FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 11/98
Le regain de violence en septembre et octobre a détérioré les conditions de sécurité du pays, ce qui va probablement interrompre les travaux agricoles dans quelques régions.
La récolte des cultures vivrières de la courte campagne C de 1998 s’est achevée. On estime que le résultat sera satisfaisant, étant donné les conditions météorologiques normales et l’amélioration de la disponibilité des intrants agricoles. Les perspectives pour les cultures déjà en place de la campagne A de 1999 sont incertaines. Les rendements pourraient être compromis par les pluies irrégulières des deux derniers mois, principalement dans l’est du pays.
La situation des approvisionnements alimentaires s’est améliorée grâce à la meilleure production vivrière de 1998. Cependant, elle reste difficile pour les populations qui vivent encore dans les camps de personnes déplacées.
Les perspectives favorables pour les cultures céréalières et les légumineuses de la campagne principale de 1998 se sont maintenues grâce aux précipitations normales d’octobre. De plus, suite aux pluies abondantes tombées lors de la période de végétation, on prévoit en 1998 une reprise de la production de céréales et de légumineuses après plusieurs années de faible production. Les difficultés d’approvisionnement alimentaire ont été atténuées par la mise sur marché de la nouvelle récolte. Toutefois, pour les zones touchées par le conflit armé avec l’Ethiopie voisine, on prévoit que la production fléchira à cause des déplacements de population. Un appel commun des Nations Unies a été lancé pour fournir une aide alimentaire et satisfaire d’autres besoins de la population sinistrée qui serait de 109 000 personnes.
La récolte céréalière de la campagne principale “Meher” de 1998 est en cours. De façon générale, les perspectives sont favorables du fait des pluies abondantes tombées au cours de la période de végétation, particulièrement dans le nord du pays. On anticipe une reprise de la production par rapport à celle de l’an passé qui avait souffert d’un excès de pluie au cours de la récolte. Cependant, dans le sud- ouest, les précipitations irrégulières pourraient se traduire localement par une récolte plus faible.
Dans le pays, une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires est en cours afin d’estimer la production de la campagne Meher de 1998 ainsi que les besoins en aide alimentaire pour 1999. Fin novembre, sur les 719 000 tonnes d’aide alimentaire annoncées en 1998, 503 000 tonnes avaient été distribuées.
Les récoltes de céréales de la longue saison des pluies de 1998 sont en cours dans les grandes zones productives de la vallée du Rift. Les perspectives demeurent favorables étant donné les précipitations supérieures à la normale, particulièrement dans l’ouest. On prévoit que la production de maïs, aliment de base, sera sensiblement supérieure à celle de la même campagne de l’an dernier, dont le niveau était réduit. Elle devrait s’élever à 2,3 millions de tonnes. Pour le blé, on anticipe une production voisine ou supérieure à celle de 1997 qui était conforme à la norme.
La mise sur marché de la nouvelle récolte ainsi que les importantes quantités importées cette année ont entraîné, en octobre, une baisse progressive des prix des céréales et des haricots.
Dans l’est et le nord-est du pays, les pâturages et les conditions d’élevage se sont améliorés grâce aux pluies suffisantes. Dans ces zones précédemment frappées par de graves inondations, les distributions alimentaires du PAM se sont achevées en octobre.
Les précipitations abondantes et généralisées lors de la troisième décade d’octobre ont été bénéfiques au développement des cultures vivrières de la deuxième campagne de 1998, particulièrement dans les districts de l’est où le maïs, culture principale, souffrait du temps sec. Les perspectives pour la récolte du début de l’an prochain sont favorables.
Les pluies des mois passés ont également amélioré les pâturages et les disponibilités en eau pour l’élevage dans les districts pastoraux de Kotido et Moroto.
La situation générale des disponibilités alimentaires est satisfaisante. Les prix des aliments de base, principalement le maïs, ont baissé au cours des derniers mois. Dans le nord du pays, dans les districts de Gulu et de Kitgum qui ont été affectés par les troubles intérieurs, l’amélioration de la sécurité s’est traduite depuis juillet par une diminution du nombre de personnes déplacées, estimées actuellement à 474 000. Toutefois, la situation alimentaire demeure difficile dans ces zones où une aide est apportée à 400 000 personnes déplacées, ainsi qu’à 126 000 personnes se trouvant dans le nord-est où plusieurs mauvaises récoltes successives ont été enregistrées.
Les semis des cultures vivrières de la première campagne de 1999 sont terminés. Les conditions de végétation sont satisfaisantes suite aux pluies de septembre et d’octobre qui ont été en général normales ou supérieures à la normale. Cependant, l’insécurité persistante dans les préfectures du nord-ouest continue à provoquer des déplacements massifs de population, interrompant les travaux agricoles. Des récoltes moindres sont prévues dans ces zones, ce qui freine la reprise de la production agricole.
Selon les estimations, la production vivrière de la seconde campagne de 1998, récoltée en milieu d’année, sera sensiblement supérieure à celle de la même campagne de l’an dernier et proche du niveau enregistré en 1990 avant les troubles intérieurs. Ainsi, les prix des denrées de base ont baissé au cours des derniers mois.
Le nombre de personnes déplacées dans les préfectures du nord-est s’est accru. Pour ces personnes, on enregistre une situation alimentaire et nutritionnelle grave. Dans les préfectures de Ruhengeri, Gisenyi et Gikongoro, une aide alimentaire est apportée à environ 360 000 personnes.
La situation des approvisionnements alimentaires suscite de vives inquiétudes suite à la diminution de la production vivrière de la principale campagne “Gu” de 1998, d’autant que c’est la cinquième mauvaise récolte consécutive. La production de maïs est estimée à 61 000 tonnes, soit moitié moins que le résultat limité de l’an passé. Celle de sorgho est évaluée à 22 000 tonnes, soit un cinquième seulement de la récolte de la campagne ‘Gu’ de 1997.
Même si l’on part d’une hypothèse de production céréalière normale pour la campagne secondaire ‘Deyr’ (dont la récolte aura lieu 1999), il n’en reste pas moins que le déficit de la campagne de commercialisation de 1998/99 (août/juillet), estimé à 377 000 tonnes, est important. Après avoir décompté les importations commerciales, les besoins en aide alimentaire sont évalués à 150 000 tonnes environ.
La précarité de la situation alimentaire est aggravée par l’interdiction, imposée par l’Arabie saoudite, d’importer de la viande, débouché traditionnel important, réduisant ainsi les revenus d’une grande partie de la population pastorale. Des pénuries alimentaires sont enregistrées dans plusieurs régions et les prix des céréales sont en hausse. Pour éviter une crise alimentaire majeure, il est urgent de fournir une aide alimentaire.
Dernièrement, une mission FAO d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires dans le sud du Soudan a estimé à 537 700 tonnes la production céréalière totale de la région. Le secteur agricole mécanisé de l’Etat du Haut-Nil contribuera à cette production à hauteur de 192 400 tonnes et le secteur traditionnel apportera les 345 300 tonnes restantes, dont le sorgho représente la majeure partie. Grâce aux meilleures pluies et à une saison relativement exempte de ravageurs migrateurs et de maladies, la production du secteur traditionnel a doublé par rapport à celle de l’an dernier qui était médiocre.
Bien que les pluies aient été partout tardives et irrégulières les deux premiers mois, elles se sont stabilisées à partir de mi-juillet et ont continué de tomber jusqu’à novembre dans les trois régions du sud du Soudan. Les rendements en ont été largement améliorés par rapport à ceux de l’an passé.
Cependant, on prévoit que cinq Etats (Jongleï, Bahr-El- Jebel, le nord de Bahr-el- Ghazal, Lakes et Warab) connaîtront un déficit céréalier et qu’une aide alimentaire sera nécessaire tout au long de la prochaine campagne de commercialisation, spécialement dans la région de Bahr-el-Ghazal à cause de la destruction des routes commerciales et des infrastructures. La production de cette année, ainsi que les excédents des stocks des exploitations du secteur traditionnel du Haut-Nil et de l’Equatoria occidental, ne seront probablement pas disponibles sur le marché étant donné l’isolement de la population. De même, la quasi-totalité des 192 000 tonnes produites par le secteur agricole mécanisé de l’Etat du Haut-Nil sera vraisemblablement commercialisée dans le nord et le centre et très peu dans le sud. Pour pallier le déficit vivrier des Etats du sud, on recommande d’acheter localement à grande échelle les excédents du Haut-Nil.
En ce qui concerne le développement agricole, la mission recommande de recourir, dans les zones de Bahr- el-Ghassa, où règne une certaine sécurité, aux schémas «Vivres-contre-travail», en association avec la fourniture de semences et d’outillage, visant la reconstruction de l’habitat et la reprise de l’agriculture.
Dans le centre et le nord du Soudan, la récolte des céréales de la campagne principale de 1998 a débuté. Malgré les graves inondations et les pertes dans plusieurs zones dues aux fortes pluies de septembre, les perspectives de récolte sont dans l’ensemble favorables. Une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires est en cours dans le pays pour apprécier les résultats de la campagne céréalière principale de 1998 et évaluer les besoins en importations et exportations commerciales ainsi qu’en aide alimentaire pour 1999.
En prévision de la bonne récolte et en raison des hauts niveaux des stocks de report, les prix du sorgho sont demeurés très bas. Le gouvernement a récemment levé l’interdiction sur les exportations de sorgho en vigueur depuis trois ans.
La situation globale des disponibilités alimentaires est satisfaisante suite à la bonne production de cultures céréalières et d’autres cultures de 1998. Une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires, qui a eu lieu en début d’année, a estimé que la production céréalière totale pour 1998 sera un tiers plus élevée que la récolte réduite de l’an passé et qu’elle sera au-dessus de la moyenne. Dans les zones pastorales, l’état des pâturages est bon ainsi que les conditions d’élevage.
Malgré la disponibilité d’excédents exportables pour la campagne de commercialisation de 1998/99 (juin/mai), on s’attend à des déficits vivriers dans les régions de Singida et Dodoma, où la production a été moindre, ainsi que dans les zones de la région côtière souffrant de façon chronique de déficit vivrier. Des évaluations récentes indiquent que, jusqu’à la prochaine récolte de février 1999, 374 000 personnes au total auront besoin d’une aide alimentaire.
Les semis de la courte campagne agricole “Vuli” de 1998/99 se poursuivent dans de bonnes conditions.