IV. ARBRES HORS FORET

4.1.1. Définitions FAO (Rappel) :

Se référer aux définitions proposées à la réunion des experts forestiers, Kotka III.

4.1.2. Définitions proposées par le consultant dans le cadre de la présente étude :

Les arbres hors forêt sont des boisements naturels ou artificiels occupant une superficie égale ou inférieure à 0,5 hectares d’un tenant. Sont inclus dans cette définition les types de boisements suivants :

-Les reliques de bois sacrés et les petits bosquets villageois ;

-Les palmeraies situées dans des localités des secteurs saharien et saharo-sahélien ;

-Les plantations des bordures des rues, des routes, autour des immeubles ;

-Les brise-vent tenant sur de courtes distances ;

-Les arbres dispersés à travers des espaces verts des lieux publics ou privés des centres urbains.

-Les roneraies ;

-Les vergers fruitiers ou à graines ;

-Les arbres situés à la devanture «arbres à palabres » ou à l’intérieur des concessions.

4.2.1. Reliques de bois sacrés et petits bosquets villageois

a) Organisation spatiale

Ce sont des boisements situés non loin des villages (1 à 2km) :

-bois sacrés : de dimensions plus importantes autrefois avec des arbres denses et un sous-bois touffu, ces types de boisements occupent aujourd’hui des surfaces réduites à moins de 0,5 hectares (d’où l’appellation «relique ») ou ont complètement disparu là où les pratiques coutumières n’ont plus cours ; ces types de boisements sont parfois sujets à prélèvements clandestins, laissant souvent des peuplements clairsemés avec une densité de l’ordre de 150 à 200 arbres par hectare et pouvant comprendre plusieurs strates.

-Petits bosquets villageois : ce sont des parcelles de superficies variant de 0,5 à 2 ou 3 hectares, avec des arbres régulièrement répartis, rarement groupés, de densité plus ou moins lâche et une forte proportion de recrues ou une répartition régulière et une densité variant de 1100 à 1600 arbres à l’hectare.

b) écologie et sylviculture

bois sacrés : ce sont des boisements naturels rencontrés principalement dans la zone méridionale du pays à proximité des villages ; là où les pratiques coutumières ont cours, ces boisements bénéficient du statut de protection intégrale ; les principales espèces y rencontrées sont : Prosopice africana, Bombax constatum, Daniella oliveri, Bauhinia sp, ziziphus mauritiana, Terminalia macroptera, Vitex cuneata, Celtis integrifolia, Diospyros mesphiliformis, Ficus sp, Anogeissus léocarpus, Acacia ataxacantha, etc.

petits bosquets villageois : ce sont des boisements naturels ou des parcelles plantées, localisés aussi bien en zone sahélienne que soudanienne :

--Les boisements naturels bénéficient du statut de mise en défens avec un enrichissement par semis direct ou plantation ; la composition botanique est diversifiée ; les espèces herbacées et ligneuses y sont intimement mêlées : Khaya senegalensis, Sclérocarya birrea, Ziziphus mauritiana, Combretum glutinosium, Acacia seyal, A.nilotica, Anogeissus leocarpus, Faidherbia albida, Daniella oliveri, Andropogonées, etc ; la capacité de régénérer varie selon les espèces ;

--Les parcelles plantées :ce sont des parcelles plantées principalement avec des espèces à croissance rapide majoritairement exotiques ; elles comprennent entre autres : Eucalyptus canaldulensis, Azadirachta indica, Prosopis juliflora, Cassia siamea ; exploitées en taillis, ces parcelles ont une forte faculté de régénération.

c) Usages et coutumes

- Bois sacrés :

Ces boisements sont destinés exclusivement aux cérémonies sacrées coutumières : initiations, pratiques rituelles (sacrifices), etc. ; l’accès, la cueillette des fruits et même le ramassage du bois mort y sont strictement interdits aux femmes, aux étrangers et aux non initiés ; il s’agit de propriétés coutumières collectives.

- petits bosquets villageois :

Ces types de boisements sont l’objet d’usages multiples : bois de service, bois d’œuvre, pâturage (rameaux avec feuillage, herbacées), apiculture, lieux d’aisance, fruits, pharmacopées, etc. ; il s’agit généralement de propriété individuelle mais parfois collective.

Ces boisements sont destinés principalement aux usages suivants : bois de service (perches, poteaux), bois de feu et parfois pharmacopée (feuilles, racines, etc.) ; ce sont des propriétés individuelles ou collectives

4.2.2. Palmeraies

a) Organisation spatiale

-ce sont généralement des plantations éparpillées dans des oasis ou à travers certaines agglomérations de la zone saharienne.

-les sujets sont assez régulièrement repartis au niveau des centres urbains avec une densité moyenne estimée à 300 pieds à l’hectare et irrégulièrement repartis avec une densité approximative de 625 pieds à l’hectare.

b) Ecologie, et sylviculture

-les palmiers dattiers ont besoins d’une intervention humaine pour leur mise en place et leur développement (travaux d’entretien) ; il s’agit essentiellement de plantations ;

-une seule espèce se rencontre dans cette zone et celle avoisinante : Phœnix dactylifera ; mais il y a des variétés.

-La vitalité et la capacité de régénération sont fonction de la profondeur de la nappe phréatique et de l’entretien.

c) Usages et coutumes

-alimentaire principalement car la vie dans ces régions arides en dépend : son fruit peut se consommer directement (frais ou sec) associé à d’autres denrées ou sous forme de boisson (après transformation)

-son feuillage (palme) sert à couvrir les toits ou confectionner des abris.

-etc.

4.2.3. Plantations des bordures des rues, des routes et autour des immeubles

a) Organisation spatiale

-Ces réalisations sont répandues dans toutes les agglomérations urbaines du pays avec des arbres plus ou moins espacés.

-En général les arbres sont assez régulièrement répartis avec une densité moyenne de 300 à 400 pieds à l’hectare.

b) Ecologie et sylviculture

-Ce sont des arbres plantés établis dans les sites urbains de toutes les zones écologiques ;

-Ce sont généralement des espèces adaptées au milieu, plus ou moins longévives, exotiques pour la plupart : Azadirachta indica, Eucalyptus sp., Prosopis sp., Terminalia mantaly, Phoenix dactylifera, Ceiba pentadra, Delonix regia, Khaya senegalensis, etc. ;

-La vitalité et la capacité de la régénération sont fonction de l’espèce.

c) Usages et coutumes

-Ces plantations servent principalement à l’embellissement des cités, d’ombrage et de protection des infrastructures ; mais certaines parties des arbres sont prélevées pour des usages médicaux (feuilles, écorces, racines) ;

-Il s’agit pour la plupart des cas des propriétés étatiques d’intérêt publiques, rarement privées.

4.2.4. Les brise-vent de dimensions limitées

a) Organisation spatiale

Ce sont des plantations comprenant couramment deux (2) bandes avec des arbres bien distancés régulièrement répartis, disposés en quinconces, la densité variant de 400 à 1 100arbres à l’hectare.

b) Ecologie et Sylviculture

-Ce sont des arbres plantés assez peu répandus en tant que pratiques ; ces réalisations s’observent principalement en zones sahélienne et soudanienne ;

-Les principales espèces utilisées sont entre autres : Khaya senegalensis, Prosopis sp., Cassia siamea, Borassus aethiopum, Eucalyptus sp., Azadirachta indica, Acacia senegal, Leucena leucocephala ;

-A l’exception de Borassus aethiopus, la plupart de ces espèces sont caractérisées par une bonne vitalité et une grande capacité de régénérer.

c) Usages et coutumes

-Certaines de ces espèces peuvent se prêter à d’autres usages : fruits et jeunes pousses de Borassus (consommation jhumaine), différentes parties de Khaya, Eucalyptus et Azadirachta indica utilisées en pharmacopée, bois lorsque les sujets sont atteints de vieillissement ;

-Ces plantations entrent dans des systèmes agro-forestiers : protection des cultures annuelles et des arbres fruitiers, fourrage pour bétail (feuilles et gousses de Leucena leucocephala) ;

-Ce sont des priorités individuelles, collectives ou étatiques.

4.2.5. Arbres des espaces verts publics ou privés

a) Organisation spatiale

-Ces types de boisements s’observent surtout à travers les centres urbains ; les arbres sont dissémines dans l’espace parmi le gazon ;

-Ils sont caractérisés généralement par une répartition régulière, avec en moyenne une densité de 100 à 150 arbres à l’hectare.

b) Ecologie et sylviculture

-Ce sont des plantations, à composition botanique variée : Khaya senegalensis, Terminalia mantaly, Eucalyptus camaldulensis, Phoenix dactylifera, Manguifera indica, Anacardium occidental et des espèces ornementales ;

-Bénéficiant d’entretiens assez réguliers, ces plantations sont pleines de vitalité et disposent de grande capacité de régénération.

c) usages et coutumes

-Ces plantations embellissent les espaces verts, servent d’ombrage et contribuent à réguler les rigueurs climatiques (températures) ;

-Ces arbres sont installés dans les propriétés publiques et privées.

4.2.6. Rôneraies

a) Organisation spatiale

-Distincts peuplements naturels qui occupent souvent de vastes espaces, les roniers (Borassus aethiopum) régénérés artificiellement sont de dimensions généralement limitées dans l’espace, parfois isolé ;

-Les sujets sont généralement bien répartis avec des densités variant selon les usages :

ž tous les 1,5 à 2 m d’écartement,

ž 100 pieds à l’hectare.

b) Ecologie et sylviculture

-Le semis des noix reste la seule mode de reproduction de l’espèce ;

-Seule l’espèce Borassus aethiopum existe au Tchad où elle occupe certains sites des zones sahéliennes (secteur soudano-sahélienne et soudaniennes)

-C’est une espèce à croissance lente et qui ne rejette pas.

c) usages et coutumes

- C’est une espèce à usages multiples :

*son fut débité en lattes constitue un excellent matériau de

construction

*fruits et jeunes pousses entrent dans l’alimentation humaine ;

*feuilles (palmes) pour la confection des abris et des clôtures temporaires ;

*rachis utilisé comme source d’énergie domestique là où le bois de feu est rarež

- Cette espèce utilisée également dans le système agro-forestier (délimitation des parcelles agricoles, brise-vent) ou comme arbres de bordure des alléesž

4.2.7. Vergers : ils comprennent des vergers fruitiers et/ou à graines

a) Organisation spatiale

-Ils sont disséminés et parfois groupés ;

-La répartition est régulière dans le cas des fruitiers avec une densité variant de 200 à 400 pieds à l’hectare ou irrégulière pour les types à grainesž

b) Ecologie et sylviculture

-Ce sont des arbres naturels pour les vergers à graines, composés essentiellement d’espèces fruitières et des plantations principalement dans le cas de vergers fruitiers ; ils sont présents sur certains sites de toutes les zones ;

-La composition botanique est très variée :

Forestiers fruitiers : Parkia biglobosa, vittelaria paradoxum, Sclérocarya birrea, Ziziphus mauritiana, balanites aegyptiaca,

Vergers fruitiers : Manguiers, Goyaviers, Citronniers, Pommes Cannelles, pamplemoussiers, Orangers,

Types intermédiaires : Anacardiers, Palmiers datt iers, Figuiers,

-La vitalité et la capacité de régénérer varient selon l’espacež

c) Usages et coutumes

-Les sujets de certaines espèces atteintes de vieillissement ou desséchés sont utilisées comme bois de feu ou service (Balanites, Ziziphus, manguiers, goyaviers, Citronniers, Parkia biglobosa, etc.ž )

-Les principaux usages portent sur les fruits utilisés dans la consommation humaine ;

-Ce sont des propriétés individuelles, collectives (familiales) ou étatiquesž

4.2.8. Arbres situés à l’intérieur ou à la devanture des concessions

a) Organisation spatiale

-Ce sont des arbres isolés ou obéissant certaines dispositions rencontrées sous tous les climats ;

-La répartition et la densité varient selon les cas :

ž cas de «l'arbre à palabre » : il s’agit de un (1) ou deux (2) arbres par concession ou communs à plusieurs concessions,

ž cas d’arbre d’alignement et d’ombrage : il s’agit d’une ou plusieurs rangées d’arbres à la devanture et/ou à l’intérieur des concessions (notamment dans les centres urbains) avec une densité variant de 10 à 50 arbres à l’hectarež

b) Ecologie et sylviculture

-Ce sont des arbres de caractères variables :

ž naturels pour les «arbres à palabres »

ž plantés pour les arbres d’alignement et d’ombrage,

- La composition botanique est variée :

« Arbres à palbres » : Ficus spž , Tamarindus indicas, khaya senegalensis, Parkia biglobosa, Kigelia africana,

plantations : Azadirachta indica, khaya senegalensis, Cassia siamea, Manguifera indica, Terminalia mantaly, Prosopîs juliflora, etc.ž

c) Usages et coutumes

- Ces types de boisements se prêtent aux usages suivants :

ž lieux de retrouvailles, de cérémonies diverses, de règlements

de conflits ou abris simplement dans le cas «d'arbres à

palabres »

ž ombrage, embellissement, protection des ouvrages pour les

arbres plantés à la devanture et à l’intérieur des concessions,

- Ce sont généralement des propriétés privées, parfois collectives ou coutumièresž

La quantification des «arbres hors forêts » dans le cadre de cette étude reste très approximative pour des raisons mentionnées à l’introductionž Elle est obtenue à partir de quelques renseignements glanés auprès des services forestiers de certaines circonscriptions administratives, ONG et des rapports d’activités relatifs à la foresteriež Le tableau ci-après récapitule les données sur les arbres hors forêts :