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Les forêts russes au début du troisième millénaire: situation et tendances

Anatoly Shvidenko 1


Résumé

L'abondance et le caractère intrinsèque de la ressource ainsi que les propriétés écologiques donnent aux forêts russes une importance internationale. Malgré de graves défaillances dans la gestion des forêts dans la Fédération de Russie 2 durant les dernières décennies, qui ont entraîné la dégradation des forêts dans plusieurs grandes régions peuplées du pays et une utilisation et une protection insuffisantes des forêts, cette ressource naturelle fait preuve d'une vitalité surprenante et d'une aptitude naturelle à se régénérer. Les forêts russes exercent toujours une action stabilisatrice puissante sur l'environnement mondial et sont une source potentielle de divers produits forestiers, particulièrement de bois de conifères. Toutefois, la situation socio-économique actuelle du pays, la pression accrue exercée par l'homme et les importants changements climatiques attendus dans le nord de l'Eurasie imposent le passage à la gestion durable des forêts, qui tiendrait compte des multiples utilisations inépuisables des forêts et de la nécessité de mettre au point des stratégies de gestion forestière plus avisées afin d'atténuer les conséquences du changement climatique mondial.


Introduction

Plusieurs caractéristiques déterminent le rôle spécifique des forêts russes dans le monde contemporain:

Dans cette analyse, nous utilisons les définitions russes des grandes catégories de couvert forestier. Tous les territoires aménagés par les autorités forestières constituent le fonds forestier, qui était de 1178,6 × 106 ha en 1998. Ce fonds est divisé en terres forestières, c'est-à-dire des territoires consacrés aux forêts et à des terres non forestières. Les terres forestières ont deux composantes principales: les forêts denses ou surfaces boisées, et les surfaces non boisées, c'est-à-dire les terres temporairement non couvertes de forêts (peuplements brûlés ou morts, forêts morcelées, aires exploitées non régénérées, etc.). Les terres non forestières sont composées principalement d'aires non productives (marais, roches, etc.). La définition russe des terres forestières est très proche de celle utilisée par la FAO dans FRA 2000 (FAO, 2000). Plus de détails sur les définitions techniques utilisées dans le présent document figurent dans Shvidenko et Goldammer (2001).

Situation actuelle des forêts russes et faits nouveaux

Les premières données d'ensemble sur toutes les forêts russes, fondées sur un inventaire complet effectué dans tout le pays, ont été publiées en 1961. Durant la période 1961-1998, les données de cet inventaire ont été mises à jour à peu près tous les cinq ans. Les méthodes et les particularités de l'inventaire forestier russe, la précision des données, etc, ont été examinés dans Shvidenko et Nilsson (2002).

Les forêts russes (les terres forestières occupent 51,6% et les surfaces boisées couvrent 45,3% de la superficie totale du pays [FFS, 1999]) sont pour la plupart (95%) situées dans une zone de taïga, qui détermine leurs propriétés intrinsèques et les principales caractéristiques y associées. La zone boréale est dominée par des espèces de conifères (70,7% des surfaces boisées) et des espèces de résineux (16,7%). Des superficies relativement petites (2,4%) sont couvertes d'espèces de feuillus. Ces trois groupes de forêt sont les principales espèces qui constituent la forêt (89,7% de surfaces boisées). Des arbustes (principalement Pinus pumila) dominent le reste des surfaces boisées dans des territoires où les forêts de haute futaie ne peuvent se développer en raison du climat rigoureux. La biodiversité est faible au niveau des espèces (six espèces dominantes occupent environ 85% des surfaces boisées), mais une forte plasticité et une grande adaptabilité écologique des espèces (par exemple les forêts dominées par des pins et des bouleaux existent dans toutes les zones bioclimatiques, depuis la toundra jusqu'aux régions arides et semi-arides).

La répartition géographique, la composition des espèces et la productivité des forêts sont très irrégulières dans le pays. Un quart des forêts sont situées en Russie européenne où résident environ les trois-quarts de la population et les trois quarts restants sont en Russie asiatique. Le pourcentage du couvert forestier varie de plus de 80% à 2-6% dans les régions steppiques de la partie européenne. Environ 45% des forêts du pays sont des forêts de montagne. L'âge moyen des peuplements forestiers est avancé (approximativement 100 ans pour toutes les forêts, 115 pour les conifères, 95 et 48 pour les feuillus et les résineux, respectivement). Près de la moitié des surfaces boisées (47%) sont des peuplements matures ou surâgés. Une part importante des forêts de résineux inéquiennes (de 40 à 80% pour différentes espèces) est une caractéristique des forêts de taïga. En 1998, les forêts avaient accumulé environ 82 milliards de m3 de bois de fût. La grande surface des forêts du nord à faible rendement et la fréquence des perturbations d'origine naturelle et humaine expliquent un volume sur pied moyen relativement faible (105,7 m3/ha). Toutefois, des surfaces forestières importantes dans le centre et le sud de la zone forestière sont composées de peuplements à haut rendement comprenant des espèces importantes sur le plan industriel.

Les forêts russes jouent un rôle économique, social et écologique important aux niveaux local, régional, continental et mondial. La vie de quelque 20 millions de personnes est directement liée aux forêts: 8% de la population active est employée dans le secteur forestier; les forêts du nord du pays constituent un milieu naturel pour 26 petites nations indigènes. De nombreux produits et services forestiers non ligneux (fruits et baies; plantes médicinales; chasse; etc.) sont une source de vie importantes pour les populations locales. Toutefois, peu de statistiques fiables ont été recueillies dans les années 1990.

La forêt est une source importante de matières organiques fraîchement assimilées. Les terres forestières comprennent une quantité importante de phytomasse (35,6 Pg de carbone en 1998, ou 82% de toute la phytomasse du pays), de matière organique provenant de la végétation morte (6,2 Pg de carbone dans le bois mort en surface et dans le sol) et de sol (12,6 Pg de carbone dans la litière et 134,5 Pg de carbone dans la couche supérieure de 1m). La production primaire nette est estimée à 2,02 Pg de carbone/an et durant les 40 dernières années les terres forestières russes ont servi en moyenne de réservoir net de 0,43 ± 0,07 Pg de carbone/an, bien que la variabilité d'une année à l'autre soit très forte, d'environ 0 à 0,7 Pg de carbone/an (Shvidenko et Nilsson, 2003).

Les processus de croissance naturelle, les effets de la gestion forestière et les perturbations ont caractérisé l'évolution des forêts russes durant la période 1961-1998. Les grandes tendances suivantes ont été relevées. La plus importante est l'accroissement des surfaces boisées de 78,7 × 106 ha (soit 11,3%). Cet accroissement est le résultat de la diminution des surfaces non boisées de 44,9 × 106 ha et d'un recensement plus précis des surfaces boisées sur des aires nouvellement inventoriées, qui ont entraîné l'augmentation des terres forestières de 33.8 × 106 ha. Les surfaces non boisées, qui sont les conséquences de perturbations (zones brûlées, etc.), ont diminué de moitié. Toutefois, il y a des tendances évidentes de dégradation des forêts dans de nombreuses grandes régions, en particulier celles où l'exploitation est intensive. En moyenne, les surfaces des forêts de conifères ont augmenté d'environ 6,2%, mais de vastes surfaces de forêts de conifères indigènes ont été remplacées par des peuplements de résineux, dont la superficie a augmenté de 8 %. Par exemple, les surfaces dominées par Pinus koraiensis dans l'Extrême-Orient russe ont diminué d'environ 20%, remplacées par des forêts de feuillus non exploitées. Les superficies des forêts jeunes et d'âge moyen ont augmenté d'environ 20% en raison de la même diminution dans les peuplements matures et surâgés, attribuable principalement à l'exploitation et aux perturbations. Le volume sur pied total s'est accru de 4,3 × 109 m3. La différence dans l'évolution du volume sur pied en Russie européenne et asiatique est considérable: la partie européenne (où sont concentrés plus des deux-tiers des opérations forestières) a enregistré une augmentation de 5,8 × 109 m3, tandis que la partie asiatique a enregistré une perte de 1,5 × 109 m3. Si la plupart des données concernant l'inventaire forestier russe sont assez fiables, le volume sur pied des arbres matures et surâgés est faussé. Une tentative de restaurer "la véritable évolution" a entraîné un changement dans le volume sur pied de 12.5 × 109 m3. La fiabilité de cette estimation a été corroborée en équilibrant le bois produit et consommé dans les forêts russes durant la période 1961-1998; cette analyse montre que 350-400 × 106 m3 de bois de fût ont été perdus chaque année en raison de perturbations qui détruisent les peuplements, principalement les feux en Russie asiatique (Shvidenko et Nilsson, 2002).

Gestion des forêts durant la période soviétique

La période de 75 ans de gestion "soviétique" des forêts (1917-1992) a laissé un héritage contradictoire. Certaines composantes du secteur forestier ont enregistré des progrès évidents: un système adéquat d'inventaire forestier a été mis au point; la gestion forestière s'appuyait sur une compréhension claire du rôle multifonctionnel des forêts (les forêts de protection constituent maintenant 23 % du fonds forestier russe); la science, l'éducation et la législation concernant les forêts ne sont pas en retard par rapport à celles de la plupart des autres pays; et une attention sérieuse a été accordée à la restauration et à la protection des forêts dans des régions densément peuplées. Des surfaces importantes de forêts ont été plantées avant les années 1990 (avec un pic à 0.7 × 106 ha/an), mais après cela, la surface des peuplements artificiels s'est réduite de 2,5 fois (0,24-0,21 × 106 ha de 1997 à 2002). Il s'agissait de plantations de qualité médiocre; sur les 23,2 × 106 ha de forêts plantées durant la période 1956-1997, seulement 17,3 × 106 ha ont été enregistrés comme survivants en 1998 (FFS, 1999). Au même moment, la base insuffisante de l'économie nationale a conduit à de nombreux inconvénients dans l'utilisation des forêts. La coupe à blanc a été effectuée avec des machines non écologiques, généralement sur de vastes superficies et avec des procédés destructifs. Les peuplements les plus productifs situés près des routes, ont été les plus exploités et le bois de feuillu et de mauvaise qualité n'était pas utilisé habituellement, Bien que l'exploitation forestière effective n'ait jamais dépassé la norme à long terme de la récolte durable (possibilités de coupe annuelle déterminées au niveau d'environ 500 × 106 m3/an pendant les quatre dernières décennies), la "surexploitation" locale a été commune dans de nombreuses régions industrialisées de la Russie européenne. De 1956 à 1997, 13,7 × 109 m3/an de bois commercial ont été exploités industriellement dans les forêts russes, ce qui correspond à 17 × 109 m3/an de volume sur pied (dont la consommation non chiffrée de la population rurale). Des espèces de conifères dans des zones exploitées et brûlées ont été en général remplacées par des espèces de résineux. Cela a entraîné une dévaluation et une déconcentration des forêts exploitables sur de vastes zones. Les fabriques de pâtes et papiers et les technologies de transformation du bois sont devenues de plus en plus obsolètes, et les déchets de bois (jusqu'à 50% de la quantité exploitée) ont caractérisé l'industrie forestière soviétique.

L'impact des perturbations

Environ la moitié des forêts russes n'ont pas été gérées ni utilisées par l'industrie, et ne le sont toujours pas, et les perturbations restent un élément moteur important de l'évolution de ces territoires. Les principaux types de perturbation sont les feux de friche, les attaques d'insectes et les maladies, la transformation des terres à des fins industrielles et la pollution industrielle. En moyenne, de 10 à 20 × 106 ha du fonds forestier subissent chaque année des perturbations. Les feux de friche sont la perturbation la plus importante dans la zone boréale. Dans le pergélisol des forêts du Nord, des feux intensifs et fréquents modifient le fonctionnement durable des paysages naturels et conduisent souvent à une "désertification verte", c'est-à-dire la transformation irréversible des forêts en marais, bosquets et prairies. Dans le sud et le centre de la zone, les feux de forêts sont le phénomène environnemental le plus dangereux, causant de considérables pertes économiques avec un impact écologique très prononcé sur les écosystèmes forestiers et la biodiversité des forêts. Environ 60% de la superficie totale du fonds forestier russe sont soumis à des mesures de protection contre le feu. L'étendue et la gravité des feux ont augmenté au cours des dernières décennies. Les pertes causées par les insectes et les maladies seraient, selon les estimations, du même ordre de grandeur que celles causées par le feu (voir Isaev et Korovin, 1998). D'après les statistiques officielles, les superficies touchées par des facteurs biotiques durant les quarante dernières années vont de 1,5 à 3 × 106 ha à 5 à 10 × 106 ha par an. Ces données sous-estiment sensiblement la situation réelle.

Problèmes de la période de transition (1992-2002) et perspectives d'avenir

L'effondrement de l'industrie forestière soviétique

La grave crise économique et sociale de la dernière décennie a affecté toutes les composantes du secteur forestier russe. Les forêts restent propriété fédérale, mais le budget de l'Etat ne couvre même pas 50% de ce qui est nécessaire pour soutenir les inventaires, les recherches, la restauration et la protection des forêts. Chaque année, les zones inventoriées ont diminué d'un tiers durant la dernière décennie, et l'obsolescence des données d'inventaire forestier est devenue critique.

Les principaux problèmes économiques du secteur forestier n'ont pas été résolus. Les sciences forestières et la formation professionnelle sont en profond déclin. La protection contre les feux de forêt est insuffisante; par exemple, l'utilisation de l'aviation n'a représenté que 22-24% du niveau requis durant la période 1999-2001. L'industrie forestière soviétique a été détruite. La production des principaux produits du bois a enregistré un recul très important (en 1998, par comparaison avec 1988, l'extraction du bois a été de 22,0%, la production de bois d'oeuvre de 21,9%, de cellulose 38,4% et de papier de 46,0%, Burdin et al., 2000). Actuellement, la part de la Russie dans l'extraction mondiale de bois représente 3,2%, de la production de papier et de carton de 1,4%, de la production de panneaux dérivés du bois de 2,4%, etc. Le prix du bois sur pied dans le pays est probablement le plus bas du monde (0,83 dollar E.-U. /1 m3 pour les forêts louées et 2,7 dollars E.-U./ 1 m3 de bois vendu aux enchères en 2002). Le volume réel exploité représente environ un cinquième des possibilités de coupe annuelle (22% en 2001), mais les ressources disponibles des régions ayant une infrastructure développée sont presque épuisées.

Pratiquement, aucune nouvelle route n'a été construite, et de 1993 à 1998 seulement 54 000 km de chemins de débardage en Russie européenne sont devenus inutilisables. Le pillage des forêts est encore plus important qu'avant. Selon des sources officielles, l'exploitation illégale (sous diverses formes) est négligeable (moins de 1 million de m3/an en 2001 et 2002). Mais d'après les données d'une organisation non gouvernementale et d'autres estimations indépendantes, la quantité de bois exploitée illégalement a atteint 10 à 30% dans les régions d'exploitation de base et dans certaines régions à vocation exportatrice plus de 50% des espèces et assortiments les plus précieux (Sheingauz, 2001).

Tous ces problèmes créent une situation paradoxale dans laquelle le revenu des forêts du plus grand pays forestier du monde ne répond pas aux besoins d'une gestion forestière adéquate et où l'industrie forestière représente juste 2,5% du PIB. Le pays n'a pas de politique forestière nationale bien définie. La dernière réorganisation de la gestion publique des forêts en Russie en 2000 (la quinzième à peu près des 85 dernières années) a mis fin au fonctionnement du Service forestier fédéral en tant qu'organisme gouvernemental indépendant, ce qui a causé des problèmes organisationnels et institutionnels supplémentaires.

Signes d'amélioration

Les réformes législatives et institutionnelles du secteur forestier russe durant la dernière décennie ont été lentes et souvent inconséquentes et inefficaces. Toutefois, ces deux ou trois dernières années ont mis en lumière un intérêt politique et social croissant pour les problèmes liés aux forêts et pour le secteur forestier. Le gouvernement a approuvé le concept de développement de la gestion forestière dans la Fédération de Russie pour 2003-2010, et un nouveau Code forestier est à l'étude. Des décisions législatives appropriées concernant les concessions forestières font actuellement l'objet de débats. Ces documents examinent des aspects législatifs et institutionnels cruciaux du secteur forestier russe nécessaire pour la transition vers une économie de marché et sont destinés à créer une base économique solide pour le secteur forestier russe, pour améliorer la gouvernance et attirer davantage d'investisseurs. Un certain nombre de décisions importantes concernant le secteur forestier ont été prises au niveau fédéral (Programme d'inventaire forestier et planification forestière pour 2003-2010, Programme de reboisement pour 2002-2010, Stratégie de développement de la forêt, de l'industrie de la pâte et du papier et de la transformation du bois pour la période allant jusqu'à 2010, etc.). Le budget pour 2003 suppose un accroissement substantiel des ressources financières pour les inventaires forestiers et la protection contre les feux. Les indicateurs économiques de base du secteur forestier industriel ont légèrement augmenté de 1999 à 2002.

Les actions ci-dessus sont plus qu'opportunes, en particulier parce que les feux de forêt et les attaques d'insectes sont de plus en plus fréquents et que le pays connaît actuellement un changement climatique avec des hausses de température et une instabilité croissante des conditions climatiques régionales. Des perturbations de grande échelle durant la période 1998-2002 ont réduit le réservoir de carbone des forêts naturelles d'environ 30%. Certains modèles prévoient qu'une grande partie des forêts russes sera complétement détruite au vingt et unième siècle par des catastrophes naturelles avec une probabilité proche de 1,0 sì les principaux scénarios du changement climatique pour la zone boréale russe se réalisent, et que le niveau de protection des forêts n'est pas amélioré.

Conclusion

En général, les faits intervenus récemment dans les domaines environnemental, social et économique ont eu un effet négatif sur les forêts russes, quoique ces changements ne devraient pas être irréversibles. Mais en raison de la vaste superficie des forêts de la Russie, leur étendue et leur état ont une importance considérable pour le reste du monde et l'expérience de la Russie en foresterie et en gestion des forêts pourrait intéresser beaucoup d'autres pays.

La longue expérience de la Russie en matière d'inventaires forestiers multi-sources et multi-ressources pourrait être utile aux initiatives en cours à l'échelle mondiale pour le passage à des inventaires forestiers d'un nouveau type, qui devraient teir compte de toutes les ressources et de tous les services écologiques et sociaux des forêts. Une information systématique, actuelle et fiable provenant des inventaires forestiers est essentielle pour l'élaboration de politiques, l'identification et la gestion des aires de conservation, la planification opérationnelle et stratégique, y compris la préparation de programmes forestiers nationaux, ainsi que pour la pratique de la gestion durable des forêts. Un certain nombre de conceptions importantes communes à tous les pays (le besoin de systèmes pour associer tâches, technologies et flux d'information provenant de tous les types d'inventaires et de la surveillance des forêts; la pertinence d'une "internationalisation" appropriée des inventaires nationaux afin de satisfaire aux exigences des processus et conventions internationaux en cours, tels que le Protocole de Kyoto de la Convention -Cadre des Nations Unies sur le changement climatique, l'Evaluation des ressources forestières (FRA) de la FAO, la Convention sur la diversité biologique, etc.) créent une base solide pour une coopération fructueuse entre différents pays. La nécessité de tomber d'accord sur des définitions et la faisibilité et le coût de la collecte de l'information indispensable restent des questions importantes, bien que des progrès évidents aient été faits grâce aux activités récentes de la FAO et d'autres institutions internationales (FRA-2000, le processus d'harmonisation des définitions liées à la forêt, le Programme Observation du couvert forestier à l'échelle globale,etc.).

Des systèmes de télédétection à plusieurs capteurs et des systèmes d'information géographique (SIG) sont des composantes essentielles des inventaires forestiers actuels et futurs. Les capteurs sur satellite sont capables de contribuer substantiellement à la surveillance fiable de l'étendue et de l'état des forêts et d'améliorer les systèmes de protection des forêts. Le SIG à couches multiples est un outil unique pour l'application pratique de la gestion forestière durable aux niveaux des sites et des régions. La synergie potentielle de l'union des efforts internationaux dans ces domaines est évidente.

L'approche de l'écosystème-paysages est une base générale de gestion durable des forêts. La Russie dispose de technologies de pointe pour optimiser la structure des paysages et une grande expérience dans le domaine de la classification et de la répartition géographique des forêts selon la fonction à laquelle elles sont destinées. Cela pourrait contribuer à de futures améliorations au niveau international et à l'harmonisation des indicateurs de gestion forestière durable (par exemple, dans le cadre du processus de Montréal) et de leurs liens avec l'objectif des inventaires forestiers dans des contextes régionaux et éco-régionaux, ainsi qu'à la poursuite des progrès théoriques et pratiques du modèle de gestion forestière durable.

Enfin, l'expérience russe fait ressortir la nécessité d'améliorer le profil politique et social des forêts nationales dans leur ensemble, et d'instaurer un engagement politique pour les inventaires forestiers comme base pour la surveillance, l'évaluation et la présentation de rapports sur l'état des ressources forestières à l'échelon national et planétaire.

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1 Institut international pour l'analyse des systèmes appliqués, A-2361 Laxenburg, Autriche. [email protected]

2 The Russian Federation is hereafter referred to as Russia.