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Préface

Pendant ces dernières décennies, un grand nombre d'événements désastreux ont témoigné de manière répétitive du rôle croissant de production agricole dans la dégradation et l'épuisement des ressources naturelles, dans la pollution de l'environnement et dans la contamination des produits alimentaires. Ces tendances alarmantes et la multiplication des sécheresses, la prolifération d'insectes ravageurs, d'épidémies et de maladies, ainsi que les carences alimentaires et les famines, font douter de la possibilité de fournir une offre alimentaire suffisante, fiable et sûre à une population mondiale en constante augmentation. En abordant ces problèmes à Rio de Janeiro, la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement a adopté en 1992 une série de mesures, notamment dans trois domaines importants touchant le cœur du mandat de la FAO: l'agriculture et le développement rural durables, la lutte contre la désertification et la sécheresse et la planification et gestion intégrée des ressources en terres.

Dix années plus tard, la Commission des Nations Unies du développement durable (CDD) a décidé de faire un bilan des progrès accomplis dans ces trois domaines, associés en tant qu'ensemble unique «terres et agriculture» Elle a souligné l'importance de l'engagement pris au Sommet mondial de l'alimentation à Rome de réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées d'ici à 2015 (actuellement près de 800 millions de personnes). La CDD a mis l'accent sur l'urgence et la difficulté de ce défi, plus difficile encore lorsque l'on prend en compte la réduction des ressources en terres et en eau de l'agriculture suite à une compétition accrue pour y avoir accès, les multiples processus de dégradation et d'épuisement qui les affectent et également les effets prévisibles des négociations multilatérales concernant le commerce agricole qui débutent. En conséquence, les membres gouvernementaux de la CDD ont réclamé davantage d'éléments concrets pour montrer que des progrès dans ces trois domaines étaient non seulement possibles, mais qu'ils se mettaient réellement en place. Dans ce but, la CDD demande que des exemples de réussites illustrant de manière positive les développements de l'ensemble «terres et agriculture» soient identifiés, puis répertoriés dans un compendium qui pourrait servir d'exemple et aider à préciser les lignes d'action à privilégier.

Il existe une grande diversité de systèmes agricoles et ruraux à travers le monde. En conséquence, l'adoption de critères communs pour la sélection à l'échelle mondiale d'exemples de réussite a représenté un défi difficile et une telle sélection aurait même pu aller à l'encontre des valeurs liées à cette diversité. Une difficulté supplémentaire provient de problèmes d'échelle et des délais nécessaires pour mesurer les progrès sur la voie de la durabilité. De tels progrès ont été évalués conjointement sur les trois fronts du développement durable: économique, social et environnemental. De plus, un bilan a été établi pour les cas présentés. Ainsi, de nombreux cas de pratiques agricoles réussies ont été identifiés tandis que seuls quelques cas de mesures politiques prenant en compte le cadre de l'ADRD ont été trouvés. La sélection a été réalisée sur la base d'un consensus d'experts et de partenaires locaux, en se fiant à leur expérience et à leur jugement.

La mosaïque des exemples de réussite ainsi répertoriés est hétérogène et montre qu'il n'existe pas de panacée simple, mais plutôt un large éventail d'initiatives et de contributions allant dans le sens de l'agriculture et du développement rural durables (ADRD) ainsi que de la gestion durable des ressources en terres. La plupart de ces exemples décrivent une situation ou un problème spécifiques. Dans le but de faciliter leur évaluation, un cadre de référence de questions de fond et de domaines d'intervention a été défini afin de sélectionner les études de cas en fonction de leur orientation dominante. L'image qui en résulte montre que dans de nombreux domaines, des progrès prometteurs ont été réalisés. Néanmoins, ce compendium ne constitue pas une liste exhaustive de toutes les initiatives qui, de diverses façons, ont produit des résultats positifs lors de la mise en œuvre des accords de Rio dans le secteur agricole et rural.

L'optimisme qui découle des «succès» présentés ici ne devrait pas masquer les imperfections, les lacunes ni l'importance et la difficulté des tâches à accomplir pour atteindre les objectifs de l'ADRD et parvenir à une gestion durable de nos ressources en terres. Le résumé met l'accent sur les effets indirects et sur les problèmes secondaires résultant de réussites ne concernant qu'une seule zone ou seulement certaines catégories de la population. Il n'y a pas de place pour de la complaisance, ce qui a été confirmé lors de l'évaluation effectuée récemment des progrès réalisés en cinq ans depuis le Sommet mondial de l'alimentation, évaluation qui a mis en évidence qu'au rythme actuel, la réduction de moitié du nombre des sous-alimentés dans le monde prévue pour 2015 ne sera pas atteinte, à moins d'une volonté politique plus forte pour réduire l'insécurité alimentaire.

Il est probable que ce défi deviendra encore plus difficile à relever dans l'avenir, dans la mesure où les secteurs agricole et rural sont particulièrement vulnérables face aux changements mondiaux actuels générés par la mondialisation du commerce, l'introduction de nouvelles technologies et les modifications anthropiques des conditions climatiques. Néanmoins, les prémices basiques des stratégies de l'ADRD et de la gestion intégrée des ressources en terres, telles qu'elles furent énoncées dans l'Action 21 adopté par les gouvernements à Rio il y a 10 ans, restent encore valables aujourd'hui. Le développement durable du secteur agricole doit se faire en concomitance avec des actions de développement et des investissements plus importants dans les zones rurales, avec une amélioration constante des conditions de vie de la population rurale, celle des conditions de sécurité et de la fiabilité alimentaire pour les consommateurs, ainsi qu'avec une utilisation et conservation des ressources limitées de notre terre plus rationnelle et plus équitable, au profit des générations présentes et futures.


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