FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 02/99 - TANZANIE (15 février)
Une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires effectuée début janvier 1999 a établi que compte tenu des faibles précipitations, les superficies ensemencées et les rendements ont fortement diminué et que la production totale de maïs de la campagne “Vuli” sera nettement inférieure à la normale. Les régions les plus touchées sont celles de la côte et des plaines d'Arusha, Morogoro et Kilimandjaro où les précipitations ont été inférieures à 25 pour cent du niveau normal.
En outre, les disponibilités intérieures de maïs pour la campagne commerciale de 1998/99 (juin/mai) ont été réduites par des pertes de produits stockés plus importantes que prévu dues à l’utilisation de pesticides inefficaces, à la médiocrité des installations de stockage et aux infestations importantes de pyrales. Les disponibilités de maïs pourraient également avoir diminué du fait de l’intensification des échanges frontaliers non officiels vers la Zambie, où les prix sont meilleurs. En outre, on a enregistré cette année une demande accrue de maïs dans les régions de Dodoma et Singida, où les récoltes des cultures principales de sorgho et de mil ont été pratiquement inexistantes l’an dernier. La hausse rapide des cours du maïs fin octobre/début novembre dans un bref laps de temps fait penser à d’importantes manoeuvres spéculatives car l’aggravation des pénuries aurait eu un impact plus progressif sur les prix.
Bien que les disponibilités et le prix du maïs aient suscité de vives préoccupations les approvisionnements en denrées alimentaires, autres que le sorgho et le mil, sont satisfaisants dans les principales zones de production et les prix sont raisonnables. Cela tient à la bonne récolte de riz, de bananes et de tubercules de la dernière campagne principale. Il n’en reste pas moins que le riz est hors de portée des couches les plus pauvres de la population dont le pouvoir d’achat est limité, alors que le manioc et les bananes ne sont disponibles que dans les principales régions de production et ne peuvent pas aisément être acheminées sur de longues distances, vers les zones déficitaires.
La mission estime que la production de maïs de la campagne Vuli devrait s’établir en 1999 à 228 000 tonnes, soit 60 pour cent de moins que l’an dernier et 40 pour cent au-dessous de la moyenne à long terme. Pour les quatre derniers mois de la campagne commerciale en cours la mission a estimé que le pays a besoin d’importer 561 000 tonnes de maïs. Il a déjà été prévu d’en importer 75 000 tonnes par les circuits commerciaux et l’aide alimentaire dans la filière se monte à 3000 tonnes. Ceci dégage un besoin d’importations non couvert de 483 000 tonnes, dont 20 000 seront sollicitées ultérieurement au titre de l’aide alimentaire du PAM. Entre temps les autorités ont livré 10 000 tonnes par le biais du système de gestion des recettes pour l’aide d’urgence. Le déficit total de maïs est important mais le recours à d’autres cultures vivrières de substitution devrait permettre de diminuer les besoins totaux de maïs. Il devrait également être possible de procéder au renforcement des importations par les circuits commerciaux compte tenu de la suppression des droits d’importation sur le maïs, pourvu que le rapport entre les prix intérieurs et les cours internationaux reste élevé.
Du fait de la diminution de la production de la campagne “Vuli” et des mauvaises récoltes qui se sont succédé dans certaines régions du pays on estime qu’un million de personnes sont maintenant exposées aux pénuries alimentaires, chiffre qui est en nette progression.