PC 87/4 c)


Comité du Programme

Quatre-vingt-septième session

Rome, 6 - 10 mai 2002

Évaluation du Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes (EMPRES): criquet pèlerin

Table des matières



Synthèse finale

i. Le Conseil de la FAO a approuvé le Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes (EMPRES) au milieu de l'année 1994, en tant que programme prioritaire de la FAO visant à renforcer la capacité de prévention des situations d'urgence des pays touchés par des ravageurs et des maladies transfrontières. EMPRES opère sur deux terrains: la santé animale (épizooties transfrontières telles que la peste bovine et la peste porcine) et la protection des plantes. S'agissant de cette dernière, EMPRES se concentre exclusivement sur le criquet pèlerin en raison des ravages qu'il peut causer.

ii. De par sa capacité à se multiplier rapidement et à émigrer sur de longues distances, dans des conditions favorables, le criquet pèlerin peut s'abattre en immenses nuées sur les cultures et les pâturages et sévir ainsi sur de grandes superficies. L'aire d'invasion des essaims s'étend au sud, jusqu'à la République Unie de Tanzanie et au Cameroun et au nord, jusqu'à la Turquie et aux zones méridionales de la Fédération de Russie, tandis qu'à l'ouest, elle atteint les îles du Cap-Vert et, à l'est, le sous-continent indien. En période de repli, ces ravageurs occupent un territoire nettement plus restreint, mais encore vaste. Espèce migratrice, le criquet pèlerin peut se déplacer rapidement d'un endroit, d'un pays ou d'une région à l'autre, ce qui rend plus difficile la lutte contre ce fléau et demande une organisation et des moyens logistiques puissants.

iii. Le premier programme de lutte contre les criquets pèlerins dans le cadre d'EMPRES a été appliqué à la région centrale (EMPRES-RC) des foyers grégarigènes, car c'est de là que partent de nombreuses invasions. Dans la région centrale, le programme se concentre sur les pays dits de la ligne de front, qui peuvent être le siège de la reproduction grégaire et de phénomènes de recrudescence. Le programme EMPRES-RC se proposait d'établir une capacité de surveillance et de lutte rapide dans la région centrale. La première évaluation d'EMPRES-RC a eu lieu en 1999 puis, au cours du premier semestre de 2001, la FAO a décidé de conduire une deuxième évaluation du programme EMPRES criquet pèlerin (EMPRES-CP). Cette évaluation devait porter sur la phase I dans la région occidentale et la phase II dans la région centrale. Un résumé de cette évaluation a été présenté à la Conférence de la FAO tenue en novembre 2001 dans un document d'information. Le présent rapport d'évaluation livre aussi les observations d'un groupe d'experts externe (annexe 1) ainsi que la réaction des responsables du programme (annexe 2).

iv. Les pays dans lesquels s'est rendue la mission d'évaluation d'EMPRES continuent à accorder une priorité élevée à la lutte préventive contre le criquet pèlerin et leurs gouvernements considèrent qu'elle s'accompagne d'avantages sociaux, économiques et environnementaux favorables à l'intérêt national. Dans certains pays, l'importance attribuée à la lutte préventive contre le criquet pèlerin s'est traduite par un accroissement des ressources financières allouées à cette cause par les gouvernements, depuis le lancement du programme EMPRES. En outre, la collaboration régionale, sous la forme de prospections menées conjointement par plusieurs pays, a progressé. Au vu de ces évolutions, on considère que l'instauration d'un programme viable de lutte préventive est en bonne voie.

v. Sur le plan stratégique, d'importantes mesures ont été prises en vue de l'instauration d'un tel programme. Les progrès accomplis dans cette voie sont attestés par:

    1. l'accroissement des ressources affectées par certains gouvernements à la lutte préventive;
    2. l'intensification de la coopération entre EMPRES-RC et la Commission (de la FAO) de lutte contre le criquet pèlerin dans la région centrale (CLCPRC);
    3. le rétablissement du poste de secrétaire à plein temps de la CLCPRC à la FAO;
    4. l'augmentation probable du nombre des pays membres de la CLCPRC, compte tenu de l'aire de distribution des foyers grégarigènes (Djibouti y adhère depuis 2001);
    5. la création d'une structure régionale unifiée pour le criquet pèlerin dans la région occidentale (la Commission [de la FAO] de lutte contre le criquet pèlerin dans la région occidentale [CLCPRO]).

vi. De surcroît, la gestion du programme EMPRES-RC a été considérablement améliorée en 2000-2001, notamment par une planification rigoureuse des travaux et l'adoption de procédures plus efficaces de suivi et d'évaluation internes (l'amélioration de la gestion du programme était l'un des aspect critiques identifiés par la mission d'évaluation précédente en 1999).

vii. La phase II d'EMPRES-RC est essentiellement une phase de consolidation. EMPRES-RC a sensiblement amélioré les compétences du personnel affecté à la lutte contre le criquet pèlerin en organisant une série de cours de formation et a créé une équipe de formateurs nationaux de haut niveau qui pourront transmettre leurs connaissances à des agents plus nombreux encore.

viii. Il n'est pas sûr que les objectifs de la phase en cours puissent être complètement remplis dans les délais prévus, compte tenu du retard pris par certains pays dans la mise en oeuvre des systèmes d'alerte et de lutte rapides et des ressources humaines et financières dont EMPRES-RC dispose actuellement. Si certains pays ont avancé dans la révision et la transformation de leur système de lutte contre le criquet pèlerin, avec l'aide de EMPRES-RC, d'autres, par contre, semblent encore répugner, pour diverses raisons, à entreprendre les tâches systématiques d'analyse, de planification et de mise en oeuvre prévues par EMPRES. Ce freinage se manifeste dans l'une des composantes essentielles de la stratégie d'EMPRES: les programmes nationaux, dont le déroulement a peu progressé ces derniers temps. L'appui des donateurs à EMPRES-RC est ferme jusqu'à la fin de la phase II (fin 2003).

ix. EMPRES-RO vise à renforcer l'alerte rapide et la lutte préventive dans les pays du Sahel. L'un des objectifs importants d'EMPRES-RO est l'établissement de la CLCPRO, structure institutionnelle unifiée pour la lutte préventive contre le criquet pèlerin dans la région occidentale. Les pays du Maghreb ont leurs propres unités de lutte contre le criquet pèlerin (ULCP), qui, dans l'ensemble, sont suffisamment dotées en ressources et opérationnelles. La Mauritanie, appuyée par un projet financé par la Norvège, a enregistré des progrès exceptionnels en instaurant un système efficace de prospection du criquet pèlerin et de lutte contre ce fléau. L'unité mauritanienne de lutte contre le criquet pèlerin est d'une efficacité remarquable et peut être considérée comme un modèle de «meilleure pratique» en la matière. Toutefois, en dehors de la Mauritanie, le programme EMPRES-RO n'est pas réellement opérationnel dans les pays du Sahel, en raison du manque de soutien financier de la part des donateurs. L'absence générale d'attaques massives de criquets pèlerins constatée ces dernières années a pu faire croire à une diminution de la menace et le manque d'avantages socio-économiques clairement démontrés a pu aussi contribuer à démotiver les donateurs.

x. Recommandations:

    1. En ce qui concerne la gestion du programme, la FAO et EMPRES-RC devraient surveiller attentivement l'évolution du programme dans les pays où celui-ci accuse un retard. Si les retards persistent, il faudrait les signaler à des fonctionnaires occupant un rang plus élevé à la FAO et au Comité consultatif d'EMPRES-RC, afin que ceux-ci puissent trouver des solutions avec les autorités concernées.
    2. La FAO devrait envisager de réviser le mandat actuel du poste de technicien et de créer un poste supplémentaire pour appuyer la mise en oeuvre des activités d'EMPRES-RC. Si EMPRES-RO démarre, la Division de la production végétale et de la protection des plantes (AGP) devra vérifier si le Service de la protection des plantes (AGPP) dispose d'un personnel suffisant pour gérer et administrer efficacement deux grands projets régionaux sur le terrain, tout en continuant à mener ses activités habituelles. Dans le même contexte, il conviendrait que la FAO envisage de faire appel à des experts extérieurs pour renforcer le suivi technique des activités locales d'EMPRES.
    3. La FAO devrait s'entretenir avec les donateurs afin d'élucider les raisons pour lesquelles ils semblent répugner à financer les activités d'EMPRES-RO. La FAO et EMPRES-RC devraient aussi évaluer plus en détail les activités de recherche bilatérale proposées au titre d'EMPRES-RC et, s'il y a lieu, se concerter avec les agences bilatérales afin de faire en sorte que ces activités cadrent avec les objectifs de base d'EMRES-RC.
    4. La FAO devrait envisager d'élargir le mandat d'EMPRES-CP en y incluant d'autres ravageurs des végétaux et d'autres régions touchées par le criquet pèlerin.
    5. Il serait utile d'entamer des recherches sur les avantages économiques de la lutte préventive contre le criquet pèlerin, sur les implications politiques et sociales des attaques de criquets et sur les moyens de lutter contre ces ravageurs et de réparer les dégâts qu'ils causent.
    6. Les programmes nationaux (PN) sont considérés comme un outil important et EMPRES-RC devrait redoubler d'efforts pour aider les pays à élaborer et mettre en oeuvre leur PN.
    7. EMPRES-RC, la CLCPRC et la FAO devraient se pencher sur la viabilité à long terme du plan de subvention de la recherche. Il conviendrait aussi que la FAO et EMPRES-RC créent des dispositifs de recherche en situation d'urgence et établissent des priorités afin de faciliter la recherche sur le terrain en cas d'infestation des régions centrale et occidentale par des populations de criquets pèlerins. On aurait avantage à examiner les activités de recherche et les programmes de formation susceptibles d'être organisés conjointement par EMPRES-RO et EMPRES-RC, afin d'assurer une utilisation efficace des ressources, d'harmoniser les démarches et de généraliser les échanges d'idées.
    8. S'agissant de l'assistance technique proposée par le Natural Resources Institute (NRI, Royaume-Uni), il pourrait être utile que les responsables d'EMPRES commencent à préparer un exposé de la situation qui servirait à orienter les débats sur l'utilisation future du Système de reconnaissance et de gestion de l'environnement de Schistocera (RAMSES), notamment sur l'éventuelle création de modules supplémentaires. Le document précité devrait, si possible, fournir une estimation des coûts.
    9. La FAO devrait faire en sorte que le Service d'information sur le criquet pèlerin (SICP) reçoive des données techniques supplémentaires, de façon à pouvoir fournir des images satellites à certains pays et mener des prospections de vérification au sol. Les résultats devraient être analysés et consignés sous la forme d'un guide sur les avantages et les limites de l'utilisation des images satellites dans la planification de la prospection des criquets.
    10. Il est possible d'accroître la participation des pays de la région orientale à certaines activités d'EMPRES, telles que la formation et l'accès aux informations sur la recherche, notamment en multipliant les sites web d'EMPRES, comme le prévoit le projet FAO/Norvège. Les sites web sont très utiles à la diffusion des résultats d'EMPRES. Il conviendrait d'envisager l'ouverture d'un site web commun (CLCPRC/EMPRES-RC), surtout depuis le récent regroupement du personnel de direction au Caire. La FAO pourrait aussi diffuser du matériel didactique, via Internet, en plus des informations, résultats et rapports qu'elle fait déjà paraître par ce biais.

I. Introduction

1.1 HISTORIQUE

1. Les organismes nuisibles et les maladies affectant l'agriculture se déplacent souvent ou traversent les frontières, provoquant de lourds dégâts dans la production animale et végétale et des situations d'urgence. Le Conseil de la FAO a approuvé l'établissement du Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes (EMPRES) au milieu de l'année 1994, afin de renforcer les capacités de prévention et de lutte des pays affectés par des ravageurs et des maladies transfrontières. Le criquet pèlerin (Schistocerca gregaria) est un parasite transfrontière jugé particulièrement préoccupant qui mérite une attention particulière dans le cadre d'EMPRES. La composante «criquet pèlerin» d'EMPRES (EMPRES-CP) tend à prévenir les infestations acridiennes en renforçant les capacités nationales, régionales et internationales de gestion de la lutte contre le criquet pèlerin. Cette composante vise également à améliorer la sécurité et l'impact sur l'environnement des pesticides chimiques grâce à la recherche et à la technologie.

2. Les nuées de criquets pèlerins font peser une lourde menace sur les cultures et les pâturages, en Afrique, au Proche-Orient et en Asie du Sud-Ouest, depuis l'aube de l'agriculture. Lorsque ces nuées sont fréquentes, la situation est qualifiée de «période d'invasion», tandis que les années intermédiaires correspondent à une «période de rémission». Durant les épisodes de rémission, les populations de criquets sont très clairsemées (voir figure 1) et se trouvent en «phase solitaire». Lorsque les précipitations instaurent des conditions favorables à la reproduction, les criquets sont capables de se multiplier rapidement et de «grégariser». Bien adaptés aux variations de leur milieu et très mobiles, les criquets peuvent, même en période de rémission, voler sur plusieurs centaines, voire milliers, de kilomètres entre leurs aires estivales, hivernales et printanières de reproduction. Vu la capacité migratrice du criquet pèlerin, le problème peut se déplacer rapidement d'un endroit, d'un pays ou d'une région à l'autre. La rapidité de ces déplacements rend plus difficile la lutte contre ce fléau et demande une organisation et des moyens logistiques puissants.

3. Les invasions ont lieu lorsque les criquets trouvent des conditions idéales dans une suite d'aires de reproduction saisonnières. Dans ces circonstances, les insectes se multiplient rapidement et forment des essaims de plus en plus gros, qui envahissent les pays situés à l'extérieur de la zone de rémission (voir les zones d'invasion sur la figure 1). En période d'invasion, les nuées peuvent se déployer sur plusieurs centaines de kilomètres carrés et atteindre des densités allant jusqu'à 50 millions de criquets par kilomètre carré. Les ravages occasionnés aux cultures et à la végétation par ces essaims peuvent être gigantesques, 500 000 criquets adultes consommant 2 tonnes de végétation par jour.

Figure 1: Zones de rémission et d'invasion du criquet pèlerin

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4. Il est difficile de combattre efficacement les criquets parce qu'ils se reproduisent dans des zones éloignées lorsqu'elles ont été suffisamment arrosées. Comme les pluies sont irrégulières, sporadiques et imprévisibles, il est difficile de cerner ces zones et d'organiser des opérations de lutte. De plus, les difficultés économiques des pays affectés conjuguées à l'interdiction du pesticide organochloré le plus efficace, mais nocif pour l'environnement, la dieldrine, ont affaibli les moyens de lutte. La grande offensive acridienne qui a duré de 1986 à 1989 et les infestations à grande échelle survenues entre 1992 et 1994 ont nécessité de vastes opérations d'intervention d'urgence, menées avec le concours d'organisations humanitaires. Cette gestion de crise s'est caractérisée par des retards, un faible rapport coût-efficacité et l'impossibilité de contenir la recrudescence du fléau à un stade précoce.

5. L'intensification des attaques de criquets, redoutable au point de prendre des proportions d'invasion, a aussi mis en évidence l'affaiblissement général des capacités d'alerte rapide, de prospection et de lutte de nombreuses organisations nationales et régionales de protection des plantes dans la zone de rémission. Ce déclin s'est installé durant la longue période de rémission qui a duré du début des années 1960 jusqu'aux années 1980. La combinaison des attaques et infestations acridiennes des années 1980 et 1990 et d'autres calamités agricoles, telles que la flambée de lucilies bouchères survenue en Afrique à la fin des années 1980, ont, à bien des égards, catalysé la création du programme EMPRES de la FAO.

6. Au milieu de l'année 1994, le Conseil de la FAO a approuvé l'établissement du programme EMPRES, en vue de renforcer la capacité de prévention des situations d'urgence des pays affectés par des ravageurs et des maladies transfrontières. Le volet acridien d'EMPRES a été conçu pour traiter les problèmes liés:

7. Le volet acridien d'EMPRES a été établi en tant que programme fondé sur la collaboration de plusieurs entités et visant à renforcer les capacités nationales et régionales de prospection acridienne et de lutte rapide et efficace, ainsi que la coopération internationale. EMPRES appuie les activités des institutions nationales et régionales existantes, afin de les consolider, mais sans chercher à les remplacer, ni à faire double emploi avec elles. Les partenaires d'EMPRES sont les ministères nationaux chargés de la protection des plantes, les organisations régionales engagées dans la lutte antiacridienne, les organismes donateurs et les instituts de recherche. Comme beaucoup d'infestations ont pris naissance dans les environs de la mer Rouge et du golfe d'Aden (la région centrale de la zone affectée par les criquets pèlerins), EMPRES se concentre avant tout sur cette région.

8. En 1994, une mission de formulation de projet de la FAO a déposé une proposition visant l'établissement d'un programme initial de lutte antiacridienne dans la région centrale (EMPRES-RC). La mission de formulation a conçu un programme en trois phases de trois ou quatre ans chacune. La phase I du programme a débuté dans la région centrale, en 1996, par des activités préliminaires fondées sur un descriptif de programme de la FAO s'inspirant largement du rapport de la mission de formulation. Les pays de la région centrale qui participent à EMPRES sont Djibouti, l'Égypte, l'Érythrée, l'Éthiopie, Oman, l'Arabie Saoudite, la Somalie, le Soudan et le Yémen. La Commission de lutte contre le criquet pèlerin dans la région centrale (CLCPRC) et l'Organisation de lutte contre le criquet pèlerin dans l'Est africain (OLCP-EA) sont d'importants partenaires régionaux.

9. En 1995, la Conférence de la FAO a recommandé d'étendre l'approche EMPRES à la région occidentale comprenant l'Algérie, la Jamahiriya arabe libyenne, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad et la Tunisie. En 1997, une mission de formulation a avancé une proposition qui a été débattue et révisée à l'issue d'un atelier régional tenu en mars 1998 à Nouakchott, à la lumière des recommandations émises par le Comité de lutte contre le criquet pèlerin (CLCP) à sa trente-quatrième session. Le descriptif de programme révisé, qui stipulait les besoins à financer par les bailleurs de fonds extérieurs ( 8 525 353 dollars É.-U.), a ensuite fait l'objet d'une approbation de principe par les pays concernés. Ce descriptif de programme a ensuite été complété par une ébauche de plan de travail dressée au cours d'un atelier de planification participatif, tenu en Mauritanie en février 2001. Cependant, le manque de ressources financières limite pour le moment les activités entreprises dans la région occidentale, qui dépendent essentiellement d'un projet de fonds fiduciaire de la FAO financé par la Norvège et axé sur l'amélioration de l'application des pesticides en Mauritanie.

10. Entre 1997 et 2000, le programme EMPRES-CP a bénéficié d'un soutien financier de la part de l'Allemagne, la Belgique, les États-Unis, la France, le Japon, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suisse et le budget du programme régulier de la FAO. Ces contributions ont totalisé 7 230 000 dollars É.-U., dont 1 904 000 dollars provenaient du Programme ordinaire de la FAO.

1.2 MÉTHODE D'ÉVALUATION

11. Une première évaluation de la phase I d'EMPRES-RC a eu lieu au milieu de l'année 1999 et a conclu que EMPRES-RC avait obtenu des résultats intéressants dans un contexte de gestion et de mise en oeuvre complexe. La mission d'évaluation a aussi relevé quelques faiblesses dans la conception du programme. Au début de 2001, la FAO a décidé de procéder à une deuxième évaluation du programme EMPRES-CP, qui porterait sur la phase I dans la région occidentale et sur la phase II dans la région centrale. Cette évaluation a été entreprise dans le but de livrer aux donateurs, aux pays participants et à la FAO une appréciation indépendante et objective de l'état d'avancement du programme dans les régions centrale et occidentale. La FAO a demandé à la mission d'évaluation de se pencher plus particulièrement sur les points suivants:

    1. l'adéquation du programme aux priorités de développement et aux besoins des pays touchés par le criquet pèlerin;
    2. le réalisme, la clarté et la souplesse de la conception du programme;
    3. la pertinence des relations et partenariats institutionnels et des liens avec des activités connexes;
    4. l'efficience des dispositifs de coordination, suivi et compte rendu de la mise en oeuvre - y compris de leur gestion par la FAO; et
    5. l'efficacité du programme du point de vue des résultats et de la réalisation des objectifs, et une évaluation du degré d'accomplissement d'objectifs précis ou d'étapes définies, surtout en ce qui concerne les aspects liés aux efforts déployés par les pays touchés par le criquet pèlerin et par les organisations régionales pour établir des systèmes durables de gestion régionale de la lutte antiacridienne.

12. Entre le 25 juillet et le 6 septembre 2001, la mission d'évaluation s'est rendue dans six pays participants (l'Égypte, l'Érythrée, l'Éthiopie, la Mauritanie, le Soudan et le Yémen). À Rome, elle s'est également entretenue avec un responsable du Centre national de lutte antiacridienne du Maroc et le secrétaire de la Commission de lutte contre le criquet pèlerin dans la région occidentale (CLCPRO). Essentiellement par manque de temps, la mission n'a pu visiter tous les pays couverts par EMPRES-RC et EMPRES-RO, ni toutes les organisations donatrices. Pour compenser cette insuffisance d'informations, des questionnaires succincts ont été envoyés aux pays bénéficiaires, aux collaborateurs et aux donateurs.

13. Le rapport d'évaluation contient aussi les observations d'un groupe d'experts externe (annexe 1) et la réaction des responsables du programme (annexe 2).

II. Aperçu du programme EMPRES-CP

2.1 OBJECTIF ET VOLETS PRINCIPAUX

14. La FAO a révisé le descriptif de programme original (1995) d'EMPRES-RC en février 2000. Tenant compte de l'expérience acquise au cours des trois premières années du programme et de l'évaluation du programme EMPRES-RC conduite en juillet-août 1999, cette révision a permis de redéfinir l'objectif du programme en ces termes:

«Renforcer les compétences et les moyens des composantes nationales, régionales et internationales du système de gestion de la lutte antiacridienne, afin qu'elles soient à même d'appliquer des stratégies efficientes de lutte préventive reposant sur l'alerte précoce et des interventions rapides, opportunes et respectueuses de l'environnement.»

15. Ce programme comporte quatre volets visant à:

    1. améliorer la coordination des activités de lutte antiacridienne, y compris le suivi et la prospection, dans la région centrale en facilitant la mise en place de réseaux entre les organisations nationales, régionales et internationales et en renforçant les systèmes d'échange d'informations;
    2. introduire un système d'alerte rapide plus perfectionné pour la lutte antiacridienne, utilisant des données météorologiques, la télédétection et l'analyse d'informations collectées sur le terrain;
    3. développer et améliorer les capacités nationales de lutte préventive grâce à une meilleure planification, à la formation, à la fourniture de matériel et de ressources opérationnelles et à l'essai sur le terrain de nouvelles techniques de lutte; et
    4. affiner la stratégie de prévention des situations d'urgence acridienne en évaluant l'efficience et la viabilité économique et environnementale des parades actuelles et des nouvelles technologies.

16. Le descriptif de programme révisé d'EMPRES-RC soulignait les nombreux aspects méconnus de l'écologie du criquet pèlerin et de la gestion de la lutte antiacridienne et désignait les nouvelles technologies susceptibles d'accroître l'efficacité des méthodes de prospection et de lutte. L'une des fonctions essentielles d'EMPRES-RC était donc de fournir une formation et du matériel de base afin de renforcer les capacités des unités nationales de lutte contre le criquet pèlerin (ULCP). Il proposait également de coordonner des projets bilatéraux complémentaires.

17. La viabilité des résultats d'EMPRES-RC devait être assurée par une coopération régionale fondée sur le développement du réseau de communication régional et sur l'amélioration et la régularité de la communication entre les pays membres d'EMPRES-RC. Le descriptif de programme révisé prévoyait aussi explicitement la mise en place d'un mécanisme institutionnel post-EMPRES visant à assurer la poursuite d'un programme coordonné de prévention des situations d'urgence dans la région centrale. La mise en oeuvre de ce mécanisme incombait à la Commission de lutte contre le criquet pèlerin dans la région centrale.

18. Contrairement au descriptif de programme d'EMPRES-RC, celui d'EMPRES-RO décrit les structures organisationnelles, les responsabilités respectives, les tâches et les coûts détaillés, plutôt que les objectifs, résultats et activités de l'ensemble du programme dans un cadre logique. Ce descriptif de programme prévoyait un apport financier substantiel (extérieur) pour l'établissement et le fonctionnement des unités de lutte contre le criquet pèlerin au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Tchad, ainsi que le financement d'une unité d'appui à EMPRES. La phase I devait durer quatre ans.

19. Parallèlement à l'élaboration d'un descriptif de programme relatif à la région occidentale et conformément à la recommandation émise par le Comité de lutte contre le criquet pèlerin à sa trente-troisième session, on a proposé officiellement, en 1999, de créer la Commission de lutte contre le criquet pèlerin dans la région occidentale (CLCPRO) pour remplacer la Commission de lutte contre le criquet pèlerin en Afrique du Nord-Ouest (CLCPANO) et l'Organisation commune de lutte antiacridienne et de lutte antiaviaire (OCLALAV). CLCPRO offrirait une structure simplifiée pour la coopération régionale qui permettrait d'appliquer la stratégie de prévention de façon efficiente et pertinente. La nouvelle commission réunit les mêmes pays qu'EMPRES-RO, à savoir les neuf pays d'Afrique de l'Ouest et du Nord-Ouest qui prennent directement part à la lutte préventive. Le Conseil de la FAO a approuvé la création de la CLCPRO en 2000 et sa ratification finale par les pays concernés devrait intervenir dans le courant de l'année 2002.

2.2 ARRANGEMENTS INSTITUTIONNELS

20. Conçu comme un programme de terrain de la FAO, EMPRES-RC est fortement tributaire de la collaboration entre tous les partenaires: les donateurs, les pays relevant d'EMPRES, les organisations régionales pertinentes et la FAO. Cette situation explique dans une large mesure les activités «à coût partagé» régies par un accord entre tous les partenaires concernés. Le coordinateur de programme, œuvrant dans la région, est responsable de la gestion générale, sous la supervision du Fonctionnaire principal responsable des migrateurs nuisibles au Service de la protection des plantes (AGPP), situé au siège, à Rome. Deux autres structures participent aussi à la mise en oeuvre, à l'évaluation et à la gestion du programme:

    1. Le Comité consultatif se compose de représentants de haut niveau des pays participants, d'autres organisations (notamment l'OLCP-EA et la CLCPRC), des donateurs, des responsables d'AGPP et du coordinateur d'EMPRES. Il se réunit en principe une fois par an afin d'examiner l'avancement des travaux, les questions à résoudre et le plan de travail de l'année suivante.
    2. Les chargés de liaison avec EMPRES (CLE) sont nommés par les gouvernements participants et l'OLCP-EA et se réunissent habituellement une fois par an avec le personnel d'EMPRES et d'AGPP. Les chargés de liaison ont pour tâche de contribuer à la planification, à la mise en oeuvre et à la coordination des activités. De plus, ces chargés de liaison participent à l'examen des priorités et des progrès accomplis ainsi qu'à la préparation du plan de travail de l'année suivante.

21. La structure institutionnelle établie dans la région occidentale prévoit l'intégration complète de la nouvelle commission régionale élargie (CLCPRO) au programme EMPRES-RO. Le fait que la composition de la commission soit la même que celle d'EMPRES-RO facilitera ce processus. Le secrétaire de la CLCPANO (dorénavant CLCPRO) sera le coordinateur du programme EMPRES-RO. Dès que la CLCPRO aura été établie et que ses pays membres auront choisi son siège, il incombera au pays hôte de lui fournir un appui technique et administratif approprié. Un fonctionnaire recruté sur le plan national (FRN) à la fin de l'année 2000 occupe un poste en Mauritanie où il est chargé d'améliorer la coordination entre les pays de la région.

Figure 2: Structure du programme EMPRES-RC

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III. EMPRES-CP Résultats de la mise en oeuvre

22. Le programme EMPRES-RC a débuté en 1997, sa phase I s'est achevée en 2000 et la phase II a démarré immédiatement après, en 2001. Actuellement, la phase II du programme EMPRES-RC est financée par plusieurs donateurs et par des contributions au titre du Programme ordinaire de la FAO, complétées par des ressources de la CLCPRC et du Comité de lutte contre le criquet pèlerin (CLCP).

23. EMPRES-RC a aussi bénéficié de contributions bilatérales du Royaume-Uni et de la Suède destinées essentiellement à des activités de recherche. Plus récemment, l'Allemagne a fourni une aide bilatérale à EMPRES-RC et EMPRES-RO totalisant 3 millions de DM (1 321 411 dollars É.-U.) pour une période de trois ans commençant en 2001.

Tableau 1: Estimation des dépenses effectuées en 2001 et prévision des ressources disponibles en 2002 and 2003*

  

FAO

Pays-Bas

Suisse

Allemagne

États-Unis

CLCPRC

CLCP

Total

2001

279921

325631

227080

133878

95981

79093

20488

1162072

2002

250000

632713

210327

133000

200000

100000

50000

1576040

2003

250000

632713

150000

134000

200000

100000

50000

1516713

 

* Inclut les contributions bilatérales de l'Allemagne; les autres donateurs bilatéraux ne sont pas repris.

24. Le soutien apporté aux activités d'EMPRES-RO s'est limité aux ressources fournies par la FAO (Programme ordinaire [environ 600 000 dollars É.-U.], CLCP et CLCPANO), certains projets au titre du Programme de coopération technique (PCT) (répondant surtout à des situations d'urgence), l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), qui a apporté une petite contribution, et par la Norvège (environ 1,115 million dollars É.-U.) pour un projet de fonds fiduciaire régional, situé et actif en Mauritanie (Amélioration des techniques d'application des pesticides antiacridiens: GCP/INT/651/NOR).

3.1 EMPRES-RO

25. Faute d'une aide substantielle de la part des donateurs, des activités pilotes ont été financées par des ressources provenant du Programme ordinaire de la FAO (y compris le fonctionnaire recruté sur le plan national occupant un poste en Mauritanie) et par des contributions de la CLCPANO, du CLCP et du projet norvégien. La majorité de ces fonds ont été dépensés en Mauritanie et dans des pays du Sahel.

26. En outre, plusieurs projets PCT ont été mis en oeuvre dans la région, la plupart pour lutter contre des infestations de criquets pèlerins en Mauritanie que cette dernière n'avait, à l'époque, pas les moyens de maîtriser. EMPRES-RO a aussi bénéficié de projets interrégionaux de la FAO financés par la Belgique et d'activités bilatérales soutenues par le Royaume-Uni et la France.

27. Le projet de fonds fiduciaire Norvège/FAO représente l'élément le plus important d'EMPRES dans la région occidentale. Lancé en septembre 1996, le projet a précédé la préparation du descriptif de programme original d'EMPRES-RO. Il tend à améliorer la technique d'application des pesticides et d'autres aspects des opérations de lutte antiacridienne. Bien que conçu comme un projet régional, il n'est guère appliqué, pour l'instant, qu'en Mauritanie, vu l'absence de populations denses de criquets pèlerins dans les autres pays du Sahel. Le projet a été doté d'un budget initial de 697 617 dollars É.-U. pour une période de deux ans. En 1999, à la suite d'une révision de grande ampleur, le projet a été étoffé et le budget porté à 1 115 525 dollars É.-U. En février 2001, une mission d'évaluation indépendante a recommandé de prolonger le projet de deux ans; le donateur examine cette proposition.

28. Le projet a largement contribué à la mise au point et à l'introduction de techniques de lutte antiacridienne plus sûres et d'un meilleur rapport coût-efficacité, dont beaucoup ont été adoptées par l'unité mauritanienne de lutte contre le criquet pèlerin. Les apports du projet sont les suivants:

    1. une analyse des pratiques présentes de lutte antiacridiennes, pratiques qui englobent les opérations sur le terrain, la formation et la recherche;
    2. des essais sur le terrain visant à vérifier l'efficacité de doses de pesticides réduites;
    3. l'utilisation de machines guidées par des systèmes de positionnement géographique différentiel afin d'accroître l'efficacité ou l'efficience de l'épandage par voie aérienne;
    4. l'utilisation d'un système de géopositionnement par satellite (GPS) pour accroître l'efficacité de la pulvérisation au sol;
    5. la mise au point d'un dispositif innovant d'élevage en masse de criquets;
    6. l'étude de l'influence de différents paramètres sur la dimension des gouttelettes, en vue de perfectionner le matériel de pulvérisation;
    7. la mise au point d'un véhicule de terrain peu coûteux, utilisant une technique simple pour les campagnes de lutte antiacridienne, en collaboration avec l'université agricole de Norvège;
    8. l'essai à petite échelle de la pulvérisation en barrière de régulateurs de la croissance des insectes
    9. la mise au point de procédures systématiques pour évaluer l'efficience propre à chaque opération de lutte;
    10. l'essai de méthodes plus performantes pour collecter les données issues de la prospection et de la lutte, en vue de faciliter la planification et l'analyse des campagnes de lutte, d'enrichir la base de données du Système de reconnaissance et de gestion de l'environnement de Schistocerca (RAMSES) et de l'intégrer à la base de données sur le criquet pèlerin (LOCDAT) de l'Office allemand de coopération technique (GTZ); et
    11. la surveillance de l'exposition accidentelle du personnel et du bétail aux pesticides.

3.2 EMPRES-RC: PHASE II

29. EMPRES-RC continue à remplir sa mission efficacement avec deux, au lieu de trois, experts internationaux, depuis qu'en septembre 1999, le premier coordinateur a démissionné et que le fonctionnaire principal sur le terrain, en poste à Addis-Abeba, a été désigné comme coordinateur par intérim (et nommé coordinateur en juillet 2001). En outre, le cadre associé (APO) d'EMPRES-RC responsable des stratégies de lutte, de la gestion des plans d'urgence et de la communication, en poste à Sana'a, est parvenu au terme de son contrat au début de l'année 2000 et n'a pas été remplacé, ce qui a réduit l'appui à ce volet important. Finalement, le fonctionnaire recruté sur le plan national (FRN), chargé, à Khartoum, de la lutte antiacridienne, a été nommé secrétaire de la CLCPRC; cette affectation augure bien de l'avenir de la coopération EMPRES-RC/CLCPRC, mais laisse un autre poste vacant au sein d'EMPRES-RC. Cet allégement du personnel n'a pas été véritablement compensé par l'arrivée d'un cadre associé à Khartoum, en novembre 2000, celui-ci s'occupant de tout autre chose: l'identification des zones écologiquement fragiles.

30. L'état d'avancement des activités projetées est examiné ci-dessous, en suivant le cadre de mise en oeuvre élaboré au cours de l'atelier de planification de la phase II.

31. Résultats obtenus dans le premier domaine: harmonisation des fonctions des différentes organisations régionales participant à la lutte contre le criquet pèlerin:

    1. À la suite de la nomination du secrétaire de la CLCPRC en août 2001, le Comité consultatif technique (CCT), composé de représentants de la CLCPRC, d'EMPRES-RC et de OLCP-EA, a tenu sa première réunion en décembre 2001 pour débattre les mandats opérationnels.
    2. CLCPRC et EMPRES-RC ont harmonisé leurs plans de travail et cofinancent différentes activités de formation, de recherche et de prospection conjointe. EMPRES-RC a parrainé la participation du directeur général des services soudanais de la protection des plantes à un atelier panafricain sur l'harmonisation de l'homologation des biopesticides en Afrique. Cet atelier a été organisé par Virginia Polytechnic en collaboration avec l'OLCP-EA à Cotonou, au Bénin, en février 2001.
    3. Les programmes nationaux (PN), qui figuraient en première ligne sur le plan de travail d'EMPRES-RC pour l'année 2000, n'ont pas été repris dans le plan de travail de 2001. Jusqu'à présent, seul le PN du Soudan a été mené à bien, tandis que les autres ont été abandonnés: en Érythrée à cause de l'état d'insécurité, en Arabie Saoudite à cause d'une flambée de fièvre de la vallée du Rift et au Yémen où le service chargé de la protection des plantes n'a pas pu mobiliser les fonds publics nécessaires. La préparation du PN n'a pas repris en Érythrée, ni en Arabie Saoudite, tandis qu'au Yémen, le Ministère de l'agriculture et de l'irrigation s'est engagé à verser une subvention de 12 500 dollars É.-U. au service chargé de la protection des plantes pour le PN.

32. Résultats obtenus dans le deuxième domaine: renforcement des réseaux de communication nationaux et régionaux:

    1. EMPRES-CR a organisé un cours de formation sur la prévision, en Égypte, en avril 2000, et parrainé la formation en cours d'emploi (11 mois) d'un chargé d'information du Soudan dans le Service d'information sur le criquet pèlerin (SICP) de la FAO.
    2. La plupart des unités de lutte contre le criquet pèlerin (ULCP) sont équipées du courrier électronique (mais avec quelques problèmes occasionnels de transmission) et possèdent un personnel formé aux logiciels les plus courants.
    3. Dans le cadre de son PN, le service soudanais chargé de la protection des plantes a révisé le système d'information national sur le criquet pèlerin, et notamment sa propre unité d'information sur le criquet pèlerin. À la suite de quoi, il a programmé des contacts radios réguliers en définissant les fréquences et les horaires de chaque station et sous-station. Dix opérateurs radio ont été formés durant deux jours à la réception et à la transmission d'informations sur les criquets, du terrain au siège, et à l'utilisation de formulaires normalisés de suivi de la prospection et des pulvérisations.
    4. Du matériel de bureautique et de communication ont été commandés pour le bureau d'EMPRES/OLCP-EA de Hargeisa en Somalie, afin de renforcer les réseaux et la coopération avec EMPRES et OLCP-EA.

33. Résultats obtenus dans le troisième domaine: amélioration des systèmes d'alerte rapide et d'information:

    1. Les pays devaient définir leurs systèmes nationaux d'information ainsi que leurs demandes et besoins en la matière au plus tard en mai 2001. À ce jour, seules les ULCP du Soudan et du Yémen ont entamé cette tâche. La lenteur de la réaction des autres pays a retardé la formulation de recommandations visant à améliorer les systèmes d'information, ainsi que les travaux sur les procédures normalisées d'échange d'informations (censés s'achever en septembre 2001).
    2. Installé dans trois pays (l'Érythrée, l'Éthiopie et le Yémen), RAMSES a été utilisé pour produire des cartes géographiques et des séries de données statistiques sur les attaques antérieures de criquets pèlerins. L'exploitation de ce système a toutefois été entravée par des problèmes techniques et le manque de personnel suffisamment qualifié pour faire fonctionner le système (la formation à RAMSES dispensée sur le tas n'a souvent duré que quelques jours).
    3. De l'avis du SICP et d'EMPRES-RC, l'étalonnage des images satellites n'a pas encore atteint le degré de perfectionnement qui permettrait de les utiliser directement dans la prospection, si bien que la fourniture régulière d'images obtenues par télédétection n'a pas encore débuté. Cependant, plusieurs prospections ont été menées au sol, au Soudan et en Érythrée, afin de vérifier les informations provenant des images satellites. S'agissant des données météorologiques, le descriptif de programme original prévoyait d'associer étroitement les ULCP et les instituts météorologiques nationaux. Il semblerait que ce rapprochement n'ait pas eu lieu, essentiellement parce que l'application du principe «utilisateur-payeur» par les services météorologiques nationaux rendent le coût des données prohibitif pour les ULCP.

34. Résultats obtenus dans le quatrième domaine: amélioration des méthodes de prospection acridienne appliquées par les pays membres:

    1. Dans le cadre de leur PN, les services soudanais chargés de la protection des plantes ont préparé un premier plan de prospection nationale pour les saisons estivale et hivernale de reproduction s'inspirant de l'expérience acquise par leurs homologues mauritaniens (l'objectif pour 2001 était d'avoir des projets de plans au Soudan et en Érythrée, mais la préparation du plan de cette dernière a été retardée). En Somalie septentrionale, un plan d'action à court terme destiné à accroître l'autonomie du système de prospection a été dressé en avril 2001 et un cours de formation à la prospection s'adressant à des experts locaux a été organisé à Hargeisa du 10 au 13 juin 2001.
    2. De nouvelles technologies de prospection, telles que l'enregistrement des données obtenues par GPS sur des ordinateurs de type «palm» (tenant dans la paume de la main) et la radiotransmission à haute fréquence des données de prospection recueillies sur le terrain aux ULCP sont actuellement mises à l'essai avec la participation du SICP et d'EMPRES-RO.
    3. La dynamique des populations est étudiée en collaboration avec l'Université agronomique de Wageningen aux Pays-Bas et un autre projet de recherche soutenu par EMPRES-RC/CLCPRC étudie le même sujet à l'Université de Khartoum. L'Institut des ressources naturelles du Royaume-Uni (NRI) a fourni des cartes de la végétation et du sol des zones côtières de l'Érythrée et devrait aussi remettre un rapport sur les méthodes employées pour caractériser la végétation.
    4. L'identification préliminaire des principales aires de reproduction de la région centrale s'est appuyée sur des données antérieures, des données météorologiques et des données obtenues par télédétection et d'autres sources; un projet de rapport est en cours d'examen.
    5. Une prospection soudano-égyptienne de la zone frontière entre ces deux pays s'est déroulée au début de l'année 2000 (avec la participation d'autres pays d'EMPRES) et une prospection soudano-égyptienne de zones situées à l'intérieur des pays a été menée en août 2001. Une prospection conjointe projetée le long de la frontière soudano-érythréenne (avec l'assistance de l'OLCP-EA) a été reportée à une date indéterminée pour des raisons de sécurité.

35. Résultats obtenus dans le cinquième domaine: techniciens et cadres qualifiés en matière de lutte antiacridienne:

    1. Au cours d'une réunion, tenue à Oman en 2000, les chargés de liaison avec EMPRES (CLE) ont adopté une stratégie commune en matière de formation, visant à développer les programmes nationaux de formation et à incorporer les aspects ayant trait au criquet pèlerin dans le matériel didactique s'adressant aux techniciens, aux vulgarisateurs et à d'autres personnels susceptibles de participer aux opérations de lutte antiacridienne. Un manuel de formation unique (à élaborer en collaboration avec le NRI) devait former la pierre angulaire de cette stratégie en fournissant des outils de référence et des orientations didactiques aux formateurs nationaux. Toutefois, la préparation de ce manuel n'a pas progressé, le siège de la FAO estimant qu'elle relève essentiellement du NRI; mais les travaux du NRI ont été suspendus dans l'attente d'une décision politique sur le renouvellement du soutien accordé aux activités liées au criquet pèlerin et cette décision dépend, à son tour, des résultats d'une étude socio-économique qui devrait être menée en 2002. Si d'autres ressources peuvent être mobilisées, un contrat sera passé avec le NRI pour qu'il achève les travaux. Les «FAO Desert Locust Guidelines» (Directives FAO sur le criquet pèlerin), révisées et actualisées, qui sont appelées à devenir un ouvrage de référence dans la lutte antiacridienne, ont été publiées en septembre 2001 en anglais; les versions française et arabe sont en préparation.
    2. Le cours (sanctionné par un diplôme) sur la gestion de la lutte antiacridienne, parrainé par CLCPRC/EMPRES-RC et donné à l'Université de Khartoum, a débuté en septembre 2001 avec six étudiants originaires du Soudan, d'Érythrée et d'Éthiopie.
    3. Dans le cadre du PN, une formation nationale à la prospection et à la lutte antiacridienne a été organisée au Soudan, par le directeur de la section criquet pèlerin des services chargés de la protection des plantes, le directeur de la branche Kordofan septentrional de ces mêmes services et le fonctionnaire recruté sur le plan national (FRN), qui a également supervisé cette formation. Une autre formation nationale à la prospection et à la lutte antiacridienne a été organisée en Érythrée par les FRN chargés de la prospection et de la lutte antiacridienne dans le cadre d'EMPRES et par cinq coformateurs nationaux. De plus, des cours de formation locaux (s'adressant au personnel sur le terrain, aux agriculteurs et aux prospecteurs) ont été dispensés dans les deux pays.
    4. Le séminaire régional qui devait se tenir sur l'information et la prévision ne s'est pas concrétisé, l'expert du SICP n'étant pas disponible. L'autre proposition, relative à l'envoi de deux chargés d'information issus du Soudan et d'Éthiopie au NRI pour qu'ils y suivent une formation complète sur RAMSES, n'a pu être mise en pratique en raison du manque de ressources financières et humaines au NRI. De même, le séminaire régional sur la gestion et la planification des campagnes de lutte antiacridienne n'a pas eu lieu parce que les consultants invités se sont désistés à la dernière minute.

36. Résultats obtenus dans le sixième domaine: disponibilité de plans d'urgence

    1. Le Soudan a préparé et remis des projets de plans d'urgence concernant les saisons de reproduction estivale et hivernale de 2001, dans le cadre de son PN. L'Éthiopie et le Yémen ont aussi accepté de mettre au point des plans d'urgence, mais si l'Éthiopie a ébauché un plan, le Yémen n'a encore rien entrepris en ce sens. EMPRES-RC juge désormais plus opportun d'introduire ce thème progressivement, en commençant par fournir des informations de base sur les campagnes de lutte (au cours d'un séminaire de planification et de gestion des campagnes prévu en 2002), puis en organisant, la même année, un séminaire régional de planification des interventions d'urgence.

37. Résultats obtenus dans le septième domaine: méthodes de lutte antiacridienne plus efficientes et plus respectueuses de l'environnement:

    1. L'accord que le GTZ a passé avec la FAO en vue d'associer son projet sur le criquet pèlerin au programme EMPRES-RC est largement axé sur la mise au point de méthodes de lutte moins dommageables pour l'environnement. L'expert du GTZ au Caire a préparé un document de travail sur l'expérimentation sur le terrain de biopesticides, de régulateurs de croissance des insectes et du phénylacétonitrile semi-chimique. Le Centre international sur la physiologie et l'écologie des insectes (ICIPE), établi à Nairobi, effectue depuis de nombreuses années des essais en laboratoire sur les effets du phénylacétonitrile. Une lettre d'accord entre la FAO et l'ICIPE, annonçant une subvention de 50 000 dollars É.-U. pour l'expérimentation sur le terrain du phénylacétonitrile, a ensuite été soumise pour approbation.
    2. Comme les essais proposés requièrent la présence de criquets pèlerins, des dispositions anticipées ont été prises avec EMPRES-RO, au cas où une infestation propice aux essais se produirait en Mauritanie et pour permettre l'échange d'experts nationaux. Le centre d'élevage de criquets pèlerins de Nouakchott et la station expérimentale d'Akjoujt seront mis à la disposition du personnel participant aux recherches menées conjointement sur le terrain par EMPRES-RC et EMPRES-RO.
    3. EMPRES-RC a constaté, au terme d'une enquête, que les pulvérisateurs de conception technique dépassée avaient été remplacés par des pulvérisateurs modernes à volume ultra faible dans presque tous les pays. S'agissant de l'expérimentation de nouveaux pulvérisateurs, les organisateurs d'un atelier prévu en septembre 2002 ont pris contact avec le NRI afin de l'inviter à y participer. L'atelier sera suivi par des représentants d'entreprises fabriquant ce type de matériel et de pays dotés d'une Unité (nationale) de lutte contre le criquet pèlerin (ULCP), à savoir le Soudan, le Yémen, l'Arabie Saoudite et Oman.
    4. Un programme complet d'analyses de sang, qui devait être mené par l'OLCP-EA, en collaboration avec les services soudanais de la protection des plantes, était prévu pour la préparation à la campagne de l'été 2001. L'embargo des États-Unis sur le Soudan a empêché de livrer le matériel nécessaire aux services soudanais de la protection des plantes. Entre-temps, l'OLCP-EA a accepté de conduire le programme en Érythrée.
    5. Afin de promouvoir l'homologation de biopesticides tels que le métarhizium, la FAO et le GTZ ont constitué, en juillet 2001, un groupe d'experts chargé d'évaluer les risques et l'acceptation des biopesticides par les pays touchés. Le processus d'homologation du métarhizium au Soudan a débuté par la désignation d'un agent chargé de gérer toutes les questions s'y rapportant. De plus, une étude de référence sur la biodiversité a été entamée dans des zones sélectionnées situées au bord de la mer Rouge et une synthèse des articles scientifiques publiés sur ce thème a été réalisée. Une liste des organismes indicateurs précisant leur sensibilité au malathion (pesticide) a aussi été dressée.
    6. Le programme conjoint CLCPRC/EMPRES-RC d'appui aux recherches nationales sur le criquet pèlerin a mis au point et introduit des formulaires de demande de bourses de recherche plus concis et modifié la présentation des résultats des recherches. Deux projets sont en cours d'exécution aux universités de Khartoum (dynamique des populations) et d'Aden au Yémen (l'effet du métarhizium) sur les espèces non ciblées. Un troisième projet, mené en collaboration avec l'Université d'Alemaya sur la comparaison de populations de criquets durant différentes périodes de rémission en Éthiopie, a été couronné par l'attribution d'un diplôme de maîtrise en sciences en mai 2001. Cette même année, 14 propositions ont été reçues, parmi lesquelles les quatre suivantes ont été retenues pour évaluation par la CLCPRC et EMPRES avant acceptation:

38. Résultats du huitième domaine: méthodes systématiques d'évaluation des campagnes de lutte antiacridienne:

    1. Ce domaine inclut deux aspects de la lutte antiacridienne: l'efficience et l'efficacité des campagnes de lutte antiacridienne proprement dites, d'une part, et la pertinence générale et la justification économique de ces campagnes en général, d'autre part. S'agissant du premier aspect, un projet de passage en revue des opérations de prospection et de lutte en cours dans la région centrale et une bibliographie sur le criquet pèlerin ont été établis. Le personnel d'EMPRES-RC a préparé un document de travail préliminaire sur l'amélioration des stratégies de lutte préventive, avec l'aide de l'Université agricole de Wageningen (Pays-Bas).
    2. Des études de cas économiques ont été effectuées par des chercheurs des universités de Hanovre (Allemagne) et de Göteborg (Suède). Elles ont été menées dans le cadre d'EMPRES, mais financées et supervisées essentiellement par l'Allemagne et la Suède, respectivement. En juin 2000, la FAO a organisé une réunion sur l'impact économique des infestations de criquet pèlerin, au siège de l'Organisation, à laquelle ont pris part le GTZ, l'Université de Göteborg, le Service de la protection des plantes, le SICP, l'Université de Khartoum, l'Université de Hanovre et EMPRES-RC. Les participants à cette réunion ont conclu que l'analyse économique des ravages dus au criquet pèlerin comporte deux incertitudes: «en l'absence de périodes d'invasion ne faisant pas l'objet d'une intervention publique (lutte antiacridienne), il est difficile d'établir avec certitude que les dégâts causés par les criquets n'auraient pas été sensiblement plus lourds que les dégâts mesurés jusqu'à présent,...[et] les pertes potentielles risquent d'être surestimées parce que la réaction des producteurs à d'éventuels changements de politique en matière de lutte antiacridienne intervient à long terme».
    3. La réunion a recommandé plusieurs activités et notamment les suivantes: réaliser au moins deux études socio-économiques afin d'illustrer les incidences possibles des ravages occasionnés par les criquets; étudier les possibilités offertes par l'utilisation d'un régime d'assurance contre les catastrophes; réexaminer le modèle de simulation du criquet pèlerin conçu au cours de la phase I d'EMPRES-RC; organiser des cours d'analyse des risques et de l'impact social des politiques de lutte antiacridienne à l'intention des responsables de l'élaboration de ces politiques, afin d'accroître leur compréhension du phénomène; employer un cadre associé possédant certaines connaissances en économie; et organiser la copublication par l'Université de Hanovre et la FAO de l'exposé présenté par l'Université de Hanovre.
    4. En 2001, les modalités d'une étude socio-économique visant à évaluer les réactions des agriculteurs et l'impact de la menace acridienne au niveau des exploitations agricoles au Soudan a été défini en collaboration avec des chercheurs de l'Université de Hanovre, qui superviseront aussi un économiste éthiopien. Cette étude a débuté à la fin du mois d'août 2001. L'Université de Göteborg a réalisé une étude en Érythrée (mai 2001) afin d'évaluer la faisabilité et les possibilités de régimes d'assurance qui dédommageraient les habitants des dégâts provoqués par le criquet pèlerin à un coût inférieur à celui qu'ils acquittent pour la lutte antiacridienne. Les résultats de cette étude ne sont pas encore connus.

 


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