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I. - INTRODUCTION

1.1 - Ouverture

Du 20 au 26 novembre 1993, le CNROP a organisé à Nouadhibou un Groupe de travail sur l'état des ressources et des pêcheries mauritaniennes.

Au nom du Ministre des Pêches et de l'Économie Maritime, Monsieur Sidi O/ Cheihk, Secrétaire Général, a souhaité la bienvenue aux participants (annexe 1). II a rappelé l'importance considérable de la pêche dans l'économie nationale et le rôle que le Gouvernement entendait voir jouer la recherche dans sa politique de promotion du secteur. Après avoir fait référence à la Déclaration de politique de 1987 qui fixait les objectifs de développement de la pêche et précisait les formes d'intervention gouvernementale, il a indiqué que le programme d'ajustement structurel actuellement en cours d'élaboration amenait le Ministère à réexaminer sa stratégie d'intervention. La réflexion qu'il conduit sur les opportunités de développement et les besoins d'aménagement du secteur doit s'appuyer sur des évaluations réactualisées des stocks et des pêcheries. C'est pourquoi le Groupe de travail est pour le Ministère d'une très grande importance.

Les chercheurs du CNROP, de l'AtlantNIRO (Russie), du CRODT (Sénégal), de la FAO, de l'IEO (Espagne), de l'ISPM (Maroc), de l'ISSTH (CEAO), de l'ORSTOM (France), et de l'Université de Portsmouth (Royaume Uni), ainsi que des experts de l'Administration et de la profession mauritaniennes, participèrent aux travaux. Leur liste figure à l'annexe 2.

La présidence du Groupe de travail a été assurée par M. Moctar Ba, Directeur Général du CNROP. II a présenté le mandat du Groupe et l'ordre du jour que le CNROP avait préparé pour la réunion (annexe 3).

Avant la réunion du Groupe de travail, les chercheurs du CNROP avaient compilé les données brutes et préparé des inventaires des données disponibles et plusieurs notes sur les stocks et les pêcheries. Bien que la préparation des données nécessaires aux évaluations puisse être améliorée, ce travail préparatoire a grandement facilité celui du Groupe.

1.2 - Attente des utilisateurs

En préalable aux travaux du Groupe, le Président a invité les utilisateurs de la recherche à indiquer ce qu'ils attendaient des travaux du CNROP. Soulignant que la recherche halieutique avait pour finalité et justification une contribution effective au progrès économique et social du secteur, il a rappelé que son efficacité dépendait beaucoup de la coopération des utilisateurs de ses travaux. Les évaluations des stocks et des pêcheries peuvent servir de base à la conception des plans de développement et des systèmes d'aménagement que l'Administration entend mettre en oeuvre. En même temps, la qualité de ces évaluations dépend de celle des données que lui fournissent les administrations et les armements nationaux, ainsi que les administrations des pays qui participent à l'exploitation des ressources mauritaniennes.

Les représentants de l'Administration ont rappelé que les objectifs de la politique sectorielle étaient clairement spécifiés dans la Déclaration de politique sectorielle de 1987:

Ces objectifs restent valides. Pour mener à bien cette politique et l'ajuster à l'évolution des conditions, l'Administration a besoin de connaître le potentiel des ressources - y compris celles dont la production peut être accrue - et les niveaux d'exploitation correspondant aux objectifs de sa politique. L'Administration doit être éclairée sur les systèmes de régulation adaptés aux caractéristiques des pêcheries et à l'environnement économique et social du pays, ainsi que sur les mesures pratiques nécessaires pour amener et maintenir les pêcheries aux équilibres choisis. Les interactions entre pêcheries reposant sur les mêmes stocks - qu'il s'agisse des interactions entre flottilles artisanale et industrielle, de l'aménagement des stocks que la Mauritanie partage avec ses voisins, des captures accessoires ou délibérées de la pêche pélagique hauturière sur les ressources démersales, ou du braconnage - demandent à être chiffrées. Les mérites respectifs de la pêche industrielle et de la pêche artisanale, ou de la pêche nationale et de la pêche étrangère, à exploiter les ressources nationales demandentà être comparés par rapport aux objectifs de la politique nationale. Les effects des interventions doivent être distingués des effets externes comme les fluctuations du marché international, la politique monétaire nationale, ou les effets du climat sur le recrutement des stocks.

Un participant a évoqué les effets sur la productivité des ressources de dégradations possibles de l'environnement, et mentionné le rôle du banc d'Arguin dans l'écologie de la ZEE mauritanienne. Un membre de la Banque Centrale a indiqué que, pour l'allocation de ses crédits, son organisme avait besoin de connaître les performances actuelles et escomptées des différents types de flottilles et de bateaux.

Après avoir donné la priorité à l'accroissement de sa participation àl'exploitation des ressources de sa ZEE, la Mauritanie doit s'impliquer maintenant plus directement dans la valorisation de la matière pre mière. Cette évolution est d'actualité car, les stocks nobles étant pleinement exploités, la valorisation sur place de la matière première et la commercialisation des produits offrent, pour la création de richesses, plus de perspectives que l'accroissement des moyens de production (dans la branche industrielle tout au moins). Déjà, le contrôle de la qualité des produits a vu son importance croître avec l'essor des exportations. Cela suppose la connaissance des performances des techniques de valorisation dans le contexte national, des conditions de leur assimilation par les opérateurs nationaux, une information sur les marchés internationaux, … A ce sujet, un représentant de la SMCP a manifesté son intérêt pour une connaissance des causes de l'apparition récente d'individus de mauvaise qualité dans les captures de poulpe. Un autre participant a fait remarquer que l'intérêt potentiel de la valorisation des produits ne se limitait pas au secteur industriel. Qu'il s'agisse des techniques de pêche ou du traitement des produits, l'innovation technique est aussi potentiellement profitable au secteur artisanal.

La diversité des questions, l'urgence des besoins, et la faiblesse des moyens disponibles imposent au CNROP une sélection rigoureuse de ses priorités de recherche. Ses programmes doivent tenir compte des capacités et des besoins respectifs des secteurs public et privé. En matière de connaissances, le secteur public a, pour l'exercice de ses missions propres, des besoins spécifiques. La conservation des ressources, l'aménagement de la pêche, et la mise en oeuvre de politiques sectorielles adaptées figurent en tête de ses priorités. De leur côté, les entreprises ont un rôle déterminant à jouer dans le transfert et la maîtrise des techniques de pêche et de traitement, la prospection des marchés, et la promotion des exportations.

Dans la programmation de ses recherches, le CNROP doit concilier un souci de pertinence et de cohérence - imposé par la nature multidisciplinaire des problèmes de développement et d'aménagement -, et une préoccupation d'excellence scientifique - gage de la qualité de ses travaux et du progrès des capacités professionnelles de son personnel. La priorité de ses travaux doit refléter l'importance économique et sociale des pêcheries nationales. Pour cette raison, les stocks démersaux-notamment les céphalopodes-, et les pêcheries nationales-notamment la pêche arisanale-, figurent en tête de ses préoccupations.


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