FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 04/99 - RUSSIE, FÉDÉRATION DE (26 mars)
RUSSIE, FÉDÉRATION DE (26 mars)
D’après les indications actuelles, la production de céréales et de légumineuses de 1999 devrait se rétablir par rapport au niveau extrêmement bas de l’an dernier (estimé par la FAO à 55 millions de tonnes), tout en demeurant inférieure à la moyenne. Si les conditions météorologiques sont normales, les rendements pourraient se redresser par rapport aux niveaux de la dernière campagne, victime de la sécheresse. Les agriculteurs devraient également accroître les emblavures, les céréales étant un moyen de paiement à l’abri de l’inflation. Toutefois, étant donné la situation économique du pays et des agriculteurs, il devrait être de plus en plus difficile de se procurer les intrants nécessaires, même si le gouvernement a mis au point des programmes spéciaux d’aide à l’agriculture. L’essentiel des intrants devra venir du troc, or la récolte de l'an passé a été médiocre. Les difficultés économiques de l’automne se sont traduites par une baisse de 4 pour cent des superficies ensemencées en cultures d’hiver, et sur les 13 millions d’hectares de terres ensemencées, les cultures seraient en mauvais état sur 1,6-2 millions d’hectares. Les travaux agricoles d’automne ont pris du retard, qu'il faudra rattraper au printemps. L’objectif des semis de céréales de printemps est fixé à 38 millions d’hectares. Toutefois, les semis ayant tout juste commencé dans l’extrême sud, il est encore trop tôt pour estimer si l’objectif est atteint. A ce stade initial, la FAO estime provisoirement la récolte céréalière de 1999 à 65 millions de tonnes, dont quelque 33 millions de tonnes de blé (contre 30 en 1998) et 30 millions de tonnes de céréales secondaires, autant que l’an dernier.
A la suite de la récolte médiocre de l’an dernier, la situation globale des approvisionnements alimentaires n’est pas critique, mais les prélèvements sur les stocks sont importants et les disponibilités de céréales fourragères seraient faibles. Toutefois, d’après les prévisions, ceci ne suffit pas à couvrir la demande intérieure actuelle, estimée à environ 70 millions de tonnes par an. La situation difficile des approvisionnements en céréales devrait se prolonger en 1999/2000. Le prix du blé pour la consommation humaine a doublé depuis mai 1998 et celui de l’orge pour l’alimentation animale a grimpé encore davantage. Cependant, à 87 et 57 dollars E.-U. la tonne, ils demeurent nettement inférieurs aux cours internationaux. Etant donné l’écart entre les prix des céréales sur les marchés intérieur et international, le pays a exporté environ 1,3 million de tonnes jusqu’en février 1999. Les gouvernements ont interdit la signature de nouveaux contrats d’exportation de céréales, mais les livraisons se poursuivront pour honorer les contrats déjà signés.
En dépit de la récolte médiocre, les importations de céréales en 1998/99 ne devraient pas dépasser 3,5 millions de tonnes, soit autant qu’en 1997/98. Le pays a reçu des promesses d’aide alimentaire pour un montant de 3,8 millions de tonnes de céréales (de même que de viande, de produits laitiers et de produits du soja). Les premières livraisons d’aide alimentaire viennent d’arriver, tandis que la plus grande partie de l’aide (non reconduite sur 1999/2000) devrait être livrée durant la saison de soudure avant la récolte de 1999, lorsque la situation globale des approvisionnements risque d’être plus difficile.
Les conditions sont très dures pour les habitants des zones isolées et défavorisées, car l’économie continue à stagner, le pays est tributaire d’importations alimentaires de plus en plus coûteuses, et le pouvoir d’achat a subi une forte baisse. Cette année, la situation est plus grave, d’une part, parce que les réapprovisionnements durant les mois d’été ont été bouleversés par la crise financière, et d’autre part, parce que les coûts de transport, sans subventions du gouvernement central, sont prohibitifs. Les catégories socio-économiques les plus vulnérables -retraités, orphelins, chômeurs et ménages dépendant des salaires du secteur public- connaissent également des difficultés, en particulier dans les grandes villes industrielles touchées par la crise.