FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 11/99 - RUSSIE, FÉDÉRATION DE (4 novembre)

RUSSIE, FÉDÉRATION DE (4 novembre)

La production de cette année devrait être supérieure à la récolte médiocre de l’an dernier, en dépit de la forte réduction des emblavures et des infestations d’acridiens dans certaines régions. Malgré des conditions de végétation inégales, les rendements ont été dans l’ensemble supérieurs de 8 pour cent à ceux de l’an dernier. Ils ont été nettement plus élevés dans la région allant du nord du Caucase à l’Oural et dans une partie de la Sibérie orientale. A l’est de l’Oural, les conditions de végétation ont été meilleures dans l’ensemble, mais l’inflation, la pénurie d’intrants et l’arrivée inopportune des pluies dans certaines régions ont entraîné des retards dans la récolte et une baisse des rendements par rapport à l’an dernier. D’après les prévisions émanant de sources officielles, la production de céréales et de légumineuses de 1999 serait de 58 millions de tonnes (poids brut) ou de 53 millions de tonnes (poids nettoyé). Cependant, compte tenu des politiques restrictives en matière de commercialisation des céréales et des difficultés de trésorerie, de l’avis général, les évaluations de la production sont sous-estimées de 10 à 20 pour cent. La FAO prévoit donc pour 1999 une production céréalière d’environ 59 millions de tonnes, soit 11 millions de tonnes de plus que le chiffre officiel pour 1998. La superficie totale ensemencée en céréales a chuté de 8 pour cent, tombant à 46,8 millions d’hectares. Ce recul est imputable aux pertes plus importantes dues au gel en 1999 (2,75 millions d’hectares contre 2,1 millions d’hectares en 1998) et à la diminution de 3 millions d’hectares des emblavures de printemps, qui ont été ramenées à 35,4 millions d’hectares. De plus, la superficie récoltée a été encore réduite à cause du temps chaud et sec de cet été. En 1999/2000, la situation des approvisionnements céréaliers restera tendue, sans qu’il soit possible de reconstituer les stocks après les importantes ponctions de l’année dernière. En outre, comme les problèmes économiques et les politiques adoptées ont pour effet de décourager les agriculteurs, on ne peut guère espérer une amélioration notable de la production l’année prochaine. En conséquence, les difficultés d’approvisionnement persisteront probablement et il faudra en priorité satisfaire les besoins de consommation humaine. Il y a lieu de s’attendre à ce que des pressions continuent à être exercées sur le secteur de l’élevage. La FAO estime les besoins céréaliers minimums pour 1999/2000 à 70 millions de tonnes (dont 1 million de tonnes de légumineuses). En regard de ces besoins, les disponibilités céréalières, le riz étant exprimé en équivalent usiné et les stocks d’ouverture étant pris en compte, sont estimées à 63 millions de tonnes, ce qui laisse des besoins d’importation d’au moins 6 millions de tonnes, qui seront couverts par les importations commerciales et par l’aide alimentaire. Environ 2,7 millions de tonnes d’aide alimentaire annoncée en 1998/99 (1,5 million de tonnes de blé, 125 000 tonnes de riz, environ 800 000 tonnes de maïs et 300 000 tonnes de seigle) restent à livrer, ce qui laisse 3,2 millions de tonnes à couvrir par des importations commerciales. En 1995/96 et en 1996/97, entre 3,7 et 4 millions de tonnes de céréales avaient été obtenues à des conditions commerciales. Grâce à la bonne récolte et aux importants excédents exportables (allant jusqu'à 7 millions de tonnes) du Kazakhstan, pays voisin, il devrait être possible d’atteindre ce volume d’importations commerciales en 1999/2000. Compte tenu des difficultés d’approvisionnement et des problèmes de distribution, le gouvernement a demandé plus de 4 millions de tonnes d’aide alimentaire en céréales, dont 1 million de tonnes de blé de qualité alimentaire et 1 million de tonnes de fèves de soja. La fourniture d’une si grande quantité d’aide alimentaire additionnelle pour la deuxième année consécutive risque de créer une dépendance. Cependant, étant donné que parallèlement aux problèmes de distribution, il y a pénurie de céréales fourragères, il pourrait être possible d’apporter une aide sous forme de maïs ainsi que de fèves et de farine de soja, qui n’entrent pas directement en concurrence avec la production intérieure. La crise humanitaire qui frappe actuellement la Tchétchénie a entraîné le déplacement d’environ 250 000 personnes, essentiellement vers la république voisine d’Ingoutchie. Le Gouvernement d’Ingoutchie, petit pays comptant 300 000 habitants, a demandé une aide internationale pour fournir des vivres et des abris à un grand nombre de réfugiés. Ces derniers ont un besoin urgent d’aide humanitaire, de vivres, d’abris, de couvertures et de fournitures sanitaires. Leur situation deviendra de plus en plus critique à mesure que l’hiver avancera. L’intensification de l’action militaire en Tchétchénie a entraîné des pertes humaines et causé de graves dégâts à l’infrastructure, aux biens et à l’agriculture. Les souffrances des réfugiés en Ingoutchie et dans les autres régions voisines sont un sujet de préoccupation immédiat, mais également la détérioration rapide de la sécurité alimentaire de la population civile bloquée à Grozny, la capitale. Une importante aide humanitaire sera nécessaire dans les prochains mois. Les perspectives concernant les céréales d’hiver, qui seront récoltées au printemps 2000, ne sont pas favorables. Environ 12,4 millions d’hectares ont été ensemencés, contre 13,2 millions à la même époque l’an dernier.


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