VINGT-SIXIÈME CONFÉRENCE
RÉGIONALE DE LA FAO POUR L’ASIE ET LE PACIFIQUE
Katmandou (Népal), 13 – 17 mai 2002
RECHERCHE AGRICOLE POUR LE
DÉVELOPPEMENT:
LIEN FAO-GCRAI
Table
des matières
Paragraphes
I. INTRODUCTION 1 - 4
II. LA RECHERCHE AGRICOLE DANS LA RÉGION
ASIE-PACIFIQUE 5 - 22
III.
ÉVOLUTION RÉCENTE 23 - 48
IV. RELATIONS ET COLLABORATION
ACTUELLE ENTRE
LA FAO ET LE CGRAI 49 - 59
V.
BESOINS FUTURS CONCERNANT LES RELATIONS ET LES ACTIONS CONJOINTES FAO-GCRAI 60 - 70
VI. CONCLUSIONS 71 - 74
1. La Déclaration de Rome sur
la sécurité alimentaire dans le monde (1996) formulait de vives inquiétudes
quant à la persistance de la faim et de la menace qu’elle fait planer sur les
sociétés et la stabilité de la communauté internationale. Elle appelait les
gouvernements à coopérer activement les uns avec les autres comme avec les
institutions spécialisées des Nations unies, les institutions de financement,
les organisations gouvernementales et non gouvernementales dans le cadre de
programmes en faveur de la sécurité alimentaire pour tous. Lors de ce Sommet,
il a été jugé nécessaire d’adopter des politiques conçues dans le but de
promouvoir l’investissement dans la mise en valeur des ressources humaines, les
efforts de recherche et de vulgarisation fondés sur des démarches
participatives et la création d’infrastructures favorisant l’avènement de la
sécurité alimentaire.
2. Avec à l’arrière plan
l’intensification des liens entre institutions, sociétés et pays, le Plan
d'action du Sommet mondial de l'alimentation rappelle que la coopération
régionale et internationale, la coordination des efforts et le partage des
responsabilités sont essentiels pour la recherche de solutions aux problèmes
posés par la sécurité alimentaire. Reconnaissant qu’il faudra une augmentation
majeure de la production alimentaire mondiale pour renforcer la sécurité
alimentaire et résorber les disparités interrégionales, le Sommet a proposé des
mesures décisives visant à consolider la coopération scientifique dans les
domaines de l’agriculture, des pêches et des forêts et à élargir le champ des
recherches. Il a proposé des actions multidimensionnelles et
pluridisciplinaires à mener au titre des politiques de soutien aux efforts
locaux, nationaux, régionaux et internationaux visant à accroître le potentiel
de production et à préserver les ressources naturelles: autant de mesures qui
ont pour finalité l’élimination de la malnutrition et de la pauvreté.
3. On comprend mieux dès lors
que le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI) –
qui regroupe 16 centres internationaux de recherche agronomique (CIRA)
indépendants – soit le principal et le plus efficace des producteurs mondiaux
de biens collectifs issus de la recherche agricole et touchant aux questions de
sécurité alimentaire, de pauvreté et de pérennité du développement. Le GCRAI a
été créé en 1971 avec le coparrainage de l’Organisation des Nations unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Programme des Nations unies pour le
développement (PNUD) et de la Banque mondiale. En 2001, le Fonds international
de développement agricole (FIDA) en est devenu le quatrième parrain. Les
questions traitées par le GCRAI sont au cœur même du mandat de la FAO. Il est
donc naturel de nouer et de préserver des liens fonctionnels entre les deux
organisations.
4. Ce document fait le point
de la situation actuelle de la coopération et de la recherche agricole dans la
région Asie-Pacifique et examine le lien FAO-GCRAI dans le contexte des
recherches agricoles et des progrès technologiques axés sur la sécurité
alimentaire et la lutte contre la pauvreté. À la dernière section sont exposées
les lacunes et les difficultés rencontrées et diverses formules et solutions
sont proposées, tant pour stimuler les liens existants que pour engager de
nouveaux efforts en coopération.
Le passé et la situation actuelle
5. Vers le milieu des années
60, une révolution verte s’engagea dans la région sous l’impulsion conjuguée
d’une volonté et d’un soutien politiques et des synergies dictées par les
sciences et les technologies entre l’amélioration des potentiels génétiques
(semences améliorées), les techniques d’irrigation et les engrais. Cette
révolution eut pour effet de doubler la production céréalière, de diviser de
moitié le prix réel des principales céréales vivrières, d’accroître d’environ
30 pour cent la consommation alimentaire par habitant, de favoriser une
augmentation de plus de 50 pour cent du PIB par habitant et de réduire de
moitié la proportion des victimes de la faim et de la pauvreté.
6. La région Asie-Pacifique
n’en abrite pas moins quelque 500 millions de gens sous-alimentés – dont 160
millions d’enfants et 800 millions de démunis – à savoir les deux -tiers des
victimes de la faim et de la pauvreté de la planète. Pour les ménages, la
sécurité alimentaire et l’accès aux vivres demeurent un souci majeur, au même
titre que l’accès à l’éducation et aux soins de santé primaires. Si l’on
persiste sur cette voie, il y a fort à parier que l’on n’atteindra pas l’objectif
fixé par le Sommet mondial de l’alimentation et celui du millénaire, à savoir
une réduction de moitié des victimes de la faim et de la pauvreté d’ici
2015.
7. Les tragiques événements
survenus le 11 septembre aux États-Unis et leur onde de choc sont venus
exacerber le ralentissement économique déjà enregistré dans le monde et dont
l’impact s’est durement répercuté sur la reprise des pays asiatiques affaiblis
par la crise économique des années 1997-98. Selon de récentes prévisions de la
Banque mondiale et du FMI, ces effets pernicieux continueront à se faire sentir
et se traduiront par un repli de la croissance économique dans les pays
pauvres, ce qui précipitera dans la pauvreté environ 10 millions de gens de plus
dont la plupart vivent en Asie et dans le Pacifique. De surcroît, comme la
situation en Afghanistan et au Timor oriental l’a démontré, les moyens de
subsistance et les infrastructures de recherche et de technologie sont
promptement saccagés lors des troubles civils.
Les problèmes
8. L’intensification de la
révolution verte a provoqué une détérioration des terres, des ressources en
eaux, de la diversité biologique et d’autres aspects écologiques. En
conséquence, on exige et on attend désormais de la révolution verte qu’elle se
pérennise en concevant et en diffusant des écotechnologies qui soient à la fois
respectueuses du milieu et des moyens de subsistance. Par ailleurs, de vastes zones, de culture pluviale
notamment, sont restées à la traîne de la révolution verte et de ses
technologies; la faim, la pauvreté, l’instabilité de la production et la
fragilité des ressources s’y trouvent concentrées. Dans la région
Asie-Pacifique qui abrite les trois-quarts des agriculteurs de la planète, la
disponibilité d’eau et de terres par habitant (déjà moins d’un cinquième de
celle du reste du monde) est inférieure à celle de toutes les autres régions et
ne cesse de se dégrader.
9. En dépit de fortes augmentations
pendant la révolution verte, les rendements moyens pour la plupart des produits
de base restent médiocres dans la majorité des pays en développement où l’on
constate des écarts importants de rendement. En outre, les taux de croissance
de la productivité totale des facteurs pour les principaux produits de base
sont en perte de vitesse et pourraient même avoir chuté dans certains systèmes
d’exploitation. La quête d’une éternelle révolution verte ouvre donc la voie à
une multitude d’interventions visant à améliorer la productivité d’ensemble et
à optimiser l’utilisation des intrants.
10. Les investissements dans
l’agriculture, la recherche et les technologies agricoles sont faibles et en
baisse lors même qu’ils ont réalisé dans la région un très fort taux de
rendement, atteignant même les 48 pour cent entre 1958 et 1998. Entre 1988 et
1998, on a cependant enregistré un recul sensible de l’aide internationale dans
tous les secteurs agricoles des pays en développement. En Asie du Sud notamment, cette diminution de l’aide
internationale a été encore aggravée par un taux très bas (inférieur à celui de
l’Afrique sub-saharienne) et en chute constante des dépenses publiques par
agriculteur. Partant, l’indicateur de rendement technologique de
la plupart des pays en développement de la région Asie-Pacifique est bas, ou à
la rigueur modeste. L’écart entre pays nantis et pays en développement reste
donc vaste, tant au plan des chiffres que de la situation technologique.
11. Dans
le même ordre d’idées, les investissements internationaux en faveur de la lutte
contre la pauvreté dans la région sont préoccupants à plusieurs égards. Ainsi,
selon un document de politique générale du gouvernement britannique sur l’élimination de la pauvreté dans le monde (2001), les flux
d’aide au développement par personne correspondaient en 1998 à 950 dollars E.U.
pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, à 30 dollars E.U. pour l’Asie de
l’Est et à seulement 10 dollars E.U. pour l’Asie du Sud.
Les enjeux
12. Malgré le ralentissement
constaté ces dernières années, la population d’Asie du Sud et d’Asie de l’Est
aura augmenté de près d’un milliard d’ici 2030 pour se situer dans les 4,2
milliards (elle représentera alors 52 pour cent de la population mondiale).
Conjugée à la hausse des revenus, cette poussée exigera une augmentation de 80
pour cent de la production agricole totale, dont un apport supplémentaire de
380 millions de tonnes de céréales (soit un accroissement de 53 pour cent).
Étant donné le potentiel d’expansion quasi-nul des surfaces cultivées, 83 pour
cent de cette hausse de la production céréalière devra provenir d’une hausse
des rendements, et 12 pour cent d’une amélioration du taux d’exploitation.
Cette intensification représente une tonne supplémentaire de céréales à
l’hectare, soit une performance analogue à celle enregistrée à l’époque de la
révolution verte. Cette fois-ci cependant, il faudra faire aussi bien avec moins
de ressources en terres et en eau. Les pertes en amont comme en aval des
récoltes devront également être diminuées dans la région où elles sont de
l’ordre de 15 à 30 pour cent, pour
l’essentiel dans l’élevage, la pêche, la production de fruits, de légumes et
d’autres denrées périssables.
13. La hausse des revenus et
l’urbanisation croissante (d’ici 2030, 53 pour cent de la population d’Asie et
du Pacifique vivra en zone urbaine, contre 34 pour cent aujourd'hui) ont enflé
la demande en viande, lait, produits laitiers, œufs, huile végétale, fruits,
légumes, aliments transformés et autres produits à forte valeur ajoutée. Pour
satisfaire cette demande, la région a intensifié sa production animale et
aquacole et ces secteurs connaissent un essor considérable dont le coût
écologique est toutefois très élevé dans certains cas. Les taux de croissance
robustes escomptés pour la période 2002-2015 (3 à 4 pour cent) dans la
production fruitière, maraîchère et animale seraient plus de deux fois
supérieurs à ceux des céréales. L’agriculture périurbaine se développera. La
demande de fourrage et de céréales fourragères s’accélèrera, notamment en Asie
de l’Est où 45 pour cent de la production céréalière totale (principalement le
maïs) sera destinée à l’élevage. La demande de céréales vivrières et
fourragères excèdera la production, ce qui engendrera une escalade des
importations nettes de ces produits, surtout en Asie de l’Est.
14. La mondialisation se
caractérise par des liens économique complexes, une libéralisation croissante
des échanges agricoles et une accélération du rythme d’intégration. Elle a été
porteuse de multiples avantages pour nombre de pays, régions, groupes et
individus mais elle a cependant aggravé l’exclusion sociale et la
marginalisation de certains pauvres (les ruraux particulièrement) et les moyens
de subsistance en zones rurales s’en sont ressentis. Dans les secteurs
agricoles et ruraux, les agriculteurs les mieux lotis auront probablement
trouvé leur compte dans la libéralisation des échanges tandis que les petits
exploitants en auront pâti. Les possibilités offertes par la libéralisation et
la mondialisation vont de pair avec des risques nouveaux.
15. Pour s’assurer que les
objectifs d’atténuation de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire seront
atteints en 2015, les ruraux pauvres et les petits exploitants devront devenir
l’objet d’une attention prioritaire. C’est dans la région Asie-Pacifique que ce
combat contre l’indigence et la misère sera le plus intense et le plus
important stratégiquement. Dès lors, il va de soi qu’il dictera l’ordre du jour
et les priorités de la FAO dans la région.
Les grands axes de la recherche agricole
16. Le développement des
sciences et des technologies doit être concentré sur six aspects
interdépendants de l’agriculture pour réaliser la productivité et la pérennité
requises et rompre le cercle vicieux de la faim, de la pauvreté et de la
dégradation environnementale.
17. Protection des hausses de
rendement, réduction des écarts de rendement, amélioration des rendements et de
la productivité, et notamment amélioration de la qualité, création de valeur
ajoutée et prévention des pertes après récolte: Ces cibles s’entendent dans les
limites imposées tant par les difficultés que par les possibilités
technologiques, sociales, économiques, biologiques, culturelles et
environnementales (sols, eau et autres intrants). Il faut impérativement
stimuler la compétitivité et s’employer à maintenir les taux de croissance de
la productivité totale des facteurs. Les principaux systèmes d’exploitation
d’Asie du Sud sont les systèmes riz/blé, les systèmes mixtes de culture
pluviale, la riziculture et les systèmes mixtes d’altitude; en Asie de l’Est,
on trouve principalement le riz aquatique, des systèmes mixtes de cultures
intensives associées au riz de montagne, des systèmes agricoles mixtes de
climat tempéré et des systèmes arboricoles mixtes. Du point de vue de la lutte
contre la pauvreté, les systèmes riz-blé d’Asie du Sud et les systèmes
arboricoles mixtes d’Asie de l’Est sont ceux qui présentent le meilleur
potentiel. L’élevage et l’horticulture en font partie intégrante. Dans l’un et
l’autre cas, il convient de préciser les écarts et le potentiel des rendements
pour élaborer un train de mesures adapté aux situations.
18. Biotechnologies: Tirer le plein profit de la révolution génétique: Les
applications de la biotechnologie sont déjà à l’œuvre; elles sont
susceptibles de relever le niveau des rendements, d’optimiser l’efficacité des
intrants, de réduire les risques, d’accroître la résistance et la tolérance aux
stress biotiques et abiotiques, de limiter le recours aux pesticides,
d’abaisser les coûts de production et les prix des denrées alimentaires et
d’améliorer la nutrition, sans compter qu’elles peuvent aussi servir les
intérêt des pauvres. Il demeure que les biotechnologies sont porteuses de
risques réels et apparents concernant l’innocuité des denrées alimentaires,
l’environnement, la situation socio-économique et l’éthique et qu’elles doivent
donc faire l’objet d’une évaluation scientifique transparente permettant de gérer
et de minimiser ces risques.
19. Mettre à profit la révolution des technologies de l’information et de la communication
et promouvoir un développement fondé sur l’état des connaissances: il faut
exploiter le potentiel offert par la mise en réseau et le partage des
connaissances pour permettre aux gens (notamment les pêcheurs et les
agriculteurs) d’élargir leur choix de vie grâce aux technologies. Les
connaissances doivent se substituer aux apports financiers et favoriser
l’efficacité et la compétitivité, conditions majeures et pressantes de survie
dans le monde libéralisé d’aujourd'hui.
20. Gestion des ressources
naturelles – terres, eau et diversité biologique: Il convient de tirer le
plein profit des sciences et des technologies pour recenser les ressources
naturelles et autres, adapter les objectifs de production à leur potentiel et
veiller à leur conservation et à leur utilisation durable, efficace et
équitable dans le cadre de démarches intégrées et fondées sur la participation.
Elles doivent fournir les orientations et les outils nécessaires à la mise en
oeuvre des traités internationaux sur les terres, l’eau et la diversité
biologique – comme le Plan d’action mondial adopté par la FAO au titre du
Traité international sur les ressources génétiques pour l’alimentation et
l’agriculture.
21. Prise en compte des inquiétudes liées à l’environnement et aux changements
climatiques et atténuation des répercussions néfastes des catastrophes naturelles: Les
systèmes d’aide à la décision doivent conduire à la formulation de réponses
technologiques globales – telles que la gestion intégrée des ravageurs, des
éléments fertilisants des plantes, des terres et des eaux – et favoriser leur
application généralisée fondée sur des démarches participatives comme les
écoles pratiques d’agriculture. Le suivi environnemental et les solutions
technologiques doivent être adaptés aux forces à l’œuvre, aux pressions exercées
et aux interventions requises. L’atténuation des effets négatifs des
changements climatiques et des catastrophes naturelles exige en outre une
intensification des recherches pluridisciplinaires. Enfin, une bonne
préparation repose nécessairement sur l’utilisation des systèmes d’information
géographique, sur de solides capacités de prévisions météorologiques et sur
l’accès aux données et aux prévisions climatiques mondiales et régionales.
22. Favoriser la recherche
agricole et les transferts de technologies au profit des pauvres: Une récente étude du
GCRAI intitulée « Recherche agricole et lutte contre la pauvreté »
affirme que la recherche doit explicitement cibler les besoins des pauvres et
recense six domaines prioritaires d’intervention: i) augmentation de la
production de produits alimentaires de base dans les pays où l’effet des prix
des denrées alimentaires se fait encore durement sentir et/ou qui détiennent un
avantage comparatif dans telle ou telle culture; ii) promotion des
écotechnologies et intensification de la productivité agricole dans les régions
défavorisées, et notamment dans les zones surpeuplées à faible potentiel; iii)
aide à la diversification pour toutes les catégories de petits exploitants en
vue du passage à des produits de forte valeur – notamment d’élevage et
d’aquaculture – ou porteurs d’une valeur ajoutée locale, surtout dans les pays
disposant de marchés intérieurs où ces produits sont en croissance rapide et/ou
de marchés d’exportation adaptés; iv) amélioration de l’accès aux terres, à
l’eau et aux autres moyens de production et de distribution et multiplication
des possibilités d’emploi et de génération de revenus pour les travailleurs
sans terre ou apparentés des régions en excédent de main-d'oeuvre; v)
élaboration d’aliments plus sains et plus nutritifs permettant d’améliorer la
nutrition des pauvres; et vi) réalisation de travaux de recherche destinés à
augmenter les possibilités économiques des pauvres. Il sera également
indispensable d’assurer la liaison entre les marchés et les communautés
rurales, de renforcer les liens entre les exploitations et les entreprises
agroalimentaires, de promouvoir les petites et moyennes entreprises et de
consolider les coopératives agricoles de base. Ces orientations essentielles
devront être intégrées aux stratégies nationales de recherche agricole en
compromettant le moins possible la croissance et le développement agricoles des
pays.
Faits nouveaux concernant la FAO
23. En 1999-2001, la FAO a
défini et publié son Cadre stratégique mondial pour la période 2000-2015-2030,
appuyé du Plan à moyen terme pour 2002-2007. Les bureaux régionaux de la FAO –
dont celui de la région Asie-Pacifique qui regroupe 39 pays – ont défini et
affiné leurs stratégies et plans spécifiques sur cette base. Saisissons cette
occasion pour rappeler que le Bureau de la FAO à Bangkok est bien le Bureau
régional et pas seulement l’un des bureaux de la région.
24. Deux aspects des
stratégies fondamentales de la FAO sont particulièrement pertinents pour le
lien FAO-GCRAI : répondre aux besoins des pays membres et aux questions
interorganisations. S’agissant des besoins des pays membres, la FAO s’emploie
principalement à éradiquer l’insécurité alimentaire et la pauvreté en zones
rurales, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud; à favoriser,
élaborer et renforcer les cadres politiques et réglementaires; à accroître
durablement les approvisionnements de denrées alimentaires et d’autres produits
agricoles; à préserver, utiliser rationnellement et améliorer les ressources
naturelles et à fournir des informations et des évaluations susceptibles de
faciliter la prise de décisions. [Aux fins de la FAO et du GCRAI, le terme
« agriculture » englobe les cultures, l’élevage, la pêche,
l’exploitation forestière et leurs produits.] Les questions interorganisations
dont traite la FAO sont elles aussi totalement pertinentes pour le lien
FAO-GCRAI dans la mesure où elles intéressent les partenariats et les
alliances, la quête d’excellence et une pluridisciplinarité optimale.
25. Les stratégies de base de
l’Organisation sont mises en œuvre dans le cadre du Plan à moyen terme.
Celui-ci est fondé sur seize domaines prioritaires pour une action
interdisciplinaire grâce
auxquels la FAO et ses partenaires
veillent à affecter les ressources humaines et matérielles appropriés aux
grandes questions et problèmes agricoles auxquels sont confrontés les pays
membres et les victimes de la faim et de la pauvreté dans ces pays. Plusieurs
de ces seize domaines figurent également aux programmes de travail de divers
centres internationaux de recherche agronomique (CIRA). Les domaines suivants sont
particulièrement importants pour les liens entre la FAO et les CIRA: systèmes
d’exploitation intégrés; gestion intégrée des écosystèmes; gestion de
l’agriculture et de la diversité biologique; outils d’aide à la décision;
qualité de l’information; applications des biotechnologies; sécurité
biologique; agriculture biologique; changements climatiques et renforcement des
institutions pour la recherche de moyens de subsistance durables.
26. Le Plan à moyen terme
comporte donc de grands programmes spécialisés dans les domaines suivants :
production agricole et systèmes de soutien (ressources naturelles et ressources
génétiques, cultures et élevage); politiques et développement (et notamment
sécurité alimentaire et nutrition, suivi et information, et politiques
commerciales); pêches – ressources, utilisation et politiques; forêts –
ressources, politiques et produits; développement rural durable – sécurité
alimentaire, transferts de technologies et parité hommes-femmes; assistance
juridique et assistance aux politiques.
27. Les programmes spécialisés
comme les programmes interdisciplinaires sont exécutés dans le cadre des
programmes de terrain de la FAO. Ces derniers ont à leur actif une histoire
longue et jalonnée de succès justifiant l’importance qui leur est à nouveau
accordée par l’actuel Plan à moyen terme. Au nombre des faits nouveaux
importants pour la collaboration entre le GCRAI et les CIRA – et sur la prise
en compte des victimes de la faim – on signalera le renforcement du Programme
spécial pour la sécurité alimentaire(PSSA) lancé au milieu des années 90 et
animé par la FAO.
28. Le PSSA a pour objet
d’aider les pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) à améliorer leur
sécurité alimentaire par les moyens suivants : augmentation de la production,
réduction de la variabilité de la production d’une année sur l’autre,
amélioration de l’accès aux denrées alimentaires, relèvement des revenus agricoles,
emploi rural, équité sociale et respect de la parité hommes-femmes, dans le
respect permanent des équilibres économiques et écologiques. Le PSSA comporte
quatre volets: identification des obstacles à l’amélioration des revenus et de
la production; diversification des exploitations agricoles; intensification des
systèmes de production; et renforcement des systèmes de gestion de l’eau.
L’appui apporté au PSSA par les seize domaines prioritaires pour une action
interdisciplinaire ouvre nombre de possibilités nouvelles pour la collaboration
FAO-GCRAI.
29. Confirmant l’importance
qu’attache la FAO à ses programmes de terrain, le programme de terrain pour la
région Asie-Pacifique ne comporte pas moins de 200 projets d’assistance
technique répartis sur 28 pays. Ils représentent à eux tous un volume annuel de
dépenses de 40 millions de dollars E.U., couvertes par le PNUD à hauteur
de 12 millions de dollars E.U., par les bailleurs d’aide bilatérale et
unilatérale dans une proportion de 20 millions et par le Programme de
coopération technique de la FAO pour les 6 à 8 millions restants.
Faits
nouveaux concernant la GCRAI
30. Le GCRAI demeure dynamique
et prompt à agir. Conscient des nouveaux défis qu’apportait le vingt-et-unième
siècle, il s’est doté en 2000 de nouvelles stratégies et d’une structure de
gestion remaniée reposant sur quelques grands axes d’intervention: i) renforcer
et améliorer la pertinence et l’impact du système; ii) intensifier son
rendement interne; et iii) stabiliser ses financements à long terme. Son action
se définit en fonction des principes suivants:
Vision : La sécurité alimentaire pour l’humanité toute entière.
But : Réduire la
pauvreté, la faim et la malnutrition en favorisant une augmentation durable de
la productivité des ressources agricoles, forestières et halieutiques.
Mission : Réaliser une sécurité alimentaire durable et réduire la pauvreté
dans les pays en développement au moyen de travaux de recherche scientifique
dans les domaines de l’agriculture, des forêts, des pêches, de l’environnement
et des politiques en la matière.
31. La nouvelle vision adoptée
par le GCRAI propose sept modes d’intervention: 1) mettre l’accent sur les
activités susceptibles de diminuer la pauvreté, la faim et la malnutrition dans
les pays en développement; (2) axer la recherche scientifique moderne sur les
problèmes jusqu’ici insolubles concernant la productivité et les institutions;
3) accorder la priorité absolue aux besoins de recherche de l’Asie du Sud et de
l’Afrique subsaharienne où la pauvreté est concentrée et ne cesse de croître;
4) planifier les recherches à l’échelle régionale afin de tenir compte des
multiples visages de la pauvreté; 5) diversifier et intégrer les partenariats;
6) lorsqu’il y a lieu, avoir recours à des équipes d’intervention pour diffuser
les produits et les services du GCRAI; et 7) faire office de catalyseur,
d’organisateur, de coordonnateur et d’intégrateur des efforts conduits dans le
monde pour favoriser les ouvertures et lever les obstacles au développement
agricole, forestier et halieutique.
32. Il est intéressant et
encourageant de noter que le troisième mode d’intervention préconisé par le
GCRAI, tout comme les stratégies et programmes de la FAO, accorde la priorité
absolue à l’Asie du Sud et à l’Afrique subsaharienne. Domaine privilégié
d’intervention du GCRAI, la recherche agricole est un secteur dont les
intervenants sont appelés à travailler avec une très large gamme de partenaires
pour assurer que l’agriculture durable réalise son plein potentiel en tant
qu’instrument du développement.
33. Le GCRAI du nouveau siècle
repose sur quatre piliers:
·
Un Conseil exécutif chargé d’exécuter les responsabilités que lui
confie le Groupe et de lui faire rapport;
·
Une approche par programmes du financement et de la planification de la recherche, qui vient
compléter les démarches existantes; formulation et mise en oeuvre de Programmes
Défi;
·
Transformation du Comité consultatif technique (CCT) en un Conseil
scientifique;
·
Création d’un Bureau système.
34. Les programmes Défi – qui
visent à traduire les « travaux de qualité en cours » – permettront
de mettre l’accent sur les thèmes prioritaires aux plans mondial et régional et d’élargir les partenariats du GCRAI. Les
lignes directrices des programmes Défi ont été définies suite à des
consultations approfondies avec les intervenants du secteur; elles préconisent
dix propositions pilotes en cours d’élaboration, à savoir: Agriculture et lutte
contre la désertification; pathologies animales, accès aux marchés, sécurité
alimentaire et atténuation de la pauvreté; changements climatiques;
développement de systèmes d’exploitation agricole durable en Asie centrale et
dans le Caucase; ressources génétiques mondiales: conservation, gestion et
amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, agro-biodiversité et
moyens de subsistance durables; initiative mondiale de lutte contre le
VIH/SIDA, agriculture et sécurité alimentaire; Programme mondial en faveur des
montagnes; technologies agricoles au service de l’amélioration de la santé des
pauvres : cultures transgéniques fortifiées visant à lutter contre les carences
en micronutriments; programme Défi pour l’Afrique; eau et agriculture.
35. Ces programmes Défi
constituent une réorientation stratégique majeure du fonctionnement du GCRAI
répercutée sur ses financements, ses partenariats et sa gestion. Le GCRAI ne
manquera pas de noter que les thèmes de ses programmes Défi tiennent aussi une
place importante dans le Programme de travail et budget de la FAO, notamment
dans les seize domaines prioritaires pour une action interdisciplinaire. La
réduction des pertes après récolte et l’apport d’une valeur ajoutée –
principalement destinés à améliorer la compétitivité des pays en développement
face à la mondialisation – devraient aussi faire l’objet d’un programme Défi.
36. Le CCT avait autrefois
souligné que les priorités et stratégies du GCRAI devraient tenir compte des
deux facteurs prépondérants que sont l’évolution des sciences et les
spécificités régionales et sous-régionales. S’agissant des nouvelles
orientations de la science, la biologie devrait se concentrer sur
l’amélioration génétique et les sciences connexes, particulièrement la biologie
moléculaire, les biotechnologies, la génomique et la protéomique; au nombre des
priorités de la physique devraient figurer la gestion intégrée des ressources
naturelles pour l’amélioration de la productivité, les SIG et les technologies
de l’information et de la communication; les sciences sociales doivent mettre
l’accent sur les études de comportement, les questions de démarginalisation,
les liens entre politiques et environnement, la législation (notamment les
droits de propriété intellectuelle), la mondialisation, la croissance
économique et les techniques d’évaluation quantitative utiles pour l’évaluation
et le suivi des effets socioéconomiques. Ces thèmes revêtent un rang égal de
priorité pour la FAO. Il est donc à la fois possible et nécessaire de maintenir
le lien FAO-GCRAI au niveau des programmes.
37. Le quatrième mode
d’intervention préconise une approche régionale de la définition des priorités,
de la planification et de l’exécution des recherches en faveur des pauvres
fondée sur la collaboration des partenaires nationaux et régionaux. La définition
des priorités pour l’Asie et le Pacifique a donc fait l’objet de consultations
régionales entre les représentants des CIRA, des systèmes nationaux de
recherche agricole (SNRA), du Forum mondial sur la recherche agronomique
(FMRA), des organisations régionales – notamment l’Association des institutions
de recherche agricole de l'Asie et du Pacifique (APAARI) – et de la FAO. Les
priorités régionales ainsi arrêtées reflèteront et influenceront nécessairement
la définition des priorités mondiales. Les intervenants sont enthousiastes à
l’égard de cette démarche régionale et ils s’attendent à juste titre à une plus
forte participation des agriculteurs, du secteur rural et des organismes
d’investissement et de développement.
38. Dans ses nouvelles
stratégies et vision, le GCRAI reconnaît que ses priorités et orientations
futures seront probablement influencées par divers aspects extérieurs et qu’il
convient donc d’en traiter dans un ou plusieurs programmes Défi. Il mentionne
particulièrement : les études sur la pauvreté, la cartographie de la pauvreté,
la gestion intégrée des ressources naturelles, la gestion de l’eau, les
capacités de recherches sociales des CIRA, la sécurité alimentaire, la sécurité
biologique et la bioéthique, les changements climatiques, les biens publics
internationaux, la génomique des stress et les technologies de l’information et
de la communication – autant de thèmes qui constituent d’ores et déjà des
priorités pour la FAO. Dans certains de
ces domaines – comme la cartographie de la pauvreté (Systèmes d'information et
de cartographie sur l'insécurité alimentaire et la vulnérabilité (SICIAV) de la
FAO, la gestion de l’eau, l’innocuité des denrées alimentaires, etc. – un
certain degré de collaboration existe déjà qui pourra être renforcé. Étant
donné la complémentarité des mandats de la FAO et du GCRAI dans ces domaines,
on doit s’attendre à la traduction de leurs efforts en actions concrètes, comme
on le suggère aux paragraphes 63 à 71.
Les associations et organisations
régionales et mondiales
L’Association des institutions de recherche agricole de
l'Asie et du Pacifique (APAARI)
39. Créée à la fin des années
80, l’APAARI est une association très dynamique qui s’emploie à resserrer les
liens entre les principaux organismes de gestion et de recherche agricole. Elle
compte dix-huit membres représentant des systèmes et instituts nationaux de
recherche agricole du Pacifique et de l’Asie de l’Ouest, du Sud, du Sud-Est et de
l’Est. Les centres internationaux de
recherche agronomique (CIRA) qui interviennent dans la région en sont membres
associés. Ce sont : l’Institut international de recherche sur le riz (IRRI),
l’Institut international de gestion de l’eau (IWMI), l’Institut international
des ressources phytogénétiques (IPGRI), l’Institut international de recherche
sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT), le Service
international pour la recherche agricole nationale (SIRAN), l’Institut
international de recherche sur l'élevage (ILRI), le Centre international de
recherches agricoles dans les régions sèches (ICARDA), le Centre international
d'amélioration du maïs et du blé (CIMMYT) et l’Institut international de
recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI). D’autres institutions
internationales actives dans la région sont également membres associés de
l’APAARI, à savoir : les Offices agricoles du CAB-International (CABI),
l’Association Asie-Pacifique pour les semences (APSA), le Centre de recherche
et de développement sur les légumes en Asie (AVRDC), l’Institut asiatique de
technologie (AIT), le Centre international de mise en valeur intégrée des
montagnes (ICIMOD) et le Centre international de recherche sur l’agriculture en
sols salins International Centre for Biosaline Agriculture (ICBA).
40. L’APAARI a pour mission de développer les
systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) d’Asie et du Pacifique en
renforçant la coopération interrégionale, interinstitutions et internationale.
Dans la vision qu’elle projette pour 2025, « la recherche agricole
pour le développement en Asie et dans le Pacifique est favorisée et facilitée
grâce aux nouveaux partenariats entre les SNRA et les organisations
apparentées, de telle manière qu’elle contribue à des augmentations durables de
la productivité des systèmes agricoles et à la qualité des ressources
naturelles à la base de l’agriculture, favorisant ainsi la sécurité alimentaire
et nutritionnelle, le bien-être économique et social des communautés et
l’intégrité de l’environnement et des services qu’il dispense. »
41. L’APAARI s’emploie à
réaliser cette vision en facilitant la contribution des SNRA au développement
agricole durable et en renforçant la coopération régionale. Ses activités sont
principalement orientées sur les échanges d’information scientifique et
technologique, la mise en valeur des ressources humaines et la promotion de
politiques appropriées. L’APAARI est le parfait intermédiaire pour tisser des
liens entre les SNRA, les CIRA, la FAO et les autres organisations nationales
et internationales compétentes.
42. Lors d’une réunion
d’experts organisée en novembre 2001, l’APAARI a défini ses priorités de
recherche et développement agricoles pour le Pacifique et l’Asie du Sud, de
l’Ouest, de l’Est et du Sud-Est. Elle s’est donnée en outre les sept priorités
régionales suivantes : i) gestion des ressources naturelles; ii) ressources
génétiques; iii) développement de la chaîne des produits de base; iv)
satisfaction des besoins en protéines; v) gestion arboricole et forestière; vi)
gestion de l’information et de la communication; et vii) développement des
capacités.
Le
Programme de soutien à la recherche forestière pour l’Asie et le Pacifique
(FORSPA) et l’Association Asie-Pacifique des institutions de recherche
forestière (APAFRI)
43. Le FORSPA est un programme
régional de la FAO conçu pour renforcer les capacités de recherche forestière
et développer les compétences techniques des communautés, des agriculteurs et
des gestionnaires de ressources forestières pour leur permettre de bien
s’adapter à l’évolution des conditions sociales, économiques et
environnementales. L’APAFRI est un organisme indépendant à but non lucratif qui
s’emploie à promouvoir la recherche forestière ainsi que la gestion et la
conservation des ressources forestières en intensifiant la coopération entre
les institutions régionales. Le FORSPA et l’APAFRI collaborent tous deux avec
le Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR), le Conseil
international pour la recherche en agroforesterie (CIRAF) et l’Institut
international des ressources phytogénétiques (IPGRI) pour favoriser la
collaboration régionale, la création de réseaux, la formation et la
hiérarchisation des problèmes. L’APAARI et l’APAFRI travaillent en outre en
étroite collaboration avec le Centre international de mise en valeur intégrée
des montagnes (ICIMOD) et offrent tous deux un espace propice au renforcement
du lien FAO-GCRAI en vue de l’amélioration durable des ressources et des moyens
de subsistance des peuples montagnards.
Autres organisations
régionales
44. La région Asie-Pacifique
compte six autres commissions qui bénéficient de l’appui de la FAO. Ce sont la
Commission phytosanitaire pour l'Asie et le Pacifique (APPPC), la Commission
régionale de la production et de la santé animales pour l'Asie et le Pacifique
(APHCA), la Commission des statistiques agricoles pour l'Asie et le Pacifique
(APCAS) et la Commission Asie-Pacifique des pêches (APFC). La FAO apporte par
ailleurs son soutien à l’APAARI, à l’APAFRI ainsi qu’à deux autres
associations, à savoir l’Association des instituts de commercialisation des
produits alimentaires de l'Asie et du Pacifique (AFMA) et l’Association
régionale du crédit agricole pour l'Asie et le Pacifique (APRACA). Trente et un
réseaux spécialisés sont également appuyés par la FAO. Quatre traitent de
ressources naturelles et de systèmes d’exploitation, quatorze de cultures,
quatre d’élevage, quatre de développement rural et de coopératives, quatre de
questions forestières et un d’alimentation et de nutrition. Bien que la
recherche et le développement des technologies ne soient pas leur principale
orientation, ces organismes et réseaux régionaux apportent un précieux soutien
politique et institutionnel à la création, au transfert et à l’adoption
des technologies. En favorisant la constitution de partenariats, ils contribuent
efficacement au renforcement du lien FAO-GCRAI.
Le Forum mondial sur la
recherche agronomique (FMRA)
45. Fondé en 1996, le FMRA
s’attache à créer des partenariats mondiaux dans le domaine de la recherche
agricole et à les dynamiser. C’est un mécanisme unique en son genre qui permet
de forger de nouveaux liens et de consolider les relations existantes entre les
intervenants les plus divers : SNRA des pays en développement, organisations
régionales et sous-régionales, institutions de recherche de pointe, CIRA,
GCRAI, organismes du secteur privé, FAO, FIDA et autres bailleurs de la
recherche et du développement agricoles. La FAO accueille à Rome le Secrétariat
des SNRA-Comité directeur du FMRA.
46. La vision du FMRA pour
2025 est d’œuvrer de manière à orienter et à faciliter la recherche agricole
internationale en faveur de la lutte contre la pauvreté, l’amélioration de la
sécurité alimentaire et la conservation et la gestion des ressources
naturelles. Elle s’est fixé les buts suivants:
·
faciliter l’échange d’information et de connaissances;
·
aider à la création de partenariats rentables entre les
intervenants de la recherche agricole et du développement durable;
·
promouvoir l’intégration des SNRA et les rendre mieux à même
de produire et de transférer des technologies répondant aux besoins des
utilisateurs;
·
faciliter la participation de tous les intervenants à la
formulation d’un cadre universel de recherche agricole pour le développement; et
·
convaincre les décideurs politiques et les bailleurs de la
nécessité d’un engagement à long terme en faveur de la recherche agricole et
des investissements concomitants.
47. Le FMRA se concentre sur
cinq domaines hautement prioritaires: i) technologies de l’information et de la
communication; ii) forums régionaux et groupements sous-régionaux de SNRA; iii)
gestion des ressources naturelles, biotechnologies et droits de propriété
intellectuelle; iv) gestion des ressources naturelles et agroécologie; et v)
coopération internationale pour la recherche agricole concernant les produits
n’entrant pas dans le mandat du GCRAI. Il a pour principes le partenariat plein
et entier, la communauté d’intérêts et la coopération au profit de tous.
48. Les SNRA des pays en
développement et les forums régionaux et sous-régionaux constituent le
fondement du système mondial de recherche agricole que le FMRA s’emploie à
mettre en place et sur lequel sera fondé un plan d’action mondial visant à
lutter contre la faim, la pauvreté et toutes les formes d’exploitation non
équilibrée. Comme le GCRAI, ses visées complètent celles de la FAO et, comme
l’APAARI et l’APAFRI, il constitue un relais précieux entre la FAO et le GCRAI.
49. Ce lien englobe à l’heure
actuelle les questions de gouvernance, de planification stratégique, de
coopération (en vulgarisation et en recherche appliquée) et l’échange
d’information.
50. S’agissant de la
gouvernance, la FAO coparraine
le GCRAI et elle est membre permanent de son Conseil exécutif récemment créé.
Elle accueille et assure en outre à Rome le Secrétariat du Conseil scientifique
par intérim du GCRAI. La FAO est également représentée au Conseil
d’administration de certains des CIRA membres du GCRAI. À l’inverse, certains
de ces centres siègent au sein des organes statutaires, comités consultatifs et
groupes d’experts de la FAO. Le Bureau régional pour l’Asie et le Pacifique de
la FAO (RAP) encourage une représentation officielle réciproque lors de ses
réunions et de celles des CIRA.
51. Dans la région Asie-Pacifique,
la FAO maintient des liens étroits, tant du point de vue de la gestion que des
programmes, avec cinq CIRA : l’IRRI, le CIMMYT, l’ICRISAT, IWMI et le CIFOR. Il
entretient des liens d’importance moindre avec trois autres centres, à savoir
le CIRAF, le Centre international pour la gestion des ressources bioaquatiques
(ICLARM) et le Centro Internacional de la Papa (CIP). Enfin, des liens plus
distants le rattachent à quatre centres extérieurs à la région Asie-Pacifique:
l’ICARDA, l’IPGRI, l’ILRI, le SIRAN et l’IFPRI. La FAO et l’ILRI se sont
récemment fixé en commun des priorités et des programmes de recherche et
développement sur l’élevage dans la région Asie-Pacifique.
52. Il existe plusieurs liens
fonctionnels entre la FAO et le GCRAI en matière de planification stratégique.
La FAO intervient dans la planification stratégique des CIRA pour les
interventions concernant certains produits de base, secteurs et sous-secteurs,
dont les ressources génétiques des forêts, les stratégies forestières
régionales, l’élevage (notamment le
Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et les maladies
transfrontières des animaux et des plantes (EMPRES), la gestion intégrée des ravageurs
et les cultures d’intérêt pour les pauvres. Elle travaille en liaison avec les
CIRA dans plusieurs domaines et notamment les droits des agriculteurs, les
ressources génétiques, les droits de propriété intellectuelle, la sécurité
biologique et les risques biotechnologiques, l’agriculture urbaine et
périurbaine, les solutions de rechange à l’agriculture sur brûlis et les
changements climatiques. Aux termes de son mandat, la FAO est tenue de
planifier stratégiquement son action à moyen et à long termes (2015 et 2030),
et il lui est spécifiquement imposé de fonder ses interventions à long terme
sur la lutte contre la faim, la pauvreté et les dégradations environnementales.
Dans la région Asie-Pacifique, la FAO axe sa planification stratégique sur les
systèmes de soutien des moyens de subsistance fondé sur la riziculture.
53. Dans le domaine de la
coopération, la FAO et les CIRA collaborent en vue de la préparation d’évaluations mondiales des ressources
génétiques végétales, animales et forestières, de prévisions des
tendances de la malnutrition, de la cartographie de la pauvreté et de
l’insécurité alimentaire (systèmes d'information et de cartographie sur
l'insécurité alimentaire et la vulnérabilité (SICIAV) et de la définition de
stratégies de développement agricole destinées à atténuer la pauvreté,
l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Ils conduisent par ailleurs des
activités communes concernant les politiques et réglementations applicables aux
biotechnologies, à la sécurité biologique, à la santé publique, à la sécurité
alimentaire et au déploiement des cultures transgéniques. Leur collaboration
s’étend également à la planification de la recherche, à la diffusion des
résultats de recherche en zones rurales, à l’application des systèmes locaux de
connaissances et à l’essai sur le terrain d’indicateurs de la gestion des
ressources naturelles et de l’utilisation durable des ressources génétiques
envisagées sous l’angle de la parité hommes-femmes. En matière de recherche
halieutique, la FAO facilite les
rencontres entre les CIRA et d’autres organismes en vue de la prise de
décisions concrètes. Elle accueille l’Unité de soutien pour la recherche
internationale sur la pêche et l'aquaculture (SIFAR) qui compte l’ICLARM comme
membre de son Comité directeur. Le Comité consultatif de la recherche
halieutique (ACFR) est également basé à la FAO; il est composé d’experts
indépendants et compte en son sein des représentants de l’ICLARM.
54. Certains des programmes
Défi du GCRAI sont éminemment pertinents pour la FAO, tant dans le monde que
dans la région Asie-Pacifique, dans la mesure où ils coïncident avec les cinq
grands axes prioritaires du RAP, à savoir les systèmes de subsistance fondés
sur la riziculture; l’intensification de l’élevage; les biotechnologies, la
sécurité biologique et la diversité biologique; les aspects liés à la
commercialisation, aux échanges et à l’OMC; et la préparation aux catastrophes,
les secours consécutifs aux catastrophes et les questions relatives au climat
mondial. De surcroît, la FAO et le GCRAI
partagent les mêmes préoccupations, responsabilités et programmes visant à
renforcer la planification, la gestion et la recherche dans les systèmes
nationaux, à favoriser l’évaluation des
capacités de recherche et l’élaboration des orientations en la matière, et
enfin à encourager et à faciliter les réformes institutionnelles.
55. Par l’intermédiaire de la
Commission intergouvernementale des ressources génétiques pour l'alimentation
et l'agriculture (appelée Commission des
ressources phytogénétiques jusqu’en 1995), la FAO est depuis bien des années la
principale assemblée internationale où les gouvernements peuvent élaborer leurs
politiques générales sur tous les aspects des ressources génétiques pour
l’alimentation et l’agriculture, particulièrement leur conservation, leur
utilisation durable, les questions d’accès et de partage des bénéfices. Après
examen, la Commission a jugé imprécis le statut juridique des collections ex situ de ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture
détenues par les CIRA. En
conséquence, les douze CIRA qui possédaient de telles collections ont passé un accord avec la FAO en
1994 pour intégrer ces collections dans le Réseau international des ressources
phytogénétiques créé sous l’égide de la FAO. Faisant droit au conseil de
politique générale émis par la Commission, ils se sont engagés à conserver ses
biens en fidéicommis pour le compte de la communauté internationale, à ne jamais
réclamer de droits de propriété intellectuelle s’y rapportant et à transmettre
cette obligation aux entités bénéficiaires. Cet accord avait toutefois un
caractère transitoire, dans l’attente de l’issue des négociations pour la
révision de l’Engagement international sur les ressources phytogénétiques qui
ont fait suite à l’entrée en vigueur de la Convention sur la diversité
biologique.
56. Ces
négociations se sont achevées le 3 novembre 2001 lorsque la FAO a signé le
Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et
l’agriculture, instrument contraignant qui entrera en vigueur une fois ratifié
par 40 États. Ce traité s’inscrit dans le droit fil de la Convention sur la
diversité biologique. Il fournit un cadre international à la conservation et à
l’utilisation durable de ces ressources, aux questions d’accès et de partage
des bénéfices et à la reconnaissance des droits des agriculteurs par les
gouvernements. Pour la toute première fois, un instrument international
contraignant reconnaît l’importance des collections ex situ détenues en
fidéicommis par les CIRA et d’autres institutions internationales compétentes au profit de la
communauté internationale. Le traité prévoit la signature d’accords entre ces
organisations et l’Organe directeur du Traité. Un nouveau cadre international
vient désormais appuyer la recherche agricole internationale et règle de
manière définitive la situation juridique des collections ex situ des CIRA, y
compris celle des collections ex situ constituées avant l’entrée en vigueur de la Convention
sur la diversité biologique. La situation s’en trouvera grandement simplifiée
et le Groupe consultatif pourra dès lors se concentrer sur la recherche
agricole qui est sa fonction première.
57. S’agissant de l’échange
d’information, le GCRAI comme les CIRA contribuent au Système international
d'information pour les sciences et la technologie agricoles (AGRIS), à l’actuel
Système d'information sur les recherches agronomiques en cours (CARIS) et au
Réseau mondial de bibliothèques agricoles (AGLINET); ils collaborent en outre à
l’élaboration d’un moteur de recherche GCRAI avec le Centre mondial
d'information agricole (CMIA) et à un programme de l’APAARI appelé Système
Asie-Pacifique d’information sur la recherche agricole (APARIS). L’APAARI, le
RAP et la Division de la recherche, de la vulgarisation et de la formation
(SDR) ont récemment dressé en collaboration un répertoire complet des SNRA.
58. Selon divers examens et
rapports officieux concernant l’efficacité de leurs liens, la FAO et le GCRAI
entretiennent de longue date un partenariat fonctionnel en matière de gestion
des affaires, de planification stratégique, de coopération technique et
d’échange d’information. Ce partenariat s’inspire tout naturellement des
complémentarités entre recherche stratégique/appliquée (GCRAI) d’une part, et
recherche adaptative et aide au développement rural, d’autre part (FAO).
Cependant, leur collaboration reste dans l’ensemble intermittente. Elle répond
à des objectifs spécifiques sans relever d’un plan synthétique. La plupart des
contacts interviennent entre directeurs, au siège, et non pas sur le terrain,
dans les laboratoires de recherche ou dans les régions.
59. Les interventions de
l’ancien Comité consultatif technique (CCT) en matière de liaison et de
gouvernance sont appréciées; toutefois, la FAO devra sans doute prendre
officiellement acte de la transformation du CCT en un Conseil scientifique. La représentation de la FAO
au conseil d’administration des CIRA et la participation de ces derniers aux
organes statutaires, comités consultatifs et groupes d’experts de la FAO sont
jugées efficaces en dépit de leur caractère hautement sélectif. La
planification stratégique de plusieurs produits de base ou secteurs – notamment
les ressources phytogénétiques et l’élevage – donne de bons résultats et
justifie pleinement d’être élargie. Maintenant que le GCRAI a adopté une
démarche axée sur les programmes – comme l’attestent ses programmes Défi et son
engagement de soutien technique aux conventions adoptées par la Conférence des
Nations unies pour l’environnement et le développement (CNUCED), l’expertise de
la FAO pourrait s’avérer à la fois plus pertinente et plus recherchée. Il
existe entre la FAO et le GCRAI une
forte coopération technique dans des domaines très divers, bien qu’elle soit
peut-être moins visible dans la région et se situe à des niveaux hiérarchiques moins élevés, à l’exception des
solides programmes associant les CIRA, les SNRA, les programmes FAO de
lutte intégrée contre les ravageurs et les écoles pratiques d’agriculture. Il convient donc que la FAO
s’emploie à mieux faire connaître ses programmes, ses domaines d’expertise et
son mandat et qu’elle renforce ses propres capacités afin d’engager une
collaboration intersectorielle hiérarchisée avec le GCRAI dans son ensemble
ainsi qu’avec les CIRA
membres du GCRAI. Les échanges d’information ont été fructueux et les liens de
collaboration tissés dans ce domaine trouveront une application utile dans les
activités axées sur les agriculteurs et les agents de vulgarisation.
60. Les priorités futures du
RAP seront probablement axées sur les questions suivantes : moyens de
subsistance liés à la riziculture (notamment les systèmes d’exploitation
riz-blé et la riziculture aquatique intensive); systèmes de culture du maïs en
culture sèche; intensification de l’élevage; systèmes de soutien des ressources
naturelles; biotechnologies, sécurité biologique et diversité biologique;
commercialisation, échanges et aspects liés à l’OMC; et préparation aux
catastrophes, secours consécutifs aux catastrophes et questions relatives au
climat mondial. Il serait donc justifié et avantageux que la collaboration
FAO-GCRAI soit orientée sur les activités ciblant ces priorités. De la même
manière, leur collaboration pourrait se concentrer sur les aspects régionaux
des priorités mondiales définies et approuvées lors du Sommet du millénaire
(2000) et de la Conférence mondiale sur
la sécurité alimentaire durable pour tous (2001), dans la vision de l’IFPRI
pour 2020 et dans le programme Action 21 de la Conférence des Nations unies sur
l’environnement et le développement (1992), à l’égard desquels la FAO et le
CGAIR sont fermement engagés. Entre autres choses, ces conférences ont souligné
le rôle des technologies évoluées telles que les biotechnologies et les
technologies de l’information et de la communication, l’importance de la
conservation et du partage équitable des ressources génétiques et de la
création d’infrastructures et d’institutions essentielles pour la lutte contre
la faim et la pauvreté. Il est donc normal qu’elles tiennent une place de choix
dans les programmes menés en collaboration par la FAO et le GCRAI.
61. En conséquence, le suivi
du Sommet de l’alimentation mondiale et de tous les autres sommets lors
desquels ont été adoptées des déclarations et résolutions spécifiques sur
l’atténuation de la pauvreté, la lutte contre la faim et la protection
environnementale doit être multidimensionnel et implique des actions tant
nationales qu’internationales. Les interventions récentes de la FAO qui
sont pertinentes à la fois pour la collaboration avec le GCRAI et le combat
contre la faim comprennent le PSSA, Telefood, les SICIAV, EMPRES et la
coopération Sud-Sud engagée au titre de la coopération technique entre pays en
développement (CTPD).
62. La planification du
lien FAO-GCRAI peut s’inspirer des
analyses existantes de l’efficacité de la coopération entre ces deux entités et
les CIRA ainsi que des leçons
apprises. Il faudra en outre définir les mécanismes complémentaires à adopter
pour renforcer spécifiquement la coopération avec le RAP, notamment pour faire
connaître, adapter et appliquer les résultats concluants des travaux de
recherche du GCRAI.
63. D’un point de vue
opérationnel et strictement limité au RAP, des mécanismes devront être mis en
place, à divers niveaux hiérarchiques des entités concernées, pour renforcer
les interactions entre la FAO, le CGRAI et les CIRA. La structure actuelle des deux organisations –
qui comprennent toutes deux un Conseil, un Comité des programmes et un Comité
financier – viendra logiquement faciliter ces interactions.
64. Du point de vue des
procédures, les contacts en matière de gouvernance auraient fort à gagner si
les réunions des conseils d’administration des CIRA se tenaient non loin des
bureaux régionaux de la FAO et, dans la région Asie-Pacifique, si l’on
installait une « ligne rouge » entre le RAP et le GCRAI et si ces
deux entités étaient officiellement représentées à leurs assemblées et réunions
respectives de planification. Le RAP, les CIRA concernés et le Conseil
scientifique du GCRAI doivent prévoir au sein de leurs organisations
respectives divers degrés de planification conjointe afin de définir un
programme de collaboration complet et de le doter selon ses besoins. Dans
l’optique de favoriser les partenariats avec les CIRA tant sur le terrain que
dans les laboratoires de recherche, la FAO doit organiser des «ateliers de
sensibilisation » lors desquels elle pourra présenter son mandat, son
rôle, ses activités et ses mécanismes d’interaction aux agents des centres
concernés. Une information réciproque quant aux manifestations d’intérêt commun
doit aussi être mise en place.
65. Le soutien
pluridisciplinaire apporté à certaines activités-pilote du Programme spécial de
la FAO pour la sécurité alimentaire offre par ailleurs une autre voie d’intervention
à certains CIRA menant des programmes de lutte contre la pauvreté, notamment
dans les zones d’Asie du Sud caractérisées par un niveau exagérément bas de
dépenses et d’investissements agricoles, tant nationaux qu’internationaux. Il
convient par ailleurs d’examiner comment les agents de ces centres peuvent
apporter une aide spécialisée aux projets de coopération technique conduits par
la FAO dans divers pays. Il s’ensuit que la FAO doit quant à elle s’attacher à
renforcer ses liens et son soutien aux programmes du GCRAI dans les régions et
sous-régions prioritaires.
66. La FAO et les CIRA ont
également de réelles possibilités de mise en commun des ressources affectées
aux programmes de relèvement/développement en Afghanistan et en République
populaire démocratique de Corée qui revêtent actuellement une priorité absolue.
Les choses ont déjà bien avancé en ce sens en Afghanistan où un Consortium
regroupant les CIRA, la FAO, les ONG, des universités et des organismes d’aide
a été constitué et doté de financements pour la mise en oeuvre d’un programme
quinquennal de relèvement après-guerre. Trois CIRA apportent leur concours
technique tandis que la FAO, membre du Consortium, est également le
correspondant des organisations internationales pour toutes activités touchant
au relèvement du secteur agricole et rural en Afghanistan.
67. On s’emploiera à faciliter
l’accès aux ressources nécessaires aux diverses activités de la FAO et des CIRA
par un partage et une mise en commun des ressources coûteuses et par la
soumission de demandes conjointes de financement aux banques de développement,
au PNUD et aux bailleurs de fonds potentiels. Les ONG doivent être encouragées
à se rallier aux multiples liens officiels et officieux qui existent entre le
RAP et les CIRA. La FAO, les CIRA, l’APAARI et les ONG doivent en outre
envisager des activités conjointes de promotion des politiques appropriées.
68. Aux fins de la collaboration
à court et moyen terme, il convient de définir et de mettre en place des
mécanismes permettant aux CIRA qui interviennent dans la région d’apporter leur
expertise aux réseaux régionaux sur les biotechnologies et les ressources
phytogénétiques financés par le Japon et animés par le RAP. En prévision des
difficultés que rencontreront sans doute les récents accords sur les droits des
agriculteurs, un réseau régional RAP/GCRAI devrait être constitué pour offrir
aux pays concernés un appui technique et institutionnel. En cas de besoin, il
conviendrait que la FAO et les CIRA envoient davantage de personnes-ressources
à leurs consultations d’experts et ateliers respectifs et qu’ils tirent le
plein profit des procédures actuelles permettant de planifier et d’organiser
des manifestations conjointes.
69. Les moyens des CIRA et du
siège de la FAO en matière de publications conjointes, de traduction
électronique et d’enseignement à distance doivent être mis en commun pour faire
mieux connaître les « pratiques exemplaires » et les expériences
couronnées de succès dans le domaine de l’agriculture et de la vulgarisation,
notamment celles fondées sur la formation des agriculteurs et les démarches
participatives. Ces deux derniers aspects revêtent une importance particulière
pour le soutien à le recherche forestière, ainsi que pour la formation sur
l’exploitation à impact limité, la gestion des bassins versants et les systèmes
aquacoles; de manière générale, ils concernent directement le lien entre
recherche, vulgarisation, agriculteurs et marchés. Les objectifs des programmes
du GCRAI en matière de parité hommes-femmes et de diversification – tout comme
ceux de certains centres – s’inscrivent dans le droit fil de l’action de la FAO
en vue de l’intégration des questions de parité dans l’ensemble de ses
interventions. La FAO et les CIRA trouveront donc dans la région Asie-Pacifique
nombre d’occasions pour développer les compétences des spécialistes de
l’agriculture dans ce domaine et veiller à la prise en compte des
sexo-spécificités dans la recherche et la vulgarisation agricoles.
70. Lorsqu’il y a lieu, les
CIRA et la FAO doivent conjuguer et coordonner l’aide qu’ils apportent aux SNRA
qui cherchent à constituer des SICIAV. Une coopération spécifique à moyen terme
doit être planifiée pour les secteurs d’intervention suivants : agriculture
urbaine et périurbaine; politiques et
textes de loi relatifs à la gestion des terres et de l’eau; moyens de subsistance
fondés sur la riziculture; initiatives de lutte contre la pauvreté et
promotion/appui de la révolution de l’élevage dans la région.
71. La révolution verte a
contribué de manière décisive à la lutte contre la faim dans les zones rurales
et urbaines d’Asie et du Pacifique. Elle trouve son origine dans des
interventions scientifiques et technologiques bien pensées et dûment soutenues,
tant au plan biophysique que socioéconomique, qui ont permis de trouver des
réponses à des problèmes et à des processus complexes et interdépendants.
72. En dépit d’un
ralentissement bienvenu de la croissance démographique, il faudra veiller dans
ce nouveau siècle aussi à maintenir la croissance de la production et des
services agricoles à un bon niveau, qui n’atteindra pourtant pas les pics
enregistrés par le passé. De plus, la diminution de la pauvreté en zones
rurales exigera une « éternelle révolution verte » seule susceptible
de préserver l’emploi et les moyens de subsistance et d’engendrer des services
et systèmes d’exploitation rurale respectueux de l’environnement.
73. Il faudra en outre veiller
à ce que le soutien institutionnel et technique offert à ces systèmes et
services de production soit concentré
sur les zones vulnérables affligées par la pauvreté, tout en s’assurant que les
écozones plus productives et favorisées maintiennent une forte productivité.
Dans toutes les écozones, régions et secteurs agricoles, il sera capital
d’enrayer la chute injustifiable et inconsidérée des dépenses et
investissements dans la recherche agricole, tant au plan national que mondial.
74. Dans la région
Asie-Pacifique tout spécialement, le GCRAI et la FAO ont – dans le partenariat
qui les lie comme dans leurs relations avec d’autres organismes internationaux,
gouvernements, ONG, groupements de la société civile et du secteur privé – la possibilité, le mandat, la structure, les
programmes et les ressources nécessaires pour guider et appuyer les actions de
recherche et développement nécessaires à l’avènement d’une « éternelle
révolution verte » et pour marquer des points déterminants en faveur des
objectifs internationaux d’atténuation et d’éradication de la faim et de la
pauvreté.