FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 11/99 - INDE (8 novembre)
Le 29 octobre, le cyclone le plus violent en près de 30 ans s'est abattu sur les régions côtières de l'État d'Orissa au nord-ouest, laissant jusqu'à deux millions de personnes sans abri. Les districts les plus touchés sont ceux de Balasore, Cuttack, Ganjam, Jagatsinghpur, Jajpur et Kendrapara. Quelque 11 millions de personnes, soit près d'un tiers de la population de l'État, ont été touchées et les estimations officielles situent le nombre de morts aux alentours de 10 000. Un grand nombre de personnes sont encore considérées disparues et le nombre des morts pourrait s'alourdir. Beaucoup de personnes déplacées sont bloquées sans pouvoir se procurer ni vivres ni eau potable, tandis que la situation sanitaire et nutritionnelle se dégrade rapidement en raison des flambées de gastro-entérite et de choléra. La population de l'État d'Orissa est estimée à environ 36 millions d'habitants et possède une surface ensemencée d'à peu près à 5,4 millions d'hectares, ce qui représente environ 4 pour cent du total national. Il s'agit d'un État à déficit vivrier, dont la population assez largement rurale (60 pour cent) dépend principalement d'une agriculture de subsistance faiblement productive. La superficie des cultures irriguées ne représente que 25 pour cent, contre une moyenne nationale de 40 pour cent, et l'utilisation des engrais est nettement inférieure aux niveaux appliqués dans d'autres États (25 à 30 kg/ha d'éléments nutritifs (NPK), contre une moyenne de 75 kg/ha). De ce fait, la productivité agricole reste faible, les rendements moyens pour le riz (principale denrée de base) accusant jusqu'à 40 pour cent de moins que la moyenne de l'ensemble du pays. Compte tenu de l'état de l'agriculture et du niveau de pauvreté dans l'État, la sécurité alimentaire des ménages dépendait massivement de la récolte de riz principale, qui aurait dû commencer dans quelques semaines, et des céréales stockées. Selon les estimations officielles actuelles, la récolte de riz dans l'État se situera autour de 3,5 millions de tonnes, contre 6,5 millions de tonnes attendues avant le cyclone. Ces pertes auront de graves répercussions non seulement sur la sécurité alimentaire immédiate, mais également sur les disponibilités alimentaires de la plus grande partie de l'année prochaine et ce, d'autant que la production d'hiver (Rabi), principalement constituée de blé et allant d'octobre/novembre à mars/avril, est négligeable dans cet État. A côté des ménages d'agriculteurs, ceux qui ont perdu intégralement leur gagne-pain, comme les pêcheurs, connaîtront eux aussi dans les mois qui viennent une situation difficile. Compte tenu de l'importance des pertes de céréales dans l'État, la production globale de riz Kharif fera environ 3 millions de tonnes de moins que les 75 millions de tonnes attendus avant les inondations. En dépit des efforts acharnés du Gouvernement pour apporter de l'aide, l'ampleur des dégâts est telle que, plus d'une semaine après le cyclone, des centaines de villages demeurent encore coupés des vivres et des fournitures médicales qui leur font cruellement défaut et sont entièrement tributaires du parachutage de vivres. Pour faire face à l'urgence, le Gouvernement a apporté pour l'instant une aide financière de 130 millions de dollars E.-U., qui viennent s'ajouter aux 59,5 millions de dollars E.-U. fournis au lendemain du premier cyclone de la mi-octobre. Une aide alimentaire est acheminée par route et par mer vers les régions concernées, tandis que 395 tonnes ont été parachutées. Les secours sont également fournis sous la forme de soins hospitaliers, de logements, de fournitures médicales et d'équipements de communications.