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Les ressources de la terre au service de l'homme

Cette année marque le dixième anniversaire, non seulement des Nations Unies, mais aussi d'une de leurs institutions spécialisées, l'Organisation pour l'Alimentation et l'Agriculture: en effet, la FAO, la première de ces institutions, vit le jour à Québec le 16 octobre 1945.

Il est important de rappeler le large champ d'activités de la FAO, qui englobe tous les produits et ressources naturelles de la terre périodiquement renouvelables. Notre activité porte sur la mer et le lac, la forêt et la terre cultivée mis au service de l'homme, et sur les moyens à mettre en œuvre pour qu'ils le servent mieux encore. Elle porte, par exemple, sur le maintien et l'amélioration des possibilités de la terre cultivée: sur la remise en valeur de terres agricoles dégradées par une mauvaise culture; sur la façon de tirer de la nourriture de terres qui n'ont encore jamais été cultivées Elle porte sur l'amélioration des plantes cultivées et du bétail, et sur leur protection contre les maladies et les parasites. Elle porte sur le bien-être et l'efficacité des personnes qui vivent de la terre, SUI IA qualité de leurs outils, de leur bétail et de leurs plantes, sur les modes d'exploitation qu'elles emploient pour cultiver leur terre, sur les moyens qu'elles ont pour obtenir le crédit nécessaire au financement de leurs opérations sur la façon dont les gouvernements encouragent ou gênent leurs efforts. Elle porte sur la transformation, la conservation, la distribution et la vente des produits de la nature.

Et à travers tous ces efforts se manifeste un courant d'intérêt continu pour les besoins de l'homme, en particulier ses besoins en nourriture, pour la façon dont la terre les satisfait et dont elle pourrait être amenée à les satisfaire dans une plus large mesure.

Avec le temps, le travail de FAO s'est partagé en trois branches principales d'activités, et, dans chacune le ces branches, comme nous le verrons, nous pouvoirs faire état de progrès.

Une de nos activités fondamentales, qui retient encore assez peu l'attention du public, est la réunion, de tous les points du monde, de renseignements concernant l'alimentation et l'agriculture et leur publication après analyse, c'est-à-dire la présentation d'un vaste panorama de l'alimentation et de l'agriculture dans le monde.

Nous sommes, en dix ans, parvenus au point que pratiquement aucune contribution valable à la connaissance de l'agriculture dans le monde n'échappe à notre attention. Et, embrassant l'ensemble de ce grand système international de mise en commun des informations quotidiennes, nous avons nos enquêtes générales. En 1950, par exemple, plus de cent pays et territoires ont coopéré au plus ambitieux recensement de l'agriculture mondiale jamais entrepris. Ce recensement intéressait à peu près les deux tiers de la superficie du globe: les renseignements ainsi recueillis sont actuellement en cours de publication.

En 1948, et de nouveau en 1953, nous avons entrepris des inventaires forestiers mondiaux, qui représentèrent un grand pas en avant dans la connaissance de la distribution des forêts et des essences forestières et de leur évaluation. Actuellement, notre Division des Pêches travaille à la préparation d'une enquête mondiale sur les ressources aquatiques vivantes.

L'action sur les problèmes communs

Une seconde branche de notre activité se rapporte à l'action internationale sur des problèmes communs à des groupes de pays. Par exemple, treize pays du Proche-Orient ont uni leurs efforts, sous l'égide de la FAO, dans le Plan inter-régional de lutte antiacridienne, afin de combattre ce vieil ennemi de l'agriculteur. Plusieurs pays se sont groupés récemment et créé la Commission européenne de la fièvre aphteuse, pour mettre sur pied un programme commun de recherches et de moyens de lutte contre une maladie qui a coûté, au cours de l'épidémie de 1951-53, 600 millions de dollars à l'élevage européen.

Un des plus intéressants exemples de ce genre d'activité est la Commission des produits de la FAO groupant vingt nations, il montre, en effet, non seulement jusqu'à quel point la FAO en est arrivée à influencer le progrès de l'agriculture mondiale en développant la coopération internationale, mais aussi jusqu'à quel point cette influence en est arrivée à jouer un rôle essentiel sur la scène internationale.

La Commission des produits fut constituée par la Conférence de la FAO à sa cinquième session, en 1949, afin d'examiner la situation des excédents agricoles.

A ce moment, son rôle fut envisagé comme celui d'un forum international traitant des problèmes soulevés, au sujet des produits agricoles, par les difficultés monétaires; mais, par la suite, cette conception se révéla trop étroite. La session spéciale de la Conférence de la FAO, en 1950, élargit alors les pouvoirs et responsabilités de la Commission des produits et la sixième session de la Conférence en 1951, fit de même. La septième session se tint, à la fin de 1953, dans une atmosphère de doute et d'appréhension au sujet des stocks excédentaires d'un certain nombre de produits agricoles accumulés par plusieurs gouvernements. C'était une situation paradoxale dans un monde où tant de personnes étaient sous-alimentées, mais cette situation existait en fait, et non pas pour la première fois. Au début des années trente, comme en 1953, les excédents avaient causé de graves inquiétudes, mais alors les nations ne pouvaient s'entendre sur aucun point, sinon sur l'opportunité de continuer à restreindre la production pour prévenir de nouvelles chutes des prix.

Que fit-on en 1953 pour ce même problème?

La session de 1953 de la Conférence invita les Etats Membres de la FAO à continuer à développer leur production de denrées alimentaires, mais en mettant l'accent sur celles dont le besoin est le plus grand. Elle a posé les principes de la responsabilité internationale qui devraient, comme elle l'a conseillé, être observés par les divers pays pour l'écoulement de leurs excédents, et elle a donné des directives à la Commission des produits afin qu'elle fasse tout son possible pour faciliter cet écoulement.

La Commission des produits, à son tour, constitua un Sous-Comité consultatif chargé spécialement de l'écoulement des excédents. A Washington, siège de ce sous-comité, depuis presque une année les pays vendeurs et acheteurs de ces excédents ont pu se mettre en rapport avec tous les autres pays susceptibles d'être affectés par les transactions.

La Commission des produits a également entrepris deux enquêtes sur les possibilités d'utiliser les excédents pour aider les pays sous-développés: la première est l'enquête-pilote effectuée l'année dernière en Egypte sur les possibilités d'utilisation des excédents de produits laitiers, plus particulièrement de lait écrémé en poudre, dans les programmes d'alimentation d'appoint; la seconde est une enquête-pilote effectuée en Inde sur les possibilités de financer le développement des ressources alimentaires en utilisant les excédents agricoles comme source de crédit.

Il est encore trop tôt pour dire comment aboutira cette façon actuelle d'aborder le problème des excédents, qui, une fois déjà, ont causé un désastre économique. La situation est encore grave, mais les premières indications sont encourageantes. Il y a, il est vrai, quelques indices d'une réduction de la production. Mais il y a aussi l'organisation d'un nouvel et large essor de l'agriculture en dehors des produits pour lesquels la demande est la plus faible. En conséquence, les excédents s'accumulent maintenant beaucoup plus lentement, et les stocks s'écoulent en causant un minimum de gêne au commerce normal, et seulement après une large consultation avec les autres pays qui pourraient en être affectés.

Les méthodes actuelles d'action, en face de la surproduction, sont aussi différentes que possible de ce qu'elles étaient il y a vingt ans. Je crois que la FAO peut, avec raison, réclamer sa part de crédit pour cette nouvelle conception.

L'assistance technique

La troisième branche de nos activités est notre aide directe, dans le cadre du. Programme élargi d'assistance technique, aux pays techniquement peu évolués. Ce programme débuta seulement en 1951, et on ne doit pas attendre un développement trop rapide. Mais, en fait, la rapidité avec laquelle il s'est révélé efficace ne laisse pas d'être surprenante.

Au début, les gouvernements demandant l'assistance dans le cadre du programme élargi étaient souvent quelque peu incertains sur ce dont ils avaient réellement besoin. Ils étaient parfois enclins à demander trop d'experts dans trop de domaines divers sans comprendre pleinement qu'un programme de conseils donné par la FAO devrait être suivi par leurs propres programmes d'action. Mais quatre années ont apporté un énorme changement dans l'attitude des gouvernements. Maintenant, ils concentrent leurs demandes sur l'assistance pour la solution de leurs problèmes majeurs, et, de plus en plus, ils basent leurs programmes de développement sur les recommandations des experts. Enumérer les divers domaines dans lesquels les mille deux cents experts, affectés pour des périodes plus ou moins longues à environ soixante pays, travaillent et ont travaillé reviendrait, pratiquement, à énumérer toutes les branches de l'exploitation des ressources naturelles du globe.

Jusqu'à la fin de l'année dernière, la FAO à dépensé un total de près de 19 millions de dollars pour l'assistance technique. Tenant compte du développement sur le plan international de l'intérêt suscité par le travail que la FAO et les autres institutions des Nations Unies réalisent dans ce domaine, nous espérons que la tendance actuelle vers une efficacité plus grande se maintiendra. Ceci est essentiel pour l'amélioration de l'agriculture, de la pêche et des forêts dans les pays sous-développés.

DIRECTEUR GÉNÉRAL
ORGANISATION DES NATIONS UNIES
POUR L'ALIMENTATION ET
L'AGRICULTURE

Reproduit de United Nations Review


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