COMITE DES PRODUITS

Soixante-deuxième session

Rome, 12 - 15 janvier 1999

SITUATION ET PERSPECTIVES MONDIALES DES PRODUITS ET TENDANCES AU PROTECTIONNISME EN AGRICULTURE

Table des matières

I. INFLUENCE DES CONDITIONS ÉCONOMIQUES MONDIALES SUR LES MARCHÉS DES PRODUITS

II. LES MARCHÉS DES PRODUITS: RÉSUMÉ

III. SUITE DONNÉE À LA RÉSOLUTION 2/79
DE LA CONFÉRENCE

IV. CONCLUSIONS


1. Depuis la dernière session du Comité des produits, la situation mondiale des produits a sensiblement évolué, sous l'effet de changements dans les principes de base des marchés, d'anomalies météorologiques et de la dégradation du contexte économique mondial. Ce document passe en revue l'évolution récente des marchés mondiaux des produits et de l'économie mondiale et en évalue les perspectives à court terme. Il fait le point sur la suite donnée à la Résolution 2/791 de la Conférence et analyse les faits nouveaux concernant les marchés internationaux des produits. Des données plus détaillées seront fournies dans une mise à jour qui fera l'objet d'une présentation.

2. A la soixante et unième session du Comité des produits, un fléchissement progressif des prix des produits agricoles avait été annoncé, en particulier pour les céréales. En effet, on s'attendait à ce que les agriculteurs des principales régions exportatrices et consommatrices augmentent leurs emblavures à cause des prix élevés en vigueur. Le recul escompté des prix des céréales a commencé à se concrétiser fin 1996, pour se poursuivre en 1997 et 1998. Simultanément, la production s'accroissait étant donné les conditions favorables de végétation et la demande mondiale d'importation à cause des conditions économiques chancelantes. Les prix de la plupart des autres produits agricoles (mais pas pour tous) ont chuté en 1998, sous l'effet de divers facteurs économiques et autres (voir le tableau 1 en annexe).

3. Les variations de prix des produits peuvent être attribuées à plusieurs facteurs, aussi bien généraux que spécifiques à certains produits. On peut citer en premier lieu la crise financière, suivie d'un ralentissement de la croissance des revenus, qui s'est déclarée essentiellement en Asie et dans la Communauté des Etats indépendants (CEI), avec un impact sur le reste du monde. En 1998, cette crise a eu pour effet de décourager la demande mondiale d'importation de nombreux produits et, partant, de provoquer une chute des prix, en particulier de la viande, des céréales secondaires, du sucre, des boissons tropicales et de la plupart des matières premières agricoles. Les prévisions concernant la croissance économique mondiale sont de 2 pour cent pour 1998 et de 2,5 pour cent pour 1999, contre 4,1 pour cent en 1997. Les prévisions relatives à 1998 ont baissé de plus de deux points par rapport au niveau prévu il y a un an2. En deuxième lieu, la dévaluation de différentes monnaies nationales liée à la crise financière et conjuguée à une forte diminution des coûts d'expédition, a provoqué une chute des prix de certains produits des pays touchés par la crise, notamment les huiles végétales et les fruits tropicaux. Enfin, une troisième raison ayant contribué au recul des prix est la hausse de l'offre de produits alimentaires provenant des régions tempérées et de certains produits tropicaux, tels que le café et le thé, compte tenu des conditions météorologiques favorables dans de nombreux pays.

4. Par ailleurs, le phénomène El Niño qui a sévi dans plusieurs pays a entraîné une diminution de la production de certaines denrées, en particulier le riz, déterminant ainsi une hausse des prix. En ce qui concerne la viande de bœuf, l'atténuation des craintes des consommateurs relatives à sa contamination, notamment par l'encéphalopathie spongiforme bovine, a partiellement compensé la tendance à la baisse des prix de la viande. Cependant, d'autres facteurs ont contribué au maintien de la faiblesse des prix.

5. Pour la plupart des produits de base, la détérioration des prix du marché est due à une série de facteurs. Il serait toutefois extrêmement ardu de quantifier les effets de façon individualisée, car d'autres influences telles que les sécheresses ou les inondations se sont ajoutées aux facteurs économiques découlant de la crise.

6. Les données de 1998 sur les recettes totales tirées des exportations agricoles ne sont pas encore disponibles. Néanmoins, on prévoit un recul des recettes d'exportation dû au fléchissement des prix et à l'état généralement stationnaire ou à la diminution du volume des échanges. Pour les céréales, sur lesquelles on dispose de données partielles, les recettes d'exportation pour 1998/99 devraient vraisemblablement chuter de 20 pour cent par rapport à l'année précédente, l'essentiel de la baisse concernant le blé et les céréales secondaires. De même, dans les pays en développement à faible revenu et à déficit vivrier, le coût global des importations alimentaires devrait sans doute diminuer de 20 pour cent, sous l'effet de la baisse des prix et des échanges, ainsi que de l'accroissement des expéditions d'aide alimentaire en 1998/99. D'après un examen de l'indice agrégatif des prix dans le domaine agricole, les termes de l'échange des pays en développement n'auraient pas subi de variation majeure en 1998. Les indices des prix à l'exportation ont baissé dans la même mesure que les indices des prix des produits exportés par les pays industrialisés, et donc de ceux importés par les pays en développement.

7. Comme on le verra ci-après, en 1997 et 1998, l'interaction de facteurs économiques, météorologiques et autres a entraîné diverses modifications sur les marchés des produits agricoles. L'abondance des disponibilités de blé et de céréales secondaires, due à des récoltes exceptionnelles dans les principaux pays exportateurs et importateurs, et l'absence d'une demande compensatoire plus forte, s'est traduite sur les deux campagnes par une forte tendance à la baisse des prix internationaux. Récemment, les prix, surtout ceux du blé, ont enregistré une hausse, stimulée par la perspective d'une hausse des importations de la Fédération de Russie, en dépit des difficultés financières qu'elle connaît actuellement. En revanche, dans les principaux pays producteurs d'Asie, la chute importante de la production du paddy due aux intempéries et la demande forte et continue d'importations de cette denrée alimentaire de base par les pays asiatiques, ont fait monter les cours du riz dans la première moitié de 1998. Ceux-ci ont atteint leur point culminant en juillet 1998 alors que l'essentiel des besoins d'importation était désormais assuré et que les nouvelles récoltes commençaient à arriver sur le marché. Les prix du manioc ont reculé, même si la production mondiale s'est affaiblie devant la concurrence des céréales fourragères aux prix plus compétitifs, qui ont remplacé le manioc dans les aliments composés du bétail.

8. Sur le marché de l'huile végétale, une hausse des prix a été enregistrée, stimulée par une offre limitée, notamment d'huile de palme provenant des principaux pays producteurs d'Asie, en raison de la sécheresse. Quant aux prix de la farine d'oléagineux, ils ont fléchi en raison d'une diminution de la demande d'aliments pour animaux dans les régions touchées par la crise, situation exacerbée par les disponibilités abondantes de céréales fourragères compétitives. Le marché international de la viande a été régi par différents facteurs selon les types de viande, qui se sont parfois neutralisés mutuellement et ont généré des tendances divergentes en matière de prix. Ainsi, en ce qui concerne les viandes de bœuf, de porc et de volaille présumées contaminées par la maladie des vaches folles et la E. coli, la fièvre aphteuse et la peste aviaire, respectivement, les craintes des consommateurs se sont atténuées, conduisant à une reprise modeste de la demande dans plusieurs pays. Par contre, dans les pays frappés par la crise, la perte du pouvoir d'achat a eu l'effet contraire, malgré les incitations financières accordées par les principaux pays exportateurs. Dans l'ensemble, l'augmentation de l'offre de la plupart des viandes, associée à une baisse des coûts des intrants alimentaires pour le bétail et à une demande d'importation stagnante, a conforté la tendance à la baisse des prix de la viande.

9. En ce qui concerne les autres cultures, les perspectives d'une production record de café et de thé et une certaine reprise de la production de cacao ont suscité un fléchissement des prix. Celui-ci pourrait se prolonger à cause de la baisse de la demande d'importation dans la CEI et du ralentissement économique plus général susceptible de freiner la demande des autres pays. Pour le sucre, la détérioration des conditions économiques qui a fait chuter, dans un premier temps, les importations sur les principaux marchés asiatiques, a également provoqué un recul sensible des importations dans la Fédération de Russie, grand marché importateur. Le ralentissement de l'économie mondiale devrait affaiblir la demande d'importation, tandis que les disponibilités exportables devraient rester élevées, ce qui devrait se traduire par une tendance des prix à la baisse pendant le restant de 1998 et début 1999.

10. Dans la CEI, et notamment dans la Fédération de Russie, les marchés des agrumes et des bananes ont fortement reculé. La tendance générale à la baisse des prix a cependant été inversée dans le cas des agrumes en raison des premières indications relatives à une diminution des récoltes de la campagne 1998/99 dans la région méditerranéenne, aux Etats-Unis et au Brésil. Les importations de fruits des zones tempérées de plusieurs grands marchés d'Asie ont diminué au profit des fruits tropicaux de production nationale. En ce qui concerne les matières premières, en particulier le coton, le caoutchouc et les cuirs et peaux, la situation économique difficile a eu de fortes incidences sur les marchés. Toutefois, l'impact sur les fibres industrielles, telles que le jute et les fibres dures, est faible. Les prix du coton sont au plus bas depuis quatre ans à cause de la demande réduite de plusieurs grands pays consommateurs. Les marchés des cuirs et peaux et celui du caoutchouc ont également souffert du fléchissement de la demande. En revanche, la stagnation des prix du jute résultent fondamentalement de la forte augmentation de la production due aux prix élevés de 1996. Le marché du sisal reste relativement ferme.

11. En vertu de la Résolution 2/79 de la Conférence, le Comité des produits est appelé à évaluer l'incidence des résultats des négociations commerciales multilatérales, à analyser l'évolution des mesures protectionnistes et à examiner les possibilités de promouvoir les échanges commerciaux entre les pays en développement. Les autres volets compris dans la Résolution sont: le Fonds commun, le Programme intégré pour les produits de base et les autres accords internationaux de produits. Le Comité a procédé, à l'occasion de sa soixante et unième session, à un examen approfondi de l'impact du Cycle d'Uruguay; un suivi de cette évaluation est prévu au cours de cette session, sous un autre point de l'ordre du jour. Les activités relatives au Fonds commun seront également traitées séparément au cours de la session. On trouvera ci-après un aperçu des faits nouveaux concernant d'autres domaines couverts par la Résolution.

12. Dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), en 1997, les transferts totaux en faveur des agriculteurs, déterminés par les politiques agricoles et payés par les consommateurs et les contribuables, ont poursuivi leur recul par rapport au début de la décennie, pour s'établir à 280 milliards de dollars E.-U., chiffre proche de la moyenne de 1986/88 (annexe, tableau 2). Les transferts totaux continuent à baisser en pourcentage du PIB (1,3 pour cent en 1997 contre 2,2 pour cent il y a dix ans). Aucune donnée n'est disponible pour 1998, mais la baisse des cours mondiaux des produits de base pourrait avoir freiné le déclin du soutien dans plusieurs pays.

13. L'équivalent subvention à la production (ESP) a été en 1997 de 145 milliards de dollars E.-U. en valeur nominale, soit 10 pour cent de moins qu'en 1996 et 17 pour cent de moins qu'en 1995 3. Exprimé en pourcentage de la valeur de production de ces produits, l'ESP était de 35 pour cent en 1997 et 1996, contre 40 pour cent en 1995, confirmant la courbe descendante entamée à partir de 1986-1988. Le Coefficient nominal de soutien (CNS) à la production, qui représente le rapport des prix sur le marché intérieur (prix à l'exportation plus l'ESP unitaire) aux prix mondiaux, est passé de 1,8 en 1986-1988 à 1,5 en 1997.

14. Au niveau de la structure des programmes d'aide à l'agriculture, sous l'effet des politiques agricoles, l'abandon progressif des mesures de soutien des prix du marché en faveur de paiements directs entraîne une forte réduction (en valeur absolue et en pourcentage) de la taxe implicite sur les consommateurs, mesurée par l'équivalent subvention à la consommation (ESC). L'ESC est descendu à -91 milliards de dollars E.-U. en 1997, soit une diminution de 5 pour cent par rapport à 1996 et de 24 pour cent depuis 1986-88. Exprimé en pourcentage de la valeur de la production, l'ESC est tombé à -24 pour cent en 1996 et 1997 contre -37 pour cent en 1986-88. Le CNS à la consommation, un indicateur du rapport entre les prix sur le marché intérieur et les cours mondiaux déterminé par les politiques, est passé de 1,6 en 1986-88 à 1,3 en 1997.

15. De larges écarts subsistent entre les niveaux de soutien à l'agriculture dans différents pays membres de l'OCDE, l'ESP en pourcentage allant, pour 1997, de 3 pour cent en Nouvelle-Zélande à 76 pour cent en Suisse. Trois grands pays exportateurs agricoles - le Canada, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis - ont enregistré une baisse substantielle du pourcentage et du total des ESP et ESC depuis 1986-88. Leur niveau de soutien se situe désormais, avec celui de l'Australie, largement en dessous de la moyenne des pays de l'OCDE. Plusieurs pays importateurs agricoles - l'Islande, le Japon, la Norvège et la Suisse - ont enregistré depuis 1986-88 un léger recul de leur ESP en pourcentage et un fléchissement légèrement plus important dans leur ESC en pourcentage, dus dans une certaine mesure au remplacement du soutien des prix du marché par des paiements directs. Néanmoins, leurs niveaux d'aide sont encore bien supérieurs à la moyenne des pays de l'OCDE. Dans l'Union européenne, l'ESP total a fortement augmenté en 1995 après l'adhésion de trois nouveaux pays membres, mais l'ESP en pourcentage est resté pratiquement stable. Le pourcentage et le total de l'ESP y ont chuté en 1996 et 1997 pour s'établir juste au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE.

16. Pour les cultures des pays de l'OCDE, en 1996, l'ESP en pourcentage a poursuivi son fléchissement à long terme, passant de 45 pour cent en 1986-88 à 34 pour cent pour remonter ensuite légèrement en 1997 (à 37 pour cent), essentiellement sous l'effet du recul des cours mondiaux des céréales. La plupart des baisses à long terme de l'ESP en pourcentage concernent le blé, le maïs et les graines oléagineuses. Aucun changement notable ne s'est produit depuis 1986-88 pour le riz et le sucre, qui continuent d'avoir de loin l'ESP le plus élevé (respectivement 80 et 49 pour cent). En ce qui concerne l'ensemble des produits de l'élevage, l'ESP moyen en pourcentage a légèrement baissé en 1997 (32 pour cent contre 34 pour cent en 1996 et 35 pour cent en 1986-1988). Quant au lait, il a encore l'ESP le plus élevé des produits de l'élevage (52 pour cent) en dépit d'une baisse importante par rapport au niveau de 1986-88 (qui était de 61 pour cent).

17. On ne dispose pas de données chronologiques détaillées pour les pays en développement concernant les taux de protection et les mesures de soutien à l'agriculture comme celles existant pour les pays de l'OCDE. Néanmoins, selon un rapport de la FAO qui sera prochainement publié, maints pays en développement se sont engagés dans une phase de réformes visant à renforcer les mécanismes du marché. Ils s'efforcent toutefois d'augmenter la production agricole et d'améliorer les revenus agricoles dans un contexte où se bousculent les enjeux posés par la situation économique internationale. Dans certains pays, les soutiens des prix sur le marché intérieur et les droits sur les importations ont été renforcés en 1998 pour protéger les producteurs nationaux des effets des cours mondiaux peu élevés.

18. En septembre 1998, le Gouvernement indonésien a annoncé des changements fondamentaux qui devraient influer sur l'importation et la distribution du riz, du blé et de la farine de blé, des fèves de soja et du sucre. Cette réforme s'inscrit dans le cadre des mesures mises en œuvre pour accélérer le processus, amorcé en 1997 et début 1998, de mise en place de politiques orientées vers le marché. Les changements incluent notamment la suppression du monopole exercé par l'organisme Bulog (National Logistics Agency) sur les importations de riz et la levée totale des bonifications de change sur les fèves de soja, la farine et le blé. Dans sa tentative de cibler les subventions à la consommation des produits de première nécessité, le Gouvernement indonésien a réduit les subventions sur le sucre et la farine de blé au début de l'année 1998 et a annoncé son intention de les éliminer avant la fin de l'année. Simultanément, Bulog a augmenté les réserves de riz subventionné destinées à 17,5 millions de familles bénéficiaires des couches extrêmement pauvres de la population. Pour accroître la production nationale et les revenus agricoles, le gouvernement a fait monter le prix du riz non décortiqué, qui est passé de 700 rupiahs à 1 000 rupiahs en juin 1998.

19. En 1997, le Gouvernement philippin a adopté un programme de réformes agricoles pour réduire la pauvreté rurale et promouvoir la sécurité alimentaire et la croissance durable. Il a également annoncé son intention de stabiliser les prix agricoles en recourant à la mise sur marché d'actions, en améliorant la transparence des marchés, en renforçant la participation du secteur privé et en abaissant les droits sur les importations. Les droits NPF appliqués sur une gamme de produits agricoles de base ont été réduits de moitié en 1998, tendance qui devrait s'affirmer d'ici 2000 (blé, orge, avoine, sucre, graines et produits oléagineux, produits laitiers, viandes, autres). D'ici 2000, la plupart de ces droits sur les produits agricoles seront de l'ordre de 3 à 10 pour cent, contre 20 à 40 pour cent avant ces coupures.

20. Le Gouvernement indien a accordé une prime d'acquisition de 550 roupies (14 dollars E.-U.) par tonne en avril 1998 pour essayer d'augmenter les approvisionnements en blé, ce qui a fait monter les prix de soutien effectifs à 5 100 roupies (129 dollars E.-U.) par tonne pour la campagne de commercialisation 1998/99. Le Gouvernement turc a aussi annoncé un relèvement des prix de soutien aux céréales pour 1998/99, mais en raison de la dévaluation de la livre turque, l'augmentation nominale correspond à une diminution de quelque 10 pour cent en dollars. En outre, le Gouvernement turc a augmenté les droits d'importation sur le blé à moudre, qui sont passés de 35 à 45 pour cent et sur le blé dur, passés de 30 à 40 pour cent. Le Gouvernement marocain a annoncé en mars 1998 sa décision d'accroître les droits sur le blé dur de 17,5 pour cent à 50,5 pour cent et sur le blé tendre de 64 pour cent à 101 pour cent. En janvier 1998, le Gouvernement de l'Arabie Saoudite a adopté des droits saisonniers sur les importations de nombreux produits agricoles et a imposé un tarif supplémentaire de 25 pour cent durant la saison des moissons. En outre, les taxes sur le blé et la farine de blé ont subi une augmentation de 12 à 100 pour cent, le commerce de ces produits restant aux mains du gouvernement.

21. Le Gouvernement polonais a réintroduit des droits sur le maïs fourrager début 1998 et, au milieu de l'année, a introduit des prix seuils minimaux pour les importations de produits agricoles, céréales comprises. En juillet 1998, le Gouvernement roumain a augmenté de 60 pour cent les droits sur les importations de blé et de farine de blé, et cela pour un an. En juillet 1997, le Gouvernement ukrainien a introduit des droits saisonniers sur les importations des produits agricoles et, un an plus tard, il annonçait un doublement, ou plus encore, des droits pour de nombreux produits agricoles, sur les quatre derniers mois de l'année. Aussi les droits sur les importations de blé, seigle, avoine et maïs ont progressé de 60 pour cent.

22. Pour tous les produits, le Brésil a augmenté de 3 points les droits extérieurs sur les importations en provenance de pays autres que ceux de l'union douanière du MERCOSUR (Argentine, Paraguay et Uruguay) et de la zone de libre-échange (Bolivie et Chili). L'imposition de la plupart des produits agricoles s'est ainsi accrue, passant de 10 à 13 pour cent.

23. Plusieurs pays d'Afrique, notamment le Kenya, le Nigéria et la Tanzanie, ont réduit ou suspendu en 1997/98 les droits sur les importations de céréales pour permettre aux approvisionnements d'urgence et aux importations du secteur privé de combler les insuffisances du marché dues à la sécheresse. Le Gouvernement du Zimbabwe a annoncé une augmentation du prix à la production du maïs, qui est ainsi passé de 1 200 $Z (64 dollars E.-U.) à 2 400 $Z (138 dollars E.-U.). Il s'agissait alors de contrebalancer les cours mondiaux peu élevés et d'accroître la production intérieure. Au Kenya, les plans de commercialisation des opérations de l'organisme National Cereals and Produce Board (NCPB) ont été finalisés et mis en œuvre début 1997. Cet organisme a été scindé en deux unités, toutes deux propriété de l'Etat: la première opérera en tant qu'entité commerciale, la deuxième s'occupera de la coordination des réserves céréalières stratégiques. Il est prévu que le NCPB commercial prenne part aux échanges des céréales de façon autonome et qu'il ne lui soit plus demandé de servir d'acheteur de dernier recours de la production intérieure.

24. Plusieurs changements ont été apportés en 1997 et 1998 aux accords internationaux de produits. L'Accord international sur le jute expirera en avril 2000 et un Comité préparatoire a été mis en place pour préparer une nouvelle version de l'Accord. La première réunion de ce Comité, tenue en octobre 1998, a recommandé la poursuite des travaux préparatoires en vue de la négociation d'un nouvel accord. L'Accord international sur la viande bovine et l'Accord international sur les produits laitiers sont venus à expiration en décembre 1997, après trois ans d'application à compter de leur mise en place, le 1er janvier 1995.

25. Les accords commerciaux régionaux et préférentiels restent un domaine important des échanges internationaux. Des négociations ont été entamées pour la continuité de la quatrième Convention de Lomé. Cette convention, qui régit le commerce préférentiel et les autres relations entre l'UE et 70 pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, expirera en février 2000. Depuis sa création en 1996, le Comité des accords commerciaux régionaux de l'OMC continue ou, dans certains cas, commence à examiner plus de 40 accords commerciaux régionaux, notamment: l'élargissement de l'UE à l'Autriche, la Finlande et la Suède; l'Accord de libre-échange nord-américain; le MERCOSUR; les accords de libre-échange entre, d'une part, l'UE et les membres de l'Association européenne de libre-échange et, de l'autre, plusieurs pays d'Europe centrale et orientale (par exemple, Hongrie, Pologne, République tchèque, République slovaque, Roumanie, Bulgarie, Estonie, Lettonie et Lituanie).

26. La dégradation de l'environnement économique mondial représente un risque pour les perspectives à court terme des marchés des produits agricoles. Néanmoins, en dépit des problèmes qui y sont liés, il est important de noter que la croissance économique de 1998 s'annonce positive dans la plupart des régions du monde et des pays en développement et qu'il devrait y avoir une légère reprise économique en 1999.

27. Le fléchissement des cours des produits agricoles observé en 1997 s'est poursuivi en 1998 pour de nombreux produits, les prix ayant parfois baissé davantage pour les denrées alimentaires de base que pour les autres produits. Les cours de pratiquement tous les produits, en termes réels, ont été analogues en 1998 à ceux pratiqués au cours de la dernière décennie. Le ralentissement de la croissance économique mondiale a été l'une des causes du recul des prix, mais d'autres facteurs, notamment les conditions météorologiques, ont également joué un rôle. La diminution des cours et les faibles volumes des échanges impliquent que les pays en développement verront en 1998 une réduction des recettes tirées des exportations agricoles et de la facture des importations alimentaires. Même s'il est difficile de prévoir quelles seront les conditions en 1999, certaines indications laissent penser que les prix des produits pourraient atteindre leur niveau le plus bas alors que la croissance économique connaîtra une reprise et que la production agricole s'ajustera à la faiblesse des cours actuels du marché.

28. Peu de modifications de contenu ont été apportées aux accords internationaux de produits, la principale touchant à l'expiration de l'Accord international sur la viande bovine et de celui sur les produits laitiers. Une autre caractéristique récente des marchés agricoles internationaux, qui devrait aller en s'intensifiant, est l'extension et le perfectionnement des accords commerciaux régionaux.

29. Bien que le protectionnisme agricole soit encore élevé dans les pays de l'OCDE, la tendance jusqu'en 1997 (dernière année pour laquelle on dispose de données) a malgré tout été à la baisse. En particulier, les mesures de soutien des prix du marché pour les produits agricoles ont été allégées, aussi bien aux Etats-Unis que dans la CE, et l'on a enregistré une nouvelle orientation vers un soutien découplé aux producteurs. Dans les pays en développement, l'évolution actuelle dénote une poursuite de la libéralisation des échanges et un renforcement des mécanismes du marché. Il reste à voir si la situation économique difficile que connaissent de nombreux pays et si les prix peu élevés des produits en 1998 ont enrayé la tendance à la baisse des soutiens accordés et à une intensification des réformes tournées vers le marché.

ANNEXE - TABLEAU 1 : Indice des prix à l'exportation pour les principaux produits agricoles (valeurs réelles, 1980=100 ) 1/

Produits

1980-84

1990-94

1995

1996

1997

19982/

Céréales

92

53

57

71

58

54

Viandes

91

61

44

49

54

47

Produits laitiers

94

83

89

90

89

90

Bananes

107

92

78

79

86

90

Sucre

48

25

28

27

26

23

Cultures pour boissons tropicales

90

37

51

42

58

51

Matières grasses, huiles et graines oléagineuses

97

53

57

62

65

64

Matières premières agricoles

90

51

62

56

53

47

Totaux 3/

           

Monde

           

Aliments de base 4/

88

59

51

56

58

53

Autres produits 5/

99

42

55

47

56

51

Toute l'agriculture

89

50

53

51

57

52

             

Pays en développement

           

Aliments de base 4/

82

50

44

48

50

46

Autres produits 5/

89

40

54

46

57

51

Toute l'agriculture

88

42

52

46

55

49

             

Pays industrialisés

           

Aliments de base 4/

91

63

54

59

61

56

Autres produits 5/

95

52

58

51

53

50

Toute l'agriculture

92

60

55

57

59

55

1/ Convertis par l'indice de la valeur unitaire des exportations de produits manufacturés des pays industrialisés.

2/ Moyenne janvier-octobre 1998.

3/ L'indice est fondé sur les valeurs moyennes des exportations 1986-88, en poids.

4/ Les aliments de base comprennent essentiellement les aliments des régions tempérées (céréales, viande, produits laitiers, sucre et huiles végétales, tourteaux et semences).

5/ Les autres produits comprennent surtout des produits tropicaux (cultures destinées à la fabrication de boissons, bananes et matières premières agricoles).

ANNEXE, TABLEAU 2: Transferts totaux déterminés par les politiques agricoles dans les pays de l'OCDE

 

1986/88

1992/94

1995

1996p

1997e

Transferts totaux

         

En milliards de dollars E.-U.

279,3

332,5

332,2

296,7

280,2

En milliards d'ECU

253,6

273,5

254,1

233,7

244,6

En pourcentage du PIB

2,2

1,7

1,5

1,3

1,3

Par habitant : en dollars E.-U.

en ECU

341

310

381

313

375

287

333

262

312

273

           

Equivalents subvention à la production (ESP)

         

En milliards de dollars E.-U.

158,9

171,5

174,9

160,9

145,2

En milliards d'ECU

144,3

141,1

133,8

126,7

126,8

En pourcentage de la valeur de la production à la sortie de l'exploitation

45

42

40

35

35

Par cultivateur à plein temps: en dollars E.-U.

14 000

19 000

21 000

19 000

17 000

Par hectare de terres agricoles: en dollars E.-U.

148

163

167

152

137

           

Equivalents subvention à la consommation (ESC)

         

En milliards de dollars E.-U.

-118,7

-124,6

-118,2

-96,0

-90,8

En milliards d'ECU

-107,8

-102,4

-90,4

-75,6

-79,2

En pourcentage de la valeur de la production à la sortie de l'exploitation

-37

-33

-29

-24

-24

           

Coefficient nominal de soutien à la production (CNS) 1/

         

CNS moyen à la production

1,78

1,68

1,60

1,50

1,49

CNS moyen à la consommation

1,61

1,50

1,41

1,31

1,32

Source: Politiques, marchés et échanges agricoles dans les pays de l'OCDE : suivi et évaluation 1998 et Measurement of Support and Background Information, OCDE, Paris, 1998.

Note : les chiffres relatifs à 1996 sont provisoires, ceux de 1997 sont des estimations.

1/ Le CNS à la production (consommation) représente le rapport de la somme du prix à l'exportation et de l'ESP (ESC) unitaire au prix à l'exportation.

1 Résolution 2/79 de la Conférence, "Commerce des produits, protectionnisme et ajustement agricole", vingtième session, Rome, 10-28 novembre 1979.

2 FMI, Perspectives de l'économie mondiale, octobre 1998.

3 Les "transferts totaux" comprennent non seulement les aides que mesurent l'ESP et l'ESC, mais aussi les dépenses budgétaires additionnelles déterminées par certaines politiques alimentaires, rurales et environnementales qui ne sont pas directement imputables en tant que transferts aux producteurs agricoles. L'ESP ne couvre qu'une série standard de produits, qui englobe la plupart des principaux produits. Les données relatives à 1997 sont des estimations provisoires et se réfèrent à l'Europe des quinze.