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Acquisition, diffusion et application des connaissances sur les forêts: les tendances en Afrique et les implications pour l'avenir

Alice Akinyi Kaudia 1


Résumé

Les forêts et les terres boisées sont des ressources vitales. Néanmoins, l'accès aux ressources forestières, en particulier par les communautés pauvres disposant de peu de ressources devient plus limité. On constate comme toujours le besoin d'améliorer la productivité des ressources forestières. Mais cela nécessite des connaissances scientifiques solides, des politiques de soutien, une bonne infrastructure de recherche, des budgets suffisants et une dotation en ressources humaines qualifiées. La capacité des pays africains d'instaurer les conditions nécessaires pour une gestion durable des ressources forestières, et de procurer des avantages spécifiques à leurs populations et un appui au développement de l'industrie forestière, continue de se détériorer. Les gouvernements des pays de l'Afrique subsaharienne, en partenariat avec des organismes de financement internationaux, apportent des changements dans les méthodes de recherche et les politiques de gestion des forêts afin de remédier à la détérioration de la situation. Ce document présente des expériences menées en Afrique subsaharienne, examine des implications pour les stratégies futures pour la recherche, la dotation en ressources humaines et le renforcement des capacités, la diffusion des connaissances et l'application de technologies par les agriculteurs et les entreprises industrielles.


1. Introduction

La diminution et la dégradation continuelles des forêts en Afrique ont été largement documentées jusqu'ici (WRI, 1994; Dada, 2000; PNUE, 2002; FAO, 2003). Des évaluations récentes comme l'Etude de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) figurant dans le rapport de la Situation des forêts du monde, 2001 et l'Etude des perpectives d'avenir des forêts en Afrique 2000-2020 (FAO, 2003) brossent un tableau sombre, mais fournissent tous les éléments nécessaires fondés sur les connaissances pour une intervention. L'Etude des perspectives d'avenir des forêts en Afrique présente sept tendances et effets importants pour les forêts du continent. Deux de celles-ci ont trait à notre thème et sont utilisées comme base pour analyser les préoccupations au sujet de l'acquisition, de la diffusion et de l'application des connaissances sur les forêts pour faciliter la contribution de ces dernières aux moyens d'existence et à la qualité de la vie dans les communautés de petits agriculteurs et les entreprises forestières en Afrique.

L'étude énonce qu'au cours des vingt prochaines années:

Les paragraphes ci-dessus font la lumière sur l'interdépendance existant entre la gestion des ressources des forêts et des arbres et l'appui aux moyens d'existence des communautés en Afrique, ainsi qu'au développement et à la croissance économique. Un inconvénient important est l'appauvrissement des institutions scientifiques et de la dotation en ressources humaines en Afrique (Dada, 2002; Gaillard et al., 2002). Sans les informations et les connaissances fournis par de solides recherches, le développement forestier en Afrique continuera de reculer.

Parmi les initiatives récentes qui favorisent des améliorations, citons le Cadre du plan d'action pour l'initiative environnement du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) qui, par exemple, établit les critères clés pour la sélection de projets qui seront financés par le NEPAD par le biais du Fonds pour l'environnement mondial/Programme des Nations Unies pour l'environnement (Fonds pour la protection de l'environnement/PNUE) qui comprend une couverture régionale, le renforcement des capacités, une approche multi-objectifs et de programme.

D'autres exemples de changement qui encouragent des acteurs et des partenariats multiples dans la recherche et le développement forestier en Afrique comprennent des réseaux pour instaurer des capacités scientifiques, pour encourager le changement dans les politiques forestières des grandes institutions internationales comme la Banque mondiale, et les efforts des gouvernements africains pour opter pour le développement participatif et adopter des programmes forestiers nationaux .

Le présent document examine les changements, en commençant par l'élaboration de l'approche de la recherche forestière et en poursuivant par la diffusion de connaissances compte tenu des changements dans les approches de la gestion des ressources forestières.

Recherche forestière: les nouvelles stratégies

Dans l'Afrique post-coloniale et jusqu'aux années 1980, selon Gaillard et al. (2002), les gouvernements africains ont investi substantiellement dans la mise en place d'institutions de science et technologie, d'organismes de coordination, la formation d'effectifs en ressources humaines et le renforcement des capacités institutionnelles par le biais d'une aide extérieure. La situation a complètement changé depuis les années 1990, les coupes dans le financement, la guerre et des politiques peu judicieuses en matière de science et de recherche, entre autres, ont porté à vider les caisses des institutions et à l'exode des cerveaux. Les institutions africaines auraient-elles pâti de ce type de détérioration si les gouvernements africains avaient posé les fondements pour l'autonomie, l'autosuffisance, la démocratisation et une distribution équitable des avantages du développement entre les parties prenantes, comme il a été suggéré par le Plan directeur révisé pour l'instauration du nouvel ordre économique international en Afrique (Adedeji, 2002)?

La recherche forestière en Afrique a souffert à cause des facteurs mentionnés au paragraphe précédent, et en particulier à cause du long intervalle qui s'est écoulé entre l'investissement et la jouissance des avantages en découlant, ce qui explique une capacité limitée à démontrer les avantages de la foresterie à court terme. Sall (1994) a donc recommandé des engagements pour des investissements à long terme dans la recherche forestière à partir de l'aide extérieure et des sources internes. Même dans ce cas, des changements dans la politique et les pratiques forestières, notamment l'inclusion d'approches participatives dans la recherche forestière et la gestion des ressources forestières, la stabilisation de l'investissement dans la recherche forestière à des avantages potentiels pour lutter contre la pauvreté et les problèmes transfrontières comme le virus du VIH/SIDA, ont augmenté le niveau de financement nécessaire pour la recherche axée sur l'impact. Comme les ressources se sont amenuisées et que la compétition pour les ressources s'est intensifée entre les gouvernements, le secteur privé et les communautés, il est devenu évident qu'il faut se concentrer sur les aspects sociaux, économiques et politiques de la foresterie comme l'a suggéré Sayer (1994). Cette nécessité a entraîné des changements dans les arrangements institutionnels pour la création de technologies par le biais de la recherche en faisant appel à de mutiples acteurs sans augmenter en conséquence le financement.

Les partenariats entre les secteurs public et privé, les organisations non gouvernementales et les communautés tels que décrits dans FAO (1997) et l'utilisation de réseaux comme cadres pour le financement de projets de recherche transnationaux offrent des possibilités de mettre en commun les ressources et de renforcer les capacités pour le recherche. Mais comment fonctionnent ces nouvelles stratégies de partenariats pour la recherche et quel est leur objectif en matière de durabilité? Pour répondre à cette question, donnons quelques exemples de réseaux de recherche forestière.

Le Réseau africain de recherche forestière (AFORNET) a été créé en 1998 sous les auspices de l'Académie africaine des sciences. Le Réseau de recherche forestière en Afrique subsaharienne a été constitué en 2000 sous le parrainage de la FAO. Ces deux réseaux sont axés sur le renforcement des capacités en matière de recherche forestière en finançant des activités de recherche et d'autres activités connexes. Ils couvrent l'ensemble de l'Afrique subsaharienne. AFORNET travaille surtout au renforcement des capacités scientifiques de chercheurs particuliers en fournissant des subventions à la recherche pour des équipes transnationales de chercheurs. L'accent est mis sur quatre thèmes de recherche: i) la gestion des forêts naturelles et la conservation de la biodiversité; ii) la foresterie à base communautaire; iii) le reboisement et la restauration des terres dégradées; iv) les produits forestiers non ligneux et des bois moins connus. Le renforcement de la capacité institutionnelle est l'objectif de FORNESSA. Des subventions à la recherche et autres activités connexes sont accordées sur la base des priorités établies pour les domaines de recherche (Chikamai et Konuche, 2000; KEFRI 2000).

L'analyse des modes de financement des réseaux et de leurs opérations fonctionnelles suscite quelques inquiétudes. Premièrement, les réseaux dépendent entièrement de l'aide extérieure. Cela constitue un inconvénient car la continuité est menacée lorsque le financement s'interrompt. Deuxièmement, les méthodes utilisées pour identifier des thèmes de recherche appropriés varient. Chaque réseau identifie indépendamment les thèmes de recherche. Il s'ensuit que les avantages découlant de la mise en commun des ressources sont réduits. Cela ne favorise pas l'augmentation des niveaux d'investissement dans la recherche forestière. Mis à part le fait de pouvoir compter sur un financement extérieur et le choix non coordonné de domaines de recherche à cibler, la recherche qui vise des résultats répondant aux besoins pratiques (utilisation immédiate) et aux besoins stratégiques à long terme (développement à long terme) des parties prenantes est limitée. Les projets financés interprètent donc les besoins de développement tels qu'ils sont perçus par les experts au niveau tertiaire. En réduisant au minimum la participation des parties intéressées à l'établissement d`un programme de recherches, l'importance de la recherche et de l'adoption éventuelle de technologies et d'innovations recule. Il est probable qu'un niveau accru de financement faciliterait des consultations complètes avec les parties prenantes. Comment ces augmentations peuvent-elles être faites est une question de recherche lorsque l'on remarque que bien qu'ils soient signataires du Plan d'action de Lagos, la plupart des gouvernements africains investissent encore moins de 1% de leur produit intérieur brut dans la science et la technologie (Ojeogwu et Nwaedozie, 2001). Même à des niveaux de financement plus bas, la recherche peut encore être adaptée aux besoins des populations locales. Planifier la recherche et élaborer des programmes de recherche peut répondre aux besoins locaux si ces plans prévoient la participation des parties intéressées. En outre, la promotion des partenariats pour la recherche - principe déjà inclus dans NEPAD - peut bénéficier des compétences multiples et des connaissances de base.

Accès aux connaissances sur les forêts et application de ces connaissances

Des connaisances utiles sont des connaissances appliquées. Tout comme des informations utiles sont des informations diffusées. La gestion durable et la conservation de tous les types de forêts en Afrique dépendent de l'existence de politiques et d'une législation appropriées, de connaissances et de compétences de la base de ressources humaines, de la technologie et des innovations, ainsi que des systèmes de commercialisation organisés pour les produits forestiers.

Accès aux connaissances et diffusion de ces connaissances

Les approches adoptées ppur favoriser l'accès aux techniques forestières, à l'information et aux connaissances forestières ont élaboré des modèles qui exigent que les consommateurs, les communautés et les intérêts industriels soient proactifs. Il leur est demandé non seulement de fournir les connaissances mais aussi de payer pour les obtenir. Cela représente un changement important par rapport aux pratiques de l'ère pré-coloniale vers le mileu des années 1980 lorsque la poussée technologique, les subventions et les incitations caractérisaient les services de vulgarisation forestière (Smith, 1994; Kaudia, 1996).

Dans un nouveau cadre de facilitation du transfert des connaissances et des services de vulgarisation fondés sur la demande, les membres de la communauté sont engagés comme fournisseurs de services de vulgarisation. Dans la majorité des cas, ils forment leurs homologues agriculteurs (Kaudia et Omoro, 2001) et fournissent directement des connaissances à d'autres membres de la communauté en tant que chercheurs agroforestiers sur l'exploitation et démonstrateurs de technologie (Atta-krah, 1994).

Le cadre actuel de mise en oeuvre des politiques forestières des principales organisations internationales comme la Banque mondiale (Banque mondiale, 2002) et le NEPAD met l'accent sur des approches participatives, un développement impulsé par la communauté et l'inclusion de multiples partenaires. Mais il y a des problèmes sous-jacents auxquels il faut s'attaquer. Les nouvelles stratégies de vulgarisation en Afrique qui sont fondées sur des politiques déterminées par la demande et des pratiques à caractère communautaire, supposent que les vulgarisateurs ont les connaissances et les capacités sociales de faciliter la diffusion des connaissances par les membres de la communauté, et que ces derniers ont des moyens financiers qui leur permettent d'accéder aux services de vulgarisation. Ces hypothèses peuvent être mises en doute car l'expérience limitée dans la région indique que la vulgarisation fondée sur la communauté n'est pas viable. Les vulgarisateurs appartenant à la communauté devraient fournir ces services comme volontaires. Comment une personne pauvre et qui souffre de la faim peut-elle travailler comme volontaire?

Les coûts d'opportunité du temps de travail des membres de ces communautés sont très élevés si l'on prend en compte la valeur de ce travail destiné à répondre aux besoins essentiels de chaque jour. Les membres de la communauté qui participent à ces activités de volontariat ne doivent pas être découragés, mais leur contribution à la mise en place de toutes les ressources nécessaires pour assurer aux ménages des moyens d'existence durables comme il est indiqué à la figure 1 devient limitée. Cela peut entraîner une désagrégation sociale au sein des ménages et réduire la contribution aux forêts. [Insérer ici ou à proximité la figure 1]

La base de ressources humaines pour la vulgarisation participative est insuffisante. Il existe depuis peu des programmes de formation sur le tas visant à changer le comportement des forestiers qui, au lieu de s'occuper du maintien de l'ordre et de protection, deviendraient des gestionnaires des ressources forestières et des vulgarisateurs au service de la population. Invariablement, il ressort qu'il y a peu d'expérience en matière d'approches qui soutiennent des méthodes de gestion des ressources participatives comme la Gestion conjointe des forêts (dans le cas des communautés vivant en bordure des forêts) et pour faciliter des activités de plantation d'arbres sur l'exploitation impulsées par les communautés vivant dans des zones en grande partie agricoles. Cela s'explique notamment par le type de programmes d'études utilisés durant la formation didactique des forestiers.

Les programmes d'études, qui pour la plupart n'ont pas été revus, ont favorisé la foresterie industrielle, les thèmes techniques, et les politiques et les pratiques forestières de protection. Durant la dernière décennie, on a tenté de revoir les programmes, par exemple dans la région de la Communauté du développement de l'Afrique australe (Jarlind, 1998; GOF, 2001) et de mettre en oeuvre des cours sur place de recyclage (Franks et al., 2000). Malgré les investissements considérables dans la formation comme moyen de développer les capacités et de renforcer la diffusion des connaissances, la majorité de ces programmes ne comprennent pas de méthodes de formation participative qui renforcent l'enseignement par des adultes. Les méthodes fondées sur des philosophies pédagogiques dominent. Les enseignements qui pourraient aider à renforcer le développement sont limités. De nouvelles initiatives ont vu récemment le jour qui tentent une systématisation de la formation dont le modèle est présenté à la figure 2. Leur efficacité et leur durabilité doivent encore être mises à l'épreuve avec le temps. Même alors, ces programmes isolés fondés sur des projets omettent l'intégration institutionnelle et donc les partenariats et les promesses d'investissement à long terme. [Insérer ici ou à proximité la figure 2.]

Un autre domaine où des changements ont lieu et qui présente des défis est celui de la production axée sur le marché. Les pratiques agroforestières axées sur le marché telles qu'elles sont préconisées par le CIRAF (2002) soutiennent des programmes de petits planteurs mentionnés par Arnold (1998) relativement à la foresterie en Afrique du Sud. Elles sont conformes à la stratégie forestière de la Banque mondiale (2002) qui rattache la foresterie à la lutte contre la pauvreté. La production axée sur le marché peut fournir des incitations avec de meilleures options aux petits sylviculteurs par rapport à la production orientée vers les besoins essentiels. Il y a cependant quelques problèmes sous-jacents qu'il faut aborder, par exemple, la recherche limitée et donc la connaissance de méthodes pour des arbres sur l'exploitation économiquement viables, des produits forestiers mineurs, en particulier sur les terres sèches et l'évaluation des situations demande-offre par les producteurs. Des compétences limitées concernant l'évaluation économique des produits et services forestiers par les communautés rurales peuvent compromettre des liens profitables avec les industries et les marchés. Comme dans la plupart des réseaux commerciaux, les compétences et les connaissances limitées des producteurs peuvent profiter aux fournisseurs de services intermédiaires et aux industries qui écoulent les biens de consommation excédentaires. Les institutions à caractère communautaire comme les coopératives de commercialisation seront nécessaires ppur donner aux producteurs la possibilité de bénéficier des liens proposés avec les industries et les marchés.

Adoption et application des technologies

L'adoption des technologies forestières par les communautés rurales en Afrique est restée au niveau de la subsistance. Il y a eu manifestement une amélioration dans des cas où le rendement économique est évident à court terme. Au Kenya, par exemple, des départements gouvernementaux et des ONG ont dû réduire la production de semis d'espèces comme Grevillea robusta et Dovyalis caffra. La demande pour ces deux espèces est forte et les petits entrepreneurs privés ont investi pour produire les semis en utilisant des méthodes créatives meilleur marché. Ils offrent des prix compétitifs et font de bonnes affaires. Ce type de situation contraste avec d'autres technologies fondées sur les arbres comme la culture en rangées pour améliorer la fertilité des sols, mais qui est restée à l'étape de la démonstration. Des initiatives récentes visant à identifier les conditions nécessaires pour une adoption renforcée des technologies agroforestières comme l'ont souligné Cooper et Denning (1999), ainsi que l'introduction d'une production axée sur le marché (ICRAF, 2002) montrent que l'adoption des technologies agroforestières n'est pas parvenue aux niveaux ni à l'échelle prévus.

D'autres pratiques d'agroforesterie fondées sur des systèmes de connaissances autochtones n'ont pas été suffisamment évaluées. Toutefois, en général, les agriculteurs conserveront les arbres sélectionnés dont ils connaissent les valeurs socio-culturelles. Par exemple, chez les Baganda en Ouganda, chaque ferme conserve ou fait pousser des arbres Ficus natalensis pour la production de tissu d'écorce.

De nombreux exemples indiquent que la rareté des ressources en terres boisées et en forêts peut porter les communautés à surexploiter la base de ressources forestières, au lieu de la gérer dans le cadre de plans d'utilisation conservateurs.

Quelques suggestions pour l 'avenir

"Apprendre peu est dangereux."
Alexander Pope, 1711 (Truelove, 1997: p. 145).

Connaissances et technologies, dotation en ressources humaines qualifiées, institutions qui fonctionnent et un appui aux politiques et à la législation sont des conditions nécessaires pour atteindre les objectifs des nouvelles stratégies pour la culture des arbres par les communautés et le secteur privé, ainsi que les efforts intensifiés pour combler les lacunes dans la capacité de recherche, la diffusion et l'adoption des connaissances. Parmi les orientations suggérées pour l'avenir en ce qui concerne la recherche, la diffusion et l'adoption des technologies, citons:

Recherche

Les arrangements institutionnels actuels pour la recherche forestière, les programmes ciblés et les partenariats institutionnels transnationaux pour résoudre les problèmes communs, comporteront la solution de problèmes plus vastes. Toutefois, cette stratégie devrait être menée en tenant compte des objectifs nationaux et locaux. En particulier une attention critique devrait être accordée aux approches pour formuler un programme de recherche afin d'assurer que celui-ci soit adapté aux bénéficiaires visés. Pour le moment, l'dientification globale des domaines d'intérêt par des organismes de financement est faite sous la forme de thèmes dans lesquels les chercheurs africains s'intègrent parfaitement. Cela ne signifie pas que les thèmes identifiés ne soient pas pertinents. Mais si l'on veut obtenir la participation active des communautés locales ,en particulier celle de bénéfiaires potentiels, l'analyse au niveau loval est une condition préalable aux activités de recherche. Les processus participatifs nécessitent des niveaux élevés d'investissement financier, en particulier pour la planification à caractère consultatif et la msie en oeuvre conjointe. Si l'on admet que le financement par des donateurs est inévitable, il faut mettre en place des mécanismes novateurs pour mobiliser des ressources internes afin de compléter les dons des donateurs. Si la rentabilité des entreprises forestières peut être évidente et attrayante pour le secteur privé, alors la recherche contractuelle et celle fondée sur des consultations sont des options viables, outre le commerce direct des produits et services. De petites subvenvtions à la recherche continueront de jouer un rôle important dans la préparation des chercheurs durant les premières étapes de leur carrière. Mais on pourra obtenir davantage si les gouvernements africains augmentent les niveaux de financement pour la recherche provenant de sources internes, de manière à faire du financement extérieur un simple appoint.

Diffusion des connaissances et des technologies

La diffusion des technologies, la formation et la vulgarisation.- éducation pour les agriculteurs ont été perçues par les organismes de développement comme des remèdes pour dispenser un nouveau savoir-faire et améliorer la compétence des forestiers et des autres acteurs dans la gestion des ressources naturelles. Beaucoup d'investissements ont été faits dans la formation dans toute l'Afrique subsaharienne. Quelques enseignements tirés des expériences précédentes font penser que.

Dans l'ensemble, les animateurs de la formation devraient élaborer des indicateurs mesurables de l'impact de la formation. Il ne suffit pas qu'un projet affiche une réussite fondée sur le nombre de personnes formées. Il est plus important de saisir le flux d'informations, la diffusion et les changements dans les ressources forestières et les pratiques d'agroforesterie. Ces changements peuvent se manifester sous la forme d'une amélioration de l'attitude des forestiers à l'égard de la gestion forestière participative, d'une diminution des conflits communautaires résultant de l'application de meilleures compétences en matière de médiation et de gestion des conflits, et des institutions communautaires opérationnelles autoimpulsées. Des méthodes de formation participatives, par exemple, l'approche de l'apprentissage coopératif par Daniels et Walker (1997) répondent aux besoins actuels du secteur forestier par laquelle les communautés sont encouragées à participer à des arrangements conjoints de gestion forestière avec les services forestiers. En encourageant des initiatives à vocation communautaire, on tiendra compte des aspects renforcement de l'autonomie et durabilité. Il s'agit là d'éléments essentiels pour un développement forestier durable.

Conclusion

L'Afrique ne pourra rattraper son retard en ce qui concerne la science et la technologie. Les possibilités d'amélioration dépendront de la mesure dans laquelle les gouvernements africains parviendront à se rendre autonomes dans le contexte de la mondialisation et de développement impulsé par les marchés.

Les politiques de diffusion des connaissances fondées sur la demande ne sont absolument pas conçues pour les pauvres. Le secteur public devrait donc continuer d'être le principal fournisseur de services de vulgarisation aux communautés rurales dotées de peu de resosurces. Pour ce qui est de la recherche, il faudrait concevoir des mécanismes de financement novateurs pour la vulgarisation. Sans cela, la dégradation des forêts et de la base de ressources en terres boisées se poursuivra tandis que les communautés s'efforcent de satisfaire leurs besoins essentiels sans restaurer les terres dégradées.

Une dotation en ressources humaines dynamique et qualifiée est essentielle pour faciliter la recherche et le développement forestiers comprenant des aspects techniques et sociaux. Des programmes de formation sur place devront être élaborés. Lorsqu'ils sont fondés sur des partenariats régionaux, ces programmes peuvent être plus utiles que des programmes nationaux "miracle". L'ensemble des programmes de formation devrait donc s'appuyer sur une planification participative de grande envergure incluant les principales parties intéressées de manière à rendre ces programmes efficaces sur le plan pratique. En outre, le suivi et l'évaluation de l'impact devraient être des composantes importantes des plans.

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Source: Schafer, 2002: p. 17
NB. Dernièrement, "Transforming Structures and Processes" est devenu "Policies, Institutions and Processes" (voir www.livelihoods.org)

Figure 1. Cadre de moyens d'existence durables

MODÈLE DE GESTION COOPÉRATIVE DES RESSOURCES NATURELLES (GC)

Figure 2. Modèle de gestion coopérative des ressources naturelles


1 Assistant Director, Kenya Forestry Research Institute, P. O. Box 20412-00200, Nairobi. [email protected]; [email protected]