FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 03/01 - SOUDAN* (14 février)

SOUDAN* (14 février)

Une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires, qui a visité le sud du Soudan du 4 au 27 octobre 2000 et le nord du pays du 19 novembre au 6 décembre 2000, a fait état de graves pénuries alimentaires dans diverses parties du pays dues au retard des pluies et à de longues périodes de sécheresse ainsi qu’à la diminution des stocks alimentaires. La mission prévoit que la production céréalière totale au Soudan en 2000-2001 sera d’environ 3,6 millions de tonnes, soit 2,7 millions de tonnes de sorgho, 496 000 tonnes de mil, 334 000 tonnes de blé (qui devra être moissonné à la mi-2001) et 95 000 tonnes d’autres céréales. À ce niveau, la production céréalière est supérieure de près de 14 pour cent à celle de l’année dernière (qui se situait au- dessous de la moyenne) tout en restant inférieure de 18 pour cent à la moyenne des cinq dernières années.

Dans ces conditions, les besoins en importation de céréales pour la campagne commerciale 2000-2001 (novembre/octobre) est estimé à 1,2 million de tonnes, soit près de 16 pour cent en plus que l’année précédente. Les importations commerciales en 1999-2000 sont estimées à près de 1 million de tonnes et seront donc supérieures de 13 pour cent à celles de l’année antérieure. L’aide alimentaire d’urgence, tant en cours de préparation que prévue, représente 34 000 tonnes, laissant un découvert de 140 000 tonnes.

Des récoltes en baisse et un épuisement virtuel des stocks ont entraîné une forte hausse du prix des céréales. Ainsi, le prix de détail du sorgho a bondi d’une moyenne de 15 000 SP par sac de 90 kg de janvier à avril 2000 à une moyenne de 35 000 SP en mai et juin. En novembre et décembre 2000, le prix moyen du sorgho s’établissait à 40 000 SP contre 20 000 pour la même période en 1999. Cet accroissement limitera l’accès des couches les plus pauvres de la population aux denrées alimentaires.

Les pluies irrégulières ont également eu un effet dévastateur sur la repousse des pâturages ainsi que sur la possibilité d’alimenter le bétail avec du grain et les résidus des récoltes, en particulier dans les zones pluvieuses. La baisse dramatique d’aliments pour le bétail devrait entraîner une malnutrition importante des animaux. De plus en plus de bêtes sont vendues sur le marché, provoquant une baisse des prix et, par conséquent, des revenus des ménages. Le rapport entre le prix des céréales et celui du bétail s’est fortement détérioré pour les pasteurs. Le rapport commercial ovins/sorgho (c’est- à-dire la quantité de sorgho achetée avec le revenu tiré de la vente locale d’un mouton) a décliné de près de 400 pour cent entre décembre 1999 et décembre 2000.

Les mauvais résultats de la campagne actuelle concernent près de 900 000 personnes, principalement au Darfour, Kordofan, nord du Bhar el Ghazal, Bahr el Jebel, East Equatoria, Jonglei, Juba et la province de Butana dans l’état de Gezira. Dans quatre ou cinq mois, près de 600 000 de ces personnes auront un grand besoin d’aide alimentaire. En outre, quelque 2,4 millions de personnes touchées par les luttes civiles dans le sud auront besoin d’une assistance continue. Compte tenu du peu de ressources disponibles et de l’épuisement des mécanismes d’aide arrivant au maximum de leurs possibilités, les agriculteurs et les autres groupes vulnérables ont commencé à émigrer à la recherche de travail et de nourriture. La consommation de céréales réduira leur capacité de produire et de faire face à leurs besoins lors de la prochaine campagne agricole. Des interventions ciblées et exécutées en temps opportun sont essentielles pour prévenir des souffrances humaines.

Une opération d’urgence révisée a été approuvée en janvier 2001 conjointement par la FAO et le PAM en vue d’apporter une aide alimentaire aux 2,4 millions de personnes affectées par la guerre, la sécheresse et les inondations, soit 50,2 millions de dollars des États-Unis supplémentaires pendant une période de 4 mois.


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