COAG/2003/8



COMITÉ DE L’AGRICULTURE

Dix-septième session

Rome, 31 mars – 4 avril 2003

Informations agro-environnementales et outils d’aide à la prise de décisions pour un développement durable

Point 8 de l’ordre du jour provisoire

Table des matières



I. Introduction

1. Chaque jour, le secteur agricole prend des décisions en rapport avec l’environnement dans le cadre de la formulation de stratégies à long terme, de la gestion des exploitations agricoles ou de l’évaluation et de la gestion rapides des opérations d’urgence. Pour prendre des décisions efficaces, il faut disposer de données fiables et d’outils analytiques d’échelle (temps et espace) et de portée (du général au technique) variées, dans la mesure où ces outils sont appliqués à un large éventail de questions touchant aussi bien la sécurité alimentaire que la gestion des ressources naturelles ou la protection phytosanitaire. Depuis des dizaines d'années, la FAO élabore, applique et diffuse une vaste gamme d’outils d’aide à la prise de décisions et à la collecte d’informations dans le cadre de ses activités de programme.

2. La prise de décisions en matière d’agriculture a évolué rapidement ces dix dernières années, compte tenu de l’importance croissante accordée à l’agriculture et au développement rural durables, des nouveaux accords environnementaux multilatéraux et d’autres priorités de développement, telles que celles énoncées dans le Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation pour lutter contre la faim dans le monde. Les technologies de l’information se sont également développées, favorisant la disponibilité, l’analyse et l’échange de données dans des proportions dépassant toutes les attentes. Dès lors, les outils d’aide à la prise de décisions et à la collecte d’informations agro-environnementales doivent être réexaminés dans le but d’accroître leur potentiel et de développer leur utilisation dans les États Membres aux fins du développement durable.

3. Le présent document traite des différentes façons d’encourager l’utilisation de ces outils d’aide à la prise de décisions et à la collecte d’informations agro-environnementales dans le domaine de l’agriculture. Le sujet est traité en trois parties: 1) aperçu des questions techniques, stratégiques et institutionnelles clés en rapport avec les outils d’aide à la prise de décisions et à la collecte d’informations agro-environnementales, 2) difficultés et lacunes et 3) domaines dans lesquels la FAO sollicite l’avis du Comité de l’agriculture.

II. Aperçu des questions clés

4. Pour accroître l’utilisation de données environnementales dans le secteur agricole, il faut commencer par résoudre une série de problèmes. La plupart sont décrits dans le Cadre stratégique de la FAO 2000–2015 (en particulier l’élément E) et plusieurs initiatives ont été prises pour faire face aux difficultés théoriques, méthodologiques et analytiques que pose l’application de ces données à des domaines comme la biodiversité, le changement climatique, la prévention des catastrophes et les interventions, la terre et l’eau, la parité hommes-femmes, les systèmes de production intégrés et l’agriculture biologique.

5. L’Organisation traite certaines de ces questions par le biais de deux Domaines prioritaires pour une action interdisciplinaire (DPAI): le DPAI « Définitions, normes, méthodologies et qualité des informations », axé sur la cohérence et la qualité des données de base, et le DPAI « Gestion des informations géographiques et outils d’aide à la prise de décisions », qui facilite l’accès à des informations géographiques harmonisées.

6. Trois autres initiatives récentes offrent la possibilité d’améliorer l’accès aux données et aux informations agro-environnementales: la modernisation de la base de données statistiques agricoles de la FAO (FAOSTAT2), le développement du GeoNetwork (fenêtre interactive sur des cartes et informations connexes) et RANET (utilisation de la radio et de l’Internet pour la communication d’informations hydrométéorologiques et climatiques). L’annexe I donne un aperçu de ces initiatives ainsi que des ensembles de données et des outils d’aide à la prise de décisions qui leur sont associés.

7. L’intégration de données environnementales dans le processus de prise de décisions concernant l’agriculture est envisagée sous trois angles:

A. ASPECTS TECHNIQUES

8. Les outils d’aide à la prise de décisions servent à évaluer les différentes options de sorte que les utilisateurs puissent mesurer les effets des différents choix possibles et parvenir à la « meilleure » décision, compte tenu des circonstances. De tels outils constituent une composante du processus de prise de décisions. La comparaison explicite ou implicite de l’impact des différentes décisions est appelée « simulation » ou « modélisation ». Les deux extrémités de la « chaîne de décision » (depuis la collecte des données jusqu’à la décision à proprement parler, en passant par l’analyse visant à évaluer l’impact des différentes décisions) relèvent souvent de différents domaines techniques, allant de la géographie et de l’environnement à l’agriculture et aux sciences socioéconomiques. Sur le plan opérationnel, il s’ensuit que les outils d’aide à la prise de décisions doivent être adaptés au processus de prise de décisions1 et en particulier aux besoins des décideurs, en ce qui concerne, notamment, les types de données et la résolution spatiale (villages, villes, districts, provinces, régions) ainsi que la diffusion des produits aux bénéficiaires, y compris au niveau des exploitations agricoles.

9. Dans la mesure où chaque élément d’information se caractérise par une échelle spatio-temporelle unique (point ou village, district, région, bassin hydrographique, zone agroécologique, etc.), un niveau de précision, un « âge » et un degré d’accessibilité, il existe nécessairement un certain degré d’incompatibilité entre les types de données. Les données géoréférencées (auxquelles sont rattachées des coordonnées géographiques) peuvent aisément être converties en « statistiques » (données généralement identifiées par le seul nom d’une unité administrative), alors que l’opération inverse est plus complexe, puisqu’elle requiert des outils de ventilation des données (modèles) et peut donner lieu à des produits de qualité incertaine.

10. En règle générale, les décisions locales sont plus proches des données « brutes » (c’est-à-dire qu’il s’agit d’observations directes in situ de l’agriculture et de l’environnement), alors que les décisions prises aux niveaux national et international s’appuient sur des variables (ou indicateurs) plus synthétiques et à valeur ajoutée. Les indicateurs ainsi que les méthodes utilisées pour évaluer l’impact des différentes décisions (en d’autres termes, les méthodes de simulation) doivent être considérés comme des composantes de l’aide à la prise de décisions.

B. ASPECTS STRATÉGIQUES ET COÛT DES DONNÉES

11. C’est normalement par le biais de consultations menées aux niveaux national et international que l’on décide des données à collecter et de la fréquence de la collecte. Des compromis entre les coûts, la précision, l’utilisation prévue et la fréquence d’échantillonnage sont nécessaires. Il faut toujours tenir compte du fait que des spécifications pour des informations plus coûteuses, recueillies à l’échelle mondiale notamment, risquent de dépasser les moyens des pays les moins avancés et de ne pas répondre à leurs principaux besoins. La FAO est généralement très sensible à cette question et cherche à promouvoir une approche équilibrée.

12. Le coût de la prise de décisions dépend de la collecte et de l’analyse des données ainsi que de la diffusion des résultats.

13. De nombreux « propriétaires » de données aux niveaux national et international tendent à faire payer l’accès aux données. Les politiques nationales en matière de données varient sensiblement. Certains pays mettent gracieusement leurs données à la disposition du public par des moyens aisément accessibles, comme l’Internet. D’autres imposent un haut degré de confidentialité, même sur des données pourtant communes et non sensibles comme les précipitations. Souvent, des politiques d’accès restrictives sont adoptées pour récupérer une partie au moins des investissements réalisés pour collecter les données, plutôt que pour sauvegarder la confidentialité. Dans certains cas, des politiques draconiennes sont mises en place afin de décourager les demandes de données occasionnelles et démesurées. L’accessibilité des données est une condition sine qua non pour certaines activités à composante humanitaire comme les opérations d’urgence ou de sécurité alimentaire, ainsi que pour les travaux scientifiques. La FAO a pour politique de diffuser largement ses données et de les rendre aisément accessibles.

C. ASPECTS INSTITUTIONNELS

14. Au niveau international, les données environnementales mondiales sont généralement collectées et prétraitées par les pays propriétaires de la technologie (essentiellement des satellites). Au-delà des aspects stratégiques susmentionnés, la diffusion des données à toutes les parties prenantes requiert, outre la prise en charge des coûts d’exploitation, la coordination des bases de données internationales, leur tenue à jour et la définition de protocoles d’accès. La gestion par la FAO du Système mondial d’observation terrestre (SMOT) est un exemple de programme qui cherche à constituer des bases de données mondiales sur le changement climatique et la biodiversité grâce à des méthodes de mesure et à des protocoles d’accès aux données communs.

15. Différentes méthodes sont utilisées pour échanger des données ou reproduire des séries de données au niveau régional. La FAO joue un rôle de premier plan en utilisant des données satellite et des outils satellitaires et en sensibilisant à leur utilité pour la sécurité alimentaire, la surveillance des cultures, les prévisions en matière de récoltes et l’alerte rapide. En tant que membre du Comité des satellites de télédétection (CEOS), la FAO joue un rôle majeur en transmettant à ces organisations les spécifications nécessaires pour que leurs données puissent être utilisées à des fins agricoles.

16. La collecte, l’analyse et la diffusion des données posent des problèmes particuliers dans les pays dotés d’infrastructures de communication insuffisantes. Par exemple, l’agriculture réactive2, technique qui permet aux agriculteurs d’adapter leurs pratiques aux conditions environnementales, risque d’être d’une efficacité limitée lorsque les installations de transmission de données sont inadéquates.

III. Difficultés et lacunes

17. L’utilisation de données environnementales pour améliorer la prise de décisions dans le secteur agricole se heurte à cinq difficultés principales décrites ci-après.

A. ACCÈS À DES DONNÉES FIABLES

18. Des données de qualité peuvent être « indisponibles » dans les États Membres pour diverses raisons : elles n’ont jamais été collectées, il est difficile de les situer, leur format et leur présentation sont inadéquats, leur coût est trop élevé, leur volume est trop important pour la capacité de traitement locale ou encore le propriétaire national ou international des données impose des restrictions à leur diffusion.

19. De plus, les données doivent être d’une qualité adaptée au but poursuivi, notamment si elles doivent être compilées à partir de sources officielles ou non.

B. COMPATIBILITÉ ET ÉCHELLE DES DONNÉES

20. Les différents types et sources de données doivent être compatibles. Par exemple, les données sur la production agricole doivent être compatibles avec celles qui concernent les conditions climatiques, l’état du sol, les terres disponibles et le niveau de technologie. De même, il existe des liens entre population, besoins alimentaires et utilisation de l’eau. La cohérence des données est une condition indispensable de l’intégration de considérations liées aux ressources naturelles et à l’environnement dans la planification à l’échelon national et international.

21. Pour être utilisées facilement, les données doivent présenter un certain degré d’intercompatibilité ou d’harmonisation pour ce qui est des définitions, des présentations (tableaux, cartes, graphiques) et des moyens de communication. En outre, leur échelle et leur degré de précision doivent correspondre aux besoins de la prise de décisions. Les applications nationales requièrent souvent des données beaucoup plus détaillées et précises que des études régionales ou mondiales.

22. L’harmonisation des données est particulièrement pertinente pour prendre des décisions supposant la constitution d’ensembles de données d’origines diverses avec la participation d’acteurs techniques, politiques et institutionnels. Au niveau national, les données et les outils doivent être harmonisés entre les différents échelons et secteurs publics pour être utilisés avec profit dans un même processus de prise de décisions.

23. À la FAO, au-delà des données statistiques de FAOSTAT, un travail plus important doit être réalisé afin de normaliser les données environnementales, agricoles et socio-économiques. Des outils tels que GeoNetwork sont actuellement utilisés pour normaliser la collecte de données et de métadonnées et aplanir les différences de format et de présentation, de façon à permettre une utilisation mieux intégrée des données et des informations provenant de sources diverses. Des efforts supplémentaires soutenus sont nécessaires pour améliorer la compatibilité des séries de données.

24. Les métadonnées, à savoir des informations répondant aux questions « qui, quoi, où et quand » sous-jacentes à toutes les données et sur la manière dont les données ont été collectées, sont primordiales pour garantir que les données sont utilisées à bon escient et aboutissent à la prise de décisions fondées. Des listes nationales et internationales de sources de données, y compris des informations sur leur format, leurs limitations et la façon d’y accéder commencent à être disponibles, tout comme les listes de l’Organisation internationale de normalisation (ISO) qui établissent un cadre commun d’enregistrement des métadonnées.

C. TECHNOLOGIE

25. Certaines contraintes sont liées à la technologie utilisée pour la collecte et la transmission des données ainsi que pour leur stockage et leur traitement. En général, les difficultés sont dues au faible niveau de développement technologique des infrastructures de communication, notamment.

26. Dans de nombreux pays en développement, la difficulté est de suivre le rythme rapide de l’évolution des nouvelles technologies de collecte, de traitement et d’analyse des données. Les données provenant des récents satellites d’exploration des ressources terrestres, en particulier, resteront difficilement accessibles si des changements continus et parfois coûteux ne sont pas apportés aux infrastructures nationales de collecte et de traitement des données. Les techniques de traitement et d’analyse des données évoluent également très rapidement dans des domaines comme les systèmes d’information géographique, ainsi que le traitement et la modélisation des données obtenues par satellite.

27. La FAO s'est dotée des capacités et des services techniques nécessaires pour surmonter ces difficultés, mais l’Organisation manque souvent de ressources pour exploiter pleinement le potentiel d’information au profit de ses États Membres. Des efforts ciblés doivent être déployés, tout particulièrement dans les pays à faible revenu, pour faciliter l’accès aux technologies disponibles ainsi que leur utilisation, dans le but d’obtenir et d’exploiter des informations sur l’environnement qui permettent d’améliorer la prise de décisions à l’échelon local, sous-national, national, régional et mondial.

D. RESSOURCES HUMAINES LIMITÉES

28. Le problème majeur est celui des ressources humaines. De nombreux pays en développement n’ont pas le personnel nécessaire pour collecter, analyser et gérer les données provenant de sources nationales et internationales utiles à la prise de décisions. Ceci est particulièrement vrai lorsqu’il faut faire appel à des technologies ou à des méthodes scientifiques qui ne cessent d’évoluer. Une formation - préalable ou permanente – s’impose alors, tout comme des initiatives visant à sensibiliser les décideurs au potentiel des nouveaux outils et à la nécessité de renforcer les capacités d’analyse des données.

E. NÉCESSITÉ DE PARTENARIATS

29. Les pays les moins avancés, qui sont rarement totalement associés à la collecte, au traitement, au stockage et à l’échange des données, pourraient tirer profit de réseaux formels et informels, notamment lorsque des données sur ces pays sont utilisées pour créer des séries de données mondiales sur la biodiversité, le changement climatique ou la désertification.

30. Les données mondiales, régionales et locales peuvent être très complémentaires mais cette question doit être approfondie. Si les sources de données internationales, en particulier les satellites, peuvent offrir des données spatiales détaillées, nombre d’entre elles ne peuvent être converties en données utiles à la prise de décisions aux niveaux national et international que si elles sont associées à des observations terrestres locales du sol, du climat, de la météorologie, de la végétation, etc. Il s’agit véritablement d’un domaine dans lequel les partenariats nationaux et internationaux servent les intérêts de tous. La FAO a un rôle double à jouer: prendre en charge les aspects techniques, comme l’accès aux données et leur compatibilité et veiller, en tant qu’ “honnête courtier”, à ce que les partenariats soient justes et équitables pour tous les participants.

31. Pour réduire les coûts de maintenance et de développement, il est préférable de gérer les grands ensembles de données au niveau central. L’accès à ces ensembles de données et leur utilisation ne peuvent se faire que dans le cadre de partenariats bilatéraux et multilatéraux.

IV. Domaines dans lesquels la FAO sollicite l’avis du Comité de l’agriculture

32. L’exposé ci-dessus met en relief le rôle non négligeable des systèmes d’information environnementale et des outils d’aide à la prise de décisions dans le programme de travail de la FAO. L’Organisation est présente depuis longtemps dans ce domaine et contribue activement à son développement et à son application au secteur agricole. La FAO continuera à élaborer des outils permettant d’analyser l’impact sur l’environnement, d’évaluer les situations où l’état des ressources naturelles contribue à l’insécurité alimentaire et à la pauvreté et de faciliter la planification de la production agricole ainsi qu’à la prise de décisions en matière de gestion.

33. Compte tenu des besoins nouveaux en données et des outils technologiques qui permettent d’analyser et de présenter ces données plus rapidement et plus complètement, de nombreux pays réclament une assistance, notamment pour s’acquitter de leurs obligations dans le cadre des accords environnementaux multilatéraux. Face aux défis actuels, un effort de sensibilisation aux types de données et aux technologies s’impose, de même qu’une meilleure collaboration tant au sein de la FAO qu’à l’échelon interinstitutionnel, afin de garantir la compatibilité et la cohérence des données entre les divers secteurs concernés.

34. Certains besoins en données découlent directement des activités organisées par la FAO au titre de son programme ordinaire pour promouvoir la sécurité alimentaire durable par le biais d’initiatives, telles que le Système d’information et de cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité (SICIAV), le Système mondial d’information et d’alerte rapide sur l’alimentation et l’agriculture (SMIAR), la cartographie géographique via l’Internet (GeoNetwork), les bases de données et statistiques sur la terre et l’eau et l’utilisation de la radio numérique et de l’Internet à des fins de communication (RANET). D’autres besoins en données proviennent de sources externes, telles que les accords environnementaux multilatéraux, les Objectifs de développement pour le Millénaire, l’Évaluation des écosystèmes en début de Millénaire, la réaction aux catastrophes et les interventions d’urgence et le développement durable en général.

35. Le Comité de l’agriculture est invité à donner son avis sur les questions ci-après:

Annexe: Ensembles de données et outils d’aide à la prise de décisions de la FAO

i. La présente annexe décrit les ensembles de données et les outils d’aide à la prise de décision de la FAO, en mettant l’accent sur les trois initiatives suivantes: le « nouveau » FAOSTAT (section relative aux ensembles de données) ainsi que GeoNetwork et RANET (section relative aux outils d’aide à la prise de décisions).

a) ENSEMBLES DE DONNÉES

ii. Le caractère mondial de nombreux ensembles de données de la FAO constitue l’un des atouts de l’Organisation. Le site Internet de la FAO contient plus de 1000 références à des ensembles de données de l’Organisation de diverses sortes, y compris des listes de bases de données. Un grand nombre de ces ensembles sont utiles à la prise de décisions dans le domaine de l’environnement et l’agriculture tant à l’échelle mondiale (pour la plupart) que pour des activités régionales (Communauté du développement de l’Afrique australe, Corne de l’Afrique, Bangladesh, Système d’information sur la santé animale du Pacifique, etc.). Certaines bases de données ont été compilées à partir de diverses sources externes et peuvent donc poser des problèmes complexes de propriété. Les principaux ensembles de données se répartissent en trois catégories.

iii. Bases de données géoréférencées:

iv. Les données géoréférencées sont traitées par des Systèmes d’information géographique (SIG). La technologie nécessaire à une telle analyse a évolué rapidement au cours des cinq dernières années et il est désormais possible d’installer des systèmes SIG extrêmement puissants sur des ordinateurs personnels. En tant que tel, le logiciel SIG est un outil d’appui aux décisions fondamental pour l’analyse de données environnementales et agricoles. Un annuaire des ensembles de données géoréférencées a été préparé par le Groupe de travail sur les Systèmes d’information géographique en 1998 et est en cours d’actualisation dans le cadre de GeoNetwork.

v. Majoritairement non géoréférencées3:

vi. Matériel de référence et bases de métadonnées. Ce groupe comprend essentiellement les informations de référence de nature textuelle, dont les références bibliographiques, les informations sur les institutions et les législations, des données utilitaires (facteurs de conversion), des listes d’experts, etc.

vii. Il faut souligner que ces trois catégories sont souvent difficiles à associer à des fins de comparaison. Il faudrait donc accorder davantage d’attention à la conception d’outils de conversion, d’agrégation et de ventilation de ces données. L’enregistrement systématique des métadonnées peut permettre aux utilisateurs de comprendre les avantages et les inconvénients des ensembles de données, qu’ils soient à référence spatiale ou tabulés.

b) OUTILS D’AIDE À LA PRISE DE DÉCISIONS

viii. Les outils d’aide à la prise de décisions se présentent la plupart du temps sous la forme d’un logiciel informatique. Un certain nombre d’outils sont disponibles pour le secteur de l’agriculture et ses nombreuses interactions avec l’environnement. Ceux qui sont aisément accessibles sur le site Internet de la FAO sont les suivants:

ix. Le logiciel SIG est un important outil d’aide à la prise de décisions à des fins d’analyse agro-environnementale. Les applications SIG sont utilisées dans l’ensemble des départements techniques de la FAO, dans des domaines tels que l’évaluation des ressources forestières (ERF), les ressources halieutiques (FIGIS), le climat et les ressources du sol. La FAO a mis au point de nombreuses applications, notamment WinDisp, SCPI (Système de cartographie des principaux indicateurs) et GeoNetwork, qui font largement appel à la technologie SIG et sont exploités aussi bien à la FAO qu’à l’extérieur.

x. WinDisp est un logiciel issu de la collaboration entre la FAO (ESCG/Système mondial d’information et d’alerte rapide et SDRN/Service de l’environnement et des ressources naturelles), l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), la Communauté du développement de l’Afrique australe (SADC), le Service des forêts des États-Unis (USFS) et le Service géologique des États-Unis (USGS). Initialement, WinDisp devait être un simple outil d’analyse de l’imagerie par satellite à des fins d’alerte rapide. Il s’est progressivement développé pour devenir un outil polyvalent aux nombreuses applications dans le domaine de la sécurité alimentaire, de l’alerte rapide, de la surveillance des cultures et des prévisions concernant les récoltes.

xi. Le Système de cartographie des principaux indicateurs (SCPI) a été élaboré par le Service des systèmes d’information (AFIS) dans le cadre du Centre mondial d’information agricole (WAICENT) en tant que contribution au Système d’information et de cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité (SICIAV). Le SCPI est un logiciel simple d’utilisation, accessible aux non-spécialistes du SIG et conçu dans le but spécifique de collecter, cartographier et diffuser des indicateurs de l’insécurité alimentaire et de la vulnérabilité. Le SCPI favorise la collecte, l’analyse et la présentation visuelle des données à différents niveaux d’agrégation et peut aider au suivi et à la surveillance de la situation alimentaire et nutritionnelle au fil du temps. La base de données sur les principaux indicateurs (KIDS), qui est la version Internet du SCPI, a servi à la réalisation de plusieurs applications Internet pour la visualisation des données qui nécessitent une fonctionnalité de cartographie dynamique.

xii. GeoNetwork a pour but de fournir une « fenêtre » commune permettant d’exploiter de façon interactive les innombrables cartes et informations y relatives de la FAO, et de faire de la géographie de la Terre un point de départ pour trouver, récupérer et utiliser des informations. GeoNetwork couvre les sujets suivants : densité de population, infrastructure, frontières administratives, couvert végétal / utilisation des terres, sols, zones de cultures, eau, pêches marines, aquaculture en eaux continentales et ressources forestières, répartition du cheptel, profils nutritionnels et alerte rapide. GeoNetwork fait partie intégrante de l’infrastructure d’information spatiale actuellement mise sur pied par le Service de l’environnement et des ressources naturelles (SDRN), sa finalité explicite étant d’aider les États Membres de la FAO et les autres parties prenantes, telles que les institutions de l’Organisation des Nations Unies, les organisations intergouvernementales et les organisations non gouvernementales, à prendre des décisions allant dans le sens du développement durable. GeoNetwork utilise une norme ISO pour ses métadonnées (ISO-19115 DIS) ainsi qu’une norme du Consortium SIG ouvert (OGC) internationalement reconnue pour ses bases de données spatiales.

xiii. RANET (Utilisation de la radio et de l’Internet pour la communication d’informations hydrométéorologiques et climatiques : http://www.ranet2000.org/) a été spécialement conçu pour combler le fossé numérique séparant le Nord du Sud et rendre les informations climatiques et météorologiques plus accessibles aux institutions nationales et provinciales ainsi qu’aux communautés rurales. RANET a été conçu et lancé par le Centre africain pour les applications de la météorologie au développement (ACMAD), avec le soutien précieux de partenaires aux États-Unis (Université d’Oklahoma, Administration nationale des océans et de l’atmosphère (NOAA), Agence des États-Unis pour le développement international) et bénéficie actuellement de l’appui d’un large éventail d’institutions nationales et internationales du monde entier. La FAO coopère activement à RANET, grâce à son Système avancé d’observation en temps réel de l’environnement (ARTEMIS) et à ses bases de données agroclimatologiques, y compris les bulletins de prévisions relatives au criquet pèlerin.

xiv. En collaboration avec ses partenaires, RANET est désormais capable de mettre des observations, des prévisions et des bulletins à la disposition des services hydrométéorologiques et de vulgarisation en Afrique. Les informations sont transmises par le satellite AfriStar sous la forme de signaux radio numériques via le système de diffusion des données ALC (African Learning Channel). Les services par satellite sont fournis par la fondation WorldSpace. À l’aide d’un récepteur radio adéquat, ces informations peuvent être transmises à un ordinateur et visualisées sous forme de texte, d’illustrations et d’images. De cette façon, les difficultés d’accès à Internet ne constituent plus un obstacle à la diffusion d’informations cruciales.

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1 « Data integration and its role in the development of better agriculture and food information systems » par L. Kabat, L. Naiken et P. Narain. Document sollicité pour la quinzième session - Intégration des statistiques alimentaires et agricoles: perspectives nationales et internationales - de la Conférence internationale sur les enquêtes portant sur les établissements, organisée conjointement par le Ministère américain de l’agriculture, Statistiques Canada et l’American Statistical Association à Buffalo, NY, États-Unis, juin 2000.

2 L’agriculture réactive a été intitialement conçue par Ian Stewart de la WHARF Foundation (World Hunger Alleviation through Response Farming) (mouvement visant à réduire la faim dans le monde grâce à l’agriculture réactive) à l’Université de Californie - Davis. Certaines variables environnementales sont mesurées et déterminées au niveau du village ou de l’exploitation agricole, par exemple les précipitations et le type de sol. La version élémentaire de l’agriculture réactive oriente les décisions des agriculteurs en comparant les variables sur l’environnement avec les valeurs de référence figurant dans des tableaux de décisions. Citons quelques exemples typiques, tels que la définition des dates de plantation et des taux d’application d’engrais. Les tableaux de décisions sont élaborés au niveau central, compte tenu des informations historiques relatives à l’impact du climat local sur les rendements des cultures, les types de sol locaux, les cultures locales ainsi que les prix des produits. Des formes plus complexes d’agriculture réactive utilisent les technologies modernes de transmission des données pour collecter et diffuser des données locales ou recueillies au niveau des villages et réaliser ainsi des analyses en temps réel des données locales à l’aide de modèles de simulation. Ces analyses peuvent également inclure le traitement d’images satellite. La meilleure façon de formuler le coût final des conseils donnés aux agriculteurs est en coût par agriculteur.

3 Certains ensembles de données peuvent être considérés comme « semi-géoréférencés », par exemple les bases de données sur le riz de la Division de la production végétale et de la protection des plantes, où les variétés de riz sont associées aux zones agroécologiques.