La FAO a été la première agence des Nations Unies à initier une analyse sectorielle détaillée de l'impact socio-économique du VIH/SIDA sur les économies rurales. Aussi, dès le départ, la FAO a-t-elle perçu la pandémie du VIH/SIDA comme étant un problème de développement présentant une importance capitale plutôt que comme un simple problème de santé.
Il semble se dégager un consensus croissant selon lequel la pandémie du VIH/SIDA ne sera pas contenue tant qu'elle sera considérée comme un problème relevant du seul secteur de la santé et non pas situé dans le contexte global du développement. Un solide engagement politique pour combattre la maladie s'impose pour que soit adoptée une approche globale et intégrée en vue d'atténuer l'impact généralisé de la maladie et résoudre le problème de la pauvreté et de l'impuissance. Nombre de gouvernements en Afrique sub-saharienne sont en passe de mettre au point un plan stratégique national afin d'apporter une réponse multisectorielle au VIH/SIDA. Cet exercice a fait des progrès avec l'assistance du Programme Mondial SIDA (PMS/OMS) et il fait maintenant l'objet d'un suivi de la part du Programme Conjoint des Nations Unies sur le SIDA (ONUSIDA). Dans le cadre de ces plans, chaque secteur clé a mission d'entreprendre des activités sur la base de son avantage comparatif. Il faut que les Ministères de l'Agriculture participent aux programmes nationaux de lutte contre le SIDA et discutent avec les autorités des autres secteurs compétents du rôle de l'agriculture dans une approche multisectorielle de lutte contre le VIH/SIDA.
Eu égard à la propagation rapide de la pandémie du VIH/SIDA dans les zones rurales, particulièrement en Afrique sub-saharienne, il y a lieu d'entreprendre une recherche socio-économique et culturelle (par des études d'évaluation rapide) quant à l'impact de la maladie sur les systèmes de production agricole, la sécurité alimentaire familiale, les mécanismes traditionnels de survie etc. pour permettre la mise au point de stratégies appropriées de prévention et d'atténuation des effets. Nous suggérons les considérations et activités suivantes pour lancer des stratégies conjointes de prévention du VIH/SIDA et d'atténuation de ses effets en faveur des familles/communautés rurales:
* Il est nécessaire de mener des recherches quant à l'impact agricole de la maladie sur une base géo-spécifique. Par exemple, l'on pourrait orienter la recherche sur la mise au point de cultures qui nécessitent moins de travail, mais sont nourrissantes, sur des pratiques culturales à moindre intensité de main d'oeuvre et sur des technologies de conservation qui allègent le travail.
* Il faut que l'enseignement agricole et les politiques de formation prennent en compte les implications sexo-spécifiques et l'impact socio-économique de la maladie sur les familles/communautés rurales.
* Les programmes nationaux de lutte contre le SIDA doivent préconiser des réformes juridiques en vue de protéger les groupes vulnérables, en particulier les veuves et orphelins du VIH/SIDA, en mettant un accent particulier sur le système foncier, la succession, l'accès à l'assistance et aux intrants.
* L'éducation, la formation et l'assistance doivent cibler les groupes sociaux spécifiques les plus touchés par la maladie. Il faudrait accorder une attention particulière aux filles que l'on retire de l'école pour les faire travailler et s'occuper de la famille. Il faut que les programmes de vulgarisation agricole collaborent avec d'autres agences techniques et ONG compétentes dans des domaines spécifiques en vue de promouvoir les campagnes de prévention du VIH/SIDA, en y ajoutant des interventions visant la résolution des problèmes pour les familles et/ou communautés les plus touchées.
* Les agences de développement, en particulier la vulgarisation agricole et les ONG compétentes, doivent prendre en compte les implications du VIH/SIDA dans leurs activités d'animation. Les politiques de développement rural qui prennent en compte les effets de la maladie peuvent en réduire l'impact. Les programmes de vulgarisation participatifs et orientés vers la résolution des problèmes qui améliorent les conditions sociales et économiques des paysans et réduisent la dépendance vis-à-vis des migrations et de la prostitution réduiront la transmission de la maladie.
* Les familles et communautés rurales doivent concevoir et adapter leurs propres mécanismes de survie. Les programmes de vulgarisation agricole, en collaboration avec d'autres agences et ONG, devraient appuyer ce processus.
* L'amélioration de la condition sociale et économique des femmes constitue une étape cruciale pour accroître leurs capacités à se protéger elles-mêmes de la pandémie ainsi que leurs familles et enfants. A cet égard, les programmes de vulgarisation agricole qui sont sensibles aux questions de genre peuvent être d'un appui considérable.
* Il faut que les politiques de développement rural en Afrique sub-saharienne prennent en compte les contraintes croissantes en matière de main d'oeuvre et la possible dislocation, à grande échelle, de l'économie et de la structure sociale en milieu rural.
* Quelle que soit l'étendue de l'infection de la population par le VIH, les gouvernements doivent entreprendre des programmes extensifs de conscientisation et d'éducation. Les faibles taux d'infection offrent une occasion de prévenir de façon efficace la propagation de la pandémie. Les taux élevés d'infection appellent des mesures urgentes.
* Quelle que soit l'étendue de l'infection de la population par le VIH, les gouvernements doivent proposer une réponse intégrée face à la pandémie. Les programmes nationaux de lutte contre le VIH/SIDA doivent reposer sur une base élargie et impliquer toutes les agences gouvernementales et non gouvernementales, y compris les ministères des finances, de la santé, de l'agriculture, de l'éducation etc.
* Nombre de pays ont déjà mis en place, sous la coordination de l'ONUSIDA, un groupe thématique des Nations Unies sur le VIH/SIDA. Les représentants du FNUAP et de la FAO devraient participer à cet exercice et porter à l'attention du groupe thématique les problèmes que pose l'impact du VIH/SIDA à la production agricole et aux familles/communautés rurales, afin de définir le rôle du Ministère de l'Agriculture dans le plan stratégique national global de prévention du VIH/SIDA et d'atténuation de ses effets.
* Les agences d'assistance technique, y compris la FAO, devraient conjuguer leurs efforts pour améliorer les stratégies existantes de prévention et d'atténuation des effets pour combattre la maladie dans les zones rurales.