3. Lutte contre la tsé-tsé (y compris effets secondaires sur l’environnement)

Les glossines (Glossina) sont des vecteurs agricoles et médicaux importants qui transmettent les trypanosomes africains, agents de la maladie du sommeil chez les humains et de maladies variées chez les animaux (nagana). Alors que la prévalence de la maladie a pris des proportions d’épidémie, l’absence d’un vaccin mammalien et de médicaments efficaces bon marché a entravé la lutte contre la maladie. La gestion de la trypanosomose repose fortement sur la lutte contre son insecte vecteur unique, la glossine. Malgré l’efficacité de certains de ces outils, leur impact sur la lutte contre la maladie n’a pas été durable à cause de leur nature locale et du fait qu’ils dépendaient considérablement de la participation de la communauté. Des progrès récents dans les technologies moléculaires et leur application aux insectes ont révolutionné le domaine de la biologie des vecteurs et on espère que ces nouvelles approches pourront former la base des interventions antiglossinaires futures. Le succès des approches génétiques visant à perturber le cycle de transmission du parasite dans leur hôte invertébré dépend d’une pleine compréhension de l’interaction entre les glossines et les trypanosomes. La présente communication examine la biologie du développement des trypanosomes dans les glossines et les multiples symbiontes bactériens qui résident dans le même environnement intestinal. L’existence d’un système de transformation génétique pour le symbionte dans le mésogastre permet aux produits de gènes d’être exprimés in vivo dans l’intestin des glossines où ils peuvent produire un milieu hostile à la transmission des pathogènes. La caractérisation d’un (des) produit(s) de gènes doté(s) de propriétés anti-pathogènes et leur expression in vivo sont discutées. Une stratégie est ébauchée, dans laquelle le remplacement des phénotypes sensibles de l’insecte par leurs équivalents réfractaires fabriqués peut résulter en une diminution de la transmission de la maladie.

Les maladies transmises par les tiques et les glossines coûtent à l’Afrique environ 4 à 5 milliards de dollars E-U par an en pertes associées à l’élevage. L’utilisation de bovins traités avec des pyréthrinoïdes pour contrôler les tiques et les glossines (Glossina sp.) promet d’être un outil de plus en plus important pour contrecarrer ces pertes. Une utilisation non contrôlée de cette technologie pourrait toutefois conduire à des dégâts écologiques, à une résistance aux acaricides dans les populations de tiques et à une exacerbation possible des maladies transmises par les tiques. Des recherches récentes visant à identifier, quantifier et mettre au point des stratégies pour éviter ces effets sont mises en évidence.

Dans les ranchs de Mkwaja et de Mivumoni, dans le nord-est de la Tanzanie, les captures de Glossina pallidipes, G. brevipalpis, G. morsitans morsitans et de G. austeni étaient généralement deux à trois fois plus élevées dans les pièges de type Ngu, Epsilon et F3 que dans les pièges biconiques et pyramidaux bleus lorsqu’ils étaient utilisés avec des appâts olfactifs. Les captures par des patrouilles étaient environ trois fois plus élevées lorsque ces hommes portaient un écran noir et étaient encore sept fois plus élevées pour les femelles de G. pallidipes lorsqu’un véhicule était l’appât. On estimait que la sensibilité des prospections de glossines s’accroissait de 300 fois environ pour G. pallidipes et de deux à cinq fois pour G. brevipalpis et pour G. m. morsitans lorsque des pièges étaient utilisés en tant qu’appâts plutôt que des véhicules au cours des prospections. La nécessité d’effectuer davantage de recherches dans les méthodes de prospection et d’essais sur le terrain est discutée.

La dix-neuvième Conférence de l’Association Mondiale de Parasitologie Vétérinaire s’est tenue du 10 au 14 août 2003 à La Nouvelle Orléans, en Louisiane, E-U et son thème était «Vieux rêves - Visions nouvelles: la Parasitologie vétérinaire au XXIe siècle» et visait à stimuler les débats sur l’application des technologies nouvelles ainsi que des disciplines traditionnelles, à répondre à des questions posées dans le passé et à des questions plus récentes. Une communication portant sur la lutte contre les glossines et les trypanosomes au moyen de méthodes génétiques moléculaires a été incluse (voir 12683).

Un essai visant à évaluer l’efficacité d’une formulation en «pour-on» d’1 pour cent de cyfluthrine (Cylence, Bayer) à réduire l’incidence de la trypanosomose bovine a été effectué dans une zone de près de 2 000 km² dans la Province orientale de la Zambie. La zone d’essai était cultivée et la densité de population bovine s’élevait approximativement à 11 animaux/km². Les bovins étaient les principaux hôtes des glossines. Suite au traitement gratuit des bovins adultes à des intervalles de 7 semaines, à une dose de 15 ml/100 kg de poids corporel, l’hématocrite moyen du troupeau augmentait bien que la diminution de l’incidence des infections trypanosomiennes soit plus prolongée. L’incidence mensuelle des infections trypanosomiennes commençait à diminuer considérablement 8 mois après le début des traitements. Aucune infection trypanosomienne n’a été détectée 10 mois après le début de l’essai.