FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 06/98 - SOUDAN* (5 juin)
La moisson du blé de 1998 est terminée. Selon les premières estimations, la production est de 550 000 tonnes, soit une baisse de 13 pour cent par rapport à la récolte exceptionnelle de l’année dernière, mais un résultat conforme à la moyenne. La diminution de 17 pour cent des emblavures a été partiellement compensée par les meilleurs rendements qui ont pu être atteints grâce à l’approvisionnement suffisant en eau et aux températures favorables. Les semis de céréales de la campagne principale de 1998 vont bientôt commencer dans les zones du nord et du centre du pays.
En dépit de la situation satisfaisante des disponibilités alimentaires, de graves difficultés d’approvisionnement subsistent dans certaines parties du sud du pays. L’intensification des troubles intérieurs depuis janvier, en particulier dans la province de Bahr El Ghazal, a entraîné de nouveaux déplacements de population, aggravant ainsi une situation alimentaire rendue déjà précaire par la mauvaise récolte de 1997 due à la sécheresse. Cela, conjugué aux difficultés de distribution de l’aide, a conduit à une grave malnutrition dans les Etats de Bahr El Ghazal, du Haut-Nil occidental, de l’Equatoria oriental, où l’on signale dans certaines zones des cas de décès dus à la famine. Les prix des denrées alimentaires ont fortement augmenté dans toute la région et ils sont trop élevés pour la majorité de la population. Les mécanismes permettant d’affronter la situation ont tous été épuisés. Dans la seule région de Bahr El Ghazal, 350 000 personnes, dont 150 000 qui viennent d’être déplacées, risquent de connaître la famine à moins qu’une aide alimentaire d’urgence ne soit distribuée. Les études nutritionnelles conduites par l’UNICEF parmi les enfants de moins de cinq ans à Wau, la capitale de l’Etat de Bahr El Ghazal occidental, font état d’une malnutrition générale de 29 pour cent, dont 9 pour cent de malnutrition grave.
Les premières estimations concernant la production vivrière de la campagne principale de 1998, qui sera récoltée à partir de juillet, ne sont pas encourageantes. Les semis, qui s’effectuent habituellement en avril, ont diminué. De larges étendues de terre n’ont pas été cultivées en raison des déplacements de population. Les dernières images satellite montrent que des pluies tardives, mal réparties et généralement insuffisantes sont tombées entre la fin mars et la fin mai, avec des valeurs bien en dessous de la normale à Bahr El Gazal, l’Etat le plus touché par les troubles intérieurs, et dans certaines zones de l’Etat de Equatoria occidental. Les graves pénuries de semences, résultant des mauvaises récoltes de l’année dernière, ont également compromis les semis.