FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 10/00 - MONGOLIE* (25 septembre)
La sécheresse qui a sévi pendant les mois décisifs de l’été, au cours desquels le blé, principal aliment de base du pays, est produit, pourrait avoir un effet préjudiciable sur la production céréalière et fourragère. Le blé est semé normalement en mai/juin et récolté en octobre. Il y a lieu de s’attendre à une aggravation des sérieux problèmes auxquels se heurtent les éleveurs après l’hiver rigoureux du début de l’année, qui a entraîné la perte de plusieurs centaines de milliers de têtes de bétail et provoqué une nette dégradation des moyens de subsistance et de la sécurité alimentaire d’un grand nombre de familles nomades. De nombreux animaux, qui sont déjà en mauvaise santé faute de fourrage et d’aliments du bétail, seront plus vulnérables aux maladies. D’après des rapports des Nations Unies, la sécheresse a créé une situation d’aridité dans la moitié du pays, 20 pour cent du territoire connaissant de graves pénuries d’eau et plus de 450 000 personnes risquant de souffrir de pénuries alimentaires à court terme. Par ailleurs, nombre des districts touchés avaient déjà souffert de l’hiver rigoureux de l’an dernier. La situation pourrait s’aggraver, l’Institut national de météorologie prévoyant la persistance de conditions météorologiques défavorables avec des précipitations inférieures à la moyenne.
Les répercussions des catastrophes naturelles sur l’élevage revêtent une importance considérable. Ce secteur joue un rôle tout à fait décisif dans l’économie, car il constitue la principale source de revenus des ménages et contribue de manière importante à obtenir des devises étrangères. Les lourdes pertes de bétail et la réduction des disponibilités de viande qui en a résulté ont conduit à une forte augmentation (jusqu’à 40 pour cent) des prix du bétail, d’où un effet domino sur l’inflation et sur le coût de la vie, aggravant encore l’insécurité alimentaire des pauvres et des groupes vulnérables. Outre la viande, on note une grave pénurie de lait, en particulier dans les campagnes, ce qui réduit encore une source importante de protéines et de nutriments dans le régime alimentaire. Les familles nomades ont eu également beaucoup de difficultés à trouver d’autres sources de revenus, la plupart n’ayant pas reçu l’éducation ou la formation voulue pour d’autres emplois. Néanmoins, nombre d’entre elles ont migré vers les villes et les centres urbains, aggravant les problèmes de chômage et de vulnérabilité face aux pénuries alimentaires.
Les pénuries alimentaires actuelles font suite à plusieurs années de détérioration de l’état nutritionnel imputable à la profonde transformation de la situation économique de larges couches de la population, à mesure que l’économie planifiée a été abandonnée au profit de l’économie de marché. Cette évolution a notamment exposé aux aléas économiques de nombreux groupes qui dépendaient des emplois publics et de l’aide sociale, du fait qu’ils n’avaient guère d’autres sources de gains. Selon différents rapports remontant au milieu des années 90, les catégories les plus touchées par la pauvreté et l’insécurité alimentaire étaient les chômeurs, les personnes âgées, les ménages dirigés par des femmes, les enfants, les retraités et les petits éleveurs.
À l’échelon national, pour couvrir les besoins en fourrage et en aliments du bétail, le Ministère de l’alimentation et de l’agriculture a pris en juillet des mesures visant à augmenter la production de foin et de fourrage dans les zones non sinistrées en vue d’en distribuer à la population rurale en difficulté, et à octroyer aux autorités provinciales des prêts pour l’achat de foin et de fourrage, la réparation des puits existants et l’installation de puits manuels. Des dispositions ont été également prises pour la réinstallation des familles venant des quatre provinces frappées par la sécheresse et de leurs troupeaux, et pour la constitution de réserves pour l’hiver et l’isolation. Par ailleurs, depuis mars dernier, la Croix-Rouge mongole a distribué des provisions de farine de blé et de riz pour six mois à 35 000 personnes dans six des provinces les plus sinistrées.