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Annexe II. Etudes/activités de la FAO sur l'impact socio-économique du VIH/SIDA sur l'agriculture et le développement rural


Annexe II. Etudes/activités de la FAO sur l'impact socio-économique du VIH/SIDA sur l'agriculture et le développement rural

La FAO a été la première agence des Nations Unies à entreprendre une analyse sectorielle détaillée de l'impact socio-économique du VIH/SIDA sur les économies rurales et à amorcée ainsi une grande partie des travaux de même nature produits par des institutions indépendantes. Les actions de la FAO ont été dictées par le nombre croissant de preuves selon lesquelles la pandémie du VIH/SIDA allait intensifier les goulots d'étranglement dans le domaine de l'agriculture, en particulier en Afrique sub-saharienne, accroître la malnutrition généralisée, en rajouter aux problèmes des femmes rurales, en particulier dans les familles dirigées par une femme du fait de la division sexuelle du travail et des droits fonciers/ressources, et exacerber la crise de la dette par la réduction des exportations agricoles. Aussi, dès le départ, la FAO a-t-elle perçu la pandémie du VIH/SIDA comme étant un problème de développement d'importance capitale plutôt qu'un problème de santé uniquement.

Depuis 1988, la FAO a mené trois études de cas nationales en Afrique de l'Est, se fondant sur l'analyse des données existantes en vue de comprendre davantage les impacts du VIH/SIDA sur les systèmes de production agricole et le développement rural en général. Ces études ont été complétées par une évaluation de la disponibilité des données pour des études de cas du même type dans d'autres pays d'Afrique centrale et australe.1 Ces études qui comportent des enquêtes sur la répartition du travail au sein des familles selon l'âge et le genre, sur les besoins en matière de main d'oeuvre en fonction des cultures ainsi que sur les schémas des revenus et dépenses agricoles ont identifié les caractéristiques spécifiques et les caractéristiques générales des familles et des systèmes de production agricole vulnérables. Elles ont aussi démontré l'importance de l'apport financier des travailleurs migrants ainsi que la perte de cet apport du fait de la morbidité et de la mortalité liées au VIH/SIDA, ce qui affecte la sécurité alimentaire familiale, la production alimentaire et le bien-être sur le plan nutritionnel.

1 Les trois études de cas sont: 1. Impact potentiel du SIDA sur les systèmes de production alimentaire: étude de cas sur le Rwanda. FAO. 1988. 2. Impact potentiel du SIDA sur la production alimentaire et la consommation: Région de Tabora, étude de cas sur la Tanzanie. FAO. 1989 3. Impact potentiel du SIDA sur la production agricole et la consommation au Malawi. FAO. 1991.

Depuis 1993, la FAO a concentré ses efforts afin de déterminer les stratégies déterminantes de survie, réelles plutôt qu'hypothétiques, dans les zones de plein impact VIH/SAIDA afin d'élaborer un agenda d'action global qui pourrait être adapté par les pays pour servir leurs situations et besoins particuliers.

Les projets/activités suivants ont été entrepris ou initiés:

(1) Dans le cadre du Programme de Coopération Technique de la FAO, le Service de la vulgarisation, de l'éducation et de la communication (SDRE) a financé le projet TCP/UGA/2256 portant sur le "Renforcement des Programmes destinés aux Jeunes Ruraux en Ouganda". Ce projet est devenu opérationnel en avril 1993 et il a constitué la première initiative à s'intéresser à la pandémie du VIH/SIDA au sein du Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche de l'Ouganda (MAAIF). La mission principale du projet qui s'est achevé en 1995 consistait à se pencher sur la situation et les besoins des jeunes ruraux et à renforcer le Programme Jeunes Agriculteurs du Service de Vulgarisation et, devant l'ampleur de la pandémie du SIDA en Ouganda, d'évaluer aussi l'impact socio-économique du VIH/SIDA sur les familles rurales et concevoir un cadre pour un volet VIH/SIDA dans la perspective du Programme Jeunes Agriculteurs (YFP). Une consultation de cinq mois a été ajoutée pour évaluer l'impact du VIH/SIDA sur les familles rurales, sur les jeunes vivant en zone rurale et sur la production agricole. Un rapport intitulé "Impact socio-économique du VIH/SIDA sur les familles rurales avec un accent particulier sur les jeunes" a été finalité en février 1994. L'une des conclusions de l'étude était que le VIH/SIDA est en train d'avoir un effet néfaste sur le service de vulgarisation agricole déjà surchargé et démuni. Des fonctionnaires et techniciens hautement qualifiés meurent de plus en plus du SIDA, et ils ne sont pas remplacés. Dans certains districts, les programmes agricoles ne peuvent plus être mis en oeuvre du fait du VIH/SIDA: les encadreurs se rendent fréquemment à des obsèques. Les interventions en matière de VIH/SIDA qui sont destinées aux jeunes ruraux par le canal du service de vulgarisation agricole peuvent s'avérer inefficaces en l'absence de mesures aptes à renforcer ledit service.

(2) Dans le cadre des accords passés entre les Services d'Appui Technique (TSS-1) et le PNUD, la FAO a mené une étude complète intitulée "Effet du VIH/SIDA sur les systèmes de production agricole en Afrique de l'Est (Tanzanie, Ouganda, Zambie). L'étude a mis l'accent sur trois objectifs principaux: identification des types de systèmes de production agricole/familles vulnérables, détermination des impacts possibles tant quantitatifs que qualitatifs et formulation des réponses possibles aux niveaux familial, communautaire, national et international.

Des équipes nationales multidisciplinaires de recherche ont été sélectionnées pour entreprendre des études d'impact dans chacun des trois pays. Une attention particulière a été accordée aux méthodes qualitatives de collecte de données puisées des approches d'évaluation rurale rapide (ERR) et d'évaluation participative rurale (EPR). Le rapport final intitulé "Effets du VIH/SIDA sur les systèmes de production agricole et les revenus ruraux en Ouganda, en Tanzanie et en Zambie" a été produit en février 1994 et il donne un résumé des trois études nationales, y compris des recommandations de projets et de programmes, de même qu'il propose un cadre pour des activités futures.

Comme suite à l'étude du PCT en Ouganda et à l'activité menée par les Services d'Appui Technique en Afrique de l'Est, une brochure intitulée "Quel lien entre le SIDA et l'Agriculture?" a été publiée en février 1995. La publication intitulée "Effets du VIH/SIDA sur les systèmes de production agricole en Afrique de l'Est" (FAO, 1995) essaie de porter à l'attention d'un public plus large certaines des voies principales par lesquelles des épidémies graves et fatales frappent actuellement les populations rurales en Afrique de l'Est.

(3) Après ces activités en Afrique de l'Est, la FAO a élaboré une proposition dans le cadre du TSS-1 pour l'Afrique de l'Ouest. Cette proposition a été récemment approuvée par le PNUD et le travail préliminaire est en cours. Le projet comportera des enquêtes sur le terrain en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso qui utiliseront une méthodologie mettant fortement l'accent sur la participation des communautés rurales. L'accent sera mis sur des techniques d'enquête exploratoire telles l'évaluation rurale rapide (ERR) et particulièrement l'évaluation participative rapide (EPR) permettant de générer les informations qualitatives appropriées. Les investigations mettront l'accent sur les effets du VIH/SIDA sur l'agriculture au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire, mais en suivant une approche sensible au genre qui évaluera les différents besoins et les stratégies en matière de migration liée au pastoralisme pour les femmes et les hommes, le VIH/SIDA touchant tant les hommes que les femmes dans les zones rurales. Les deux pays partagent une frontière commune et ils ont des liens migratoires très étroits, le Burkina Faso étant l'un des pays les plus pauvres et les moins développés tandis que la Côte d'Ivoire est l'un des pays les plus riches en Afrique de l'Ouest. La précédente étude TSS-1 en Afrique de l'Est et l'actuelle étude en Afrique de l'Ouest ne couvrent pas l'impact du VIH/SIDA sur les populations pastorales. Puisque les éleveurs constituent une frange importante de la population burkinabè, une étude spécifique appliquant une approche particulière est nécessaire pour analyser l'impact de la pandémie sur la vie et les revenus des éleveurs.

(4) Devant les signes qui attestent de plus en plus les effets dévastateurs de la pandémie du VIH/SIDA sur les systèmes de production agricole et, par conséquent, sur les programmes de vulgarisation agricole dans nombre de pays en développement, le Service de la vulgarisation, de l'éducation et de la communication envisage des études et des activités de formation éventuelles ayant trait à la pandémie du VIH/SIDA, en mettant l'accent sur les implications/conséquences pour les programmes de vulgarisation agricole.

Un atelier ayant pour thème le "SIDA et ses implications pour la vulgarisation agricole" organisé avec le soutien financier du Programme Régulier du Service de la vulgarisation, de l'éducation et de la communication de la FAO s'est déroulé avec succès à Penang, en Malaisie, du 4 au 8 décembre 1995. L'atelier a regroupé 27 participants venus de différentes agences de vulgarisation agricole, d'instituts de formation, d'universités et d'organisations non gouvernementales d'Italie, du Kénya, du Malawi, du Népal, des Philippines, de la Thaïlande et des Etats Unis. Au cours de l'atelier, les participants ont discuté des problèmes relatifs au VIH/SIDA dans différents pays ainsi que de son impact sur le développement et la production agricoles, et sur le bien-être des familles et communautés rurales. Répartis en petits groupes de travail, les participants ont élaboré (a) la liste des problèmes cruciaux que posent le VIH/SIDA dans le cadre de la vulgarisation agricole et de la formation et (b) les informations critiques et/ou Programme d'Acquisition de Technologie (CITAP) sur le SIDA et ses implications pour la vulgarisation agricole et la formation. Sur la base des points (a) et (b), les participants à l'atelier ont ensuite conçu un questionnaire générique d'enquête CAP (Connaissance, Aptitude et Pratique) sur le SIDA et ses Implications pour la Vulgarisation Agricole (SIDAIVA).

Faisant suite aux discussions de l'atelier, des propositions sommaires écrites pour la conduite des enquêtes CAP sur le VIH/SIDA et ses Implications pour la Vulgarisation Agricole (SIDAIVA) ont été préparées par les Ministères de l'Agriculture du Malawi et du Kénya, le Philippines Rural Reconstruction Movement, le Central Agriculture Training Centre et la Thai Royal Project Foundation de Thailande.

L'enquête CAP, comprenant des Interviews des Groupes Cibles (ICG) sera d'abord lancée dans le nord de la Malaisie, dans la région de la MUDA Agricultural Development Authority (MADA), sur financement du Service de la vulgarisation, de l'éducation et de la communication de la FAO. Les résultats de l'enquête CAP seront ensuite utilisés comme intrants dans la conception de plans, messages et matériels multimédias pour une Campagne Stratégique de Vulgarisation (CSV), ainsi que dans la définition du contenu des matériels et modules didactiques en matière de prévention du VIH/SIDA et de mécanismes de survie à l'intention des planificateurs et formateurs du secteur de la vulgarisation agricole. Le prototype générique de questionnaire d'enquête CAP sera adapté et traduit par les institutions intéressées qui entendent entreprendre des activités de vulgarisation agricole et de formation sur le VIH/SIDA, à l'instar de la Malaisie. Le Service de la vulgarisation, de l'éducation et de la communication de la FAO est en passe d'examiner les propositions soumises par des institutions intéressées au Kénya, au Malawi, au Népal, aux Philippines et en Thaïlande.

L'on espère que des fonds seront mis à disposition à travers le Programme-pays du FNUAP dans ces pays pour entreprendre les enquêtes CAP sur le SIDAIVA et pour les activités de suivi, y compris la conception de modules de formation sur le SIDA et de matériels pour la Campagne Stratégique de Vulgarisation à l'intention des animateurs ruraux et/ou agents de vulgarisation agricole.

S'agissant de l'aspect investissement des services des Organisations, la Division Investissements de la FAO a examiné les voies et moyens par lesquels les préoccupations en matière de VIH/SIDA pourraient être intégrées dans son travail. Un document intitulé Document de travail sur les implications du VIH/SIDA sur les Activités du Centre d'investissements a été élaboré et les recommandations sont à l'examen. En 1994, à la requête du FIDA, le Centre d'Investissements a élaboré un Projet d'Assistance aux Orphelins dont le budget s'élevait à 1,45 million de dollars américains, sur financement du Fonds Belge de Survie en faveur des Efforts des Femmes Ougandaises pour sauver les Orphelins (UWESO). Le projet a été approuvé et son objectif premier est de renforcer la capacité de l'UWESO à aider le nombre croissant d'orphelins et de familles orphelines du fait des guerres régionales et du SIDA. Le projet couvre les bourses pour l'école primaire, la formation professionnelle des orphelins, les activités rémunératrices, les petites subventions pour l'achat d'instruments aratoires et de semences.

(6) La FAO a également mis en place un Groupe de Travail sur le SIDA, essentiellement chargé d'élaborer des initiatives éducatives en faveur de tous les groupes du personnel de la FAO, y compris les familles et les consultants. Les principaux objectifs consistent à accroître la prise de conscience au-delà des aspects sanitaires et de l'impact potentiel du VIH/SIDA sur la situation sanitaire individuelle du personnel, et à inclure l'impact socio-économique de la maladie sur l'agriculture ainsi que les effets potentiels sur le travail de l'Organisation. Depuis 1994, ce Groupe de Travail sur le SIDA est chargé de la préparation de la Journée Mondiale du SIDA qui est commémorée chaque année le 1er décembre dans le monde entier.

Sur la base des conclusions des études et activités de la FAO, un chapitre sur le SIDA et l'agriculture a été inclus dans l'édition 1994 de La Situation de l 'Alimentation et de l'Agriculture et fait l'objet de débats lors de la 107è session du Conseil de la FAO en novembre 1994. Cette session a été la première à traiter du problème du VIH/SIDA, et elle a déploré l'incidence et la propagation, à l'échelle planétaire, du VIH/SIDA qui ne constitue pas seulement un problème de santé mais présente aussi des implications négatives pour l'agriculture et la sécurité alimentaire. Le Conseil a exhorté la FAO à continuer de suivre le problème du VIH/SIDA et à coopérer, en tant que de besoin, avec l'OMS et d'autres agences pour évaluer les effets néfastes sur la sécurité alimentaire, et à concevoir un programme de prévention en faveur des femmes travaillant dans l'agriculture.

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