FAO/SMIAR - Rapport sur l'Afrique No.1, Avril 1999 - page 5

DEUXIÈME PARTIE : SITUATION PAR SOUS-RÉGION

En Afrique australe et dans certains pays de l'Afrique de l'Est, les cultures céréalières de 1999 seront récoltées à partir d'avril alors qu'elles seront semées dans d'autres pays de cette sous-région. En Afrique de l'Ouest, les semis ont démarré dans les zones centrales et côtières mais, dans les pays sahéliens, ils ne commenceront qu'en juin.

Calendrier des cultures céréalières

En Afrique de l'Est, la moisson des cultures de la campagne secondaire de 1998/99 est achevée, à l'exception de l'Ethiopie où les semis sont en cours. Des précipitations irrégulières pendant la période de végétation ont nui à la production agricole dans plusieurs pays (céréales et légumineuses, en particulier). Cependant, la production vivrière de la campagne principale de 1998 a été très bonne dans la grande majorité de la sous-région. Les rendements céréaliers totaux de 1998/99 ont augmenté d'environ 25 pour cent par rapport à 1997/98 et s'établiront au-dessus de la moyenne. Cependant, en Somalie, la production alimentaire des campagnes principales ("Gu") et secondaire ("Deyr") ont été très médiocres en raison de la sécheresse. Le pays a eu six mauvaises récoltes consécutives. Au Kenya, des pluies insuffisantes pendant la campagne des "courtes pluies" ont eu pour résultat une récolte de céréales et de haricots nettement inférieure à la moyenne dans les zones centrales et orientales. En revanche, la production de la campagne principale (longues pluies) a dépassé la moyenne. En Tanzanie, la production céréalière de la campagne Vuli qui vient de s'achever dans le nord a été inférieure de 60 pour cent à celle de l'an dernier, mais la production des autres cultures vivrières a été satisfaisante. En Ouganda, au Rwanda et au Burundi, les récoltes céréalières rentrées récemment ont été stressées par le manque de pluie mais la production des autres cultures était satisfaisante. En Ethiopie, en Erythrée et au Soudan, des cultures céréalières exceptionnelles ont été rentrées fin 1998.

Cependant, bien que la situation alimentaire soit favorable dans l'ensemble, la Somalie et certaines autres zones de la sous-région enregistrent de graves difficultés. Les besoins totaux d'importations céréalières de ces pays en 1999 sont estimés à 3,2 millions de tonnes. Les importations commerciales devraient atteindre 2,5 millions de tonnes et les besoins totaux d'aide alimentaire sont estimés à 0,7 million de tonnes dont 0,6 million a été annoncé.

En Afrique australe, les perpectives de récolte s'annoncent favorables dans l'ensemble grâce aux pluies abondantes et généralisées tombées récemment. Si ces bonnes conditions persistent, on prévoit un redressement de la production en Afrique du Sud, au Zimbabwe et en Zambie, alors que de bonnes récoltes sont prévues à Madagascar, au Malawi, en Mozambique et au Swaziland. Les récoltes céréalières de la sous-région en 1999 devraient dépasser le niveau de 1998 estimé à 18,3 millions de tonnes et inférieur d'environ 15 pour cent à la moyenne.

Cependant, on s'attend à une production réduite et à de médiocres disponibilités alimentaires en Angola en raison de la reprise des combats depuis la fin de 1998. Une aide d'urgence est aussi nécessaire dans certaines parties du Mozambique central où des pluies torrentielles à la fin de février et au début de mars ont provoqué des inondations résultant en des pertes de vies humaines, de biens et de cultures.

En Afrique de l'Ouest, des conditions saisonnières de sécheresse ont prévalu dans le Sahel alors que dans les pays riverains du golfe de Guinée la période de végétation a démarré. Grâce aux conditions de croissance généralement favorables, notamment en août et septembre 1998, des récoltes supérieures à la moyenne ou record ont été engrangées dans les principaux pays producteurs du Sahel. Les pluies sont arrivées au moment voulu et ont été adéquates dans l'ensemble sauf au Sénégal où elles ont été tardives dans le centre et le nord. Aucun pays n'a connu de périodes de sécheresse prolongée, sauf le Cap-Vert en octobre.

D'après les dernières estimations officielles communiquées le 22 mars 1999, la production céréalière de l'ensemble des neuf pays membres du CILSS a atteint en 1998 le chiffre record de 10,4 millions de tonnes, résultat supérieur de 35,4 pour cent à celui de 1997 et de 20,5 pour cent à la moyenne des cinq dernières années. Cependant, la production céréalière en Guinée-Bissau devrait s'établir bien en dessous de la moyenne en raison des troubles intérieurs qui ont perturbé les activités agricoles.

Dans les pays riverains du golfe de Guinée, la saison des pluies vient de démarrer et les semis de la première récolte de maïs sont en cours. Les récoltes céréalières ont été généralement bonnes en 1998 au Bénin, au Nigéria et au Togo mais moins favorables en Côte d'Ivoire et au Ghana. Le Libéria et la Sierra Leone restent fortement tributaires de l'aide alimentaire internationale.

En 1998, la production céréalière totale des huit pays riverains du golfe de Guinée (Bénin, Côte d'Ivoire, Ghana, Guinée, Libéria, Nigéria, Sierra Leone et Togo) est estimée à environ 26,9 millions de tonnes par rapport aux 26,2 millions de 1997.

Les besoins d'importations céréalières de la sous-région sont estimés en 1999 à 5,36 millions de tonnes. Les importations commerciales envisagées devraient s'élever à 4,92 millions de tonnes et les besoins d'aide alimentaire à 0,44 million (blé et riz principalement). Les annonces d'aide alimentaire parvenues au SMIAR à fin mars 1999 s'élèvent à environ 249 000 tonnes dont 106 000 ont été livrées jusqu'ici. Aucune importation de céréales secondaires au titre de l'aide alimentaire ne sera nécessaire pour le Tchad, la Guinée, le Mali et le Niger. Il est vivement recommandé de faire en sorte que les achats locaux couvrent les programmes d'aide en cours ou envisagés ou servent à reconstituer les stocks nationaux de sécurité.

En Afrique centrale, des récoltes moyennes ou supérieures à la moyenne ont été engrangées dans la plupart des pays en 1998. On estime moyenne ou supérieure à la moyenne la production céréalière totale au Cameroun et en République centrafricaine. En République démocratique du Congo, les troubles intérieurs continuent à perturber les activités agricoles, notamment dans l'est. Les perspectives pour la deuxième campagne qui débute en avril ne sont guère encourageantes en raison de l'insécurité et de la pénurie de semences. A Kinshasa, la dégradation de la situation économique et financière de la ville a réduit sérieusement l'accès aux aliments pour les pauvres et les groupes vulnérables. En République du Congo, la situation des approvisionnements alimentaires s'est dégradée nettement à Brazzaville et dans la région de Pool du fait de la recrudescence des troubles civils et des déplacements de populations qui en ont été la conséquence. D'importantes fractions de la population font face à des difficultés alimentaires dues à la perte d'emplois, à la hausse des prix et au profond bouleversement du système de commercialisation des denrées. Cependant on note quelques améliorations dans la situation de la sécurité.

Pour la campagne de commercialisation 1998/99, les besoins d'importations céréalières des sept pays de la sous-région sont estimés à 796 000 tonnes. Les annonces d'aide alimentaire parvenues au SMIAR à la fin de mars s'élevaient à 10 000 tonnes, dont 5 000 ont été livrées.

Afrique subsaharienne: Besoins d'aide alimentaire et d'importations de céréales par sous-région (en milliers de tonnes)

Sous-région	1998/99 ou 1999
	Production 1998	Besoins d'importations de céréales	Importations commerciales prévues	Aide alimentaire
				Besoins	dont: besoins non couverts
Afrique orientale	27 043	3 151	2 494	657	436
Afrique australe	18 259	5 554	5 107	447	275
Afrique occidentale	37 234	5 355	4 920	435	245
- Pays côtiers	26 881	3 395	3 175	220	157
- Pays du Sahel	10 353	1 960	1 745	215	88
Afrique centrale	3 127	796	765	31	22
TOTAL	85 663	14 856	13 286	1 570	977

Note: Totaux calculés à partir de chiffres non arrondis.