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TVINGT-SEPTIÈME CONFÉRENCE RÉGIONALE DE LA FAO POUR LE PROCHE-ORIENT

Doha, Qatar, 13 - 17 mars 2004

Année Internationale du Riz 2004

TABLE DES MATIÈRES



I. INTRODUCTION

1. Le 16 décembre 2002, l'Assemblée Générale des Nations Unies a proclamé l'année 2004 Année internationale du riz pour appeler l’attention mondiale sur le rôle que peut jouer le riz dans la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté. Pour une grande partie de la population mondiale, le riz, c'est la vie. Le riz est profondément enraciné dans le patrimoine culturel des sociétés. Il est l'aliment de base de plus de la moitié de la population mondiale. Les systèmes de production rizicole et les opérations post-récolte connexes emploient près d'un milliard de personnes dans les zones rurales des pays en développement. Près des 4/5 du riz mondial sont cultivés par de petits agriculteurs dans des pays en développement à faible revenu.

2. Le riz est la source d’alimentation qui s’accroît le plus rapidement au Proche-Orient. Pourtant, la demande de riz est actuellement supérieure à la capacité annuelle de production de la région, qui doit importer du riz en quantités importantes et à un coût élevé. La mise en œuvre de l'Année internationale du riz sera l'occasion de renforcer l’action menée en faveur du développement durable des systèmes de production rizicole, aux fins de la sécurité alimentaire et de la lutte contre la pauvreté dans le monde, et plus particulièrement dans la région du Proche-Orient. Le présent document analyse l'importance du riz pour la région de l'Amérique latine et des Caraïbes et examine le potentiel de croissance durable de la production rizicole régionale ainsi que les facteurs qui y font obstacle. Il revient par ailleurs sur le contexte général dans lequel s'inscrit l'Année internationale du riz, sur les enjeux et les perspectives qui lui sont associés à l’échelle mondiale et sur le plan de mise en œuvre des activités prévues.

II. LE RIZ AU PROCHE-ORIENT


A. PRODUCTION ET CONSOMMATION DE RIZ AU PROCHE-ORIENT: SITUATION ACTUELLE

3. Au Proche-Orient, le riz se classe au troisième rang, derrière le blé et le coton, du point de vue de la superficie semée. L’Égypte, le Pakistan, l’Iran, le Maroc, l’Iraq, la Turquie, la Mauritanie et le Soudan sont les principaux pays producteurs de la région. La riziculture est une des composantes majeures de la stratégie visant à éliminer les déficits vivriers. Chaque année quelque 3,5 millions d’hectares sont semés. La production régionale s’élève au total à 12,7 millions de tonnes environ, et la productivité moyenne à 4,7 tonnes/hectare.

Exception faite de l’Égypte et du Pakistan, qui exportent respectivement 0,5 million de tonnes et 1,8 millions de tonnes d’excédents de riz chaque année, les pays de la région sont tous importateurs nets de riz. On estime que près de la moitié du riz consommé chaque année au Proche-Orient est importée. En 2001, le volume total des exportations de riz usiné produit au Proche-Orient n’était que de 0,93 million de tonnes, alors que les importations représentaient environ 4,5 millions de tonnes (FAOSTAT, 2003).

4. Les zones agro-écologiques de la région sont entièrement irriguées, et présentent de ce fait toutes les caractéristiques requises pour assurer de très hauts rendements. Pourtant, les rendements rizicoles varient considérablement d’un pays à l’autre. À titre d’exemple, le rendement national moyen est de 9,4 tonnes /hectare en Égypte, alors qu’il atteint à peine 1,30 tonnes/hectares au Soudan. Ces écarts de rendement tiennent pour l’essentiel aux conditions socio-économiques, à la gestion des cultures, à l’accès aux connaissances et aux technologies agricoles et, dans une moindre mesure, à des facteurs biophysiques (climat, durée de la période de croissance, sols, ressources en eau, pressions dues aux ennemis des cultures, etc.). L’introduction limitée de variétés productives et de techniques améliorées de gestion des cultures, qui s’explique par la faiblesse des structures de recherche et de vulgarisation de la région, est apparemment à l’origine des faibles rendements relevés dans nombre des pays producteurs du Proche-Orient.

B. OBSTACLES À LA PRODUCTION RIZICOLE DURABLE AU PROCHE-ORIENT

5. Divers facteurs influent sur la production rizicole et les écarts de rendement observés dans certains pays de la région. On peut notamment citer les éléments suivants:

C. POTENTIEL DE CROISSANCE DE LA PRODUCTION RIZICOLE DANS LA RÉGION DU PROCHE-ORIENT

6. En dépit des difficultés précitées, la productivité rizicole pourrait s’accroître au Proche-Orient grâce notamment aux activités suivantes:

i. Utilisation de variétés de riz améliorées

De nouvelles variétés de riz à haut rendement, dont le potentiel peut atteindre 10 tonnes/hectares, ont été récemment distribuées aux producteurs de la région.

ii. Mise au point de riz hybrides

Le riz hybride est désormais cultivé en Égypte et au Pakistan. La Turquie et le Maroc pourraient aux aussi l’adopter.

iii. Gestion intégrée des éléments nutritifs

Le manque d’azote est le facteur qui limite le plus fréquemment la production rizicole dans les sols sableux. Il convient de réglementer les périodes d’épandage d’azote en fonction des besoins des variétés cultivées, de manière à accroître l’absorption de l’azote par les plants de riz. Nombre de riziculteurs n’en utilisent que de très faibles quantités, en raison principalement des difficultés qu’ils rencontrent pour s’en procurer, de l’efficacité limitée des épandages d’azote et des risques qu’ils comportent. Outre les engrais chimiques, l’utilisation dans les rizières de la région d’engrais organiques ouvre des perspectives intéressantes.

iv. Eau et irrigation

Compte tenu de la pénurie d’eau dont souffre la région, les principales difficultés liées à la riziculture tiennent à l’installation de réservoirs d’eau à usage agricole et à la sélection de variétés tolérantes à la sécheresse, au nivellement et au sous-solage, qui sont autant de conditions indispensables à l’établissement de calendriers d’irrigation adaptés et à une utilisation plus rationnelle des ressources en eau.

v. Politiques de soutien à l’accroissement de la production

Il pourrait s’agir de politiques et d’ajustements socio-économiques adaptés, axés notamment sur la fixation des prix et l’appui institutionnel et visant à répondre aux besoins des agriculteurs.

vi. Crédit

Il convient de mettre en place des mécanismes de crédit et d’octroi de prêts en faveur des petits riziculteurs aux ressources limitées.

vii. Intrants

Les administrations nationales doivent s’assurer de la disponibilité des intrants nécessaires aux différentes opérations agricoles (semences, engrais, pesticides, machines agricoles) et veiller à ce que les agriculteurs aient accès à des services d’entretien des équipements agricoles.

viii. Semences de bonne qualité

L’utilisation de semences de bonne qualité est la principale condition de rendements élevés. Les secteurs public et privé doivent jouer un rôle de premier plan dans la mise en œuvre de programmes de production de semences de qualité issues des variétés et hybrides distribués aux producteurs. Les pouvoirs publics sont encouragés à se doter de législations adaptées, applicables à la multiplication et à la certification des semences.

ix. Réduction des pertes après récolte

L’utilisation de méthodes de manutention, de séchage, de stockage et d’usinage plus efficaces est indispensable à la réduction des pertes après récolte.

x. Transfert de technologies

Les connaissances relatives aux variétés et pratiques agricoles améliorées doivent être diffusées dans le cadre de programmes de vulgarisation et de transfert de technologies.

D. ÉLÉMENTS DE LA STRATÉGIE POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DES SYSTÈMES DE PRODUCTION RIZICOLE DANS LA RÉGION

7. De manière globale, l’accroissement durable de la production rizicole dans la région du Proche-Orient passe par l’adoption de stratégies visant à éliminer les obstacles au développement de la filière rizicole. Ces stratégies doivent porter sur les aspects suivants: formulation de politiques publiques adaptées, à l’appui de programmes axés sur l’accroissement de la production rizicole; augmentation des rendements par la mise au point et l’utilisation de riz hybrides et de systèmes de gestion intégrée des cultures rizicoles (rice check); amélioration des technologies post-récolte par le biais d’activités de recherche et de vulgarisation; mise en place d’infrastructures et accès aux intrants.

8. La mise en œuvre de l’Année internationale du riz proclamée par l’Assemblée Générale des Nations Unies contribuera à une plus large prise de conscience de l’importance du riz pour la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté dans la région du Proche-Orient, et favorisera le renforcement de l’appui et des engagements en faveur de la production rizicole durable dans la région.

III. L’ANNÉE INTERNATIONALE DU RIZ


A. HISTORIQUE

9. L’initiative de l‘Année internationale du riz a vu le jour en 1999, date à laquelle l'Institut international de recherche sur le riz, s'inquiétant, à l'instar de ses membres, des menaces grandissantes pesant sur le développement de la riziculture, a demandé à la FAO d’œuvrer en faveur de la proclamation d’une Année internationale du riz. Ces efforts ont abouti à l’adoption, lors de la trente-et-unième Conférence de la FAO, de la Résolution 2/2001, qui priait l'Assemblée Générale des Nations Unies de proclamer l’année 2004 Année internationale du riz. Le projet de résolution, présenté le 16 décembre 2002 à l’Assemblée Générale des Nations Unies par la délégation des Philippines et coparrainé par 43 pays, a été examiné lors de la cinquante-septième Session de l’Assemblée générale, qui a décidé de proclamer l’année 2004 Année internationale du riz. Jamais depuis leur création les Nations Unies n’avaient consacré une année internationale à une culture unique. La FAO a été invitée à contribuer à la mise en œuvre de l'Année internationale du riz, en collaboration avec d'autres organisations compétentes.

10. Le thème retenu pour l’Année internationale du riz - Le riz, c’est la vie - témoigne de l’importance du riz en tant que produit alimentaire de base et se fonde sur le principe que les systèmes de production rizicole contribuent de manière essentielle à la sécurité alimentaire, à la lutte contre la pauvreté et à l’amélioration des moyens d’existence des populations. Le riz est l’aliment de base de plus de la moitié de la population mondiale. Dans les seuls pays d’Asie, plus de deux milliards de personnes tirent entre 60 et 70 pour cent de leurs apports énergétiques du riz et des produits dérivés du riz. Le riz est la source d’alimentation qui s’accroît le plus rapidement en Afrique et revêt une importance majeure pour la sécurité alimentaire des populations dans un nombre grandissant de pays à faible revenu et à déficit vivrier. Les systèmes de production rizicole et les opérations post-récolte connexes emploient près d'un milliard de personnes dans les zones rurales des pays en développement. Près des 4/5 du riz mondial sont cultivés par de petits agriculteurs dans des pays en développement à faible revenu. La qualité et la productivité des systèmes de production rizicole sont donc essentielles au développement économique et à l’amélioration des conditions de vie, en particulier en milieu rural.

11. Quelque 840 millions de personnes, dont plus de 200 millions d’enfants, souffrent de malnutrition dans les pays en développement. L’amélioration de la productivité des systèmes de production rizicole contribuerait à éliminer ce fléau, qui revêt actuellement des proportions inacceptables. Cela étant, la production rizicole se heurte à de sérieuses difficultés, qui tiennent notamment à la baisse des taux de croissance des rendements, à l’appauvrissement des ressources naturelles, à la pénurie de main d’œuvre, à la parité hommes-femmes, à des contraintes d’ordre institutionnel et à la pollution de l’environnement. On ne pourra assurer le développement durable des systèmes de production rizicole et en améliorer la productivité, tout en protégeant l’environnement et en préservant les ressources naturelles, que si de nombreuses composantes de la société civile, les pouvoirs publics et les organisations intergouvernementales s’engagent collectivement en faveur de ces objectifs.

12. De nombreux pays attachent une grande importance au développement durable de la riziculture et un nombre croissant d’initiatives mondiales ont été engagées en ce sens. On peut notamment citer le volet agriculture et développement rural durables (ADRD) du programme Action 21 adopté lors du Sommet de Rio de 1992, le Sommet mondial du développement durable tenu en 2002, la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation adoptés en 1996, et la Déclaration du millénaire des Nations Unies, adoptée en 2000. Les dispositifs réglementaires intergouvernementaux qui intéressent directement le riz portent notamment sur: la qualité des aliments (CODEX); les changements climatiques; le commerce et les obstacles non tarifaires aux échanges; la biodiversité et le transport sans risque des organismes vivants modifiés; l’accès équitable aux ressources phytogénétiques et le partage équitable des avantages en découlant. Ces diverses initiatives, à l’instar de l’Année internationale du riz, se fondent sur le principe selon lequel, face à des institutions, des sociétés et des économies de plus en plus interdépendantes, il est impératif que les interventions soient coordonnées et les responsabilités partagées à tous les niveaux, depuis l’échelle locale jusqu’à l’échelle internationale, et que tous les acteurs concernés y participent, à quelque niveau que ce soit.

B. LE RIZ C’EST LA VIE: SYSTÈMES DE PRODUCTION RIZICOLE

13. L'Année internationale du riz fait du riz l’élément central d’un système au travers duquel les interactions entre l'agriculture, la sécurité alimentaire, la nutrition, l’agro-biodiversité, l’environnement, la culture, l’économie, la science, la parité hommes-femmes et l’emploi peuvent être clairement appréciées.

C. L’ANNÉE INTERNATIONALE DU RIZ: ENJEUX ET PERSPECTIVES

14. L’Année internationale du riz offre à la communauté internationale une occasion importante de s’engager dans une démarche collective visant à résoudre les problèmes de plus en plus complexes liés au développement durable de la riziculture et des systèmes de production rizicole. Cette question revêt des dimensions techniques, politiques, économiques et sociales majeures liées en particulier aux moyens à mettre en œuvre pour renforcer le rôle du riz dans la satisfaction des besoins de la population mondiale.

D. PLAN CONCEPTUEL DE MISE EN OEUVRE DE L'ANNÉE INTERNATIONALE DU RIZ

15. L'Année internationale du riz a pour but fondamental de promouvoir et d’accompagner le développement durable de la riziculture et des systèmes de production rizicole. La stratégie de mise en œuvre de l’Année internationale du riz répond à cette fin aux objectifs intermédiaires suivants:

16. Le plan de mise en œuvre de l’Année internationale du riz s’articulera autour d’un réseau structuré de partenaires mondiaux, régionaux, nationaux et locaux désignés par l’Assemblée Générale des Nations Unies. En tant qu’organisation chargée de la conduite des activités relevant de l’Année internationale du riz, la FAO a constitué une Unité de coordination et de mise en œuvre de l’Année internationale du riz qui a pour tâche de cordonner les activités à tous les niveaux d’intervention.