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Revue bibliographique

THE PLANNING MANAGED FORESTS (BY THE EXPERIMENTAL METHOD AND ESPECIALLY THE CHECK METHOD) - L'aménagement des forêts (par la méthode expérimentale et spécialement la méthode du contrôle), par H. E. Biolley. Traduit du français par Mark L. Anderson, 72 p. The Scrivener Press, Oxford, 1954. Prix 7s. 6d.

Un tiers de siècle s'est écoulé depuis qu'Henri Biolley, Inspecteur des forêts au Val-de-Travers (Suisse) a écrit l'original français de ce livre, qui a posé les bases de l'application à la sylviculture des méthodes expérimentales de contrôle du volume. Depuis sa publication en 1920, il n'a rien perdu de son actualité ni de sa valeur pratique.

L'expérience du passé, surtout dans les pays d'Europe centrale, a montré nettement que la création de peuplements purs, uniformes, d'espèces qui souvent ne conviennent pas à la station, augmente considérablement le risque de dégradation du sol et de maladies, ce qui, tôt ou tard, se traduit par des pertes élevées d'accroissement. Au contraire, des forêts plus ou moins inéquiennes, constituées surtout d'un mélange d'essences indigènes, traitées de façon à imiter la nature, se sont avérées plus saines et plus résistantes à tous les dangers extérieurs, à la longue les peuplements de ce genre sont plus productifs et plus faciles à protéger.

Toutefois, ces peuplements irréguliers sont, à n'en pas douter, plus difficiles à aménager: il fallait donc chercher à établir de nouvelles méthodes, de nouvelles techniques, surtout pour l'établissement des inventaires, le contrôle de l'accroissement et du rendement.

En Allemagne, surtout sous l'influence de C. L. Hartig (1764-1837), le volume à abattre a été fixé, depuis le début du XIXe siècle, presque exclusivement par des méthodes d'affectation, basées sur des tables de production ou sur la conception de la forêt normale composée de peuplements purs et équiennes, avec une succession régulière des surfaces exploitées. En France, au contraire on a tenté d'appliquer une autre sorte d'aménagement forestier, avec l'idée d'amener toutes les parties de la forêt à une capacité productive maximum entretenue à perpétuité. En 1878, un forestier français, A. Gurnaud (1825-98), publiait la description d'une «méthode de contrôle pour la détermination de l'accroissement et de la possibilité. Dans sa méthode, cette détermination dépend du traitement sylvicole de la forêt. Elle est basée sur le fait que par des exploitations rationnelles on améliore la production du peuplement restant sur pied, car tout enlèvement d'arbres est aussi une opération culturale. Par cette méthode on détermine périodiquement et avec précision l'accroissement des peuplements dans le but d'amener progressivement la forêt, grâce à un règlement d'exploitation appropriée et à une expérimentation continue à un état d'équilibre correspondant à la capacité productive maximum.

C'est Henri Biolley (1858-1939) qui, pour la première fois, a fait passer les idées originales de Gurnaud dans la pratique forestière. A partir de 1890, il géra les forêts de son district, en Suisse, suivant ces principes, se consacrant, pendant près de 50 ans, à l'étude de l'accroissement et à la mise au point d'un traitement des peuplements en vue de la plus forte production possible, et démontra la possibilité d'appliquer pratiquement la méthode du contrôle. Il publia son ouvrage en 1920, établissant les bases théoriques de l'aménagement des forêts par la méthode du contrôle, en décrivant les procédés à appliquer en pratique (qu'il avait partiellement mis au point et simplifiés), et en évaluant les résultats.

L'œuvre de pionnier de Biolley a été la base à partir de laquelle on a plus tard mis au point la plupart des méthodes suisses d'aménagement et ses conceptions ont été généralement acceptées. Aujourd'hui, où l'on tend dans la plupart des pays à intensifier la gestion des forêts et à augmenter leur productivité, l'idée d'un traitement attentif et continu des peuplements selon la méthode de contrôle du volume, et ses applications, suscitent de plus en plus d'intérêt. C'est pourquoi la publication de cette traduction anglaise vient tout à fait à son heure.

FORESTRY AND RELATED RESEARCH IN NORTH AMERICA (Foresterie et recherches forestières en Amérique du Nord). F. H. Kaufert et W. H. Cummings. 280 p. Society of American Foresters, Washington, D. C. 1955. $ 5,00.

Cette mise au point cherche à atteindre trois objectifs qui sont la détermination de:

1. l'importance et la qualité des progrès réalisés en matière de recherche, compte tenu de l'importance des ressources forestières

2. la situation de la recherche actuelle: administrative, universitaire ou industrielle,

3. les buts à atteindre dans les 25 années qui viennent, et la façon de les atteindre.

L'ouvrage a été écrit avec la collaboration d'un grand nombre de forestiers. Pour les Etats-Unis, on a procédé à une étude critique pouvant servir de base à des recommandations et à la fixation des objectifs de recherches. On met l'accent sur le besoin d'expansion de la, recherche, sur l'augmentation de l'effort financier correspondant, et aussi sur les attributions en la matière de nombreux organismes, la coordination de leurs efforts, le personnel et ses salaires, la recherche fondamentale et en équipes, la diffusion des résultats.

On résume rapidement le travail réalisé en matière de production du bois, de technologie du bois, de gestion et de protection des forêts, d'utilisation de leurs produits, en matière aussi d'aménagement cynégétique, de protection des animaux d'améliorations pastorales, d'aménagement des bassins de réception d'utilisation des loisirs. Cette partie de l'ouvrage a été préparée par un comité de la Society of American Foresters dirigé par E. L. Demmon, président de la société. Des résumés analogues sont donnés pour les travaux effectués au Canada et au Mexique. La partie relative au Canada a été préparée par un comité du Canadian Institute of Foresters sous la direction du Doyen J. W. B. Sisam, de la Faculté forestière de l'Université de Toronto, et résumée par S. T. Dana, Doyen honoraire de la School of Natural Resources de l'Université du Michigan. Le rapport sur le Mexique a été préparé par le Dr Enrique Beltran, directeur de l'Instituto Mexicano de Recursos: Naturales Renovables, puis traduit par le Dr Tom Gill, directeur de la Charles Lathrop Pack Foundation à Washington. La présentation sous forme de recueil de l'ensemble de ces communications a été faite sous la direction du Dr Frank H. Kaufert, directeur de l'Ecole forestière de l'Université du Minnesota, et du Professeur W. H. Cummings, de la School of Natural Resources de l'Université du Michigan. Ce travail a été financé par une subvention de la Rockefeller Foundation.

La valeur de ce livre ne réside pas seulement dans l'impulsion qu'il fournira probablement pour accroître l'aide qu'on apporte, et l'intérêt que l'on porte, à la recherche dans les trois pays en question. Elle se trouve aussi dans l'étude critique qu'il fournit de la situation de la recherche, étude susceptible de servir de base pour déterminer des améliorations futures. Il devrait avoir d'importantes conséquences en encourageant une coordination plus étroite des efforts de recherche des organismes existants, et en faisant comprendre aux personnes responsables dans les gouvernements, les écoles et les industries forestières privées - l'intérêt qu'il y a à fournir des crédits suffisants à la recherche du point de vue de son rendement économique.

Des résumés objectifs et des analyses critiques de ce genre, portant sur la recherche forestière actuelle et passée pourraient être entrepris avec beaucoup de profit par des associations de forestiers ou des groupements similaires dans d'autres régions ou pays.


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