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L'amélioration des petites forêts aux Etats-Unis

W. S. SWINGLER

Directeur adjoint du Service forestier des Etats-Unis

AUX ETATS-UNIS la profession forestière est relativement jeune. Les premiers forestiers américains ayant reçu une formation spécialisée se sont mis au travail vers 1898. Depuis lors, l'une de leurs tâches principales fut de mettre en valeur le métier forestier et de faire découvrir au peuple américain l'existence de la question forestière.

FIGURE 1. - Paysage où se mêlent bois et terres cultivées, structure type de la propriété agricole aux Etats-Unis (Pennsylvanie).

FIGURE 2. - Un fermier arrime un chargement de grumes qu'il va conduire à la scierie. Il a fait son abattage lui-même. Un voisin, à droite, lui a prêté son camion. Il est courant que les voisins s'entraident pour récolter leur bois (Etat de Louisiane).

Toutes les photos ont été communiquées par le Service forestier des Etats-Unis

L'attitude du propriétaire de forêts américain envers la méthode rationnelle de gestion conçue par le forestier dépend du niveau d'éducation forestière de ce propriétaire et des avantages qu'il pense tirer de l'application à ses forêts de ces principes de gestion. Sa décision peut également être influencée par ce qu'il sait de l'assistance à laquelle il peut prétendre, de la forme sous laquelle elle se présente, et de la méthode à suivre pour l'obtenir. C'est une tâche permanente des forestiers américains que de chercher à apporter la bonne parole aux propriétaires forestiers, sous des formes sans cesse renouvelées.

Information et éducation

Aux Etats-Unis, les programmes d'information et d'éducation du gouvernement national, des gouvernements des Etats et des collectivités locales, des industries forestières et des associations forestières privées constituent l'un des moyens les plus importants pour obtenir une amélioration de la gestion des petites forêts particulières. C'est par l'information et l'éducation que le propriétaire forestier doit être persuadé de l'intérêt que représente, pour son domaine, une meilleure sylviculture Il faut qu'il désire la pratiquer.

Information et éducation sur le plan national

Le Service forestier et le Service de vulgarisation du Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis exercent dans tout le pays une activité particulièrement importante en matière d'information et d'éducation afin d'amener les petits propriétaires forestiers à faire un effort pour l'amélioration de leurs forêts. Cette activité est dans une grande mesure liée à celle d'organismes d'Etats ou privés ainsi qu'à celle de nombreuses associations forestières. Elle se présente sous des formes diverses: par exemple, un film sur la façon de planter des arbres, un programme de radio ou de télévision sur la prévention des incendies de forêt, la distribution aux propriétaires forestiers profanes d'imprimés ou de prospectus traitant d'un certain nombre de problèmes forestiers. Cette activité peut se traduire par des causeries, des conférences, des contacts personnels ou des excursions dans une forêt de démonstration. Les forestiers américains font tous les jours appel à ces moyens d'information ou à d'autres.

Dans ce type d'activité, une place importante est réservée à la prévention des incendies de forêt qui constituent, aux Etats-Unis, un très gros problème. Au cours de la dernière décennie, le Programme coopératif de prévention des incendies de forêt a contribué à diminuer, de façon spectaculaire, le nombre des incendies de forêt provoqués par l'homme. Ce programme est organisé en coopération entre le Service forestier des Etats-Unis et 45 Services forestiers d'Etats. Il est, dans une grande mesure, soutenu et financé par des hommes d'affaires américains, qui rendent service à titre gracieux au pays, en participant à la conservation des forêts. Ce programme est mieux connu du public sous le titre de Smokey Bear Forest Fire Prevention Program (Programme de prévention des incendies de forêt de l'ours Smokey), car cet ours symbolique a été adopté comme emblème national de la prévention des incendies de forêt. Chaque année un nouveau thème de base est développé autour de «Smokey». Ce programme est patronné par The Advertising Council, Incorporated, organisation désintéressée et apolitique qui agit à titre gracieux, pour rendre service au pays, et dont les membres travaillent dans des affaires privées de publicité. L'année dernière, les hommes d'affaires américains ont participé à la réalisation du programme pour une valeur de 10 millions de dollars en magazines, journaux, affiches, émissions de radio et de télévision et autres services divers. Des organismes forestiers ou apparentés, publics et privés, ainsi que des centaines d'écoles et d'associations participent tous les ans au «Programme coopératif de prévention des incendies de forêt». Ce programme est l'un des meilleurs exemples de coopération harmonieuse entre le gouvernement national, les gouvernements des Etats, des industries forestières, des hommes d'affaires américains, des associations civiques et des individus dans un but d'intérêt public essentiel.

On s'attache plus particulièrement à l'éducation des agriculteurs américains qui possèdent 62 pour cent des petites forêts du pays. Le Service de vulgarisation du Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis est le principal organisme fédéral chargé de l'éducation des agriculteurs. Dans le cadre d'une convention d'association, les représentants du gouvernement national. des gouvernements des Etats et des comtés siègent avec les paysans dans des conseils où l'on étudie leurs ressources, où l'on élabore des programmes d'amélioration des méthodes de mise en valeur du sol et où l'on envisage leur application. Le Service de vulgarisation cherche à associer le plus possible les paysans à des programmes qui les encouragent à améliorer leurs méthodes de travail et dont la réalisation leur est confiée. Parmi les problèmes soumis aux agriculteurs, figure celui de l'amélioration des forêts, de l'accroissement des rendements et des revenus forestiers. On fournit au propriétaire Un plan d'aménagement de son bois, qui s'intègre dans la gestion de l'ensemble de la ferme. Les forestiers du Service de vulgarisation travaillent en liaison étroite avec les propriétaires d'exploitations, la jeunesse rurale, les services forestiers des Etats, les industries forestières, les banques, et les autres organismes publics ou privés qui s'intéressent à la forêt.

Information et éducation dans le cadre des Etats

Les Etats emploient à plein temps au titre de la vulgarisation 90 forestiers qui travaillent avec les agents locaux de l'agriculture des comtés. De plus, 46 Etats sur 49 ont leur propre Service forestier et en assurent dans une large mesure le fonctionnement: ces services sont complètement indépendants du Service forestier des Etats-Unis qui est l'organisation forestière nationale. Chaque service forestier d'Etat a la charge d'un programme d'information et d'éducation. Quelques Etats, comme la Floride, disposent non seulement d'un service centralisé d'information et d'éducation, mais aussi de forestiers-conseils qui résident dans les régions boisées de l'État. Les organisations propres aux Etats sont proches des propriétaires forestiers et sont donc particulièrement bien placées pour les toucher et favoriser une meilleure sylviculture.

Programme d'association entre l'industrie et les forêts

Les industries utilisatrices de bois savent que plus de la moitié des forêts productives appartiennent à des petits propriétaires forestiers. Ces industries privées ont effectué des investissements gigantesques en usines et en matériel. Dans bien des cas leur source principale d'approvisionnement est le petit propriétaire forestier. Les industries forestières américaines constituant, le principal débouché des produits des petites forêts, sont d'un intérêt vital pour le petit propriétaire forestier. Les industries forestières ont élaboré un certain nombre de grands programmes éducatifs pour la conservation des forêts. Beaucoup sont exécutés en liaison étroite avec les services forestiers des Etats respectifs. Parmi les plus remarquables on peut citer Keep America Green, programme destiné à prévenir les incendies de forêt et Tree Farm Program, programme destiné à récompenser les propriétaires forestiers qui pratiquent une sylviculture rationnelle et qui s'engagent à continuer. Il existe un grand nombre d'autres programmes d'éducation, certains étant patronnés par des industries forestières isolées, d'autres par des groupements d'industries utilisatrices de bois. Un exemple remarquable de programme pour une meilleure gestion des petites forêts est fourni par la Southern Pulpwood Conservation Association (Association pour la conservation du bois à pâte du Sud). Les réalisations des industries forestières sont presque toutes centralisées par l'American Forest Product Industries, Incorporated (Groupement des industries américaines de produits forestiers), organisation privée, à l'échelle nationale.

Actuellement, les industries utilisatrices de bois emploient davantage de forestiers que l'ensemble du gouvernement national et des Etats. L'évolution se caractérise par le souci de déployer une activité accrue pour informer et éduquer les petits propriétaires forestiers de manière qu'ils gèrent mieux leurs forêts.

Protection des petites forets

Protection contre le feu

Les 4 millions ½ de petits propriétaire forestiers possèdent plus de 107 millions d'hectares, soit 55 pour cent du total des forêts productives des Etats-Unis. Pour que ces petites forêts produisent un volume optimum de bois de qualité, il faut qu'elles soient convenablement protégées du feu. Dans la mesure où elle serait efficace, cette protection permettrait au propriétaire privé d'assurer sa forêt à un taux raisonnable.

FIGURE 3. - Les élèves d'une école secondaire (classe de sciences) plantent des Pinus resinosa sur le terrain de leur école (Wisconsin).

Si l'on abandonnait entièrement entre les mains de ces propriétaires le soin de prévoir cette protection, l'économie forestière du pays en souffrirait, aussi bien sur le plan fédéral que dans les Etats. Bien des propriétaires ont une activité étrangère à la sylviculture ou à la transformation du bois. Beaucoup ne résident pas sur leur domaine et, le plus souvent, aucune mesure de protection de ces petites parcelles n'a été, en fait, prévue par leurs propriétaires. Lorsqu'ils envisagent de les financer eux mêmes, ils trouvent souvent la dépense excessive. Parfois, des propriétaires se groupent en associations de protection commune. Celles-ci fonctionnent bien lorsque le gérant d'un gros domaine les dirige. Mais le pays ne peut se reposer sur des associations de propriétaires pour organiser une lutte efficace contre les incendies de forêt. On tend de plus en plus à en confier la responsabilité à une organisation de protection de caractère public. Cette évolution se remarque nettement dans presque tous les Etats.

Dans le cadre d'une telle organisation, le gouvernement de l'Etat doit disposer d'un service responsable; celui-ci, qui est normalement le Service forestier de l'Etat, assure la direction indispensable de la protection des forêts, sur le territoire de l'Etat. Le gouvernement national apporte sa contribution en coopérant et en accordant une aide financière, afin d'accélérer la mise en place, dans tout le pays, d'un système de protection efficace et de jeter les bases d'un aménagement rationnel. Le programme élaboré au cours des cinquante dernières années a permis d'étendre le système de protection à 160 248 000 hectares contre 24 684 000 hectares au début de cette période.

Si l'on a réalisé aux Etats-Unis des progrès importants depuis 1911, il reste encore beaucoup à faire. Les Américains sont en train d'organiser la protection de 15 782 000 hectares de forêts qui n'ont pas encore été l'objet de mesures de protection. Ils s'emploient aussi à améliorer le système de protection sur 80 934 000 hectares qui ne bénéficient actuellement que d'un minimum d'organisation.

Lutte contre les déprédateurs des forets

Aux Etats-Unis, les insectes et les maladies entraînent des pertes de bois plus importantes que les incendies. Les forestiers s'emploient à combattre avec la dernière vigueur cette ponction faite à la production forestière. Les déprédateurs, insectes ou champignons, ne respectent aucune frontière. En tenant compte de ce fait, deux lois pour la lutte contre les déprédateurs ont été promulguées à l'échelon national. Celles-ci s'appliquent à toutes les forêts quel que soit le propriétaire et répartissent la responsabilité de la lutte entre les gouvernements des Etats, les gouvernements locaux et les propriétaires particuliers. En vertu de ces lois, le gouvernement national doit participer aux dépenses engagées pour éliminer les insectes et les maladies s'attaquant aux forêts sur des terres qui ne font pas partie du domaine national. Si besoin est, il doit aussi assurer la conduite et la direction technique, la détection et l'étude biologique des invasions.

FIGURE 4. - Un forestier américain conseille un petit propriétaire sur l'aménagement de son bois. M. R. C. Melton, le propriétaire du bois, explique: «Quand j'ai besoin d'argent, je n'en emprunte pas. Je vais simplement dans mes bois et j'y coupe quelque chose qui de toute manière devrait être coupé».

La législation des Etats relative à la lutte contre les insectes et les maladies est essentielle pour que la coopération soit efficace. La plupart des Etats ont promulgué une législation sur la question et accordent une aide financière et technique à tous les propriétaires forestiers y compris ceux qui possèdent de petites forêts. Ainsi, presque partout, le financement de la lutte contre les insectes et les maladies dans les petites forêts est assuré par le gouvernement national, les gouvernements des Etats et les propriétaires, qui se comportent comme trois associes.

Sous l'égide du gouvernement national, un programme de détection s'étend à toutes les forêts du pays: son but est de découvrir les invasions dès leur départ. Les organismes nationaux ou d'Etat font une étude biologique de ces invasions, pour déterminer leur danger potentiel et la nécessité de les stopper. Des organismes de recherches nationaux ou d'Etats procèdent à des études et à des expérimentations pour améliorer l'efficacité et diminuer le prix de revient des méthodes de lutte et les mettre à la portée des petits propriétaires forestiers.

Mesures prises en matière de gestion des forêts

Sur le plan national et sur le plan des Etats

La coopération entre la Fédération et les Etats dans leur action pour obtenir une meilleure gestion des petites forêts s'est révélée très satisfaisante aux Etats-Unis. La plupart des programmes forestiers menés conjointement par l'Etat et le gouvernement national impliquent une participation financière des deux parties. Le rôle et la participation financière l'Etat dans les affaires forestières de son territoire, sont d'autant plus importants que ses services sont plus puissants.

Plantation et reboisement

Il faudrait effectuer des plantations sur une surface de 17 684 000 hectares correspondant à des terrains susceptibles de porter des forêts productives, mais dont le matériel sur pied est insuffisant ou nul. Pour la première fois dans l'histoire des Etats-Unis, on a planté l'année dernière plus de 404 600 hectares. Il a fallu pour cela plus d'un milliard d'arbres dont 72 pour cent ont été élevés dans des pépinières gérées par les Etats.

Le Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis s'intéresse depuis longtemps au reboisement de ces terres. Depuis des dizaines d'années, il vient en aide aux propriétaires qui plantent des arbres. Pour cela il coopère avec les organismes forestiers des Etats et leur apporte une aide financière pour la production, la vente et la distribution de plants aux propriétaires à des tarifs intéressants, en général inférieurs au prix de revient. Cette assistance se traduit également par des conseils techniques sur la nature des essences à planter, l'époque et la méthode de plantation. Dans le cadre de son programme de conservation agricole, le Ministère de l'Agriculture accorde également aux agriculteurs des subventions destinées a couvrir une partie des frais de plantation forestière ou de préparation du sol effectuée pour favoriser la régénération naturelle. En vertu de ce programme, le gouvernement fédéral paie 50 à 80 pour cent des dépenses occasionnées par l'achat de plants et les travaux de plantation et de préparation du sol.

Les Etats-Unis sont le siège d'une intense activité en matière de reboisement. Des banques locales, des industries forestières, des groupements commerciaux, des gouvernements de comtés, des districts de conservation des sols, des clubs civiques, des écoles, favorisent les plantations dans les petites propriétés en accordant une aide financière ou technique ou toute autre forme d'assistance. Des organismes régionaux de ce genre prennent souvent en charge et financent l'achat, le fonctionnement et l'entretien de machines à planter qui sont utilisées coopérativement. La mise en œuvre de planteuses efficaces a permis d'accroître de façon notable le rythme des plantations.

Grâce à l'application d'une méthode particulière de plantation des arbres employée dans le cadre du programme national de suppression des cultures marginales (Programme de mise en réserve des terres de la Banque du sol), on a déjà commencé à augmenter considérablement la superficie des petites forêts. En vertu du programme en question, l'agriculteur s'engage par contrat, envers le gouvernement, à ne plus consacrer à la production agricole des superficies données de terre cultivable et convient d'effectuer sur ces terres, pendant la durée du contrat, des travaux de conservation du sol. Le gouvernement fédéral paie jusqu'à 80 pour cent du prix des travaux effectués et verse une rente annuelle tant que le contrat reste en vigueur. On pense que, d'après ce programme, une surface de 1 214 000 hectares aura été plantée en 1962.

Les Grandes Plaines au centre des Etats-Unis subissent des sécheresses périodiques et des tempêtes de poussière. Le Prairie States Forestry Project (Projet forestier des Etats de la Prairie) élaboré en 1934 a pour but d'aider les agriculteurs à constituer un réseau de brise-vent qui protège leurs champs de l'effet désastreux du vent. Le gouvernement procède aux plantations à condition que les agriculteurs intéressés acceptent de clôturer, de cultiver et d'entretenir les rideaux d'arbres. Ce programme a été dirigé par le Service forestier des Etats-Unis pendant les huit premières années de son existence. Il est actuellement entre les mains du Service de conservation des sols. Ces deux services font partie du Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis. Les agriculteurs et les éleveurs bénéficient d'une assistance technique sur le terrain, fournie par le Service de conservation des sols. Cette assistance concerne toutes les méthodes de conservation du sol y compris les forêts paysannes, que ce soit pour l'établissement, de plans de travaux, pour les travaux eux-mêmes, ou pour les entretiens. Le plan de conservation comporte des projets d'utilisation des terres selon leur vocation, de mise en valeur du sol et d'utilisation de l'eau, et des conseils pour la conservation et l'emploi des terres cultivées, des pâturages et des parties boisées.

Programme de gestion coopérative des forêts

Il s'agit d'un programme commun du gouvernement national et des gouvernements des Etats, destiné à fournir au propriétaire particulier les conseils de technique forestière dont il a besoin pour la gestion de ses terres. Dans le cadre de cette action, les Etats emploient des forestiers professionnels (farm ou service foresters) qui rendent visite au propriétaire sur son domaine et lui donnent, sur place, des conseils techniques pour l'aider dans sa gestion. Ils lui indiquent les catégories de bois les plus intéressantes à produire. Ils le conseillent sur le choix des arbres à abattre et les prix de vente. Ils lui indiquent comment améliorer le peuplement qui reste sur pied, le renseignent sur d'autres problèmes liés à la gestion forestière pratique et rentable à long terme. Si l'état de la forêt le permet, ce forestier pourra expliquer au propriétaire comment réaliser une partie de son matériel et en même temps améliorer les conditions de croissance du reste. Si le domaine est assez petit et que quelques jours suffisent pour la visite et la consultation, ce service est donné gratuitement. Quelques Etats exigent une redevance pour le martelage d'arbres destinés à la vente. Si la forêt est grande et s'il se pose des problèmes de gestion compliques, le forestier d'Etat recommandera au propriétaire de faire appel à un expert forestier privé qui, lui, travaille contre rétribution.

Depuis la mise en œuvre de ce programme jusque vers la fin de 1957, 336000 propriétaires forestiers représentant plus de 12 millions d'hectares ont été contactés.

Programme pour la conservation des produits résiniers

Aux Etats-Unis, la térébenthine, la colophane et de nombreux produits dérivés sont fabriqués à partir de l'oléo-résine de Pinus elliottii (slash pine) et de Pinus palustris (longleaf pine). Ces pins poussent en abondance dans les Etats du Sud-Est, et ce sont de petits propriétaires forestiers qui fournissent la plus grosse part de cette production.

Il y a 20 ans, le gouvernement des Etats Unis a mis sur pied un programme de stabilisation de la production de la résine et de ses dérivés et d'amélioration des techniques employées. Le Service forestier du Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis est chargé de réaliser la partie du programme ayant trait aux forêts. Sur le plan administratif, celle-ci s'intègre dans le programme général de conservation agricole des Etats-Unis.

FIGURE 5. - Beaucoup de propriétaires de bois font eux-mêmes leur abattage et leur débardage avec les chevaux de l'exploitation (New Hampshire)

Dans le cadre de cette action, les producteurs qui pratiquent une bonne sylviculture reçoivent des subventions couvrant une partie de leurs dépenses. C'est là un des facteurs importants qui a contribué à faire de la zone de la térébenthine du Sud-Est l'exemple peut-être le plus remarquable de forêts bien aménagées. Grâce à ce programme, des progrès sensibles ont été réalisés: les anciennes méthodes de travail, aux effets destructeurs, parce qu'on traitait de petits arbres, sont remplacées par une gestion assurant la conservation et la pérennité du capital. Cette gestion se révèle plus rentable et permet d'utiliser les arbres à d'autres fins - bois d'œuvre, poteaux, pilots et bois à pâte. Il est nécessaire et essentiel de prévoir une protection contre les incendies et d'effectuer des coupes rationnelles. Chaque année, 2 500 producteurs environ, bénéficient d'une aide directe et 2 500 autres reçoivent des conseils.

Participation aux dépenses pour les forêts. Programme de conservation agricole

Appliqué depuis 1936, le Programme de conservation agricole (ACP) du Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis a contribué à répandre les bonnes méthodes de gestion forestière. En vertu de ce programme, le propriétaire peut bénéficier d'une aide financière destinée à couvrir une partie des dépenses qu'il engage pour mieux gérer sa forêt. C'est le Service du programme de conservation agricole qui en a la charge. L'intervention varie pour s'adapter aux conditions locales. Elle consiste à participer aux dépenses du propriétaire qui engage des frais pour planter des arbres, éclaircir des peuplements trop denses, élaguer de jeunes peuplements, éliminer des arbres sans valeur ou pour toute autre opération recommandée. Pour cela, le propriétaire doit prendre contact avec le Comité local de conservation et de stabilisation agricole du comté groupant les agriculteurs voisins de son domaine et préparer au préalable un plan systématique d'amélioration de sa forêt, en se conformant aux principes recommandés dans la région. Il reçoit la subvention fédérale, dans la mesure où le travail est exécuté selon ces normes. Dans la plupart des cas, cette participation financière correspond à environ 50 pour cent du coût des travaux.

Jusqu'à maintenant, les agriculteurs ont pu planter 890 000 hectares grâce à l'aide du Programme de conservation agricole. De plus, des travaux d'amélioration ont été effectués sur 647 000 hectares de forêt. Des plantations forestières ont été librement réalisées dans 30 000 fermes, des travaux d'amélioration de peuplements dans 8 500 fermes.

Action des districts de conservation des sols

Il existe aux Etats-Unis plus de 2 700 districts de conservation des sols Ce sont des subdivisions légales des Etats organisées à leur gré par les citoyens, dans le cadre c L'un bassin de réception, d'un comté ou d'une collectivité. Ces districts s'étendent actuellement sur les neuf dixièmes des terres agricoles de la nation. Chaque district élabore et dirige son propre programme de conservation des sols par l'intermédiaire d'un organe directeur élu, appelé généralement Comité des inspecteurs du district et composé de citoyens du district. Les inspecteurs s'intéressent à la conservation de toutes les ressources naturelles. Ils peuvent faire appel aux organismes fédéraux ou à ceux des Etats pour donner des conseils techniques à tous les propriétaires habitant dans le district.

FIGURE 6. - Dans les plaines des Etats du Sud-Est, on peut souvent conduire jusqu'à l'arbre abattu les camions utilisés pour le transport du bois de pâte. Cela réduit le coût du débardage et laisse au propriétaire du bois un profit plus élevé. Il est à noter que les pins de ce petit bois sont utilisés non seulement pour la production de pâte mais aussi dans la construction navale (Géorgie).

Forêts des collectivités

Les forêts des collectivités jouent des rôles divers: lieux commémoratifs, lieux de rassemblement, laboratoires de plein air pour étudiants, réserve pour la faune lieux de récréation. Elles peuvent donner un rapport si l'on y pratique une sylviculture rationnelle. Elles s'étendent sur des surfaces variant entre un acre (0,4 ha) et plus de 100 acres (40 ha).

Ce sont les besoins de la collectivité qui déterminent le type de forêt à obtenir. Suivant la région, ces forêts peuvent présenter des aspects aussi différents que la forêt de la jeunesse rurale du comté d'Escambia en Floride (178 ha), la forêt (6 ha) plantée par le groupement de jeunesse, «Les futurs agriculteurs américains» à Lowell, Michigan, le terrain de démonstration locale d'Arkansas (0,4 ha), ou la forêt de la communauté d'Arcata en Californie (242 ha). Le rôle de ces forêts est le même. Il s'agit de créer une communauté d'esprit forgée par le travail en commun et dans l'amitié, au bénéfice d'une œuvre utile pour tous. Il est souhaitable que de telles forêts:

1. soient facilement accessibles,

2. qu'elles offrent un cadre agréable et des possibilités de distractions;

3. qu'elles jouent un rôle éducatif en montrant par exemple l'étagement des peuplements et les conditions de croissance qui permettront d'obtenir une forêt équilibrée et pérenne.

Considérant qu'il s'agit d'un service public, les forestiers américains donnent des conseils, font des plans d'aménagement et vont sur le terrain pour aider a les mettre en application, le tout à titre gracieux. Des comptes rendus sont essentiels pour assurer une continuité dans la gestion en fonction du but recherché, et malgré les changements de personnel. En général, ce sont des comtés, des villes, des organismes d'Etats ou des écoles et des groupements qui conservent les dossiers de ces forêts.

On trouve des forêts de collectivités dans 40 Etats; il en existe environ 4 000 et elles couvrent une superficie d'environ 182 000 hectares.

Programme de mise en valeur rural

Le Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis, ainsi que d'autres ministères et organismes du gouvernement fédéral, ont uni leurs efforts à ceux de différents Etats pour effectuer la mise en valeur de régions rurales sous-développées, objectifs essentiel de la politique nationale: on cherche à réaliser un développement équilibre de l'agriculture, de l'industrie et des collectivités. Dans le cadre de cette politique, on E. commencé à appliquer le Programme de mise en valeur rurale dans des secteurs pilotes installés dans 63 comtés et dans 9 régions groupant 2 comtés ou plus, répartis entre 30 Etats et Porto-Rico. De nombreuses collectivités rurales insuffisamment développées fondent des espoirs sur leurs forêts, grandes et petites, pour renforcer leur puissance économique.

La végétation forestière couvre une partie importante des terres américaines. De vastes secteurs et même des régions entières sont tributaires des ressources forestières - bois, eau, faune, possibilités de distraction - qui, utilisées sur place, assurent l'essentiel du revenu et constituent un facteur de progrès social et économique.

Souvent, l'industrie locale aide volontiers à accroître la production et les échanges commerciaux, en augmentant par exemple ses achats de bois dans les régions où l'on peut compter sur un approvisionnement continu. L'action de la Champion Paper & Fiber Company dans l'Etat de Caroline du Nord en est un exemple. Elle emploie 2 800 ouvriers de la région et donne indirectement du travail à 6 000 autres familles en achetant du bois à pâte.

Action sur les petites forêts pour améliorer les bassins versants

L'eau et le sol sont des ressources fondamentales. Aux Etats-Unis comme dans le reste du monde, le sol organique se présente sous la forme d'une mince croûte de terre, qui recouvre des roches, des graviers, des argiles, des sables et d'autres catégories de sous-sols. Eviter à ce sol productif d'être entraîné par l'eau ou le vent et maîtriser le ruissellement des eaux est une tâche difficile dans laquelle les petites forêts jouent un rôle essentiel en Amérique. Les études faites ont démontré que les inondations ont souvent comme point de départ des régions relativement peu étendues où la couverture végétale est insuffisante. Ceci peut être dû à des incendies de forêt, au surpaturage, ou à une mauvaise gestion agricole ou forestière. Presque toujours, ces terres sont propriété privée. En liaison avec les Etats et les propriétaires, le gouvernement national dirige un important programme d'amélioration des bassins de réception et de prévention des inondations grâce à la stabilisation des sols. C'est le Service de conservation des sols qui est responsable de l'exécution de l'ensemble du programme. Le Service forestier des Etats-Unis intervient pour les questions forestières.

Les mesures forestières prises dans le cadre de ce programme ont pour but d'éviter les effets de l'érosion des sols, les inondations et la sédimentation. Les mesures à recommander varient selon les cas: amélioration de la lutte contre les incendies destructeurs du couvert végétal, clôture d'une zone en mauvais état pour la mettre en défens. On peut aussi envisager de limiter l'érosion en effectuant des plantations sur les terres dénudées ou insuffisamment boisées. Persuader un propriétaire qui va couper son bois, de respecter les règles de bonne sylviculture, est l'un des aspects les plus intéressants de cette activité. Le gouvernement national, le gouvernement de l'Etat et le propriétaire privé partagent les dépenses occasionnées par l'application de ces mesures, selon des règles définies dans les programmes en cours.

Grâce au programme sur les bassins de réception, 267 000 hectares de forêts privées, exploitables, ont été aménagées par environ 10 000 propriétaires.

Action des experts forestiers privés

Aux Etats-Unis, grâce aux progrès réalisés dans la protection contre l'incendie, dans la mécanisation des exploitations et des usines, grâce à l'expansion rapide des industries qui absorbent les produits des éclaircies et autres coupes d'amélioration, grâce à l'utilisation récente de bois jadis rejetés et à l'amélioration du réseau routier, la forêt constitue un investissement qui n'a jamais été aussi rentable. Un indice qui prouve l'intérêt manifesté aux Etats-Unis pour la gestion des forêts est le fait qu'il existe, en plus des forestiers des services publics ou des industries travaillant gratuitement pour les propriétaires, 350 experts forestiers privés demandant des honoraires aux propriétaires forestiers qui les consultent. Ceci correspond, pour les 12 dernières années, à un accroissement de presque 900 pour cent du nombre des experts forestiers des Etats-Unis. La plupart d'entre eux ont reçu une bonne formation professionnelle et ont une expérience solide de la gestion forestière quel que soit le but recherché. Ils sont à la disposition des petits et gros propriétaires forestiers qui désirent se faire aider ou recevoir des conseils techniques.

Dans les avis qu'il donne ou dans les plans complets d'aménagement qu'il établit, le forestier privé de notre époque est susceptible de tenir compte d'éléments nombreux: amélioration du peuplement, plantation d'arbres, lutte contre le feu et les insectes, limitation du pâturage, impôts, assurances, coupes d'amélioration, récolte et commercialisation des produits, exploitation rentable et mesurée de ses ressources forestières par le client. Actuellement les propriétaires forestiers requièrent leurs services pour l'établissement de plans complets d'aménagement, y compris les zones récréatives, l'eau, la faune et la production de fourrage. L'expert forestier privé travaille selon le «code» de la Société des forestiers américains, sous la protection d'une licence prévue dans certains Etats, et conformément aux objectifs de l'Association des experts forestiers; il prend maintenant une part importante et indispensable dans la réalisation de tout programme d'amélioration des petites forêts américaines.

Recherches en vue de l'amélioration des petites forêts

Recherches sur l'aménagement des forêts

Aux Etats-Unis le gouvernement national effectue presque toutes les recherches forestières; il est secondé dans ce domaine par les industries forestières, les Etats, et les écoles forestières. Les recherches sur l'aménagement peuvent aider et ont déjà aidé les petits propriétaires à gérer leurs forêts depuis le stade de la graine jusqu'à celui de la grume de sciage. Le propriétaire peut augmenter le revenu de ses forêts en produisant des bois de meilleure qualité. La recherche lui a montré les nombreuses façons d'arriver à ce résultat.

L'une d'elles consiste à faire pousser des arbres de meilleure qualité ou à croissance plus rapide. Les recherches en matière de génétique forestière et d'amélioration des arbres forestiers ont démontré que la notion d'arbre «plus» est une réalité. Par exemple, on a isolé des pins du Sud (Pinus elliottii et Pinus palustris) à haut rendement en oléorésine (pour la fabrication des produits résiniers); on a démontré que certains de ces arbres étaient génétiquement supérieurs pour le caractère rendement en résine. Lorsque le commerce sera approvisionné en graines récoltées sur ces arbres d'élite, le producteur de résine aura certainement intérêt à utiliser cette lignée améliorée.

Dans le Nord-Est et le Centre-Ouest des Etats-Unis on a créé ou isolé des hybrides de peupliers à croissance très rapide ou produisant du bois figuré recherché.

FIGURE 7. - Les insectes ne respectent pas les frontières. Souvent, des insectes défoliateurs attaquent des milliers d'hectares de forêts, appartenant aussi bien à l'administration fédérale, qu'aux Etats ou qu'à des particuliers. La photo montre un avion du Service forestier pulvérisant un mélange à base de DDT sur un peuplement de sapin de Douglas (Pseudotsuga menziesii) attaqué par Choristoneura fumiferana (Idaho).

L'hybride à bois figuré est particulièrement intéressant pour les petits propriétaires du Middle-West. Les généticiens forestiers ont créé de nombreux hybrides de pins tels que le produit du croisement Pinus radiata X Pinus attenuata (Monterey X Knobcone) utilisable pour des plantations dans les forêts californiennes, le produit du croisement Pinus echinata X Pinus taeda (shortleaf X loblolly) qui semble résistant à la rouille fusiforme et peut être planté dans le Sud des Etats-Unis, et l'hybride de Pinus ponderosa et Pinus engelmannii (ponderosa X Apache) qui semble être assez résistant à la sécheresse pour être planté dans les Etats de l'Ouest.

Les généticiens forestiers ont également sélectionné dans les peuplements naturels des arbres dont les caractéristiques sont remarquables. Dans le Sud certains sujets de Pinus elliottii (slash pine) ont des branches fines et une cîme étroite, mais présentent néanmoins une croissance satisfaisante. D'autre part, dans le nord des Montagnes Rocheuses, on a trouvé des Pinus monticola spontanés (western white pines) qui, d'après tous les tests effectués jusqu'à maintenant, sont naturellement résistants à la rouille vésiculeuse du pin Weymouth. Dans toutes les grandes régions forestières on cherche à déterminer les meilleures races des espèces importantes destinées à être plantées dans des stations variées. Comme pour les autres cultures, le sylviculteur tirera profit de l'emploi de variétés améliorées ou d'hybrides.

Réussir la plantation ou la régénération est aussi important que sélectionner les arbres que l'on doit planter. Comme de nombreuses forêts n'ont pas été régénérées convenablement, il faut procéder à des plantations sur des millions d'hectares. Pendant des années de recherches les forestiers américains ont étudié les meilleures méthodes de plantation pour un grand nombre de milieux - terrains déboisés, champs abandonnés, terres débroussaillées par bandes et broussailles. Dans toutes les grandes régions de plantation ont été préparés des guides à l'usage des planteurs ou figurent les meilleurs résultats obtenus par la recherche. Celle-ci a démontré par exemple que, s'il est possible de réussir des plantations de pins sur des champs abandonnés dans le centre des Etats-Unis, les plantations de feuillus au contraire s'y révèlent difficiles; à l'origine pourtant, ces terres portaient des forêts feuillues. Des études ont montré qu'il est possible de reboiser en pin les dunes de sable situées dans le nord-ouest de la Floride ou dans d'autres régions du sud des Etats-Unis, si l'on prend la précaution de détruire le chêne de Banister (Quercus ilicifolia) et le chiendent. Elles ont montré que les zones déboisées depuis longtemps pouvaient être ensemencées par avion en Pinus palustris (longleaf pine), si la graine qui est lourde était convenablement traitée avec un répulsif pour oiseaux et rongeurs et si l'on avait au préalable scarifié le sol ou brûlé la végétation basse. Grâce à des années de recherches et à l'experience acquise en matière de plantation on obtient couramment, dans le sud des Etats-Unis, un taux de reprise de 80 pour cent. Cependant, les recherches se poursuivent pour mettre au point les méthodes de plantation de presque tous les feuillus et pour abaisser le coût des plantations effectuées dans les stations les plus défavorables.

De nombreuses petites forêts ont besoin d'être aménagées avec soin ou sérieusement reconstituées, avant que leur production atteigne le taux maximum. Des études de sylviculture et l'évolution de petites forêts aménagées montrent ce qu'il faudrait faire. Par exemple, pour améliorer la qualité du bois, on peut, sur de jeunes pins, élaguer jusqu'à la moitié des branches vertes, sans affecter sensiblement la croissance. L'élagage de certains feuillus est plus complexe, car souvent, la coupe des branches entraîne indirectement le développement sur le tronc de gourmands. La recherche a démontré que des éclaircies judicieuses concentrent la croissance sur les arbres réservés mais n'augmentent généralement pas le volume total de la production.

On a déterminé le volume normal pour une gamme importante de types de forêts et de stations. Avec cette indication, le propriétaire saura ce qu'il doit réserver, par hectare, après une coupe intermédiaire. Dans de nombreuses forêts de l'Est de l'Amérique, on recommande pour le peuplement réservé une surface terrière de 16 à 18 mètres carrés par hectare. Périodiquement le propriétaire peut enlever les arbres exploitables en excédent. On poursuit également des études sur les interventions qui assurent la réussite de la régénération des essences intéressantes, telles que le travail superficiel du sol, l'élimination des essences concurrentes et l'ouverture du peuplement par des trouées de dimensions convenables.

Des renseignements soigneusement accumulés pendant des années montrent ce que les petites forêts peuvent produire lorsqu'on leur applique un certain aménagement. D'une forêt de 16 hectares de Pinus taeda (loblolly pine) traitée comme le ferait un petit propriétaire qui appliquerait un bon aménagement, on a tiré un revenu annuel de 12 dollars par acre soit 30 dollars par hectare, pendant 20 ans, tandis que le matériel sur pied était reconstitué. Bien que ceci constitue l'un des meilleurs exemples, dans d'autres forêts, sur stations plus pauvres, avec un matériel sur pied initial moins important, on a obtenu un rendement moyen de 2 dollars ou plus par acre et par an (5 dollars/ha) tandis que le matériel sur pied était reconstitué. Il a été montré comment un peuplement ruiné pouvait être remis en état dans une forêt d'altitude comportant un mélange de feuillus, que l'on a aménagée comme une forêt paysanne. D'une superficie de 8,5 hectares, elle cubait 153,4 mètres cubes en 1952. Une coupe d'amélioration a enlevé 54,3 mètres cubes d'essences peu intéressantes, qui ont été vendus 540 dollars, rendus sur route. En cinq ans, le peuplement a atteint 130 mètres cubes, le taux d'accroissement a augmenté et ce sont des arbres de meilleure qualité qui assurent cet accroissement.

Les recherches sur la gestion des forêts s'occupent de mettre au point des outils et des techniques susceptibles d'augmenter l'efficacité de ceux qui gèrent les petites forêts. En ce qui concerne la récolte de la résine, la recherche a mis au point des outils nouveaux pour entailler et rafraîchir les carres des arbres, une méthode d'activation par un acide de l'écoulement de la résine, des gouttières améliorées et d'autres matériels. On a imaginé des instruments simples pour mesurer le volume sur pied ou la surface terrière des forêts, des méthodes efficaces pour détruire des sujets peu intéressants dans les peuplements; on essaie des systèmes plus efficaces pour la sortie des grumes de forêt, soit en toute longueur, soit sur plateau.

Rédigés de façon à être facilement compris, les résultats de ces recherches figurent dans les Farmers Bulletins publiés par le Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis.

Recherche sur l'utilisation des produits forestiers

Les petites forêts seront bien gérées dans la stricte mesure où l'on pourra trouver des utilisations rentables pour les produits considérés auparavant comme sans intérêt et qui, dans l'immédiat, gênent la croissance des arbres de valeur. Le programme national de recherche sur les produits forestiers est largement consacré à l'étude de l'utilisation des arbres défectueux ou rebutés au cours de précédentes exploitations, des essences actuellement sans intérêt économique, et des produits des coupes d'éclaircies et d'amélioration qui ne sont pas payantes. Cette recherche est centralisée par le Service forestier des Etats-Unis au Laboratoire des produits forestiers de Madison, Wisconsin; des recherches et travaux sur le terrain sont menés par les 9 stations régionales d'expérimentation forestière.

L'utilisation de la matière première bois dépend en partie de la comparaison entre son prix de revient et celui d'autres matériaux de remplacement qui le concurrencent. Un des meilleurs moyens d'abaisser le prix de revient d'une matière première consiste à augmenter l'efficacité de l'exploitation et du transport jusqu'au lieu de vente. Ceci est un chapitre important de la recherche, intéressant pour le petit propriétaire forestier.

Les recherches sur la façon de mieux apprécier la qualité du bois et de l'orienter vers l'utilisation la plus rentable, aident non seulement le petit propriétaire forestier à gérer sa forêt, mais aussi le scieur ou les autres industriels à acheter leur bois, à choisir les grumes pour les diverses catégories de produits et à contrôler la qualité en usine. En fin de compte, il en résulte une meilleure efficacité et une augmentation possible des revenus du petit propriétaire forestier.

Les recherches sur l'amélioration du sciage, du matériel de séchage, du collage, de l'assemblage, de la stabilisation, de l'ignifugation, de la protection contre la pourriture et les insectes, contribuent toutes à augmenter les possibilités d'utilisation et la valeur du bois. Les études faites pour améliorer les conditions d'emploi des essences inutilisées parce que trop difficiles à sécher, à usiner ou à clouer, sont particulièrement intéressantes pour le petit propriétaire forestier. De même, la mise au point de méthodes simples de préservation des pieux, des poteaux et du bois façonné contre la pourriture et les insectes, présente pour lui un intérêt certain.

FIGURE 8. - Les recherches de génétique forestière permettent d'utiliser le phénomène de l'hétérosis chez le pin. Le petit arbre est un pin de Banks (Pinus banksiana) le grand est un hybride Lodgepole-Banks (Pinus contorta X Pinus Banksiana). Il existe des instituts de génétique forestière du Service forestier des Etats-Unis dans les Etats de Californie, Wisconsin et Mississipi.

La recherche sur la fabrication de placages avec des essences peu utilisées ou des arbres de faibles dimensions s'oriente vers l'étude des possibilités d'emploi des contreplaqués pour la décoration et la construction. On étudie l'obtention de placages très épais destinés à certains usages pour lesquels on faisait autrefois appel à des sciages. On recherche également s'il est possible de fabriquer des produits mixtes, comportant des placages et d'autres matériaux.

Le reclassement des bois façonnés, des placages et déroulages de catégories inférieures, obtenu en collant du «papier résinifié» fait l'objet d'une autre étude dont le but est d'accroître les possibilités d'utilisation du bois de qualité inférieure qui, actuellement, se vend très difficilement et constitue un problème essentiel en ce qui concerne les petites forêts.

On examine dans quelle mesure la construction pourrait absorber davantage de sciages feuillus de qualité inférieure. Le problème intéresse surtout la charpente. On étudie les procédés d'assemblages mécaniques (clous, chevilles, goujons, cavaliers, etc.) et le collage. La solution de cette question contribuerait à créer un débouché pour de nombreux petits bois feuillus difficiles à écouler.

En dépit de tout ce qu'on peut imaginer pour employer le bois sous forme de bois, il faut développer sur une grande échelle l'utilisation, par l'industrie chimique ou les industries de la pâte, des essences dont on se sert peu ou des arbres inutilisables pour d'autres usages. Les procédés de fabrication de la pâte avec des bois feuillus sont au point, mais on cherche encore à les améliorer.

Dans le domaine de la chimie, on a perfectionné les méthodes de fabrication de charbon de bois dans des fours bon marché. On étudie les principales réactions du bois à des agents physiques ou chimiques pour renseigner des industries de produits chimiques ou d'autres industries nouvelles qui utiliseraient le bois comme matière première. Les recherches sur la chimie du bois et sur la fabrication de la pâte ont déjà allongé considérablement la liste des essences utilisables et permis au petit propriétaire forestier de vendre un grand nombre de ses essences jugées sans intérêt.

Outre les recherches en cours, il existe un programme destiné à favoriser l'utilisation des produits forestiers. Les problèmes sont étudiés dans le cadre régional. Les industries ou les autres utilisateurs du bois venant des petites forêts reçoivent des conseils ou une autre forme d'assistance pour améliorer leurs techniques ou créer de nouvelles industries, si la chose est possible. Une liaison est maintenue avec les organismes publics régionaux et ceux de l'industrie qui s'occupent de recherche sur l'utilisation des produits forestiers. Un programme «d'aide coopérative» encourage la formation de scientifiques qualifiés dans ce domaine. Il aide les établissements d'enseignement à développer les études supérieures.

Action en faveur des recherches sur l'économie forestière

Un certain nombre de programmes de recherche économique contribuent à améliorer les petites forêts. Des stations de recherches du Service forestier des Etats-Unis, divers établissements d'enseignement des Etats et des organismes privés poursuivent des recherches sur les normes de qualité, le développement du. marché, l'information concernant les prix et la commercialisation et l'économie de la production du bois.

En ce qui concerne la commercialisation des bois, des bureaux de recherche se sont chargés d'étudier toutes sortes de domaines intéressant directement les agriculteurs et les petits propriétaires forestiers et de compléter leur information. Par exemple, pour les aider à mieux vendre leur bois, on a classifié certaines essences ou grumes - en particulier, les grumes de sciage destinées à être transformées en bois de construction. Cette étude comporte l'établissement et l'application d'une classification des feuillus de l'Est, notamment. de Pinus ponderosa et du Douglas (Pseudotsuga menziesii).

Aux Etats-Unis, la vente des bois s'effectue encore selon des classifications de qualité qui varient énormément. A côté de la classification standard du service forestier on en trouve un grand nombre d'autres qui sont imposées par les industries utilisatrices. Une grande quantité de bois se vend encore tout venant et ne reçoit pas la destination qui serait la plus rentable. Les recherches sur la qualité du bois, sur les méthodes de vente, sur l'information commerciale, améliorent sensiblement les pratiques commerciales des petits propriétaires forestiers et augmentent les revenus de la gestion forestière.

Des études économiques importantes sont poursuivies sur la façon d'utiliser les essences de faible valeur et les déchets de scierie qui ont été longtemps gaspillés. Au cours des 10 dernières années, l'utilisation des déchets de scierie a augmenté de façon considérable. Il en résulte une amélioration de la productivité et une utilisation plus complète du bois, profitables à l'industriel comme au petit propriétaire forestier. Celui-ci est, aux Etats-Unis, le principal fournisseur de l'industrie.

Les études économiques sur la production du bois fournissent des renseignements utilisables aussi bien par les petits que par les gros propriétaires pour établir des programmes de production forestière ou choisir le meilleur investissement. Par exemple, les indications données sur les revenus qu'on peut attendre d'une plantation renseignent directement un grand nombre de propriétaires qui s'intéressent à la création de nouvelles forêts. La détermination des revenus forestiers, dans différentes conditions, fournit une base de fixation plus précise de la valeur des terres. Celle-ci peut être utilisée pour les achats et ventes de propriétés et pour résoudre des problèmes plus particuliers tels que l'assiette de l'impôt.


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