FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 10/00 - YOUGOSLAVIE, RÉP. FÉDÉRATIVE DE (SERBIE ET MONTÉNÉGRO)* (18 septembre)

YOUGOSLAVIE, RÉP. FÉDÉRATIVE DE (SERBIE ET MONTÉNÉGRO)* (18 septembre)

La mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires, qui s’est rendue dans la République fédérative de Yougoslavie (à l’exclusion de la Province du Kosovo administrée par les Nations Unies) du 21 juin au 7 juillet 2000, a parcouru en long et en large les principales régions agricoles. Elle a constaté que le secteur agricole du pays était de manière générale en déclin depuis le début des années 90, mais que la campagne agricole 1999/2000 était particulièrement difficile. Sous l’effet conjugué des catastrophes naturelles ou causées par l’homme (sanctions, dégâts provoqués par les bombes, inondations, engorgement et sécheresse prolongée), des pénuries d’intrants, notamment d’engrais, mais aussi de carburant, et des faibles prix, les superficies ensemencées et les rendements moyens des cultures de printemps et d’hiver ont diminué.

La mission a estimé qu’en Serbie et Monténégro, la superficie ensemencée en blé qui sera récolté en 2000 est tombée à 581 000 hectares, contre 619 000 en 1999 et 800 000 en 1991, du fait des incitations par les prix insuffisantes et des pénuries désastreuses de carburant et d’engrais. Sur la base de son estimation des emblavures (largement inférieure au chiffre officiel de 650 000 hectares), la mission évalue la récolte de blé de 2000 entre 1,66 million de tonnes (scénario pessimiste) et 1,8 million de tonnes (dans le meilleur des cas), ce qui est inférieur à l’estimation officielle de 2,3 millions de tonnes.

Par ailleurs, le potentiel de rendement des cultures de printemps comme le maïs, la betterave à sucre et le soja, a sérieusement pâti des températures élevées et des pénuries d’eau enregistrées pendant le printemps et l’été jusque bien avant dans le mois d’août. En fait, des pluies surabondantes sont nécessaires pour reconstituer les réserves du sol en humidité pour le blé d’hiver, qui sera bientôt semé. La disponibilité limitée des aliments du bétail pourrait entraîner une nouvelle réduction importante du nombre d’animaux.

Les disponibilités alimentaires intérieures sont déterminées par la production intérieure et par le volume d’exportations agro-alimentaires nécessaires pour couvrir les besoins d’importation essentiels, en particulier de pétrole, de gaz et de médicaments. Le pays doit importer 70 pour cent de ses besoins de combustible et, jusqu’à présent, il les a financés avec ses exportations industrielles et agricoles. Du fait de la contraction du PIB, du délabrement de l’industrie et de la part croissante de l’agriculture dans le PIB, en 1999, les exportations agro-alimentaires ont représenté en valeur 22 pour cent des exportations. Les exportations de produits agricoles, notamment du maïs et un faible volume de blé, continuent en 2000 mais elles ont été inférieures à l’objectif. Le gouvernement a indiqué qu’environ 2,8 millions de tonnes de blé sont disponibles dans le pays, ce qui est plus que suffisant pour couvrir la demande intérieure. Les stocks considérables provenant de la récolte exceptionnelle de maïs de l’an dernier (6,1 millions de tonnes) contribueront à compenser la faible production de cette année, qui pourrait être réduite de moitié.

Néanmoins, tout laisse à prévoir qu’en 2000/01, les approvisionnements alimentaires se contracteront considérablement et que les prix continueront à augmenter, compromettant la sécurité alimentaire de la population à faible revenu. La disponibilité de vivres à des prix faibles et contrôlés, déjà insuffisante, se réduit tandis qu’une quantité croissante de denrées sont acheminées vers le marché moins strictement réglementé où les prix sont plus élevés. Parallèlement, les salaires et traitements réels diminuent. La nourriture absorbe déjà une part importante du budget familial de la population à faible revenu.

Le PAM apporte actuellement une aide à environ 700 000 réfugiés et personnes socialement vulnérables. Par ailleurs, le CICR prête assistance à 200 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays en leur distribuant une ration alimentaire individuelle, ainsi qu’à 100 000 bénéficiaires (cas sociaux) en leur fournissant un repas chaud dans le cadre de leur programme de soupe populaire.


TOCRetour au menu