COMITE DES PRODUITS

Soixante-deuxième session

Rome, 12 - 15 janvier 1999

PERSPECTIVES À MOYEN TERME DES PRODUITS AGRICOLES: PROJECTIONS À L'HORIZON 2005

Table des matières


A. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS

1. Le présent document fait une synthèse des plus récentes projections à moyen terme (à l'horizon 2005) de la FAO concernant la production, la demande, le commerce et les prix de certains des principaux produits agricoles, et ce pour la quasi-totalité des pays. Les résultats complets, qui seront publiés en 1999, comprendront également des projections touchant des produits non traités ici, comme le sucre, le cacao, les bananes et le caoutchouc naturel, pour lesquels le travail se poursuit. L'élaboration d'un scénario "de base" ou "de référence" concernant les projections de la production, de la demande et du commerce de chaque produit, s'appuie sur des hypothèses de croissance économique et démographique et d'évolution technique, en supposant des conditions météorologiques normales et le maintien sans changement des politiques agricoles (à la mi-1998). Rappelons qu'il s'agit de projections indicatives qui reposent sur des hypothèses macro-économiques, démographiques et propres à chaque produit, toutes sujettes à des incertitudes. D'autres scénarios, reflétant le ralentissement de la croissance économique mondiale à la suite de la crise économique et financière qui s'est déclarée à la mi-1997, et l'impact des déficits de production susceptibles d'être enregistrés dans différentes régions du monde, ont été simulés et les résultats obtenus comparés au scénario de référence. On trouvera dans le présent document une brève analyse des conclusions tirées.

2. Pour le groupe céréales-aliments du bétail-produits de l'élevage-matières grasses, les projections ont été établies à l'aide du "Modèle alimentaire mondial" de la FAO, un modèle récursif d'équilibre des prix. Pour les autres produits, différentes techniques ont été utilisées pour l'établissement de projections, allant de modèles économétriques détaillés par produit à des projections de l'offre et de la demande en prix constants et sans variation des politiques. Dans chaque cas, il a été tenu compte des avis de spécialistes des produits et d'experts agronomes, pour donner leur forme finale aux résultats.1

3. Les perspectives concernant la production et la demande des principaux produits agricoles indiquent des taux de croissance en hausse par rapport à la décennie précédente, même compte tenu du récent ralentissement de la croissance de l'économie mondiale. L'expansion est néanmoins encore lente, avec une production et une consommation par habitant ne marquant qu'une modeste progression (0,7 pour cent par an) après être restées stationnaires pendant la décennie antérieure. Dans les pays en développement, la production et la consommation des principaux produits agricoles devraient progresser de 1,4 pour cent par an, plus lentement donc que dans la décennie précédente lorsque la production et la consommation par habitant avaient avancé de 1,6 et 1,7 pour cent par an, respectivement. Du fait du ralentissement de la croissance attendue de l'économie mondiale, l'accroissement projeté s'établira à 1,2 - 1,3 pour cent par an.

4. Le ralentissement préalablement diagnostiqué des échanges mondiaux de produits agricoles, malgré les effets positifs de la réforme des politiques, se confirme, mais le cadre apparaît plutôt complexe avec une montée du taux de croissance pour les céréales, les produits laitiers, le thé et le café, et d'autres matières premières. La diminution des échanges est imputable au net recul prévu pour les matières grasses, les tourteaux d'oléagineux, la viande, les fruits et le coton. La contraction des marchés des principaux produits agricoles couverts pourrait toutefois être compensée par une expansion dans d'autres secteurs non considérés, notamment dans le secteur des produits alimentaires transformés, mais les preuves susceptibles d'étayer cette supposition ne sont pas disponibles même si dans le passé ces produits ont eu un taux de croissance supérieur à la moyenne.

5. Sur la base de ces projections, la situation commerciale agricole nette des pays en développement devrait se dégrader, de sorte que globalement ces pays sont probablement appelés à devenir des importateurs nets de produits agricoles dans les prochaines années. L'augmentation prévue, même en prix constants, du coût global des importations nettes de produits alimentaires des pays à faible revenu et à déficit vivrier, est particulièrement préoccupante et cette situation donne un caractère d'urgence encore plus marqué aux mesures d'incitation permettant de renforcer la capacité de production alimentaire de ces pays, par le biais par exemple du Programme spécial. La situation est similaire entre les groupes de pays les moins avancés et de pays en développement importateurs nets de produits alimentaires, identifiés dans l'Accord de Marrakech, qui verront encore augmenter le coût de leurs importations alimentaires, même en prix constants.

6. Il est de toute évidence difficile d'établir des projections concernant les cours internationaux des denrées alimentaires, car aux caractéristiques propres à chaque marché s'ajoutent les influences d'autres marchés, y compris du secteur financier. Le Modèle alimentaire mondial de la FAO a toutefois produit quelques résultats qui, même à la lumière de la récente détérioration des perspectives de l'économie mondiale, indiquent un niveau similaire à celui enregistré en 1993-95, c'est-à-dire juste avant la dernière flambée des prix et leur déclin successif, et légèrement supérieur aux niveaux actuels (janvier-octobre 1998). Lorsque l'on établit des perspectives de prix à moyen terme, il est toujours difficile, et pourtant combien essentiel, d'éviter de tenir compte des conditions actuelles sur les marchés mondiaux.

7. Quel que soit le niveau tendanciel autour duquel les prix fluctuent, l'ampleur de cette oscillation constitue une préoccupation constante. Pour évaluer l'importance de ces fluctuations, deux "scénarios" ont été analysés: l'un est un scénario de faible croissance du revenu, plus réaliste, et indique qu'en 2005, une fois apportés tous les ajustements à long terme, les prix des denrées de base seront inférieurs de 2 à 4 pour cent à ceux prévus dans le scénario de référence; l'autre est une simulation qui établit la production céréalière mondiale d'une année (2005) à 1,8 pour cent de moins que le scénario de référence, déterminant ainsi une hausse de 15 pour cent du prix des céréales et des prélèvements importants sur les stocks, qui compenseraient 60 pour cent du recul de la production. Des baisses de production de 2 pour cent ou plus se produisent assez régulièrement (environ une année sur trois), ce qui explique que les prix augmentent avec une certaine régularité. Des prélèvements sur les stocks de plus de 20 millions de tonnes, qui sont acceptables dans les années normales, le seront moins les années où les stocks de report sont faibles, ou encore lorsque des déficits de production se produisent deux fois de suite ou que la production accuse un recul nettement plus marqué. Ce sont ces types de scénario qui exigent une surveillance étroite et continue du rapport stocks/consommation à l'échelon mondial.

8. Les retombées d'une baisse du revenu et/ou du renchérissement du prix des denrées alimentaires, par suite de bouleversements de la production, pèsent plus lourdement sur les pays en développement, comme le révèle l'analyse des deux scénarios. Un déficit de production modéré de 1,8 pour cent, en présence de stocks adéquats, déterminerait néanmoins un fléchissement de 2,2 pour cent de la consommation de céréales, consommation qui dans le scénario de croissance plus faible du revenu reculerait de 0,8 pour cent (avec une contraction majeure pour les produits alimentaires ayant une plus grande élasticité-revenus). Les projections révèlent que de nombreux pays en développement sont très sensibles à l'évolution de facteurs externes comme les conditions météorologiques ou les nouvelles tendances macro-économiques, d'où la nécessité de mesures préalables adéquates pour préserver leur sécurité alimentaire.

B. EXAMEN GÉNÉRAL

Hypothèses concernant la croissance de la population et des revenus

9. Pour de nombreux produits, la demande mondiale est étroitement liée à la croissance économique et démographique et, surtout dans les pays en développement, à l'exode rural. Les projections relatives aux produits à l'horizon 2005 se fondent sur la "variante moyenne" des Nations Unies, selon laquelle la population augmentera de 1,3 pour cent par an entre 1993-95 et 2005, contre une croissance de 1,6 pour cent par an pendant la décennie précédente. On prévoit une croissance démographique de 1,6 pour cent par an dans les pays en développement et de 0,5 pour cent dans les pays développés, aucun accroissement de population n'étant attendu dans les économies en transition (tableau 1 de l'annexe).

10. Selon les projections établies par la Banque mondiale en 1997, le produit intérieur brut (PIB) mondial, aux prix de 1987, devait augmenter de 3,2 pour cent par an, soit une accélération par rapport à la décennie précédente. Ces projections indiquaient également un accroissement du PIB mondial par habitant de 1,9 pour cent par an jusqu'en 2005, contre 1,0 pour cent par an pendant la décennie précédente, avec une progression annuelle de 3,8 pour cent dans les pays en développement et de 3,3 pour cent dans les économies en transition. Toutefois, la révision à la baisse des taux de croissance estimatifs du PIB effectuée par la Banque mondiale en septembre 1998, suite au ralentissement de la croissance économique mondiale, a servi de base pour l'élaboration d'un scénario de "croissance de revenu inférieure" supposant une progression du PIB mondial de 2,9 pour cent par an jusqu'en 2005, et un accroissement annuel du revenu par habitant de 1,6 pour cent. Cet affaiblissement, bien que commun dans une certaine mesure à la plupart des régions, sera probablement plus net dans les pays de la CEI et en Asie. Quoi qu'il en soit, il devrait être plus marqué dans les premières années, avec un effet largement atténué aux approches de 2005.

Croissance de la production agricole, de la demande et du commerce

11. La production et la demande, pour les produits alimentaires et agricoles couverts par la présente étude, devraient, selon les projections, progresser de 2,0 pour cent par an, soit un peu plus que la décennie précédente et plus que la croissance démographique projetée (tableaux 2 à 5 de l'annexe). L'accroissement du volume global des échanges de produits alimentaires et agricoles devrait ralentir, passant de 2,5 pour cent par an entre 1984* et 1994* à 2,2 pour cent par an en 1994*-2005, malgré le renforcement attendu des échanges de blé, de céréales secondaires, de manioc, de produits laitiers et de produits tropicaux pour boissons, par rapport à la décennie précédente.

12. La hausse projetée de la demande mondiale sera notamment déterminée par la croissance économique relativement forte encore attendue dans les pays en développement et par la reprise prévue de la demande dans certaines économies en transition. Les taux de croissance de la production globale, qui devraient augmenter sensiblement pour ce qui est des céréales et des produits laitiers, sont en revanche le reflet de facteurs tels qu'une flexibilité accrue en termes de décisions de semis et une recherche davantage axée sur l'amélioration des rendements. Sous l'effet conjugué de ces facteurs, la production devrait progresser au même rythme que la demande, sans hausses de prix significatives. Le commerce de bon nombre de produits se ressentira particulièrement de l'évolution de la situation dans la région de l'ex-URSS, qui était auparavant l'un des principaux importateurs de nombreux produits, et en Chine, où l'accroissement de la production intérieure devrait réduire les importations et, dans certains cas, faire de ce pays un exportateur net. Parmi les facteurs qui affectent les échanges, on compte également les ajustements politiques intérieurs qui devraient être effectués en application de l'Accord du Cycle d'Uruguay et la tendance à consommer et transformer sur place certains produits, y compris les matières premières agricoles.

13. C'est aux pays en développement que l'on doit l'essentiel de la croissance de la demande globale de produits, du fait de l'expansion comparativement soutenue du PIB par habitant dans ces pays et de la plus grande sensibilité de la demande à la croissance du revenu. Un ralentissement de la demande est en revanche prévu dans les pays développés, car le niveau actuellement élevé de la consommation par habitant et la faible croissance démographique devraient limiter le taux d'accroissement de la demande pour de nombreux produits. La production globale de produits alimentaires de base dans les pays en développement devrait augmenter de 3,0 pour cent par an pendant la période 1994*-2005, c'est-à-dire à un rythme inférieur au taux annuel de 3,6 pour cent enregistré durant la décennie précédente, mais assez pour laisser présager une progression de la production par habitant. Par contre, l'augmentation projetée de la production est de 1,1 pour cent par an dans les pays développés et de 0,3 pour cent seulement dans les économies en transition. Toutefois, les importations globales des pays en développement pour les produits couverts par ces projections devraient connaître une expansion rapide au cours de la période 1994*-2005, tandis que leur part dans les importations agricoles mondiales passerait de 43 pour cent en moyenne en 1993-95 à 49 pour cent en 2005. Pour les mêmes raisons, on prévoit aussi un accroissement sensible des importations des économies en transition pendant la période couverte par les projections. De ce fait, les taux de croissance des exportations des pays développés devraient marquer une forte progression pendant cette période par rapport à la décennie précédente.

14. Le coût global des importations alimentaires des pays en développement devrait augmenter sensiblement, reflétant principalement un volume d'importations plus important mais aussi, dans une certaine mesure, une légère augmentation des prix réels. Cela refléterait essentiellement une continuation des taux de croissance du passé, mais même ainsi le coût global des importations, pour les produits alimentaires couverts, progresserait de 63 milliards de dollars E.-U en 1994* à 90 milliards de dollars E.-U. d'ici 2005, ou de 78,6 milliards de dollars E.-U. en 1994* à 112,4 milliards de dollars E.-U. si les projections sont étendues à d'autres produits alimentaires pour lesquels on suppose un même taux de croissance de 3,3 pour cent par an (tableau 6 de l'annexe). Parallèlement, les recettes d'exportation pour l'ensemble des produits agricoles couverts devraient augmenter de 2,9 pour cent par an, de sorte que les importations nettes des pays en développement devraient avancer assez rapidement, passant d'une situation de quasi-équilibre en 1993-95 à un déficit représentant environ 7 pour cent de leurs recettes d'exportation d'ici 2005. Cette tendance avait été mise en évidence dans les précédentes projections de la FAO à l'horizon 2000, aussi la toute dernière étude contribue-t-elle à accroître les inquiétudes quant à la probabilité que les pays en développement deviennent des importateurs nets de produits agricoles dans les prochaines années tandis que le reste du monde deviendrait un exportateur net. Considérant les écarts de développement économique, cela paraît quelque peu surprenant.

15. La situation des échanges de produits alimentaires des pays à faible revenu et à déficit vivrier est elle aussi préoccupante puisque le coût global de leurs importations pour les produits alimentaires de base couverts (céréales, produits de l'élevage, oléagineux, matières grasses et huiles) devrait augmenter considérablement, passant d'un total net de 14,6 milliards de dollars E.-U. en 1994* à 23,9 milliards de dollars E.-U. en 2005 en prix réels constants. Cette évolution défavorable serait due essentiellement à une forte augmentation des importations nettes de viande et de matières grasses, huiles et tourteaux de ces pays. Dans les deux cas, le renforcement des importations et la stagnation des exportations sont en cause. S'il devait y avoir, comme l'indiquent les projections du Modèle alimentaire mondial, une certaine avancée des prix réels, leur déficit augmenterait alors ultérieurement (tableau 7 de l'annexe).

16. La situation des pays les moins avancés et des pays en développement importateurs nets de produits alimentaires est analogue. Leurs importations alimentaires nettes en prix constants sont en augmentation, de 14,1 milliards de dollars E.-U. en 1994* à 21,9 milliards de dollars E.-U. d'ici 2005, même sans aucun relèvement des prix (tableau 8 de l'annexe).

17. Les marchés internationaux des produits agricoles devraient être à peu près équilibrés sur le plan de l'offre et de la demande, si toutefois les conditions météorologiques sont normales. Dans l'ensemble, d'ici 2005, les prix réels projetés sur la base du scénario de référence devraient être en légère hausse par rapport à 1994*, abstraction faite des fluctuations intervenant d'une année sur l'autre. Par exemple, les prix des céréales devraient être de 2,7 à 6,0 pour cent plus élevés en 2005 que pendant la période de base, tandis que les prix des quatre différents types de viande seraient supérieurs de 2,8 à 5,5 pour cent à ceux de 1994*. On attend un renchérissement de l'ordre de 4-5 pour cent pour les matières grasses, les huiles et les tourteaux, des hausses plus modestes étant prévues pour les produits laitiers. Ce résultat serait modéré dans l'hypothèse d'un ralentissement de la croissance du revenu, illustrée plus loin.

Blé

18. La production mondiale de blé devrait augmenter de 97 millions de tonnes, soit 18 pour cent, pour atteindre 644 millions de tonnes d'ici 2005, progression qui sera imputable pour environ 60 pour cent à de meilleurs rendements. On prévoit que quelque 57 pour cent de cette avancée viendra des pays en développement et 29 pour cent des pays développés.

19. La demande mondiale de blé devrait progresser de 14 pour cent pour atteindre 642 millions de tonnes d'ici 2005, soit une avancée de 80 millions de tonnes qui sera enregistrée principalement dans les pays en développement où la consommation alimentaire moyenne par habitant devrait augmenter de 2,4 kg, en grande partie sous l'effet d'une croissance plus forte du PIB et du remplacement d'aliments traditionnels, tels que le riz, par des produits à base de blé.

20. Les échanges mondiaux de blé devraient augmenter de 19 pour cent, soit d'environ 19 millions de tonnes, entre la période de référence et l'an 2005, et ce entièrement sous l'effet de la demande d'importation des pays en développement. Parmi les principaux changements attendus, on observera une évolution de la situation en Europe orientale, qui de région importatrice nette deviendra exportatrice nette, et une dépendance moins forte de la CEI à l'égard des importations de blé.

Céréales secondaires

21. La production de céréales secondaires devrait augmenter de 171 millions de tonnes (principalement de maïs), c'est-à-dire de plus de 20 pour cent, pour atteindre 1 009 millions de tonnes d'ici l'an 2005, et ce essentiellement grâce à de meilleurs rendements. Cette progression serait imputable pour moitié environ aux pays en développement et pour 42 pour cent aux pays développés, le reste venant des économies en transition.

22. On prévoit une augmentation de 149 millions de tonnes de la demande mondiale de céréales secondaires qui s'établirait à 1 007 millions de tonnes d'ici 2005, pour l'alimentation animale principalement. Environ 70 pour cent de cette avancée devrait être imputable aux pays en développement et concernerait essentiellement les utilisations fourragères puisque l'on attend une forte croissance de la demande de produits de l'élevage. La croissance totale de la consommation alimentaire devrait problablement fléchir, tandis que les autres utilisations (industrielles avant tout) devraient se renforcer par rapport à la décennie précédente.

23. Les importations mondiales de céréales secondaires devraient progresser de près de 22 pour cent, atteignant 116 millions de tonnes, entre la période de référence et l'an 2005, avancée qui serait due presque intégralement aux pays en développement. Il est prévu que d'importateurs nets les pays en transition deviennent des exportateurs nets de céréales secondaires.

24. Les prix du blé et du maïs, les principales céréales, devraient augmenter en valeur réelle d'environ 6 pour cent chacun entre la période de référence et 2005. Les prix du sorgho/mil et d'autres céréales secondaires (orge principalement) devraient connaître une croissance moins forte, de 4,7 et 2,9 pour cent respectivement.

Riz

25. Entre 1994 et 2005, le taux de croissance de la production mondiale de riz devrait être plus lent qu'au cours de la décennie précédente, tout comme celui de la demande, seule une progression marginale de la consommation par habitant étant prévue. Il devrait y avoir une augmentation modérée des stocks mondiaux en termes absolus, mais à un rythme inférieur à celui de la consommation, d'où une légère détérioration du rapport stocks-utilisation par rapport à la période de référence. De même, selon les projections, les échanges internationaux progresseront plus lentement que pendant la décennie précédente, tandis que les prix réels devraient marquer une lente avancée.

26. Il existe des obstacles potentiels à une augmentation de la production rizicole, formidable défi porté à l'objectif d'assurer aux populations de nombreuses régions du monde l'accès au riz, mais également des avantages potentiels qui pourraient être propices à la réalisation de cet objectif. Au nombre de ces obstacles, on peut compter une compétition accrue pour les ressources en eau, en sol et en main-d'œuvre qui dérive d'une urbanisation ou d'une industrialisation plus intensive. Parallèlement, la nécessité d'améliorer les rendements vu les limites à l'expansion des superficies et les impératifs de la protection de l'environnement, conduira probablement à un renforcement de la recherche pour la mise au point de variétés génétiquement modifiées plus résistantes aux maladies, ravageurs et adventices, même si les effets secondaires de ces recherches ne devront pas être perdus de vue.

Viande

27. Selon les projections, la production mondiale de viande atteindrait 268 millions de tonnes en 2005, avec une croissance annuelle implicite de près de trois pour cent depuis 1993-95, sans variation par rapport aux dix années précédentes. Bien que l'on s'attende à une croissance plus dynamique pour la volaille et le porc que pour les autres catégories de viande, la hausse projetée des prix des aliments pour animaux pourrait faire baisser leur taux d'expansion à un niveau légèrement inférieur à celui qui est enregistré depuis le milieu des années 80. D'un point de vue régional, les pays en développement devraient demeurer les principaux responsables de la croissance de la production mondiale de viande, même si celle-ci sera probablement ralentie par rapport à la décennie précédente. Dans les pays développés, la production de viande pourrait augmenter plus faiblement, sous l'effet d'une croissance lente de la demande intérieure et des contraintes liées à l'environnement. On prévoit seulement une modeste reprise dans les pays en transition.

28. Une forte croissance du revenu pourrait neutraliser les effets négatifs de la hausse des prix et déterminer un accroissement important de la consommation moyenne de viande par habitant qui passerait à 41 kg en 2005, soit 6 kg de plus qu'en 1993-95. La tendance des consommateurs à privilégier la viande de volaille, principalement au détriment de la viande bovine, devrait se poursuivre dans les prochaines années, mais la modeste expansion projetée de la consommation de porc devrait permettre à cette viande de demeurer la plus consommée dans le monde. En dépit d'une croissance bien plus rapide, la consommation par habitant des pays en développement resterait nettement inférieure à celle du reste du monde.

29. Le commerce international de la viande (y compris les échanges d'animaux sur pied en équivalent poids carcasse) a été fortement stimulé depuis le début des années 90 par une montée en flèche des importations des Républiques de l'ex-URSS et de la Chine. Pour l'avenir, on prévoit une croissance inférieure de moitié, de 3 pour cent par an, ce qui porterait les échanges internationaux de viande à 20 millions de tonnes en 2005. L'expansion prévue refléterait essentiellement une augmentation des échanges de viande de volaille et de bœuf. Les pays développés pourraient renforcer leur position d'exportateurs nets, tandis que le déficit commercial des pays en développement et des économies en transition devrait s'élargir.

30. On prévoit une hausse des cours mondiaux de la viande en valeur réelle, liée étroitement à l'évolution des prix des aliments pour animaux. Toutefois, les gains d'efficience devraient contribuer à maintenir le prix de la viande de porc à un niveau relativement bas.

Huiles et matières grasses

31. Pendant la période considérée, l'économie mondiale des graines oléagineuses, des huiles et des tourteaux d'oléagineux devrait continuer de se raffermir, bien qu'à un rythme ralenti par rapport aux deux ou trois décennies passées. La production et la consommation mondiales devraient se contracter sous l'effet d'un ralentissement sensible sur les marchés des pays développés, tandis que la demande de produits oléagineux devrait progresser de façon soutenue dans la plupart des pays en développement, stimulant ainsi la production locale. Si un ralentissement de l'expansion des échanges internationaux est aussi prévu à l'échelon mondial, la croissance attendue devrait parvenir, pour l'essentiel, des pays en développement. Ceux-ci pourront bénéficier de l'expansion des marchés s'ils sont capables de développer leur production et le commerce de produits à forte valeur ajoutée et de renforcer leurs industries oléochimiques. Le commerce mondial des produits oléagineux restera dominé par un petit nombre de pays, tandis que la part des disponibilités mondiales faisant l'objet d'échanges internationaux sera supérieure à celle de la plupart des autres produits alimentaires de base.

32. L'influence de l'Accord du Cycle d'Uruguay se fera de plus en plus sentir au cours de la période à l'étude. Cet Accord devrait contribuer à réduire l'ingérence directe des gouvernements dans la production, la commercialisation et le commerce international qui pourrait être source de distorsion sur les marchés. Dans certaines régions, l'expansion de la production à prix de revient élevé sous l'effet de politiques spécifiques touche à sa fin et grâce à l'introduction de formes de soutien plus neutres au niveau de la production, les producteurs devraient être mieux à l'écoute des signaux du marché. Des politiques commerciales plus transparentes déterminent une plus vive concurrence à l'exportation et une ouverture graduelle des marchés d'importation, une tendance qui doit se poursuivre pour que les marchés s'élargissent et que les échanges Sud-Sud se développent.

33. Les projections demeurent sujettes à de nombreuses incertitudes, notamment quant à un recul économique imprévisible dans un pays ou une région donnés, ainsi qu'à l'importance croissante donnée à la protection de l'environnement et à l'impact sur le commerce d'innovations technologiques telles que les récents progrès réalisés dans la manipulation génétique des semences.

Lait

34. D'après les prévisions, la production mondiale de lait devrait s'élever à 616 millions de tonnes d'ici 2005, soit un accroissement annuel moyen d'un peu plus de 1 pour cent. On prévoit une lente progression de la demande de lait et de produits laitiers. La croissance de la demande devrait être particulièrement marquée dans les pays en développement où l'on attend une progression de 3 pour cent par an. Les échanges mondiaux de produits laitiers pourraient s'établir à 44 millions de tonnes en l'an 2005, avec une avancée de 9,5 millions de tonnes par rapport à la période de référence.

35. Selon les résultats des projections, la production laitière se déplacerait progressivement des pays à prix de revient élevé vers ceux dont les coûts de production sont faibles et la croissance serait centrée sur les régions où la demande de lait et de produits laitiers est en forte progression. Dans le cadre de ce processus, la balance de la production de lait à l'échelon mondial penchera vers les pays en développement, dont la part dans la production totale devrait passer de 35 pour cent pendant la période de référence à 41 pour cent en 2005. Selon les projections, certains des pays de ce groupe, notamment les pays du Cône Sud (Amérique du Sud), devraient jouer une part plus active sur les marchés d'exportation. Toutefois, les pays en développement demeureront dans l'ensemble d'importants importateurs nets de produits laitiers, l'essentiel des exportations provenant des pays développés. Les pays producteurs à faible prix de revient d'Océanie gagneront des parts de marché au détriment des pays de l'hémisphère Nord, dont les coûts de production sont plus élevés. En termes de production laitière totale, le pourcentage du lait commercialisé devrait rester inférieur à 10 pour cent, soulignant ainsi que dans la plupart des pays, l'évolution de la demande favorisera avant tout la production intérieure de lait.

Manioc

36. Il est prévu que la production mondiale de manioc atteigne 209 millions de tonnes (poids frais) d'ici 2005, soit une progression de 2,2 pour cent par an comme par le passé, qui reflète à la fois de meilleurs rendements et une expansion des superficies cultivées. En Afrique, le taux de croissance devrait être plus rapide (2,9 pour cent) qu'en Amérique latine/Caraïbes (1,4 pour cent) et en Asie (1,5 pour cent), tout en restant plus lent que pendant la décennie précédente.

37. La consommation mondiale de manioc devrait augmenter de 2,3 pour cent par an, pour atteindre 209 millions de tonnes. Soixante pour cent de la demande totale est destinée à la consommation humaine, le reste à l'alimentation animale et à d'autres usages. En Afrique, la croissance devrait être plus lente que durant les décennies précédentes, reflétant un recul de la consommation par habitant de manioc frais sous l'effet de l'urbanisation. La demande globale de manioc pour l'alimentation animale devrait marquer une légère progression après avoir reculé au milieu des années 90 par suite des nouvelles tendances enregistrées dans la CE principalement, qui favorisaient l'utilisation des céréales pour l'alimentation des animaux.

38. D'ici 2005, les échanges mondiaux de manioc devraient augmenter de 1,6 pour cent pour atteindre 5,8 millions de tonnes (poids sec) contre 4,8 en 1993-95, reflétant une croissance modérée de la demande d'importation de manioc fourrager et d'autres produits nouveaux, alimentaires ou non, à base de manioc. Toutefois, le manioc destiné à l'alimentation animale devrait continuer de représenter plus des trois quarts des échanges mondiaux de ce produit, le reste étant constitué de farines et de fécules de manioc à usage alimentaire et industriel.

Fruits

39. La demande d'importation de fruits tropicaux frais devrait demeurer en expansion sous l'effet de la croissance des revenus dans les pays développés, qui représentent 80 pour cent de ce marché, et grâce à un intérêt accru des consommateurs pour ces fruits, désormais mieux connus. Pour les quatre principaux fruits commercialisés à l'échelon international, à savoir ananas, mangues, avocats et papayes, on prévoit une progression annuelle moyenne de la demande d'importation de 3,0-4,5 pour cent d'ici l'an 2005. L'Europe devrait rester le marché le plus important, avec près de 50 pour cent des importations mondiales, suivie par l'Amérique du Nord (près de 30 pour cent) et le Japon (10 pour cent). Les disponibilités de fruits tropicaux frais sont considérées comme suffisantes pour répondre aux besoins futurs. Toutefois, pour pouvoir réaliser le potentiel de développement des marchés, une meilleure organisation de la production s'avère nécessaire afin d'en améliorer la qualité et d'en assurer la compétitivité et l'efficacité. Il faudra en outre améliorer le conditionnement et la distribution des produits et élargir les marchés des fruits tropicaux dans les régions où les consommateurs ont à leur disposition un vaste assortiment d'autres fruits.

40. Les agrumes sont de loin la culture fruitière la plus importante en termes de volume de production et d'échanges. D'ici 2005, la production d'agrumes devrait continuer de croître, bien qu'à un rythme quelque peu ralenti par rapport au passé. La croissance de la demande de fruits pourrait s'affaiblir elle aussi, mais une augmentation de la consommation est néanmoins possible dans les pays producteurs d'agrumes eux-mêmes ainsi que sur les marchés émergents; aussi faudrait-il s'efforcer d'étendre les marchés et de promouvoir les avantages de la consommation d'agrumes, que ce soit au niveau de la santé ou de la nutrition. S'il est possible qu'à moyen terme les disponibilités exportables de certaines variétés de fruits soient supérieures à la demande, laissant ainsi présager une tendance à la baisse des prix, les prix des tangerines pourraient toutefois rester rémunérateurs et ceux des citrons généralement favorables, surtout pour ce qui est des citrons jaunes de contre-saison et des limes.

Produits tropicaux pour boissons

41. Aux prix de référence 1993-95, la production mondiale de thé devrait être supérieure d'environ 3 pour cent à la demande en 2005, marquant une progression de près de 3 pour cent par an pour atteindre 2,7 millions de tonnes, tandis que la consommation augmenterait à un taux annuel moyen de 2,7 pour cent pour s'établir à 2,6 millions de tonnes. Cette avancée de la consommation mondiale devrait être concentrée pour l'essentiel dans les pays en développement, dont la part atteindrait 73 pour cent du total mondial. Les projections indiquent également un déséquilibre en termes d'échanges internationaux. Un excédent exportable projeté de 66 000 tonnes (soit 5 pour cent des exportations totales) exercerait une pression à la baisse sur les prix. Le renforcement des importations des pays en transition, et notamment de la Fédération de Russie, avait contribué au raffermissement des prix depuis fin 1995. Toutefois, selon les indications, la crise économique qui secoue actuellement la Fédération de Russie et les économies affaiblies des autres pays de la CEI pourraient influer de façon négative sur la demande mondiale de thé jusqu'en 2005. Certaines interventions comme le programme de promotion de produits génériques actuellement mis en œuvre et les efforts déployés pour imposer une norme de qualité minimum pour les thés d'exportation, pourraient soulager dans une certaine mesure la pression au niveau de l'offre mondiale de thé, mais un ajustement des niveaux de production pourrait également s'avérer nécessaire.

42. D'ici 2005, l'offre et la demande mondiales de café devraient être à peu près équilibrées. Les efforts déployés par les pays producteurs pour rationaliser l'expansion de la production joueront toutefois un rôle déterminant. On prévoit une augmentation de la production mondiale de café, à un taux annuel moyen de 2,1 pour cent, tandis que la demande devrait progresser de 1,9 pour cent par an pour atteindre 6,8 millions de tonnes. Les disponibilités exportables et les besoins d'importation devraient se situer aux alentours de 5,2 millions de tonnes en 2005. L'Amérique latine et les Caraïbes seraient la principale région productrice, le Brésil fournissant 1,7 million de tonnes, soit 25 pour cent de la production mondiale de café. Les autres grands producteurs seraient la Colombie et le Mexique, ainsi que l'Indonésie, l'Inde et le Viet Nam en Asie. L'Ouganda resterait le principal pays producteur d'Afrique. La consommation devrait demeurer concentrée dans les pays développés, qui assureraient 67 pour cent de la demande mondiale totale d'ici 2005.

Matières premières agricoles

43. L'accroissement des revenus et la croissance démographique ont été les principaux facteurs de l'expansion soutenue de la consommation et des échanges mondiaux de coton au cours des dernières décennies, et les réformes de la politique commerciale en matière de textiles, avec notamment l'élimination progressive de l'Arrangement multifibres (AMF), donneront maintenant un nouvel élan au marché mondial des textiles. Toutefois, le coton ne bénéficiera de cette impulsion que de façon limitée du fait de la concurrence exercée par les fibres synthétiques et de la hausse constante des coûts de production que la progression ralentie des rendements tendra probablement à exacerber.

44. Les projections indiquent de ce fait un accroissement de 1 pour cent de la consommation mondiale annuelle de coton, soit à peine la moitié du taux de croissance de la consommation globale de fibres, qui s'élèverait ainsi à 21,8 millions de tonnes d'ici 2005. Il est prévu que les échanges mondiaux de coton continuent de progresser de moins de 1 pour cent par an, atteignant 6,6 millions de tonnes d'ici l'an 2005.

45. En revanche, pour ce qui est des fibres naturelles industrielles, les perspectives sont hétérogènes, mais dans l'ensemble moins prometteuses. Selon les projections, le volume de la production et de la consommation mondiales de jute, kénaf et fibres apparentées resterait proche des niveaux actuels, à savoir 3 millions de tonnes par an, les perspectives de croissance de la production étant entravées par la concurrence accrue que d'autres cultures plus rémunératrices exercent sur les terres, tandis que les débouchés commerciaux demeureront limités par la concurrence des matériaux d'emballage synthétiques et autres. Les exportations de fibre de jute devraient rester relativement stables, mais on prévoit une contraction des exportations de fibres manufacturées. La demande de sisal et de henequen, les fibres dures les plus importantes en termes de production et de commerce, a fléchi au fil des décennies, et leur production devrait tomber à près de 250 000 tonnes d'ici 2005. Le marché traditionnel, celui des ficelles agricoles, a été fortement érodé par le recours aux fibres synthétiques et l'adoption de techniques ne prévoyant pas l'usage de ficelles. Le marché de la fibre de coco est lui aussi en contraction dans les pays importateurs traditionnels, tandis que des débouchés commerciaux s'ouvrent de plus en plus en Inde, le principal pays producteur, dont la production continuera probablement d'augmenter. Près de 85 000 tonnes d'abaca sont produites chaque année, pour répondre à un marché facile caractérisé par une forte demande de la part des principales économies industrialisées pour un grand nombre d'applications spécialisées, et il est probable que la production et les échanges continueront de croître. Pour toutes ces fibres, de nouvelles utilisations pourraient compenser partiellement les pertes enregistrées dans les emplois traditionnels, mais les volumes en question devraient rester limités.

46. Selon les projections, la production mondiale de cuirs et peaux de bovins devrait continuer d'augmenter à un taux annuel de moins de 1 pour cent, la croissance enregistrée dans les pays en développement étant neutralisée par un certain fléchissement dans les pays développés. La production mondiale de peaux de moutons et de chèvres augmentera probablement plus rapidement que celle de bovins, grâce à une plus grande productivité et à une meilleure utilisation des produits de l'élevage dans les régions en développement. La demande mondiale d'articles en cuir devrait se raffermir sous l'influence de l'accroissement des revenus, mais elle sera freinée à court terme par les effets des difficultés économiques que connaissent bien des pays. Les exportations nettes de cuirs et peaux de bovins, de cuirs et d'articles en cuir (en équivalent brut) continueront d'augmenter, surtout celles des pays en développement, avec le déplacement des installations de tannage et de transformation du cuir des pays développés vers ces pays.

Mauvaises récoltes céréalières

47. Le scénario de référence suppose des conditions météorologiques normales. Toutefois, des fluctuations importantes de production pourraient intervenir par suite des aléas climatiques. Par ailleurs, des déficits de production liés aux conditions météorologiques pourraient se produire simultanément pour une vaste gamme de cultures et ne pas être limités à une seule région géographique. Pour évaluer les incidences des fluctuations des disponibilités sur les marchés céréaliers, divers scénarios ont été envisagés pour l'an 2005, mais seul celui de mauvaises récoltes généralisées de toutes les céréales est indiqué ici. Il y a lieu de souligner que les hypothèses sur lesquelles se fondent les analyses suivantes ne sont pas des prévisions de l'avenir, mais font ressentir les conséquences possibles d'éventuels déficits de production. Toutes les simulations ont été effectuées sur la base du Modèle alimentaire mondial de la FAO.

48. Ce scénario simule l'effet d'un déficit global, toutes céréales confondues, de 38,4 millions de tonnes, soit environ 1,8 pour cent de la production céréalière mondiale projetée dans le scénario de référence. Cela représente une réduction supposée de 7 pour cent dans certains pays, y compris les principaux exportateurs de blé, de céréales secondaires et de riz. Certes, il est peu probable que les mauvaises récoltes puissent toucher une superficie géographique aussi importante, mais un déficit global de cette ampleur n'est pas impossible. Durant les 20 dernières années, la production céréalière mondiale a baissé de plus de 2 pour cent à sept reprises.

49. A la suite de mauvaises récoltes, quelque 23 millions de tonnes seraient prélevées sur les stocks céréaliers projetés pour l'an 2005, ce qui permettrait de couvrir environ 60 pour cent de la perte de production. Les stocks de blé diminueraient ainsi d'environ 8,2 millions de tonnes, ceux de riz usiné de 5,5 millions de tonnes et ceux de céréales secondaires de 9,1 millions de tonnes. Comme ces prélèvements ne compenseraient pas complètement le recul de la production, les cours internationaux des céréales augmenteraient globalement d'environ 15 pour cent par rapport au niveau projeté dans le scénario de référence.

50. Les importations nettes de céréales des pays en développement diminueraient de près de 24 millions de tonnes sous l'effet des difficultés rencontrées pour couvrir leurs besoins supplémentaires aux cours élevés pratiqués sur les marchés mondiaux. La consommation totale de céréales dans les pays en développement baisserait de 27,6 millions de tonnes, soit 2,2 pour cent du niveau de base projeté. Plus de 67 pour cent de ce fléchissement toucherait l'alimentation humaine, tandis que dans les pays à revenu élevé plus de 80 pour cent de la baisse de consommation concernerait les utilisations fourragères des céréales.

Taux de croissance inférieur des revenus

51. Les résultats des projections examinés dans les sections précédentes reposaient sur des hypothèses concernant les conditions démographiques et macro-économiques prévues pour la prochaine décennie au moment de l'élaboration des données jusqu'à mi-1998. La population tendant à augmenter régulièrement, il est peu probable que la croissance réelle à moyen terme s'écarte sensiblement des niveaux projetés. La croissance des revenus est toutefois plus difficile à prévoir et plus incertaine.

52. Conformément aux dernières estimations économiques de la Banque mondiale (septembre 1998), le PIB mondial devrait augmenter de 2,9 pour cent par an pendant la période 1995-2005, donc à un rythme inférieur à l'estimation précédente (3,3 pour cent par an). Les révisions à la baisse de la croissance du PIB sont plus importantes pour la région de l'ANASE et pour la CEI que pour les pays développés. En outre, l'impact des difficultés économiques actuelles sur l'accroissement du PIB mondial et régional apparaît plus marqué à court terme, ce qui laisse présager une reprise à moyen terme par rapport à la situation actuelle.

53. Pour évaluer les incidences de la crise des marchés alimentaires mondiaux, on a utilisé les prévisions économiques révisées de la Banque mondiale pour élaborer un autre scénario basé sur un ralentissement de la croissance des revenus, qui a été comparé aux projections de référence. Cette analyse a été restreinte aux produits couverts par le Modèle alimentaire mondial.

54. A l'échelon mondial, une croissance plus faible des revenus se traduirait par un fléchissement général de la production, de la demande et des prix pour tous les produits alimentaires de base. En particulier, la demande mondiale de céréales reculerait d'environ 11 millions de tonnes, principalement de blé et de riz, tandis que la production céréalière mondiale diminuerait à peu près d'autant, soit de 0,5 pour cent par rapport à la production projetée dans le scénario de référence. Les besoins d'importations céréalières nettes des pays en développement baisseraient eux aussi, tombant à 134 millions de tonnes contre 138 millions de tonnes selon le scénario de référence. Pour la plupart des autres denrées, la demande serait nettement inférieure. Ainsi, la demande de matières grasses reculerait de 1,8 pour cent, soit de 2,2 millions de tonnes, par rapport au scénario de référence. La demande de viande serait inférieure de 0,9 pour cent, c'est-à-dire d'environ 2,5 millions de tonnes et celle de beurre de 1,9 pour cent. Le ralentissement de la croissance des revenus aurait un effet modéré sur la demande totale des pays développés en raison de l'inélasticité de la demande de nombreux produits. Le fléchissement le plus important concernerait les protéines de farines d'oléagineux (moins 1,4 pour cent par rapport au scénario de référence).

55. Les cours mondiaux des produits alimentaires de base seraient dans l'ensemble inférieurs aux projections du scénario de référence, marquant un fléchissement de 2 à 5 pour cent, avec la seule exception des tourteaux d'oléagineux. De ce fait, dans un tel scénario, le niveau réel des cours mondiaux en 2005 ne serait que légèrement supérieur à celui de 1993-95 pour les céréales, les matières grasses et la viande, et serait pratiquement inchangé pour ce qui est des produits laitiers.

56. Les délégués sont invités à examiner les résultats des projections et à formuler des observations.

Annexe Tableau 2 - Croissance passée et projetée de la production, de la demande et du commerce, au niveau mondial

 

Production

Demande

Exportations brutes

 

1984*-1994*

1994*-2005

1984*-1994*

1994*-2005

1984*-1994*

1994*-2005

 

.............................. Pourcentage par an ..............................

Tous produits

1,7

2,0

1,8

2,0

2,5

2.2

Denrées alimentaires de base

1,7

2,0

1,8

2,0

3,0

2,4

Céréales
Blé
Riz, usiné
Céréales secondaires
Maïs
Mil et sorgho
Autres céréales secondaires

0,8
0,8
1,6
0,6
1,9
-1,5
-1,3

1,6
1,5
1,4
1,7
2,2
1,1
0,7

1,2
1,3
1,8
0,9
2,3
-1,1
-0,8

1,3
1,2
1,3
1,5
2,0
0,9
0,4

0,4
0,0
5,1
0,1
0,8
-5,5
0,3

1,7
1,6
2,0
1,9
2,0
0,6
1,7

Manioc

2,2

2,2

2,2

2,3

0,0

1,7

Matières grasses et tourteaux d'oléagineux
Matières grasses
Tourteaux d'oléagineux

3,0

3,0
2,9

3,0

3,0
2,5

3,1

3,1
3,3

2,9

3,0
2,5

4,8

5,0
3,6

2,6

2,8
2,1

Total viande
Boeuf et veau
Mouton et agneau
Porc
Volaille

3,0
1,0
2,3
3,2
5,6

2,9
1,4
2,6
2,3
5,1

3,0
1,1
2,3
3,2
5,6

2,8
1,2
2,6
2,3
5,1

5,7
5,2
-0,7
4,0
11,2

3,0
2,2
1,5
1,7
5,3

Produits laitiers
Lait et produits laitiers
Beurre

0,4
0,6
-1,1

1,3
1,3
0,8

0,4
0,6
-1,1

1,3
1,3
0,8

1,1
1,2
0,1

2,3
2,2
3,2

Autres produits

1,6

1,9

1,7

2,1

1,3

1,5

Fruits

3,2

2,3

3,2

2,7

2,0

1,5

Fruits tropicaux
Agrumes

-
3,2

-
2,3

-
3,2

-
2,7

7,7
1,7

3,3
1,4

Boissons tropicales

0,1

2,3

0,6

2,1

0,5

1,9

Thé
Café

1,1
-0,2

3,0
2,1

0,8
0,5

2,7
1,9

1,5
0,3

2,6
1,8

Matières premières

0,8

1,3

0,8

1,4

1,2

1,0

Coton
Jute, kénaf et fibres apparentées
Abaca
Sisal et henequen
Fibre de coco
Cuirs et peaux de bovins
Peaux de mouton et de caprins

1,2

-4,0
-0,1
-2,4
4,0
0,7

1,9

1,4

-0,1
1,0
-2-2
3,1
0,8

2,0

1,0

-2,3
-0,1
-2,4
4,0
0,7

1,9

1,7

-0,6
1,0
-2,1
3,1
0,8

2,0

2,6

-2,7
-0,7
-4,8
0,1
0,4

-2,8

1,2

-1,5
0,8
-4,4
0,4
1,4

1,0

Annexe Tableau 3 - Pays en développement: croissance passée et projetée de la production, de la demande et du commerce

 

Production

Demande

Exportations brutes

 

1984*-1994*

1994*-2005

1984*-1994*

1994*-2005

1984*-1994*

1994*-2005

 

.............................. Pourcentage par an ..............................

Tous produits

3,6

3,0

3,7

3,0

3,5

11,9

Denrées alimentaires de base

3,9

3,1

3,8

3,0

1,1

3,3

Céréales
Blé
Riz, usiné
Céréales secondaires
Maïs
Mil et sorgho
Autres céréales secondaires

2,1
2,3
1,7
2,4
3,7
-0,7
1,6

1,8
1,8
1,4
2,1
2,4
1,3
1,4

2,4
2,4
1,9
3,0
4,4
-0,3
1,6

1,8
1,8
1,3
2,2
2,6
1,1
1,5

4,0
1,8
-11,1
9,8
15,5
20,6
0,4

2,4
2,0
6,4
3,1
3,6
-3,5
2,5

Manioc

2,2

2,2

2,8

2,4

-1,7*

1,5*

Matières grasses et tourteaux d'oléagineux
Matières grasses
Tourteaux d'oléagineux

4,9

5,0
4,6

3,7

3,8
3,3

3,7

3,9
2,4

4,0

3,9
4,6

-

-
17,8*

-3,3*

-6,1*
-1,8*

Total viande
Boeuf et veau
Mouton et agneau
Porc
Volaille

6,1
3,3
4,1
6,6
9,4

4,5
2,9
3,9
3,6
7,1

6,1
3,4
3,8
6,8
9,2

4,5
3,0
3,7
3,7
7,1

13,8
-
0,2
-12,1*
4,9

8,3
13,7
0,1
-
6,3

Produits laitiers
Lait et produits laitiers
Beurre

3,7
3,6
4,4

2,7
2,8
1,7

3,2
3,2
3,5

2,6
2,7
1,8

-0,1
0,0
-0,9

1,7
1,6
2,3

Autres produits

2,1

2,3

2,5

2,7

1,0*

2,2*

Fruits

4,9

2,8

5,0

3,8

2,5*

2,2*

Fruits tropicaux
Agrumes

-
4,9

-
2,8

-
5,0

-
3,8

7,4*
2,2*

3,3*
2,1*

Boissons tropicales

0,2

2,3

-0,1

3,2

0,6*

1,5*

Thé
Café

1,8
-0,2

2,7
2,1

1,6
-1,2

2,9
3,4

2,2*
0,4*

2,2*
1,4*

Matières premières

0,8

1,9

1,3

1,5

-0,4*

3,2*

Coton
Jute, kénaf et fibres apparentées
Abaca
Sisal et henequen
Fibre de coco
Cuirs et peaux de bovins
Peaux de mouton et de caprins

0,8

-4,0
-0,1
-2,4
4,0
2,5

3,7

1,9

-0,1
1,0
-2,2
3,1
2,1

3,1

1,1

-1,9
-2,6
3,3
6,4
1,8

6,0

1,5

-0,4
3,0
0,3
4,1
1,1

3,1

0,0*

-2,8*
-0,5*
-6,1*
-1,1*
-

-18,5*

3,0*

-1,9*
0,8*
-5,8*
0,1*
14,4*

1,2*

Annexe Tableau 4 - Pays développés: croissance passée et projetée de la production, de la demande et du commerce

 

Production

Demande

Exportations brutes

 

1984*-1994*

1994*-2005

1984*-1994*

1994*-2005

1984*-1994*

1994*-2005

 

.............................. Pourcentage par an ..............................

Tous produits

0,6

1,1

1,0

0,8

-3,4*

2,7*

Denrées alimentaires de base

0,6

1,1

1,0

0,7

-1,0*

3,3*

Céréales
Blé
Riz, usiné
Céréales secondaires
Maïs
Mil et sorgho
Autres céréales secondaires

0,0
-0,1
0,8
0,1
1,5
-3,7
-2,3

1,5
1,3
0,8
1,7
2,2
0,3
0,2

1,0
1,6
0,9
0,7
2,0
-2,9
-1,4

0,9
0,6
1,0
0,9
1,5
-0,1
-0,4

0,0*
1,0*
-4,8*
2,1*
5,2*
1,7*
-4,3*

1,8*
1,2*
2,1*
2,6*
3,1*
-3,3*
2,1*

Manioc

-

-

-1,7

1,5

-1,7

1,5

Matières grasses et tourteaux d'oléagineux
Matières grasses
Tourteaux d'oléagineux

1,6

1,6
1,8

2,0

2,1
1,6

4,4

4,0
6,4

1,5

1,6
0,8

_

-
-

-5,7

-13,2
-2,4

Total viande
Boeuf et veau
Mouton et agneau
Porc
Volaille

1,7
0,1
0,4
1,2
4,4

1,3
0,5
0,2
0,5
3,1

1,5
0,1
0,5
1,0
4,1

0,9
-0,2
0,3
0,3
2,8

20,2*
20,7*
0,4*
-
15,4*

7,2*
7,0*
-0,3*
12,5
7,6*

Produits laitiers
Lait et produits laitiers
Beurre

-0,3
-0,1
-2,4

0,5
0,5
0,4

-0,2
0,0
-2,5

0,4
0,4
0,2

-1,3*
-1,2*
-1,9*

1,6*
1,6*
1,6*

Autres produits

0,8

0,9

1,0

1,6

0,2

3,6

Fruits

0,9

1,5

1,9

1,8

0,8

5,1

Fruits tropicaux
Agrumes

-
0,9

-
1,5

-
1,9

-
1,8

7,4
0,3

3,4
5,3

Boissons tropicales

-14,2

12,3

0,2

2,1

0,5

2,0

Thé
Café

-14,2
-

12,3
-

-0,9
0,4

2,2
2,1

0,9
0,4

1,6
2,1

Matières premières

0,8

0,3

0,4

1,3

-1,0

4,3

Coton
Jute, kénaf et fibres apparentées
Abaca
Sisal et henequen
Fibre de coco
Cuirs et peaux de bovins
Peaux de mouton et de caprins

1,9

-
-
-
-
-0,6

-0,3

0,7

2,8
-
-
-
-0,4

-0,2

1,0

-2,0
0,5
-5,1
-1,2
-0,1

-2,0

1,8

-2,0
0,6
-5,4
-1,1
0,6

-0,1

-0,9

-1,5
0,3
-5,2
-1,2
-

-18,5

4,3

-2,1
0,7
-5,3
-1,1
14,6

1,2

Annexe Tableau 5 - Economies en transition: croissance passée et projetée de la production, de la demande et du commerce

 

Production

Demande

Exportations brutes

 

1984*-1994*

1994*-2005

1984*-1994*

1994*-2005

1984*-1994*

1994*-2005

 

............................. Pourcentage par an ..............................

Tous produits

-1,9

0,3

-2,1

0,4

-9,8

5,8

Denrées alimentaires de base


-1,9


0,4


-2,0


0,4


-9,5


3,5

Céréales
Blé
Riz, usiné
Céréales secondaires
Maïs
Mil et sorgho
Autres céréales secondaires

-1,5
-0,6
-5,6
-2,1
-4,5
-7,7
-1-1

1,0
1,1
2,4
0,9
0,8
1,1
0,9

-2,2
-1,4
-3,0
-2,8
-6,4
-10,9
-1,2

0,4
0,2
0,8
0,5
0,5
0,5
0,6

-18,0
-16,6
2,3
-22,7
-17,3
-33,5
-

-
-
-1,1
-
-29,0
7,4
8,1*

Manioc

-

-

-

-

-

-

Matières grasses et tourteaux d'oléagineux
Matières grasses
Tourteaux d'oléagineux

-2,6

-2,7
-1,8

1,4

1,5
0,9

-4,6

-4,2
-7,2

1,9

1,9
1,2

-21,0

-
-11,0

11,1

-
2,1

Total viande
Boeuf et veau
Mouton et agneau
Porc
Volaille

-2,0
-1,6
-1,1
-2,0
-3,0

0,2
-0,7
-1,0
0,2
2,0

-1,4
-1,2
-0,9
-1,7
-1,1

0,7
-0,4
-1,1
0,4
3,4

32,4
8,7
7,4
34,3
-

6,3
2,9
-3,4
5,6
9,2

Produits laitiers
Lait et produits laitiers
Beurre

-2,1
-1,9
-4,6

0,2
0,2
-0,2

-2,3
-2,1
-4,6

0,1
0,1
-0,2

16,8*
7,8*
-4,4

1,9*
1,5*
-0,8

Autres produits

-3,6

-1,3

-5,2

2,9

-11,3

14,3

Fruits

-4,3

-6,6

0,7

5,7

2,1

5,9

Fruits tropicaux
Agrumes

-
-4,3

-
-6,6

-
0,7

-
5,7

-
2,1

-
5,9

Boissons tropicales

-18,2

15,8

-3,8

3,0

-0,6

1,7

Thé
Café

-18,2
-

15,8
-

-2,0
-5,5

4,5
0,9

7,3
-4,8

2,4
0,9

Matières premières

-3,1

-1,6

-7,3

1,3

-

-16,5*

Coton
Jute, kénaf et fibres apparentées
Abaca
Sisal et henequen
Fibre de coco
Cuirs et peaux de bovins
Peaux de mouton et de caprins

-3,1

_
-
_
-
-

-

-1,6

-
-
-
-
-

-

-7,0

-7,0
-14,7
-
-19,0
-2,6

-

1,3

1,3
-0,7
-
-
0,0

-

_


-14,7
-
-19,0
-2,6
-
-

-15,0*

0,7
-
-
0,0
-

-

Annexe Tableau 6 - Pays en développement: coût global des importations et recettes d'exportation

Annexe Tableau 7 - Valeur passée et projetée des importations nettes des pays à faible revenu et

à déficit vivrier

Annexe Tableau 8 - Valeur passée et projetée des importations nettes des pays les moins avancés et des
pays importateurs nets de produits alimentaires

1 Pour plus de détails concernant la méthodologie, voir "Perspectives à moyen terme des produits agricoles: projections à l'horizon 2000". Etude FAO: Développement économique et social N° 120. Rome, 1994.