnelle, la reconstitution de la forêt n'est donc pas du tout assurée paradoxalement à cause de la faible modification de la structure des peuplements par l'exploitation. Ces interventions trop faibles dans les étages inférieurs et intermédiaires ne créent pas de trouées suffisamment grandes pour permettre la régénération naturelle ou la plantation.

2.3.8. Les autres produits et services de la forêt

Les produits alimentaires: miel, gibiers (lémuriens, tenrecs: espèces ressemblant à des hérissons, potamochères, oiseaux), poissons dans les mares ou les rivières, tubercules, feuilles, fruits, champignons, etc. servent surtout à l'alimentation des riverains des forêts, et ont une grande importance en période de soudure (décembre-mars) pour leur survie, puisque certaines familles ne s'alimentent presque uniquement qu'avec ces produits et en moyenne à plus de 80% (Favre, 1990).

D'autres produits sont également importants pour la vie quotidienne villageois: plantes médicinales, plantes qui produisent directement ou indirectement des gommes, latex, colle, fibres, cordes, chaumes, savons, etc. La forêt naturelle joue également un rôle essentiel dans toutes les pratiques ayant un caractère rituel, que ce soient le culte des ancêtres ou les magies.

La forêt naturelle primaire sert aussi de zone de pâture et de protection à des zébus à demi-sauvages et qui sont récupérés lors de certains événements par leurs propriétaires. Ces zébus n'ont jamais été dénombrés, mais ils sont relativement nombreux. Leurs traces sont observées dans toute la forêt.

2.4. Participation des populations riveraines

En dehors de leurs propres besoins, les populations riveraines, sauf les ouvriers du CFPF, ne participent pas à la gestion de la forêt naturelle. Les bûcherons viennent en général d'une autre région de Madagascar et ne travaillent dans la région qu'une partie de l'année.

L'essentiel des récoltes des produits en forêt naturelle est le fait des hommes. Seul le ramassage du bois de feu proche des villages ou des habitations est fait par les femmes et les enfants.

Par contre, les villageois participent à l'aménagement de leur terroir en déterminant les friches à remettre en culture, les infrastructures à réaliser (puits, canaux d'irrigation) et plus récemment, pour quelques villages, les forêts à conserver et les objectifs de leur aménagement.


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