CFS:2003/7


COMITÉ DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE MONDIALE

Vingt-neuvième session

Rome, 12-16 mai 2003

IMPACT DES CATASTROPHES SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET SUR LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ À LONG TERME – INCIDENCES SUR LES POLITIQUES

Table des matières



I. INTRODUCTION

1. Reconnaissant que les catastrophes ont des répercussions négatives immédiates et à long terme en aggravant l’insécurité alimentaire et la pauvreté, les chefs d’État et de gouvernement réunis au Sommet mondial de l’alimentation, en novembre 1996, ont pris l’engagement de «…s’efforcer de prévenir les catastrophes naturelles et les crises provoquées par l’homme, d’y être préparés, et de répondre aux besoins alimentaires provisoires d’urgence, d’une façon qui stimule la reprise, le redressement et le développement et renforce la capacité de satisfaire les besoins futurs1.

2. Lors du Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après, qui s’est tenu en juin dernier, les chefs d’État et de gouvernement ont réaffirmé leur engagement «…de renforcer l’action nationale et internationale pour se préparer aux crises et aux situations d’urgence et améliorer l’efficacité des interventions, sous forme de secours alimentaires ou autres». Ils ont souligné que cette action devait être intégrée dans un effort de développement durable auquel doivent être associées toutes les parties prenantes, afin de parvenir à une sécurité alimentaire durable et ont déclaré qu’ils étaient «…résolus à faire en sorte que la famine disparaisse à jamais, au moyen du développement économique, de systèmes d’alerte rapide et de secours d’urgence2.

3. Si l’aide d’urgence demeure capitale pour soulager les souffrances des populations, les gouvernements nationaux et la communauté internationale doivent s’attacher davantage à prévenir les catastrophes naturelles et à en atténuer les effets. Les mesures à prendre par les pouvoirs publics pour prévenir les catastrophes et assurer la sécurité alimentaire, si elles sont parfois complémentaires, ne sont pas toujours identiques. À moins de parvenir à en maîtriser les effets par des actions coordonnées et intégrées aux efforts de développement, les catastrophes naturelles pourraient se transformer en un redoutable obstacle empêchant la concrétisation de l’objectif, fixé au Sommet mondial de l’alimentation, de réduire de moitié, en 2015 au plus tard, le nombre de personnes souffrant de la faim. Elles pourraient compromettre aussi la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire.

4. Le présent document d’information est destiné à éclairer les débats du Comité sur la l’incidence des catastrophes et leurs répercussions sur la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté à long terme. Le chapitre II établit la typologie et l’incidence des catastrophes; le chapitre III analyse leur impact à court et à long termes; et le chapitre IV donne un aperçu des incidences sur les politiques et les stratégies visant à atténuer les effets nuisibles des catastrophes, conformément aux engagements du Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation et aux action qui y sont préconisées. Enfin, le chapitre V soumet au Comité des recommandations concernant les mesures appropriées à appliquer par les gouvernements nationaux et la communauté internationale.

II. TYPOLOGIE ET INCIDENCE DES CATASTROPHES NATURELLES

A. TYPOLOGIE DES CATASTROPHES

5. Les catastrophes naturelles correspondent à la matérialisation de risques naturels dans des zones vulnérables, qui se traduit par des dommages importants et des perturbations pouvant entraîner des pertes humaines et une interruption du fonctionnement normal des communautés sinistrées. Lorsque l’on analyse l’impact des catastrophes sur la sécurité alimentaire, il y a lieu de distinguer les catastrophes ayant une origine géophysique de celles ayant une origine hydrométéorologique. Les premières comprennent les tremblements de terre, les tsunamis et les éruptions volcaniques; les secondes, les inondations, les cyclones tropicaux, les marées de tempête et les sécheresses. Les catastrophes appartenant à cette dernière catégorie sont appelées à causer des dégâts plus lourds et plus étendus à l’agriculture et aux activités liées à l’alimentation. Les risques biologiques3 comme les épidémies, la contamination des végétaux ou des animaux et les infestations d’insectes de grande ampleur sont également considérés comme des risques naturels.

6. Les catastrophes peuvent aussi être le fait de risques technologiques ou d’accidents industriels susceptibles de survenir lors de manipulations dangereuses ou de la défaillance d’infrastructures. La dégradation écologique constitue une autre forme de phénomène induit par l’homme préjudiciable aux ressources naturelles ou portant atteinte aux processus naturels des écosystèmes. Elle accroît la fréquence et l’intensité des aléas naturels4 ainsi que la vulnérabilité des communautés aux risques. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a constaté que, contrairement aux phénomènes d’origine humaine qui ne modifient pas l’échelle des risques géophysiques, le changement climatique influe sur la fréquence et l’intensité des risques hydrométéorologiques.

7. S’il est impossible d’échapper à la plupart des risques naturels, on peut éviter les dommages qu’ils causent ou tout du moins les minimiser. La vulnérabilité des pays et des communautés à une catastrophe particulière peut s’expliquer par leur situation géographique et leur degré d’exposition aux phénomènes environnementaux, bien que les activités humaines influent aussi sur la fréquence et la gravité des aléas. La croissance démographique dans les régions semi-arides, par exemple, favorise l’extension de l’agriculture et de l’élevage sur des terres de faible rendement, avec le risque d’accélérer la dégradation des ressources naturelles. De la même façon, la colonisation des pentes escarpées défigure souvent les paysages, accroissant la vulnérabilité des communautés aux catastrophes. Des activités comme la déforestation, en particulier sur les versants abrupts, provoquent l’érosion des sols, réduisent leur capacité à absorber l’humidité et les exposent encore plus aux crues soudaines qui dévastent habitations et cultures lors de fortes précipitations. La dégradation des ressources naturelles, la fragilisation des écosystèmes et la diminution de la diversité biologique sont tout autant d’éléments de la vulnérabilité aux catastrophes. Dans de telles conditions, une mauvaise gestion de l’environnement, l’absence de planification en matière d’occupation des sols et de dispositifs de réglementation peuvent renforcer la vulnérabilité des pays et des communautés aux catastrophes. On s’inquiète souvent que la gestion inadéquate des ressources et le recours à des pratiques agricoles inadaptées qui leur sont préjudiciables puissent exposer les pays et les communautés à des catastrophes répétées.

8. Le processus de changement climatique renforce aussi la vulnérabilité des pays, menace gravement les moyens de subsistance des populations et compromet les perspectives globales de développement dans les pays en développement. Déjà, l’élévation du niveau de la mer en raison du réchauffement de la planète érode certains littoraux où se concentre l'essentiel de la population et des infrastructures clés. La salinité croissante des terres cultivables et des ressources en eau potable due à l’inondation des littoraux contraint certaines communautés à abandonner à jamais leurs îles. Ainsi, les cultivateurs des îles Marshall préfèrent faire pousser leurs cultures dans des fûts de pétrole plutôt que dans les sols salins. Dans les atolls de Carteret, au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, une île a été coupée en deux par l’élévation du niveau de l'océan, laissant quelque 1500 personnes dans une totale dépendance de l'aide alimentaire fournie par l’île principale5.

B. INCIDENCE DES CATASTROPHES

9. On a observé ces dernières années une spectaculaire croissance de l’incidence des catastrophes dont le nombre, ainsi que celui des personnes sinistrées, a explosé; il en a été de même pour les pertes matérielles, de plus en plus importantes. La figure 1 montre que l’incidence des catastrophes a connu une progression constante entre 1975 et 2002. Sur une période de quinze années (1975-1990), elle a été multipliée par plus de quatre et à la fin des années 90, notamment, des catastrophes naturelles de grande ampleur ont frappé plusieurs pays.

10. Au cours de la décennie écoulée, le nombre de personnes sinistrées (blessées, sans-abri ou souffrant de la faim) a triplé, pour atteindre 2 milliards, tandis que celui des personnes vulnérables augmentait chaque année de 70 à 80 millions6. Le coût économique direct des dommages a été multiplié par cinq, pour atteindre 629 milliards de dollars EU au cours des années 1990. Durant cette même décennie, toutefois, les catastrophes ont fait 800 000 victimes, alors qu’on en comptait près de 2 millions dans les années 707. La diminution du nombre de morts s’explique, entre autres, par l’amélioration des systèmes d’alerte rapide et de prévision, les programmes de préparation aux catastrophes, ainsi que par la modernisation des systèmes de communication dans de nombreux pays.

Figure 1: Incidence des catastrophes (moyennes annuelles) - 1975-2001

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Source: EM-DAT: OFDA/CRED (2002) (http://www.cred.be/)
 

11. Le tableau 1 fait apparaître une forte variation de la fréquence des aléas en fonction de la situation géographique. Durant la période considérée, les chiffres indiquent que les catastrophes naturelles ont frappé l’Asie dans des proportions anormalement importantes (avec 41 pour cent de l’ensemble des évènements), suivie de l’Afrique (environ 30 pour cent), des Amériques (16 pour cent), de l’Europe (10 pour cent) et de l’Océanie (3 pour cent).

12. On observe une corrélation étroite entre la vulnérabilité aux catastrophes et le niveau de développement socioéconomique et technologique. Entre 1990 et 1998, 94 pour cent des 568 catastrophes naturelles de grande ampleur recensées dans le monde et plus de 97 pour cent de toutes les victimes qui leur sont imputables sont survenues dans des pays en développement8. Les données font en outre apparaître une incidence des catastrophes plus forte dans les pays à faible revenu que dans ceux à revenu intermédiaire. Dans les premiers, le taux d’incidence des catastrophes d’origine hydrométéorologiques est de 68 pour cent (et celle des sécheresses trois fois plus élevé que dans les seconds). Une étude en cours sur la vulnérabilité aux catastrophes, reposant sur l’analyse statistique de variables multiples, confirme que plus une économie est développée, moins elle est sensible aux catastrophes.

13. Si l’on examine plus attentivement les pays dans lesquels la sous-alimentation touche un pourcentage élevé de la population, on constate que la plupart d’entre eux subissent de façon chronique des catastrophes naturelles. Parmi les pays dans lesquels la sous-alimentation touche plus de 20 pour cent de la population, cinquante et un au moins ont subi chacun entre quatre et huit catastrophes de grande ampleur au cours des vingt dernières années. Parmi ces derniers, en Asie, le Bangladesh a été frappé huit fois, avec de 11,5 à 73 millions de sinistrés. Le Cambodge a connu, quant à lui, dix catastrophes qui ont fait entre 0,3 et 3,4 millions de victimes. En Afrique, dix catastrophes ont eu lieu en Ethiopie, touchant entre 3,8 et 10,5 millions de personnes; huit catastrophes de grande ampleur sont survenues au Kenya, qui a recensé entre 0,3 et 6,5 millions de sinistrés. En Amérique latine, le Honduras a été touché par quatre catastrophes totalisant entre 0,048 et 2,1 millions de victimes; le Nicaragua en a subi neuf, qui ont frappé entre 0,08 et 0,87 million de personnes. Dans nombre de ces pays, notamment en Afrique, la guerre et des troubles civils ont détérioré davantage la situation alimentaire déjà précaire. Sous l’effet conjugué du VIH/sida qui a aggravé la situation, des difficultés structurelles et des perturbations causées par les catastrophes, l’insécurité alimentaire et la pauvreté de la population ont empiré dans de nombreux pays.

Tableau 1: Répartition des catastrophes dans le monde (par type et région) - 1975-2001

Type de catastrophe

Afrique

Amériques

Asie

Europe

Océanie

Total

Part (%)

D’origine hydrométéorologique

44,7

Sécheresses

263

82

123

23

22

513

4,9

Famines

45

1

16

2

0

64

0,6

Inondations

331

485

759

245

71

1891

18,0

Vents violents

113

538

738

228

163

1780

16,9

Feux de forêts

15

79

52

68

21

235

2,2

Vagues de froid/chaud

8

50

76

85

5

224

2,1

D’origine géophysique

9,9

Tremblements de terre

25

114

278

114

34

565

5,4

Éruptions volcaniques

11

43

48

7

8

117

1,1

Tsunamis/Raz de marée/Ondes solitaires

0

2

13

1

2

18

0,2

Glissements de terrain

19

82

167

53

13

334

3,2

Risques biologiques

7,4

Infestations d’insectes

52

3

10

1

1

67

0,6

Épidémies humaines

386

74

191

32

8

691

6,6

Catastrophes anthropiques

38,2

Accidents industriels

60

149

360

134

4

707

6,7

Accidents de transport

645

451

1166

349

22

2633

25,0

Accidents divers

92

112

365

101

11

681

6,5

Part (%)

29.7

16.2

40.9

10.4

2.8

100

100

Source: Données EM-DAT (http://www.cred.be/)

14. L’incidence des catastrophes naturelles tend à augmenter du fait de la vulnérabilité croissante des communautés, qui sont de plus en plus nombreuses à être exposées à de tels phénomènes causés en partie par les activités humaines. La pauvreté qui touche une forte proportion de la population, contraint les communautés à se livrer à des activités génératrices de revenus propres à assurer leur survie, comme la déforestation ou l’exploitation agricole des zones à faible rendement, qui entraînent une dégradation des ressources. Par ailleurs, certaines activités de développement comme le défrichement des forêts pour la production de bois d’œuvre ou la construction de routes menacent la pérennité des ressources naturelles et influent, entre autres, sur la fréquence et l’intensité des catastrophes naturelles. La dégradation écologique concourt quant à elle à affaiblir les capacités d’une communauté à supporter les effets des catastrophes et à se redresser.

III. IMPACT DES CATASTROPHES

A. LES CATASTROPHES PERTURBENT LE PROCESSUS DE DÉVELOPPEMENT, RENFORCENT LA PAUVRETÉ ET L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE

15. Au cours des années 90, le coût annuel moyen des catastrophes, de l’ordre de 70 milliards de dollars EU, était en progression rapide. La méthodologie couramment utilisée pour évaluer le coût économique des dommages, qui prend en compte essentiellement le coût direct des dégâts causés aux infrastructures, aux équipements et aux stocks, donne des résultats plus élevés dans les pays industrialisés, à la fois en termes absolus et par habitant. Bien qu’il n’en soit pas fait une évaluation appropriée dans les pays en développement, le coût économique des dommages y est plus lourd rapporté au produit intérieur brut, traduisant une détérioration notable des revenus et de la situation de l’emploi, un fléchissement de la demande de produits agricoles et industriels et un faible niveau d’investissement. On a ainsi chiffré à 1,96 milliard de dollars EU, soit 0,03 pour cent du PIB, le coût économique des dommages causés aux États-Unis par le phénomène El Niño en 1997-1998. En Équateur, ces pertes ont été évaluées à 2,9 millions de dollars EU, soit 14,6 pour cent du PIB, donnant à penser que le redressement économique y a eu un coût relatif plus élevé. La reprise est plus lente dans la plupart des pays en développement, où il n’existe pas de dispositifs comme les assurances-récoltes, les aides à la stabilisation de l’agriculture, les assurances-dommages et les soutiens des pouvoirs publics, qui permettent un redressement rapide de l’économie et de la situation des ménages.

16. Les catastrophes d’origine hydrométéorologiques ont des répercussions extrêmement graves sur l’ensemble de l’économie dans les pays où l’agriculture contribue pour une large part au PIB. La répétition des chocs réduit souvent les taux de croissance à long terme. Les catastrophes naturelles peuvent aussi peser lourdement sur les finances d’un pays en rompant l’équilibre entre les recettes et les dépenses et en diminuant les ressources publiques affectées au développement à long terme9.

17. Le diagramme de la figure 2 représente la propagation de l’onde de choc provoquée par la sécheresse dans l’ensemble de l’économie10. Les retombées négatives se font sentir essentiellement sur la production végétale et animale. La sécheresse fait aussi baisser le niveau de l’eau dans les barrages et, partant, la production d’énergie hydroélectrique. Le déficit de précipitations entraîne une diminution de la production de cultures vivrières, de produits de base pour l’exportation, d’intrants et de matières premières agricoles. Le déficit des approvisionnements alimentaires et la hausse consécutive des prix entraînent une détérioration immédiate de la situation alimentaire des paysans qui pratiquent une agriculture de subsistance sans toujours parvenir à subvenir à leurs besoins, ainsi que des autres populations rurales et des ménages urbains démunis. La contraction de la production de produits de base destinés à l’exportation fait chuter les recettes en devises et diminue la capacité d’importation du pays11. Ces chocs peuvent aggraver les difficultés macro-économiques existantes, creusant les déficits budgétaires, alourdissant la dette extérieure et entraînant une instabilité monétaire.

18. En réduisant la production de matières premières et d’intrants agricoles, la sécheresse peut également affecter les industries de transformation et faire baisser la production et l’offre de biens manufacturés. Les secteurs de production nationale peuvent dès lors se voir contraintes de fonctionner à régime réduit et de licencier. Les pertes d’emplois dans le secteur agricole et dans les autres secteurs d’activité, se conjuguant au renchérissement des denrées alimentaires et des autres produits, mettraient non seulement les chômeurs privés de revenus en situation d’insécurité alimentaire, mais entraîneraient aussi une baisse générale du pouvoir d’achat des ménages, avec le risque de faire plonger l’économie dans une crise et de diminuer l’investissement dans ces secteurs, ralentissant ainsi le processus de développement global. Compte tenu de la situation, il est permis de penser que les chômeurs, ne retrouvant pas de travail, viendraient grossir les rangs des demandeurs d’emploi structurels, s’appauvriraient et se retrouveraient en situation d’insécurité alimentaire.

19. On trouve dans l’ensemble peu d’études pour analyser les effets à long terme des catastrophes sur l’économie et la sécurité alimentaire. L’Afrique australe, région exposée à une sécheresse chronique, a fait l’objet d’une telle étude, qui indique que la pire sécheresse de ces cinquante dernières années, survenue en 1992, a fait baisser de dix millions de tonnes la production totale de céréales dans les dix pays où elle a sévi (Angola, Botswana, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe), soit des pertes se chiffrant à 1,2 milliard de dollars EU. Les seize millions de personnes qui en avaient alors été victimes dans ces dix pays sont celles là même qui subissent aujourd’hui une nouvelle sécheresse.

20. Cette étude montre également que la sécheresse survenue en 1991-1992 avait entraîné un ralentissement général de la croissance économique en Afrique du Sud, au Malawi, en Zambie et au Zimbabwe. Dans ce dernier pays, elle avait été en grande partie responsable d’une chute de 9,5 pour cent de la valeur de la production manufacturière et fait baisser de 6 pour cent les recettes d’exportation générées par ce secteur. Les retombées sur l’industrie de transformation avaient pris de multiples formes entraînant, notamment, un déficit de l’offre de moyens de production, une contraction de la demande d’intrants agricoles et de biens de consommation de base comme les vêtements et les chaussures, ainsi qu’une pénurie de l’approvisionnement en eau et en électricité12. Au plan régional, le PIB agricole avait accusé un fléchissement d’environ 25 pour cent et le PIB total de 2,3 pour cent que n’avaient pu compenser le secteur minier, les programmes de secours et l’aide extérieure considérables. Ces pays, frappés immédiatement après par une nouvelle sécheresse de grande ampleur en 1994-95 et pénalisés par d’autres éléments défavorables, ont été incapables de réduire notablement l’insécurité alimentaire avant que ne se déclare, en 2002-2003, la sécheresse qui sévit actuellement. Sur la période allant de 1990-1992 à 1998-2000, le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation a augmenté dans certains pays, notamment en Angola, au Botswana, au Mozambique, en Zambie et au Zimbabwe13.

21. Dans d’autres pays et régions, les catastrophes ont aussi lourdement pesé sur le PIB en ralentissant la croissance économique. En 1982, le PIB du Pérou a fléchi de 12 pour cent et on estime que la moitié de cette baisse est imputable aux inondations liées au phénomène El Niño qui s’est produit cette année là. Au Honduras, les dommages et les pertes causés par l’ouragan Mitch ont représenté environ 70 pour cent du PIB, «réduisant à néant vingt ans d’efforts de développement économique» selon le Rapport sur les catastrophes dans le monde 2002. Les conditions climatiques extrêmes se conjuguant aux effets d’El Niño en 1997-1998 se sont traduites par une chute de 16 pour cent du PIB agricole en Équateur, effaçant trois années de croissance dans ce secteur. En Asie, où se produisent 70 pour cent des inondations recensées dans le monde, on a estimé à 15 milliards le coût annuel moyen des pertes qui leur sont dues au cours des dix dernières années, dont 65 pour cent au titre des dommages aux infrastructures14.

22. Ces données économiques recouvrent non seulement la destruction de moyens de productions, d’infrastructures vitales et de moyens de subsistance, mais aussi les répercussions de ces dommages sur le développement économique et l’aggravation de la pauvreté. En règle générale, les pauvres sont très souvent les principales victimes des catastrophes naturelles, car ils vivent dans des zones marginales directement exposées aux changements environnementaux et aussi parce que leurs moyens limités financiers et autres, ne leur permettent pas de s’en prémunir. Les pertes matérielles et sociales qu’ils subissent à cette occasion sont relativement plus lourdes et ont pour effet de les appauvrir encore plus. Les ménages qui en sont victimes peuvent sombrer pour longtemps dans la pauvreté et l’insécurité alimentaire.
 

 

B. LES CATASTROPHES APPAUVRISSENT DAVANTAGE LES PAUVRES

23. La baisse du PIB consécutive aux catastrophes d’origine hydrométéorologique s’accompagne souvent d’une perte de débouchés professionnels et de sources de revenus dans les secteurs touchés. Les catastrophes de grande ampleur peuvent ainsi aggraver et étendre la pauvreté dans les pays en développement sinistrés (encadré 1). Les gouvernements qui doivent remplacer les infrastructures endommagées sont contraints de détourner des ressources qui auraient été autrement affectées au développement à long terme, au détriment de la lutte contre la pauvreté et contre l’insécurité alimentaire.


ENCADRÉ 1

Bangladesh: répercussions des inondations de 1998

En dehors des conséquences directes, relativement visibles, comme la destruction des logements et l’anéantissement des récoltes, et des incidences indirectes sur l’économie, comme la détérioration de la situation de l’emploi, les inondations ont eu d’autres effets connexes sur les pauvres:

  • Les familles qui dépendaient d’un emploi salarié pour vivre, en particulier la main-d’œuvre agricole, ont été relativement plus touchées que les autres par la catastrophe;
  • Les pauvres ont eu plus de difficultés à redresser leur situation parce que leur dénuement ne leur a pas permis de subvenir à leurs besoins de dépenses pendant la catastrophe;
  • Les pauvres, privés de sources de revenu, ont dû recourir massivement à l’emprunt (essentiellement auprès de prêteurs) pour subvenir à leurs besoins élémentaires au lendemain de l’inondation;
  • Le nombre de pauvres dépendant du crédit pour vivre a fini par diminuer lentement, en même temps que disparaissaient les effets de la catastrophe;
  • La sécurité alimentaire des pauvres contraints d’acheter des aliments pour subvenir à leurs besoins s’est détériorée, plus en raison de leurs difficultés à financer leurs achats (manque de revenu disponible et hausse des prix) que de l’insuffisance de denrées alimentaires (notamment de riz) sur le marché;

Les conditions sanitaires (incidence des maladies et malnutrition) ont empiré. Dans les zones les plus durement touchées, le pourcentage de ménages pénalisés par le mauvais état de santé du principal soutien familial a augmenté, passant de 10 pour cent avant les inondations à 38 pour cent en octobre 1998, avant de retrouver un niveau normal six mois plus tard seulement.

Source: Kelly and Choudhury, 2002; del Niño and others, 2001; Helen Keller International, 2001.
 

24. Lorsque des crises éclatent, les ménages se résignent souvent à vendre le bétail et les autres biens qu’ils possèdent pour faire face à leurs besoins alimentaires d’urgence. Dans des circonstances extrêmes, la population émigre pour trouver des secours et du travail. Les ménages pauvres sont particulièrement pénalisés lorsque des blessures ou des infirmités viennent amoindrir le principal capital que constitue leur force de travail. La perte de leurs moyens de subsistance causée par une succession de récoltes extrêmement mauvaises, accélère la paupérisation des ménages et des communautés (Encadré 2).


ENCADRÉ 2

Éthiopie: Catastrophes et appauvrissement des ménages

Dans le Sud Wello, région de l’Ethiopie exposée aux sécheresses, des études ont révélé que durant ces périodes, les ménages sont diversement touchés en ce qui concerne leurs biens. Les ménages aisés parviennent à accroître leurs avoirs et à les préserver (bétail, liquidités et matériels) en achetant aux pauvres des biens dont la valeur a diminué et s’abstiennent de vendre les leurs sur un marché déprécié. Les ménages démunis, quant à eux, se trouvent dans une situation où leurs maigres possessions perdent de leur valeur car le marché s’est effondré, où leur travail est moins rémunéré, où le coût de l’emprunt s’alourdit et où l’accès aux réseaux d’aide sociale et aux institutions de soutien est plus difficile en périodes d’appauvrissement généralisé.

Un groupe de chercheurs étudie actuellement cette observation empirique. Ils travaillent sur «l’hypothèse» selon laquelle il faudrait beaucoup moins de temps aux ménages aisés pour amasser de nouveaux biens à un moindre coût, tandis que les ménages démunis pourraient se trouver dans l’incapacité de rentrer en possession de leurs biens dépréciés même avec le temps. Ces derniers seraient condamnés inéluctablement à vivre sous le seuil de pauvreté, sans amélioration possible de leur situation. Malgré l’aide alimentaire dont bénéficient de nombreuses familles pendant la période consécutive à la catastrophe, certaines d’entre elles s’aperçoivent qu’elles ne pourront jamais échapper à la pauvreté dans laquelle elles se trouvent.

Source: http:/www.basis.wsc.edu
 

25. À la suite de catastrophes, l’état nutritionnel des groupes de personnes vulnérables, en particulier des enfants, se dégrade. Les études qui ont été menées sur les conséquences de la sécheresse qui a sévi au Zimbabwe de 1994-1995 montrent que les femmes et les enfants en bas âge ont été les plus touchés. Les répercussions sur la santé de celles-ci (mesurées par la masse corporelle) ont été passagères. Avec le retour de précipitations plus abondantes, elles avaient un an après, regagné en grande partie le poids perdu. Les enfants âgés de 12 à 24 mois, quant à eux, ont probablement gardé des séquelles permanentes, leur croissance linéaire étant en moyenne inférieure de 1,5 à 2 cm. Les effets ont été graves même pour ceux d’entre eux dont les familles possédaient quelques têtes de bétail, qui constituent pour les ménages la principale source de nourriture pendant les années de disette grave.

26. L’aggravation de la pauvreté et la détérioration de la situation alimentaire renforcent la vulnérabilité des communautés, enfermant les populations sinistrées dans le «cercle vicieux de la pauvreté» et de l’insécurité alimentaire à long terme. Les catastrophes pourraient ainsi défaire l’ensemble du tissu social et économique de ces communautés. Selon le Rapport sur les catastrophes dans le monde 2001, l’anarchie qui gagne certaines régions sujettes aux catastrophes naturelles ou autres, menace la sécurité 15, créant par là même des conditions peu propices aux activités de développement.

IV. STRATÉGIE EN VUE DE RÉDUIRE LA VULNÉRABILITÉ AUX CATASTROPHES NATURELLES ET D’EN LIMITER LES RISQUES

27. Une stratégie de développement national efficace doit associer politiques et programmes à court et à long termes avec le double objectif de réduire la vulnérabilité aux catastrophes naturelles et d’accélérer la mise en œuvre d’un développement social et économique durable. Seule une telle stratégie pourra mettre fin à la spirale pauvreté, dégradation écologique et incidence croissante des catastrophes, qui se reproduit à chaque fois.

28. Les stratégies nationales auront des contenus spécifiques différents et varieront dans leur forme en fonction du type d’aléa/de catastrophe auquel un pays est exposé, des ressources humaines et autres dont il dispose, ainsi que de la solidité des institutions existantes. Elles pourront cependant présenter des points communs au niveau de leur approche et partager les mêmes objectifs qui pourraient être les suivants:

29. Pour être efficaces et atteindre les objectifs énoncés précédemment, les stratégies devront adopter une double approche associant: A) des mesures à court terme pour intervenir avec rapidité et efficacité si, et quand, une catastrophe survient; et, B) des mesures à long terme pour réduire la vulnérabilité aux catastrophes et accélérer le développement durable.

A. MESURES À COURT TERME

30. Une stratégie à court terme de gestion des catastrophes devra comprendre notamment:

31. Les systèmes d’alerte rapide et de prévision fournissent des informations anticipées sur l’imminence possible de catastrophes et constituent à ce titre un élément indispensable à toute stratégie visant à gérer ces phénomènes et à en atténuer les effets. Ils permettent d’appeler l’attention des décideurs politiques, de sensibiliser le public et de se préparer pour éviter les effets des catastrophes ou les minimiser. Si les délais pour réagir peuvent être longs en ce qui concerne certains aléas comme les sécheresses, pour d’autres types de catastrophes, ils demeurent relativement brefs bien que des améliorations sensibles aient été apportées par la modernisation des techniques de prévision des risques. Le recours aux satellites pour prédire l’apparition et l’emplacement des cyclones tropicaux a permis de doubler le délai d’alerte le portant de 24 heures en 1990 à 48 heures en 1999, tandis que le délai d’alerte pour les tornades est passé d’environ 7 ou 8 minutes à 17 minutes. Les systèmes d’alerte rapide des cyclones tropicaux semblent avoir permis de mieux organiser l’évacuation des populations et des biens des régions risquant d’être touchées. Ils sont particulièrement importants dans la mesure où ils permettent de sauver la vie aux agriculteurs et aux pêcheurs qui travaillent sur les littoraux exposés. Avec des informations plus précises et une meilleure compréhension des phénomènes naturels, il a été possible également d’améliorer les normes et les codes d’urbanisme dans de nombreuses régions du monde.

32. L’évaluation du risque demande notamment de disposer d’informations qualitatives et quantitatives précises sur les aléas et d’en comprendre les tenants et les aboutissants matériels, socio-économiques et environnementaux. Elle suppose l’utilisation méthodique des informations pour déterminer la probabilité de la survenance de certains évènements et l’importance de leurs éventuelles retombées. Ce processus pourra notamment comprendre les tâches suivantes:

33. Le programme de prévention des risques est le troisième élément important de la gestion à court terme des catastrophes. Il définit les actions à mener, les responsabilités institutionnelles et les dispositions à prendre par les autorités, ainsi que les moyens qui doivent être disponibles, opérationnels et prêts à être déployés, la ligne de conduite à suivre et les interventions à mettre en œuvre si et quand une catastrophe se produit. Pour ce faire, il faut notamment gérer des approvisionnements de secours adaptés (vivres, matériels médicaux et autres produits) placés dans des endroits stratégiques, prévoir des mécanismes financiers aptes à débloquer des fonds rapidement et disposer d’un plan pour la mise en œuvre des moyens logistiques utiles le cas échéant.

34. On a constaté dans divers pays que les programmes de prévention des risques, s’ils étaient bien conçus, contribuaient de manière décisive à réduire les pertes en vies humaines et les dommages lors des catastrophes. Lorsque l’ouragan Michelle, la plus violente tempête à avoir frappé Cuba depuis 1944, a atteint l’île en novembre 2001, le plan de planification et de prévision des catastrophes et le programme de prévention ont permis de mener à bien l’évacuation de 700 000 personnes vers les abris d’urgence. Au Mozambique, des plans bien préparés aux niveaux national et local ont permis de sauver 34 000 personnes de la noyade pendant les inondations sans précédent qui ont touché le pays pendant deux ans. Au Bangladesh, grâce au programme de préparation aux cyclones, un million de personnes ont pu être évacuées vers les abris lors du violent cyclone survenu en 1997; il y a eu moins de 200 victimes alors que les inondations en avaient fait 500 000 en 1970. Ces programmes de prévention ont permis de faire baisser globalement le nombre de morts causées par les catastrophes dans les années 1990, par rapport aux précédentes décennies.

B. MESURES À LONG TERME

35. À long terme, les stratégies permettant d’accélérer le développement durable de l’agriculture devront combiner dispositifs de prévention des catastrophes et mesures pour en atténuer les effets. De telles stratégies seront le moyen le plus efficace de réduire la vulnérabilité à ces évènements aux niveaux local et national. Selon les études existantes, seule une fraction infime des fonds consacrés aux catastrophes est investie à cette fin. Les chercheurs ont également démontré que chaque fois que l’on investissait 40 milliards de dollars EU dans des programmes à long terme pour atténuer les effets des catastrophes et protéger les communautés, on allégeait de 280 milliards de dollars EU le coût économique des dommages qui en résultaient.

36. Le développement diversifié de l’agriculture doit intégrer efficacement des dispositifs performants pour atténuer les effets des catastrophes aux fins d’assurer la pérennité des ressources disponibles et la continuité du processus de développement. C’est un moyen de réduire la vulnérabilité en permettant de: i) lutter contre la pauvreté par la création d’emplois et d’activités génératrices de revenus dans les zones rurales; ii) stimuler la croissance économique globale, étant donné que l’agriculture est le secteur clé le plus viable dans de nombreux pays à faible revenu et qu’elle a des prolongements dans toute l’économie sur laquelle elle exerce des effets multiplicateurs; iii) diversifier le tissu économique en encourageant la croissance d’autres secteurs d’activité et en augmentant leur part dans le PIB, tout en réduisant celle de l’agriculture qui est la plus exposée aux catastrophes d’origine hydrométéorologique; iv) renforcer, grâce à l’augmentation des revenus, la capacité des ménages et des communautés, ainsi que du pays dans son ensemble à supporter les effets des catastrophes; et v) rendre les communautés mieux à même de préserver les ressources naturelles et d’assurer leur pérennité.


ENCADRÉ

Les effets perturbateurs des catastrophes s’atténuent dans les petits États insulaires des Caraïbes

Régulièrement, les petites économies insulaires de l’Est des Caraïbes, particulièrement sujettes aux catastrophes, continuent d’être durement frappées par les tempêtes tropicales. Leurs effets perturbateurs se sont cependant atténués, ils disparaissent plus rapidement et ne représentent plus une menace pour la sécurité alimentaire à long terme. La Dominique, par exemple, n’a pas eu besoin de l’aide alimentaire financée par la communauté internationale après le passage d’un ouragan dévastateur en 1979. La combinaison favorable des divers éléments de développement suivants, notamment la diversification économique, une certaine répartition des risques et des dispositifs de protection des infrastructures, a contribué à réduire la vulnérabilité:

Évolution structurelle de l’économie: l’agriculture a vu sa part dans l’économie décroître rapidement (à la Dominique, par exemple, elle a été divisée par deux entre 1977 et 1997 pour s’établir à 19 pour cent seulement), tandis que l’industrie de transformation, le tourisme et les services financiers en essor, contribuent pour une plus large part au PIB.

Répartition des risques: le régime obligatoire d’assurance WINCROP pour les cultures de bananes, mis en place en 1987-1988 par le Banana Marketing Board (Office de commercialisation de la banane) de quatre des îles sous le vent (la Dominique, la Grenade, les Grenadines et Sainte-Lucie), propose une couverture aux cultivateurs en leur remboursant une partie des dommages causés en cas de tempêtes.

Investissements en vue d’atténuer les effets des catastrophes: l’application de normes de conception aux nouvelles infrastructures plus vastes et la rénovation des installations endommagées par les catastrophes ont peu à peu réduit la vulnérabilité aux aléas.

Les effets des catastrophes sont généralement localisés; dans des économies ouvertes, où la mobilité de la main-d’œuvre et les envois de fonds sont relativement peu encadrés, les ménages ont aussi la possibilité de s’adapter.

Source: Benson and Clay, 2001; OAS, 1996, 1997,1999.
 

37. L’aménagement du territoire doit constituer l’élément fondamental de la politique nationale visant à atténuer les effets des catastrophes naturelles. Après avoir procédé à la planification des sols, toute une série de stratégies peuvent être mises en œuvre dans les domaines de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche pour réduire la vulnérabilité et renforcer les capacités d’adaptation. Les plans de développement doivent intégrer des stratégies de réduction des risques de catastrophes pour que les actions visant à en atténuer les effets ne soient pas interrompues. De tels plans minimisent les risques de voir des catastrophes répétées perturber les politiques de développement. Les mesures d’atténuation des effets peuvent être différentes en fonction du type de catastrophe.

38. Dans les pays exposés à la sécheresse, les mesures à prendre pour atténuer les effets des catastrophes peuvent notamment être les suivantes:

39. Dans les zones inondables exposées aux tempêtes, on pourra notamment prendre les mesures à caractère agricole suivantes pour atténuer les effets des catastrophes:

40. On pourra aussi protéger les établissements humains et les habitations en ayant recours notamment à des mesures comme les suivantes:

41. Pour atténuer les effets des tremblements de terre et protéger les immeubles, de nombreux pays ont instauré des règles et des normes de construction obligatoires à l’intention des industriels du bâtiment. Beaucoup d’autres toutefois n’en possèdent pas encore.

42. D’après le rapport des Nations Unies, «Vivre avec le risque – une étude mondiale des initiatives menées en matière de prévention des catastrophes»16, de nombreux pays ont pris des mesures pour intégrer la prévention des catastrophes dans la planification de leur politique de développement social et économique global. Certains d’entre eux, comme la Chine, y viennent progressivement. Beaucoup d’autres n’ont pas encore mené à bien cette difficile intégration, même lorsque les bases d’une telle stratégie existent déjà.

V. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

43. Au-delà des pertes en vies humaines, des souffrances et des dommages matériels qu’elles causent, les catastrophes intensifient la pauvreté et l’insécurité alimentaire et empêchent souvent de mener à bien le développement durable recherché. La répétition des catastrophes naturelles dans de nombreux pays en développement risque d’empêcher la concrétisation des objectifs énoncés lors du Sommet mondial de l’alimentation, soit de réduire de moitié, en 2015 au plus tard, le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation. Faute d’engager une action concertée aux niveaux national et international, afin de réduire la fréquence des catastrophes et d’accélérer le développement durable, il en sera de même pour les Objectifs pour le développement du Millénium. Les faits observés donnent à penser qu’en l’absence de programmes efficaces pour prévenir les catastrophes et atténuer leurs effets, la pauvreté pourrait s’aggraver et s’étendre dans de nombreux pays à déficit alimentaire et à faible revenu. Non seulement les pauvres y seront de plus en plus nombreux, mais leur situation se détériorera encore.

44. Afin de contribuer à la concrétisation des principaux objectifs énoncés lors du Sommet mondial de l’alimentation et des Objectifs de développement du Millénaire, le Comité pourrait souhaiter formuler les recommandations d’action suivantes à l’intention des États membres et de la communauté internationale.

45. Les États membres, conformément aux dispositions de l’Engagement 5 du Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation et du paragraphe 18 de la Déclaration du Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après, s’efforceront de prendre les dispositions suivantes:

46. La communauté internationale devrait continuer de soutenir durablement les efforts déployés aux niveaux local et national pour réduire la vulnérabilité aux catastrophes dans les pays en développement en prenant les dispositions suivantes:

 

____________________________
 

1 Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation, engagement.

2 Déclaration du Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après, paragraphe 18.

3 Ces risques sont généralement répertoriés, bien qu’ils ne figurent souvent pas dans les bases de données sur les catastrophes naturelles.

4 Certains risques peuvent être d’origine naturelle ou résulter d’activités humaines (par exemple, les incendies de forêt et la désertification). On peut qualifier ceux-ci de risques hydrométéorologiques ou leur donner le nom de dégradation écologique.

5 Rapport sur les catastrophes dans le monde 2002.

6 Stratégie internationale pour la prévention des catastrophes: Vivre avec le risque – une étude mondiale des initiatives menées en matière de prévention des catastrophes, www.unisdr.org.

7 Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Rapport sur les catastrophes dans le monde 2002.

8 Banque mondiale: Rapport sur le développement dans le monde 2000-2001.

9 Benson and Clay, “Economic and Social Impacts of Natural Disasters: an assessment of their effects and options for mitigation: synthesis report”. Overseas Development Institute, Londres, 2003 (projet).

10 Ce diagramme pourrait s’appliquer à d’autres types de catastrophes.

11 Si la sécheresse touche une région et une fraction de la population qui contribuent faiblement à l’économie nationale, le retour à la normale des précipitations peut permettre un redressement rapide de la production, notamment des denrées de base dont le cycle de culture est annuel, pour autant que les paysans disposent des moyens nécessaires à la reprise de leurs activités agricoles. Lorsqu’elle affecte le bétail et des cultures dont le cycle de production s’étend sur plusieurs années, comme la canne à sucre et le café, le redressement peut être plus lent.

12 Banque mondiale, Rapport technique n° 401.

13 FAO, L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde, 2002.

14 Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde, 2000-2001.

15 Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Rapport sur les catastrophes dans le monde 2001.

16 www.unisdr.org.