VINGT-SIXIÈME CONFÉRENCE RÉGIONALE DE LA FAO POUR L'ASIE ET LE PACIFIQUE

Katmandou (Népal), 13 – 17 mai 2002

DÉVOLUTION DES POUVOIRS AUX PAUVRES DES ZONES RURALES D'ASIE ET DU PACIFIQUE

Table des matières

Paragraphes

I.   INTRODUCTION                                                                                                   1 - 5

II.   SÉCURITÉ ALIMENTAIRE, LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ, CROISSANCE            6 - 16

III.  POURQUOI CENTRER L’ATTENTION SUR LA PAUVRETÉ
EN MILIEU RURAL?                                                                                             
17 - 28

IV.  DONNER AUX PAUVRES DES ZONES RURALES LES
MOYENS D’AGIR                                                                                                  
29 - 53

V.  OPPORTUNITÉS, PROBLÈMES ET DÉFIS FUTURS                                  54 - 65

VI.  CONCLUSIONS                                                                                               66 - 67


 

I.   INTRODUCTION

1.         Au cours des trois dernières décennies, les pays d’Asie et du Pacifique ont obtenu des résultats étonnants dans les domaines agricole et économique.[1]. De 1969 à 1999, la production céréalière a plus que doublé pour atteindre près de un milliard de tonnes. Bien que la population de cette région compte maintenant 1,3 milliard de personnes, l’approvisionnement alimentaire s’est accru, passant d’une moyenne d’environ 2 000 kcal par personne et par jour en 1965-1966 à plus de 2 600 kcal par personne et par jour en 1999-2000. La consommation alimentaire par personne a augmenté en Asie du Sud et en Asie de l’Est de 20 et de 43 pour cent respectivement, ce dernier chiffre étant l’un des plus élevés parmi les diverses régions et sous-régions du globe. Le taux de sous-alimentation a reculé entre 1979-1981 et 1996-1998 de 29 à 13 pour cent en Asie du Sud et en Asie du Sud-Est, et de 38 à 23 pour cent en Asie du Sud. La croissance de l’agriculture a étayé le progrès industriel et l’expansion de l’économie rurale dans de nombreux pays. Le PNB régional moyen par habitant a presque triplé pendant cette période, tandis que l’incidence de la pauvreté a baissé de 60 à moins de 30 pour cent.

2.         En dépit des avancées économiques et sociales impressionnantes des économies de l’Asie-Pacifique, la pauvreté reste encore un souci majeur dans la région. Près de trois quarts de l’ensemble de tous les pauvres des pays en développement vivent dans les sous-régions d’Asie du Sud et d’Asie du Sud-Est. Seule l’Asie de l’Est réussit à réduire, en pourcentage et en chiffres absolus, le nombre des personnes souffrant de malnutrition. Par contre, l’Asie du Sud, avec 37 pour cent de l’ensemble des personnes souffrant de malnutrition dans le monde, a connu un accroissement inquiétant de plus de 10 millions de ces personnes entre 1995-1996 et 1997-1998. Le taux de réduction de la pauvreté a également connu un ralentissement au cours des dernières années.

3.         Les indicateurs de la pauvreté se sont dégradés à la suite de la crise financière et économique qui a secoué l’Asie et a sérieusement compromis la sécurité alimentaire générale, en particulier celle des groupes vulnérables. La dévaluation de la monnaie et la hausse des prix de l’alimentation ont eu des conséquences graves pour les pauvres. Les pauvres des zones urbaines ont fortement souffert de la hausse des prix car ils devaient consacrer une grande proportion d’un revenu amoindri à leur alimentation. Dans les zones rurales, où les plus pauvres sont les principaux acheteurs des aliments de base, cette hausse a également eu des effets négatifs sur la consommation et le bien-être des ménages. On estime que, en 1999, le nombre de personnes sous-alimentées des zones rurales des pays les plus touchés par la crise a doublé par rapport à 1995-1997. Les conséquences du statut nutritionnel des pauvres sont particulièrement préoccupantes, en particulier dans le cas des femmes enceintes, des femmes allaitantes, des nouveau-nés et des enfants en bas âge.

4.         La crise économique en Asie a laissé de graves séquelles sociales même si celles-ci sont moins aiguës que ne le laissait craindre l’ampleur de la crise. L’absorption de main-d'œuvre urbaine déplacée dans des projets agricoles ainsi que les systèmes informels de sécurité sociale ont quelque peu amorti ses effets négatifs. En dépit de la lenteur du redressement social et de la reprise économique générale dans nombre de zones, cet épisode a permis de redécouvrir le rôle de l’agriculture.

5.         La production agricole générale a décliné, le taux de croissance annuel se situant à 3,2 pour cent par an en 1996-2000, contre 4,6 pour cent par an au cours des cinq années précédentes. Les conditions climatiques adverses ont contribué à ce ralentissement. La croissance de la production agricole a fluctué de 2,1 pour cent en 1998 à 3,4 pour cent en 1999 et à environ 2 pour cent en 2000. La production céréalière a fortement décliné en 2000, en raison de catastrophes naturelles dans un certain nombre de pays. La chute des cours internationaux des céréales et une baisse au niveau national de la quantité et de la qualité des semences ont entraîné une réduction drastique des superficies cultivées. Par ailleurs, les ravages du sida dans certains pays menacent de saper la capacité des pauvres des zones rurales à améliorer leur existence.

II.        SÉCURITÉ ALIMENTAIRE, LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ, CROISSANCE

6.         Lors du Sommet alimentaire mondial, qui s’est tenu à Rome en 1996, plus de 180 pays se sont engagés à prendre des mesures concertées en vue d’atteindre "la sécurité alimentaire pour tous". Certains progrès ont été enregistrés dans la lutte contre la famine, mais les pays d’Asie et du Pacifique comptent encore 64 pour cent des 780 millions de personnes ayant faim dans le monde en développement. Ils sont confrontés à un déficit des régimes alimentaires quotidiens allant de 100 à 400 kilocalories. Le rapport de la FAO sur l’insécurité alimentaire en 2001 montre, dans les années 1990, un ralentissement inquiétant de la réduction de la population souffrant de malnutrition, qui ne touche que 6 millions de personnes contre les 20 millions prévus par an. Les résultats de la lutte contre la faim sont trop lents pour que l’on puisse espérer diminuer de moitié le nombre de personnes ayant faim d’ici 2015.

7.         Les dirigeants mondiaux se réuniront à nouveau bientôt, en juin, à l’occasion du "Sommet alimentaire mondial: cinq ans après", qui a été organisé par les nations membres de la FAO quand il est devenu évident que le but essentiel du Sommet alimentaire mondial ne pouvait être atteint sans efforts supplémentaires. Compte tenu des événements survenus récemment dans le monde, de leur impact économique négatif probable et de l’aggravation de la condition de ceux qui ont faim, il est indispensable de prendre des mesures sévères et de faire des efforts supplémentaires dans la lutte contre la pauvreté et la faim.

8.         Certaines parties de l’Indochine présentent un grand potentiel en matière de développement de l’agriculture qui permettrait d’atteindre la sécurité alimentaire et de soutenir la réduction de la pauvreté. A l’heure actuelle, une petite partie seulement des terres arables sont irriguées alors que les ressources hydriques de surface et souterraines sont abondantes. Il existe dans les plaines alluviales d’excellentes possibilités de développement de systèmes d’irrigation rentables, rapides à mettre en œuvre, de petites tailles et contrôlés par les agriculteurs.

9.         Dans les circonstances actuelles, on peut établir une distinction entre la sécurité à long terme, dépendant de la croissance, et la sécurité à court terme, dépendant d’une aide ou d’une subvention. Dans le premier cas, il s’agit de la capacité des hommes de faire front à leurs besoins fondamentaux et alimentaires. La croissance économique générale contribue à la réalisation de ce but. Dans le deuxième cas, les préoccupations sociales autres que la croissance sont prises en compte, qui reflètent la peur de la société à l’égard de la famine ou de toute autre forme moins drastique de privation nutritionnelle.

10.       Cette distinction met en lumière les possibilités de compromis entre les bénéfices (et les coûts) à court terme et à long terme de l’intervention du secteur public pour accroître la sécurité alimentaire. La pénurie de ressources fiscales des pays en développement de l’Asie et du Pacifique exige que de tels compromis soient sérieusement pris en considération. Le fait de ne pas en tenir compte risque d’éroder les gains initiaux retirés des programmes d’action publique. Une dépendance excessive à l’égard des mesures d’aide risque d’entraîner des effets (comportement) d’assistance non désirés, en particulier la recherche d’activités assurant une rente, ou de retarder des investissements publics qui sont cruciaux pour la production de sources de productivité et de croissance à long terme. Une conception erronée ou déficiente des mesures de soutien ou de subvention entraîne trop souvent la déviation des avantages au profit de bénéficiaires non prévus, des opérations non durables et le gaspillage de ressources rares qui pourraient être mieux employées pour améliorer les fondements mêmes de la sécurité alimentaire à long terme.

11.       L’insécurité alimentaire dans les économies des pays en développement d’Asie et du Pacifique est essentiellement un problème de pauvreté et dérive pour une grande part du manque de nourriture dû aux faibles profits tirés des avoirs des pauvres. Ceux qui souffrent d’insécurité alimentaire sont donc principalement les pauvres des zones rurales. La sous-alimentation correspond à la pauvreté. Avec 522 millions de pauvres, soit 44 pour cent des pauvres du monde entier en 1998, l’Asie du Sud a également le plus grand nombre de personnes souffrant de malnutrition (294 millions) c’est-à-dire plus de 39 pour cent des personnes souffrant de la famine dans le monde. Le revenu national (mesuré en PNB par habitant) est plus bas dans les pays où la malnutrition est importante. Pour cette raison, il est très préoccupant que les pays dont plus de 20 pour cent de la population est sous-alimentée n’aient connu qu’une amélioration négligeable du revenu par habitant au cours de la dernière décennie.

12.       La pauvreté et l’insécurité alimentaire sont tellement imbriquées qu’elles constituent les deux faces d’une même pièce. L’insécurité alimentaire peut entraîner une pauvreté chronique par l’intermédiaire de la chaîne alimentation-santé-productivité. Les risques que comporte l’accès à une fourniture stable d’aliments font courir aux ménages vulnérables le danger de tomber dans les pièges de la pauvreté. Par ailleurs, une alimentation meilleure entraîne un accroissement du capital humain et de la productivité au travail grâce à l’amélioration de la santé et de l’éducation, qui à leur tour, améliorent le revenu des ménages. L’amélioration de la santé des femmes est bénéfique aux familles et aux communautés aujourd’hui comme la productivité et la réduction de la pauvreté le seront au cours de la prochaine génération.

13.       Tandis que la population exerce une pression sur la fourniture alimentaire, l’accès à la nourriture peut constituer un instrument permettant d’influencer la transition démographique. La baisse de la croissance de la population pendant les dernières décennies permet de bien augurer de la lutte contre la pauvreté. Une sécurité alimentaire meilleure peut accélérer la transition à des taux de fertilité inférieurs dans les pays en développement. Une baisse du rapport de dépendance ou une hausse de la population économiquement active en Asie de l’Est, par exemple, peuvent encourager la croissance de l’épargne totale, condition sine qua non d’une croissance économique durable. Celle-ci constitue à son tour une source essentielle et fiable de lutte contre la pauvreté à long terme.

14.       Il ne fait aucun doute qu’une croissance rapide et soutenue des revenus pendant une certaine période de temps peut aboutir à une réduction de la pauvreté et renforcer la sécurité alimentaire et améliorer la nutrition. En premier lieu, les revenus tirés des biens possédés et des facteurs de production ainsi que les transferts de revenus nets de sources publiques et privées accroissent directement la sécurité alimentaire à long terme des ménages. En deuxième lieu, le prix que les ménages paient pour la consommation de biens et de services n'est pas invariant de la croissance et, par conséquent, de l’accès à la nourriture et aux services de base. La croissance engendre des ressources qui servent à l’infrastructure du marché et à d’autres biens publics. Ces facilités abaissent les frais de transport et les prix à la consommation et élève donc en fin de compte le pouvoir d’achat du revenu dont disposent les ménages.

15.       Des variations importantes dans un même pays et entre des pays différents dans l’influence de la croissance sur la pauvreté peuvent être attribuées aux conditions différentes qui prévalaient avant la croissance, en particulier l’infrastructure, le capital humain, le revenu moyen et les niveaux d’inégalité. On observe que la croissance n’entraîne qu’une faible réduction de la pauvreté lorsque des politiques centrifuges favorisent l’application de méthodes à forte intensité de capital au détriment  des secteurs à forte intensité de main-d'œuvre, en particulier l’agriculture. Une grande inégalité dans l’accès à la terre et aux infrastructures a également empêché de nombreuses zones isolées et déshéritées de pouvoir profiter des poches de croissance existant ailleurs dans l’économie.

16.       Lorsque la croissance est rapide et soutenue pendant une période relativement longue, son incidence sur la pauvreté s’accroît invariablement. Il en va de même d’autres indicateurs du développement humain. Ainsi, la croissance rapide en Asie de l’Est a été associée à une réduction rapide de la pauvreté absolue et à une amélioration de la répartition des revenus. La réponse a été plus marquée que pour la moyenne de l’ensemble des pays en développement en raison d’infrastructures de qualité et de niveaux relativement faibles d’inégalité de revenus. Dans les économies nouvellement industrialisées, la lutte contre la pauvreté s’est renforcée au cours de la transformation économique lorsque l’accent a été fermement mis sur le développement du capital humain, les infrastructures, et dans une certaine mesure, la gouvernance, permettant ainsi une participation plus large de la population à la croissance. Dans d’autres cas, une inégalité croissante a été associée au développement économique, mais l’amélioration absolue de la maîtrise des biens et des services de base dans toute l’étendue de la distribution des revenus a plus que compensé l’effet négatif de l’inégalité sur les pauvres.

III.       POURQUOI CENTRER L’ATTENTION SUR LA PAUVRETÉ
EN MILIEU RURAL?

17.       Le développement de l’agriculture et des zones rurales est essentiel dans la lutte contre la pauvreté et pour la sécurité alimentaire dans les pays en développement. A cet effet, toute stratégie globale doit viser essentiellement à accélérer la production alimentaire et agricole ainsi qu’à accroître l’emploi rural non agricole. Les trois quarts des ménages ruraux du monde sont situés en Asie et dans le Pacifique. Il s’agit principalement de petits exploitants agricoles qui produisent la plus grande part de la nourriture de la région. De même, les trois quarts des pauvres et des personnes souffrant de la faim vivent dans les zones rurales et la plupart d’entre eux dépendent de l’agriculture et des industries qui lui sont liées pour leur subsistance. Ils tendent à émigrer vers les grandes villes à la recherche de revenus plus élevés et ils grossissent les rangs de ceux qui souffrent de la faim dans les zones urbaines.

18.       L’augmentation des inégalités en matière de revenus est devenue un problème sérieux au cours des dernières années. Les fortes disparités de revenus au niveau régional sont des questions sensibles en particulier lorsqu’elles reflètent des inégalités par groupes sociaux ou ethniques. L’impression que les niveaux de revenus s’écartent constamment entre les villes et les campagnes est également une question délicate. Qui plus est, les effets bénéfiques de la croissance sur la réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire peuvent être affaiblis par une répartition inéquitable des revenus. Des preuves empiriques montrent qu’il existe un lien entre inégalité et croissance. En premier lieu, une concentration inégale des richesses et des ressources conduit à l’élaboration de politiques qui protègent des intérêts sectoriels, s’opposent à la croissance du reste de la société et la rendent moins équitable et moins durable. De fortes inégalités de revenus peuvent alimenter le mécontentement social et accroître l’instabilité socio-politique, ce qui freine les investissements. Étant donné que les investissements sont le moteur de la croissance, inégalité des revenus et croissance sont donc antinomiques.

19.       Un autre raisonnement, qui n’est pas sans lien avec le premier donné ci-dessus, permet de montrer comment des marchés du crédit inadaptés peuvent freiner l’aide financière dans le temps et constituer des pièges de pauvreté pour les groupes vulnérables. Ceux-ci sont souvent forcés de mettre en gage leurs biens de production, avec le risque de les perdre quand le ménage doit faire face à des dépenses pendant les périodes d’instabilité ou de grand besoin économique. Le manque d’accès au crédit empêche les pauvres d’investir dans le capital humain et dans des technologies, dont les frais fixes sont élevés, mais qui sont cependant nécessaires à l’amélioration de la productivité. En fait, le retrait des enfants de l’école est la mesure que prennent généralement les familles pauvres en temps de crise économique.

20.       Des expériences de développement rural menées dans certaines régions donnent une idée du rôle significatif que jouent les politiques sur la forme et le schéma que peut prendre la réduction de la pauvreté en milieu rural. Ainsi, à la fin des années 60 et tout au long des années 70, l’agriculture aux Philippines avait donné des résultats tout à fait remarquables en comparaison avec d’autres pays en développement d’Asie et du Pacifique. Or, pendant cette période, les rangs des chômeurs et des sous-employés n’avaient cessé de grossir, les salaires réels étaient en baisse continue et la pauvreté restait élevée et ne tirait aucun bénéfice de la croissance agricole rapide du moment.

21.       Avant et pendant cette période de croissance, les petits agriculteurs ne recevaient que peu d’attention et de soutien du gouvernement qui était davantage tourné vers les grandes exploitations et les entreprises agricoles. Celles-ci profitaient d’une manière disproportionnée des investissements publics dans la recherche ainsi que des subventions versées pour les intrants et la production et pour les infrastructures. En outre, les dépenses publiques étaient prévues essentiellement au profit des zones urbaines. Les effets négatifs des restrictions en matière de commerce extérieur, la politique des faibles taux d’intérêt et la limitation des crédits publics ont pesé lourdement sur les petits agriculteurs. Les analyses exécutées par la suite associent ces conditions à l’incapacité de traduire la croissance agricole rapide en développement économique durable et en réduction de la pauvreté.

22.       Comment la pauvreté aurait-elle pu être réduite pendant cette période de "révolution verte" si les conditions avaient été plus favorables aux petits exploitants agricoles ? Cette question a été soigneusement examinée au moyen d’un nouveau cadre matriciel tenant compte du volet social et qui établit une corrélation entre, d’une part, la production et les dépenses et les revenus des ménages tant urbains que ruraux et, d’autre part, les rapports macro-économiques des activités sectorielles. On a pu conclure que les investissements et les subventions du gouvernement, s’ils étaient réorientés vers les petites exploitations, permettraient à celles-ci d’accroître leur productivité et leurs revenus. La réduction de la pauvreté et la croissance économique auraient été supérieures aux résultats obtenus. Il est encore plus étonnant de constater que les revenus auraient été plus élevés dans les autres ménages ruraux et urbains.

23.       Les États de l’Inde qui ont connu un accroissement substantiel de la production agricole entre la fin des années 50 et le début des années 90 ont pu réduire plus rapidement la pauvreté en milieu rural que les États où cette production était stagnante. La qualité des infrastructures initiales et des ressources humaines ainsi que le montant des dépenses que ces États réservent au développement expliquent également le succès ou l’échec relatif de la lutte contre la pauvreté dans l’ensemble de l’Inde. Une amélioration des systèmes d’irrigation, une meilleure alphabétisation des femmes et une baisse de la mortalité infantile ont contribué en particulier à relancer de façon durable la consommation et à réduire la pauvreté dans les zones rurales.

24.       L’expérience de l’Inde montre la contribution importante, d’un point de vue quantitatif, qu’apporte la croissance économique rurale à la réduction de la pauvreté au niveau national. Au cours des trois dernières décennies, la croissance au sein de l’économie rurale a été le principal facteur de réduction de la pauvreté sur l’ensemble du territoire. Le développement rural, avec l’agriculture en tête, a été avantageux pour les pauvres des zones rurales et urbaines. Par contre, la croissance des villes a entraîné des répartitions négatives des revenus dans les zones urbaines, ce qui a annulé les avantages dont pouvaient bénéficier les pauvres de ces zones. De même, la croissance urbaine n’a pas été profitable aux pauvres des zones rurales.

25.       À cet égard, le cas de la Chine, où la croissance économique se poursuit encore aujourd’hui, est instructif. La croissance de l’agriculture depuis la fin des années 70 a été le moteur principal de l’expansion économique et de la réduction rapide de la pauvreté. Les effets combinés des investissements dans le secteur de la recherche et des réformes dans les domaines agricole et institutionnel (destinées à alléger les restrictions imposées par le gouvernement sur le comportement des marchés dans le secteur rural et à permettre à ces marchés de se développer) ont entraîné un développement sans précédent de l’agriculture qui atteignait un taux de 7,7 pour cent par an entre 1978 et 1984 et 4,1 pour cent lors des années suivantes, alors que la croissance moyenne n’était que de 2,9 pour cent pendant la période précédant les réformes rurales (1952-1978). On estime que les investissements dans le domaine de la recherche et des réformes institutionnelles et, en particulier, l’introduction du système des responsabilités des ménages ont apporté une contribution décisive (plus de 5 pour cent) à la croissance de la production céréalière dans la région du sud au début de la période des réformes. Pour la Chine du Nord, cette contribution était de 3,8 pour cent pour une croissance annuelle de la production de blé de 7,6 pour cent pendant la même période.

26.       Le processus a fait bénéficier les zones rurales et ses nombreux agriculteurs de revenus plus élevés qui, faisant boule de neige, ont contribué à accroître la consommation du secteur rural et les dépenses en investissements ainsi que la création d’emplois non agricoles dans ces zones. Les effets multiplicateurs déterminés par l’offre et la demande ont entraîné la création et le développement d’entreprises tant dans les villes que dans les villages ainsi que d’autres activités de production à forte intensité de main-d'œuvre, ce qui a encore favorisé la création d’emplois non agricoles dans les zones rurales. La hausse des revenus a abouti à une plus grande consommation et à davantage d’investissements. Le cycle s’est poursuivi de la sorte, avec une réponse forte du secteur rural non agricole à la croissance de l’agriculture, soigneusement encadré par les politiques du gouvernement qui ont créé un marché continu et des réformes encourageantes, ont amélioré la fourniture des biens et des services publics et ont encouragé les parties prenantes des secteurs agricole et rural à prendre des dispositions et établir des institutions compatibles avec les mesures gouvernementales.

27.       Les expériences mentionnées ci-dessus montrent clairement que le développement rural est une stratégie efficace de réduction ou d’éradication de la pauvreté. Ainsi, recentrer l’attention sur les pauvres des zones rurales et les petits agriculteurs, qui forment l’essentiel du secteur agricole des pays d’Asie et du Pacifique, est d’une énorme importance si l’on veut attaquer le problème à sa racine et contribuer à l’expansion d’un secteur qui présente de véritables opportunités de développement.

28.       Trois décennies de croissance agricole – dont le sous-secteur de l’alimentation, en particulier les céréales, constituait une composante importante – en Asie et dans le Pacifique montrent le lien puissant existant entre la croissance et la lutte contre la pauvreté. Le fait de libérer les potentialités que possèdent la grande majorité des pauvres des zones rurales qui dépendent de l’agriculture pour leur emploi et leur revenu, peut accélérer la baisse de la pauvreté. La productivité dans le domaine de l’agriculture est encore faible en dépit des derniers progrès technologiques. L’accès aux services fondamentaux – éducation, eau potable, soins de santé et hygiène – est de loin moins facile dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Un moyen sûr de faire baisser la pauvreté d’une façon continue est de commencer par donner aux pauvres des zones rurales les moyens nécessaires pour redresser des injustices flagrantes.

IV.       DONNER AUX PAUVRES DES ZONES RURALES LES MOYENS D’AGIR

29.       La dévolution de pouvoirs consiste à mette les pauvres des zones rurales en mesure de bénéficier de la croissance et du développement économique. Ce sont les politiques et les programmes du gouvernement qui peuvent leur assurer l’accès aux ressources de production comme la terre, le crédit, l’eau, les techniques, l’information et les marchés ainsi que des possibilités d’emplois en zone urbaine et d’emplois non agricoles en zones rurales. Cette facilitation concerne la façon dont les pauvres des zones rurales, avec la main-d'œuvre comme atout principal, peuvent s’assurer une sécurité alimentaire et participer alors à leur tour avec vigueur à la lutte contre la pauvreté. On trouvera ci-après quelques éléments concernant la création d’un environnement favorable ainsi que la fourniture de biens et de services publics. Ils portent sur le processus d’organisation des pauvres des zones rurales et des petits agriculteurs ainsi que sur la mise en place d’un cadre institutionnel décentralisé qui permette à ces groupes de se faire entendre, de faire connaître leurs intérêts et leurs préoccupations et de prendre part aux décisions politiques et au processus de programmation. Le présent document est trop succinct pour que l’on puisse analyser en profondeur les expériences nombreuses et variées qui ont lieu dans le milieu socio-économique et politique, vaste et divers, de la région Asie-Pacifique et en tirer des enseignements. L’essentiel est de trouver le moyen d’aider les pauvres des zones rurales en modifiant les institutions qui sont normalement contrôlées par des non-pauvres et gérées en fonction de leurs propres intérêts.

Accès à la terre et à l’eau

30.       La distribution de la terre est un instrument essentiel des programmes de lutte contre la pauvreté. Les petites exploitations offrent un emploi stable aux pauvres, font appel à une main-d'œuvre intensive et sont hautement productives. Des droits de propriété intangibles favorisent les investissements à long terme et une utilisation durable de la terre. La distribution équitable des terres, en améliorant l’accès au crédit et en combattant la malnutrition, réduit la pauvreté et relance la productivité. A cet égard, le problème des genres et les obstacles que rencontrent les femmes en matière d’accès à la propriété, aux intrants agricoles et aux services requièrent une attention immédiate et une action rapide.

31.       En dépit de difficultés et de contraintes constantes, on estime que les programmes de réforme agraire ont apporté une aide efficace dans la redistribution directe et indirecte des terres dans la région d’Asie et du Pacifique. Lorsqu’elles sont correctement mises en œuvre, elles contribuent à une réduction rapide de la pauvreté. Les bénéficiaires obtiennent un revenu plus élevé que les ménages qui ne bénéficient pas de telles réformes.

32.       Depuis quelques années, le morcellement des propriétés est considéré, dans le nouveau modèle de marché ouvert, comme un handicap en ce qui concerne les surplus alimentaires et les exportateurs de produits agricoles. Certains proposent d’assouplir la politique en matière de limites des propriétés terriennes afin d’encourager les investissements de capitaux dans l’agriculture. Il n’existe guère d’expériences empiriques permettant d’étayer cette proposition. Par contre, les témoignages sont légion dans la région en développement Asie-Pacifique montrant que les petites exploitations contribuent davantage à la relance de la productivité que les grandes. Elles contribuent, au niveau national, pour une part plus que proportionnelle à la production de céréales, de produits d’horticulture et d’élevage. La fin de la limitation de la propriété terrienne risque de s’accompagner d’une grave récession dans le domaine social sans être compensée par une hausse de l’efficacité.

33.       Il convient d’examiner et d’insérer dans l’agenda des réformes économiques la possibilité de libérer le marché des baux, d’éliminer les contraintes en matière de rotation des terres et de restaurer les valeurs liées à la redistribution des terres, tout en prévoyant des garde-fous appropriés. La possibilité de commercialisation de la terre et les droits d’utilisation de celles-ci offrent aux pauvres des zones rurales l’accès au crédit dont ils ont grand besoin, les aident à surmonter des chocs économiques passagers et à ne pas tomber dans les pièges de la pauvreté et leur donnent la possibilité de décider comment répartir les tâches agricoles, non agricoles et urbaines au sein de la famille. Dans quelques économies en transition, la terre est considérée en effet comme un filet de sécurité pour les groupes vulnérables du fait que l’on se rend compte que les mouvements intersectoriels de travailleurs constituent un processus à long terme et que la sécurité sociale ne couvre essentiellement que le secteur structuré.

34.       Les problèmes et les questions liées aux ressources hydriques sont variés et complexes. L’accès à l’eau est inégalement réparti entre les régions, les saisons, les genres, les revenus et les groupes ethniques. Les demandes concurrentes des ménages urbains, des industries et de l’agriculture accroissent  la tension sociale. Les intérêts contradictoires dépassent parfois les frontières. Les subventions, directes ou non, faussent la manière d’utiliser l’eau, qui est généralement employée de manière peu efficiente alors que le développement de nouvelles sources d’approvisionnement est coûteux. La dégradation croissante au cours des dernières années des ressources hydriques, comme le pompage dans la nappe phréatique et la pollution, menace toujours davantage la sécurité alimentaire.

35.       Trouver la solution appropriée au problème urgent de l’eau n’est pas tâche aisée. Un travail d’analyse supplémentaire est nécessaire avant d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques spécifiques et des réformes institutionnelles destinées à promouvoir une utilisation efficace et durable de l’eau, sans compromettre la sécurité alimentaire des groupes vulnérables. Il existe des données prouvant que l’utilisation de techniques d’irrigation rentables, appliquées sur une petite échelle, gérées par le secteur privé et contrôlées par les agriculteurs, tels que les puits peu profonds et les pompes portables à faible hauteur d’élévation, constitue un instrument important et efficace favorisant la croissance de l’agriculture en faveur des pauvres. Ces techniques offrent une grande souplesse d’utilisation et facilitent la prise de décision et la réponse individuelle des agriculteurs.

36.       L’accès à l’eau facilite le développement agricole, crée des emplois et favorise la durabilité des ressources naturelle. L’irrigation améliore la qualité des terres et permet d’affiner la gestion des risques en matière de production agricole. En tant que technique permettant d’accroître les terres cultivées, l’accès à l’irrigation améliore également la qualité des maigres ressources en sol des petits agriculteurs et permet une participation plus intensive des membres de la famille aux travaux agricoles. Des études ont révélé un degré élevé de diversification dans les terres irriguées, en particulier dans les petites exploitations. Les diverses possibilités techniques existantes permettent aux petits agriculteurs d’apporter des modifications fréquentes dans leur entreprise pour accroître les revenus et l’emploi en fonction des marchés. La diversification de la production agricole et des sources de revenus constitue un mécanisme avantageux pour les pauvres des zones rurales. 

Science et techniques modernes au service des petits agriculteurs

37.       Avec une disponibilité en terres par habitant égale au sixième de la moyenne mondiale et avec une augmentation de la population équivalente aux trois cinquièmes de l’accroissement  prévu de la population mondiale, la région Asie-Pacifique est dans l’obligation d’augmenter sa production alimentaire et agricole alors que les ressources en terres, en eau et en autres moyens de production diminuent et continuent à se détériorer. La culture intensive est cependant souvent associée à la dégradation de l’environnement, comme l’érosion de la couche arable, la salinisation, la baisse de la fertilité du sol, la diminution de la nappe phréatique, la pollution de l’eau, l’eutrophisation, le dégagement de gaz à effet de serre, l’acidification de l’écosystème et l’appauvrissement de la biodiversité.

38.       La science et la technologie modernes ont un rôle essentiel à jouer en agriculture. Elles doivent être parfaitement maîtrisées afin d’obtenir une croissance qui soit favorable aux pauvres et en même temps elles doivent permettre de léguer aux générations futures un environnement intact. Les progrès scientifiques et techniques doivent donner aux pauvres la possibilité d’améliorer le rendement de leur exploitation, leur compétitivité et leurs revenus afin que leur accès à la nourriture soit assuré. La science et la technologie actuelles ne constituent pas seulement la principale source de croissance, compte tenu du fait que la disponibilité en terres ou l’accès à celles-ci deviennent difficiles, en particulier pour les pauvres des zones rurales et les petits agriculteurs, mais elles apportent également l’espoir de pouvoir intensifier l’agriculture tout en préservant l’environnement de dommages irréparables. Les progrès techniques en matière d’agriculture dans les environnements pauvres, arides ou ne disposant que de maigres ressources sont sans aucun doute essentiels pour la lutte contre la pauvreté. Il convient également d’assurer à tous, en particulier aux femmes des zones rurales, un accès équitable à des technologies viables. Sans cela, la croissance dans le domaine de l’agriculture, tout comme l’expansion de l’emploi et des revenus, risquent de se ralentir et l’état de santé et d’alimentation de la population risquent de se détériorer, empêchant la transition démographique et préparant le terrain pour un transfert malsain de la pauvreté d’une génération à l’autre.

39.       La recherche et le développement sont essentiels au développement de l’agriculture. Leur rentabilité sur le plan économique est très élevée. Des études indiquent qu’un taux de 40 pour cent est normal dans de nombreux pays et dépasse même les 70 pour cent en Chine. Ces taux sont de loin supérieurs à ceux que l’on pourrait attendre de la plupart des autres investissements publics. Or, les investissements publics en recherche et développement diminuent. Par ailleurs, il semble que les investissements privés aient augmenté comme le laisse supposer la venue nouvelle de la biotechnologie. Même dans ce cas, le secteur public ne devrait pas négliger ses investissements en recherche et développement dans le domaine agricole. Le secteur privé est axé sur l’obtention de résultats techniques tandis que le secteur public poursuit aussi des buts sociaux tels que la lutte contre la pauvreté et la sécurité alimentaire. Le secteur public doit continuer à assumer son rôle en soutenant la recherche et le développement et en orientant le développement des techniques agricoles en vue de la dévolution de pouvoirs aux pauvres des zones rurales et de la réduction de la pauvreté.

40.       La biotechnologie peut être avantageuse pour les petits agriculteurs, si les produits nécessaires comme des variétés de plantes résistant à l’attaque des insectes, des maladies et d’autres stress naturels leur soient facilement accessibles et à des prix raisonnables. Les plantes tolérantes à la sécheresse, à l’excès d’humidité ou à la toxicité du sol permettent d’accroître la productivité, de réduire les coûts, et d’éviter la pollution et les dangers pour la santé. Les organismes génétiquement modifiés sont en fait déjà largement utilisés dans les économies développées pour leur production commerciale. Le "riz doré", une variété transgénique enrichie en vitamine A, ainsi que d’autres variétés riches en protéines, en acides aminés, en minéraux et autres offrent des solutions prometteuses à la déficience nutritionnelle dont souffrent les pauvres. Parmi les autres applications de la biotechnologie en faveur de ces derniers on peut citer l’introduction de céréales fixant l’azote et l’amélioration de la durée des produits tant pendant la récolte que pendant le stockage. Il ne faut toutefois pas sous-estimer les controverses concernant les modifications génétiques: les risques inhérents à la modification génétique doivent être examinés avec objectivité en comparant les avantages et les inconvénients dus à ces technologies d’avenir.

41.       L’Article 42 de l’Accord TRIPS invite les membres de l’OMC à veiller à la protection des variétés de plantes soit par l’usage de brevets soit par la mise sur pied d’un système particulier ou par une combinaison des deux. Les gouvernements doivent donc choisir, parmi les instruments juridiques dont ils disposent, selon leur nature et leur portée, ceux qui leur permettent de faire face à leurs obligations. A cet effet, avant de prendre des mesures, ils doivent analyser les conséquences éventuelles de leurs décisions sur le développement de leur secteur agricole et, en particulier, sur les petits agriculteurs, ainsi que l’accès aux ressources génétiques dont ceux-ci auront besoin en vue d’un développement durable.

42.       Les gouvernements chercheront également le moyen de mettre en œuvre au niveau national les dispositions du Traité international sur les ressources génétiques des végétaux pour l’alimentation et l’agriculture concernant les droits des agriculteurs tels qu’ils figurent dans l’Article 9. Celui-ci stipule la protection des connaissances traditionnelles importantes, le partage équitable des bénéfices tirés de l’utilisation des ressources génétiques des plantes pour l’alimentation et l’agriculture et la participation dans la prise de décisions au niveau national portant sur la conservation et l’utilisation durable de ces ressources. Certains gouvernements de la région ont déjà pris des mesures en ce sens.

Ressources humaines et développement des capacités

43.       Le développement des ressources humaines est l’approche centrale qui doit permettre aux pauvres des zones rurales et aux agriculteurs pauvres n’ayant que peu de ressources d’appliquer des techniques agricoles récentes, qui sont de plus en plus sophistiquées et exigent de plus grandes connaissances, et de tirer profit des possibilités d’emplois en dehors du secteur agricole. L’accès à la scolarité de base et aux services de santé et d’alimentation est le corollaire de la croissance économique. L’éducation a des effets évidents sur les revenus et sur l’alimentation. Son impact est surtout visible dans la réduction de la pauvreté dans les exploitations marginales et sous-marginales de l’Inde rurale où l’adoption de nouvelles technologies, quand elles sont appliquées par des personnes mieux préparées, peut accroître fortement la productivité. Des recherches empiriques montrent que les analphabètes sont aussi les plus pauvres et les moins bien nourris.

44.       Dans la région Asie-Pacifique, l’écart reste cependant considérable entre l’accès des populations rurales et des populations urbaines à l’éducation de base et aux services de santé et de nutrition. Les taux d’analphabétisme sont élevés dans les campagnes. De bonnes politiques d’éducation doivent tendre à éliminer l’analphabétisme le plus rapidement possible car près de 50 pour cent des agriculteurs ne savent ni lire ni écrire. En outre, on compte dans certaines zones rurales près de 92 pour cent d’enfants qui travaillent et ne vont pas à l’école, la plupart provenant de petites exploitations agricoles.

45.       Des études récentes montrent que l’alphabétisation est le facteur principal  de l’adoption des techniques nouvelles et de la croissance de la productivité totale. Les succès remportés dans la lutte contre la pauvreté ont pu être obtenus en période de croissance agricole rapide et généralisée, grâce à une utilisation efficace de la main-d'œuvre et à des investissements dans le capital humain que représentent les pauvres. La priorité accordée aux capacités humaines fondamentales des petits agriculteurs a permis d’améliorer directement et à long terme leur bien-être, la répartition des revenus et leurs revenus moyens.  La distribution de ressources visant à renforcer le capital humain des pauvres des zones rurales, en particulier les femmes, accroît la rentabilité grâce aux effets positifs sur la réduction de la pauvreté qu’ont l’amélioration de la santé et de la nutrition, la baisse des taux de fertilité et la hausse de la productivité.

Institutions rurales, services d’appui et marchés

46.       L’évolution rapide de l’environnement intérieur et extérieur exige une adaptation simultanée des institutions rurales, des services d’appui et des marchés qui travaillent avec le secteur rural. Il est nécessaire de répondre avec souplesse aux changements du marché en fonction des conditions particulières et des capacités des petits agriculteurs. Les organisations d’agriculteurs et les institutions peuvent contribuer à réduire les frais de transport et de transaction.  Sans cela, le passage à l’économie de marché dans un environnement mondialisé risque de marginaliser les petits agriculteurs et de les laisser sur le bord du chemin. Une production fondée sur la connaissance, une meilleure utilisation des intrants achetés, le développement d’entreprises et de cultures de valeur élevée et une plus grande part de l’élevage et des pêcheries sur les marchés agricoles sont quelques-unes des caractéristiques qui se font jour actuellement sur la scène agricole mondiale.

47.       Le financement des petits exploitants exige une approche intégrée afin de couvrir divers besoins des entreprises et de la consommation. Il faut inverser la tendance à la baisse actuelle du crédit rural et renforcer la durabilité et les fonctions des mécanismes de crédit rural. Pour les pauvres qui ne possèdent rien, le succès des groupes d’entraide, en particulier parmi les femmes des zones rurales, et de la microfinance montre qu’il s’agit là de stratégies valables qu’il convient de soutenir en renforçant les capacités.

48.       Les nouvelles technologies de l’information et de la communication offrent de grandes opportunités en matière de recherche et de diffusion d’informations. Elles sont importantes dans les zones rurales car elles permettent de transmettre rapidement et de diffuser largement les nouvelles connaissances et les nouvelles techniques et contribuent à améliorer la productivité des exploitations agricoles. Les technologies nouvelles permettent de réduire les iniquités en matière d’informations sur les marchés, qui constituent une source d’inefficacité contraire aux intérêts des pauvres des zones rurales. Des approches et des possibilités nouvelles de diffusion des technologies peuvent redonner vigueur aux services d’information et de divulgation agricole qui manquent actuellement de force.

49.       Des mesures de protection de l’agriculture nationale ne suffisent pas à elles seules à résoudre efficacement le problème de la variabilité et de la faiblesse des revenus agricoles dans le contexte de la libéralisation des marchés mondiaux. Soutien des prix et subventions ont fait preuve de leur inefficacité et de leur coût. Par contre, le secteur public peut se concentrer sur des sphères d’activité où il jouit d’avantages comparatifs qui lui sont propres, comme la fourniture de biens et de services publics, la création d’un environnement économique porteur et la prévention de problèmes sur les marchés grâce à des mécanismes de régulation et d’instruments commerciaux efficaces et transparents. De même, l’amélioration des systèmes de commercialisation et de crédit contribuera à redresser la situation économique des pauvres des zones rurales et des petits agriculteurs qui ne disposent que de peu d’actifs et ne sont pas en mesure de soutenir les pertes causées par l’inefficacité du système.

50.       Des témoignages empiriques vont à l’encontre de l’idée encore très répandue que les petits agriculteurs dans les pays en développement ne répondent pas aux encouragements économiques. De nombreuses études montrent que ce n’est pas le manque de capacité des petits agriculteurs à s’adapter aux circonstances, mais les contraintes auxquelles ils sont soumis et l’insuffisance d’options techniques qui limitent leur réponse. Par contre, ils répondent de façon significative quand les contraintes disparaissent. Il ne faut pas sous-estimer la réaction de l’agriculture aux mesures d'encouragement, même dans les pays pauvres.

51.       Comme en témoigne les expériences réalisées en matière de développement rural dans la région Asie-Pacifique, la réponse globale de l’agriculture tend à être élevée quand les biens et les services publics sont adéquats dans les zones rurales. Pour accroître la productivité dans ces zones, il convient non seulement d’éliminer les contraintes physiques et institutionnelles mais aussi de réformer le système de mesures d'encouragement  en agriculture (et dans le reste de l’économie) en permettant aux marchés de fonctionner avec efficacité et en prenant des dispositions institutionnelles favorisant la croissance à long terme et le développement rural.

Considérations en matière de genres, pauvreté et insécurité alimentaire

52.       Les politiques et les stratégies agricoles tendent à passer sous silence le rôle fondamental que joue la division des genres dans la sécurité alimentaire. Près de 67 pour cent des enfants mal nourris du monde vivent dans la région Asie-Pacifique. Ce fléau doit être réduit pour soulager la région de son développement "nain", c’est-à-dire l’impossibilité pour les enfants de se développer pleinement, ce qui relègue leur contribution à la société et à la croissance économique à de niveaux très bas. La scène rurale dans la région se caractérise par des tendances variables de la population et un phénomène démographique de migration, de féminisation de l’agriculture et de la production rurale ainsi que par la difficulté d’accès des femmes rurales à la propriété terrienne et l’accès inégal aux systèmes de soutien permettant d’assurer productivité et bien-être. Un manque d’analyse de la situation ne permet pas de gérer les aspects importants de genre dans la transition démographique. L’absence de preuves empiriques organisées sur les effets négatifs de l’inégalité des sexes, comme le travail non rémunéré des femmes au sein de la famille en milieu rural, le travail des enfants, la mauvaise alimentation des mères et de leurs enfants, l’inégalité de l’accès au crédit, les services de santé et d’éducation, etc., contribuent à la difficulté d’influencer les politiques et les programmes agricoles et les décideurs politiques à propos de la nécessité de rendre aux femmes leurs droits dans toutes les sphères de la vie normale.

53.       La décision de rendre aux femmes leurs droits doit dépasser le stade de la rhétorique et cesser d’être un rêve inaccessible. Les lacunes en matière d’information sur cette question doivent être comblées. Il convient d’effectuer des recherches sur le rôle des femmes en milieu rural afin de fournir une base à la formulation des politiques, de briser les fers de la pauvreté et de faire participer les femmes à l’ensemble de l’économie rurale. Dans ces circonstances, il faut comprendre le rôle que joue cette question de genre dans la sécurité alimentaire et la lutte continue contre la pauvreté. On peut tirer des enseignements de la sous-région du Pacifique où l’insécurité alimentaire se traduit par des problèmes de malnutrition et d’alimentation et une incidence accrue de maladies non contagieuses. Les politiques et les programmes doivent mettre l’accent sur l’importance d’une plus grande participation des femmes et des organisations et groupements féminins par le biais d’une meilleure information sur la nutrition et les services de santé, d’une alimentation complémentaire pour les enfants et de la promotion de possibilités d’obtenir un revenu.

 

V.        OPPORTUNITÉS, PROBLÈMES ET DÉFIS FUTURS

Pression de la population, transition démographique, lutte contre la pauvreté et sécurité alimentaire

54.       Les effets combinés de la croissance de la population et de l’augmentation des revenus sur la consommation totale ne sont peut-être pas aussi alarmants que l’on croit généralement. La croissance de la demande se ralentit. Les cours des céréales sont généralement bas et devraient encore baisser au fur et à mesure que les revenus s’accroissent. On s’attend à un ralentissement de la croissance de la population en Asie-Pacifique de 1,6 pour cent, qui pourrait influencer l’évolution de la  demande en raison de l’élévation des revenus.  Il devrait être suivi de près par la transition démographique caractérisée par une baisse des ratios de dépendance ou une hausse du nombre des individus économiquement actifs par rapport à la population totale. Il s’agit là d’une occasion rare, quand la sécurité alimentaire due à la croissance, en rendant leurs pouvoirs aux pauvres des zones rurales et en intégrant les questions de genre dans l’amélioration de l’accès à l’alimentation, la nutrition, et les soins de santé,  peut relancer la lutte pour la réduction à long terme de la pauvreté. L’amélioration de la sécurité alimentaire en ce moment précis peut relier solidement la transition démographique, la croissance économique et la réduction de la pauvreté. Il s’agit là d’une opportunité qu’il ne faut pas manquer.

Industrialisation rurale  et lutte durable contre la pauvreté

55.       Dans les régions rurales très peuplées, où des rapports commencent à se tisser entre elles et les villes, comme c’est le cas dans beaucoup de pays d’Asie et du Pacifique, l’économie rurale non agricole reste très liée à l’agriculture. Une augmentation de la productivité agricole et des revenus des exploitations agricoles peut entraîner l’apparition d’une demande locale pour divers biens et services et apporter un appui à la croissance des industries en milieu rural. La croissance agricole exerce un effet direct sur la réduction de la pauvreté en milieu rural et sur l’insécurité alimentaire en accroissant les revenus tirés de l’agriculture. Mais les conséquences indirectes de la croissance agricole sur l’économie non agricole en milieu rural, grâce à l’effet multiplicateur dû au rapport entre l’offre et la demande, constitue une source encore plus importante et plus puissante de sécurité alimentaire et de réduction rapide de la pauvreté à long terme. Une répartition équitable de la croissance agricole renforce encore la demande locale pour des biens et des services non agricoles en milieu rural et accroît encore les possibilités d’emploi dans ce secteur.

56.       La sous-traitance de la production urbaine à des agents des zones rurales à des conditions de prix, de quantités et de qualité déterminées, constitue un canal important de l’industrialisation rurale dans les pays pauvres.  Les entrepreneurs cependant doivent soupeser les avantages qu’offre la main-d'œuvre rurale par rapport aux coûts élevés de la transaction découlant d’un manque généralisé de cadre juridique et de règlements précis. Les conditions actuelles de transport et de communication peuvent également limiter considérablement la diffusion de la sous-traitance, affaiblissant de la sorte les liens entre les zones urbaines et rurales et entre l’agriculture et le reste de l’économie rurale. Il est également essentiel pour les entreprises des zones rurales de disposer d’entrepreneurs locaux, car pour pouvoir concurrencer les entreprises urbaines, elles doivent avoir la capacité d’utiliser les technologies nouvelles et de s’adapter à la demande.

57.       On ne peut donc trop insister sur le besoin d’investir dans les ressources humaines et dans les infrastructures des zones rurales. Il est donc indispensable, pour obtenir une réponse constructive des secteurs ruraux non agricoles (ainsi que des zones urbaines) - et, par conséquent, pour réduire la pauvreté en milieu rural - aux stimuli provenant de la croissance agricole et de la hausse de la demande urbaine et des exportations, d’augmenter les investissements dans les infrastructures rurales pour abaisser les coûts de transaction, d’éliminer les a priori concernant les dépenses publiques au profit des petits agriculteurs, d’adopter des politiques commerciales favorables aux petites et moyennes entreprises, d’améliorer l’accès à la terre et à la technologie et d’assurer une stabilité au niveau macro-économique et politique.

Mondialisation, instabilité des prix et insécurité alimentaire

58.       Le manque d’informations concernant la réaction des marchés et des ménages au processus d’ajustement constitue un obstacle à une intervention soutenue contre la pauvreté.  Par exemple, il n’existe guère de données concernant la rapidité de réponse des salaires en zone rurale, et aussi des migrations, à l’ajustement structurel et à la libéralisation des marchés dans les pays en développement. Le manque d’informations valables concernant les ménages réduit l’efficacité des interventions contre la pauvreté. Il convient de renforcer la capacité des institutions de développer et d’entretenir un système de contrôle et d’indicateurs de la pauvreté, qui est considéré comme essentiel dans tout programme efficace de lutte contre ce fléau.  Il est absolument nécessaire de mieux comprendre la dynamique de la réduction de la pauvreté pendant l’ajustement macro-économique, la mondialisation et la libéralisation des marchés.

59.       Il importe de bien cerner les conséquences que peuvent avoir les politiques commerciales et macro-économiques sur les mesures d’encouragements appliquées dans le domaine de l’agriculture et dans les zones rurales. Les exploitants agricoles et la population rurale des pays en développement répondent dans l’ensemble aux encouragements économiques de la même façon que la population travaillant dans l’industrie et les services des secteurs urbains. Leur réponse peut être plus forte quand les réformes des prix sont complétées par des investissements dans les biens et les services publics, en particulier dans la recherche et le développement et dans les infrastructures en milieu rural. De la sorte, la croissance agricole peut être soutenue et conduire à une réduction rapide de l’ensemble de la pauvreté.

60.       Certains cercles de pensée doutent de la capacité de la croissance économique de réduire la pauvreté et de développer les capacités humaines en période d’instabilité extérieure, ce qui peut constituer un danger. Les résultats obtenus dans le passé en matière de réduction de la pauvreté, de développement du capital humain, d’accumulation de l’épargne et de la promotion des investissements sont sans comparaison avec ceux obtenus dans le passé récent et ne peuvent simplement pas être annulés même si la croissance dans des économies instables donne des résultats négatifs pendant quelques années.   Il serait peu sage d’isoler l’économie de l’extérieur et d’abandonner une stratégie de lutte contre la pauvreté fondée sur la croissance qui a fait ses preuves dans le passé.        

Écart technologique et développement rural

61.       La technologie de l’information et de la communication offre apparemment des opportunités illimitées en matière d’amélioration de la productivité et de l’efficacité nécessaires à la croissance économique et à la lutte contre la pauvreté. Ainsi, la technologie de l’information peut réduire le coût des transactions pour les pauvres des zones rurales et les petits agriculteurs. La rapidité et le faible coût de la recherche et de la diffusion d’informations peuvent révolutionner l’offre en services d’appui et ressources humaines, ce qui est favorable au développement agricole et rural. Il est généralement admis que la technologie de l’information présente des possibilités économiques immenses.

62.       Son utilisation pour la défense de la cause du développement rural nécessite cependant des conditions substantielles en termes de capital humain et d’infrastructures. Il est bon de se référer à cet égard à la documentation publiée récemment sur le thème de l’évolution et des variations de la croissance économique, de l’influence des facteurs extérieurs et des pièges menaçant les pauvres. L’expérience montre que l’application et l’adoption des technologies de l’information et de la communication peuvent se traduire par une hausse des revenus mais qu’elles exigent pour cela un minimum de capital humain qualifié et d’équipement sans lesquels la durabilité ne peut être assurée. C’est la condition sine qua non de l’accès à la technologie.

63.       Étant donné les conditions initiales qui sont le manque général de ressources humaines et d’infrastructures dans les zones rurales, il existe un réel danger que l’arrivée de la technologie de la communication et de l’information ne crée un fossé technologique entre les pauvres et les non pauvres des zones rurales. Cette situation peut toucher divers groupes de revenus, ou des régions ou l’ensemble des pays, lorsqu’il existe une grande disparité en matière de capacité de faire face aux exigences initiales en dans le domaine des ressources humaines et matérielles nécessaires pour accéder à la technologie moderne et profiter des bénéfices qu’elle offre. 

64.       Il s’ensuit que les pauvres sont contraints, par manque de ressources, de faire face à la menace d’être de plus en plus laissés pour compte avec le temps. Sans les moyens nécessaires pour sortir de l’impasse, ils sont pris au piège. Par contre, les riches peuvent facilement exploiter cette technologie de pointe et en tirer des revenus en augmentation constante, qui peuvent être réinvestis dans des équipements toujours meilleurs et plus performants. Cela signifie que les riches deviennent plus riches tandis que les pauvres restent pauvres, et que l’écart que la technologie de l’information pourrait combler ne fait que s’accroître.

65.       Il est urgent que les gouvernements accordent toute leur attention à cette question en raison de ses implications stratégiques dans le succès ou l’échec des efforts déployés dans le domaine du développement agricole et rural. L’existence d’éléments extérieurs rend nécessaire l’intervention du gouvernement afin d’assurer l’adoption équitable et sur une grande échelle de la technologie de l’information et de la communication. Les gouvernements doivent adopter des politiques et mettre à disposition les ressources financières nécessaires pour assurer une répartition et une distribution équitables des bénéfices en hausse qui peuvent dériver de la révolution de la technologie de l’information et de la communication.

VI.       CONCLUSIONS

66.       La croissance économique est essentielle pour résoudre les problèmes de pauvreté et d’insécurité alimentaire mais il ne faut pas négliger l’aspect qualitatif de cette croissance. Elle doit se faire en faveur des pauvres, être durable et générale. Ne pas tenir compte de la grande masse des pauvres du secteur agricole et rural irait à l’encontre des buts de réduction de la pauvreté et d’amélioration de la sécurité alimentaire. Les inégalités ne feront que priver la croissance économique de sa raison d’être et qu’émousser ses aspects positifs et bénéfiques. La recherche d’un modèle approprié et réalisable de développement rural  doit se centrer  sur la dévolution des pouvoirs aux pauvres des zones rurales par le biais d’instruments politiques fondés sur le marché et de la fourniture de biens publics afin de faciliter l’accès aux ressources de production. Compenser les désavantages des zones rurales et tirer profit des possibilités qu’offre le secteur agricole et rural est la voie à suivre dans la poursuite incessante des buts fixés lors du Sommet alimentaire mondial et du Développement du Millénaire qui sont de réduire de moitié la pauvreté et l’insécurité alimentaire dès 2015.

67.       L’élément commun qui revient lors des discussions sur la manière d’obtenir une réduction rapide et marquée de la pauvreté est l’importance de la dévolution des pouvoirs aux pauvres. Par exemple, l’éducation contribue à réduire la pauvreté si on peut assurer parallèlement l’amélioration de l’accès aux biens de production, de la mise en place des nouvelles technologies, des routes, des moyens de transport et des possibilités d’emploi. L’expérience enseigne que les programmes de lutte contre la pauvreté donnent de meilleurs résultats lorsqu’ils portent simultanément sur la sécurité alimentaire, l’alimentation et l’accès aux services sociaux et de santé que lorsqu’ils cherchent à les résoudre séparément. En d’autres termes, une stratégie qui fait appel à un ensemble d’éléments complémentaires de dévolution de pouvoirs sera plus favorable aux pauvres des zones rurales et fera plus pour la lutte contre la pauvreté  qu’une stratégie axée sur un seul et unique de ces éléments.



[1] Dans le présent document, le terme agriculture inclut le bétail, la pêche et l’exploitation forestière.