COMITÉ DES PRODUITS

RÉUNION CONJOINTE DE LA TRENTIÈME SESSION DU GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LES FIBRES DURES ET DE LA TRENTE-DEUXIÈME SESSION DU GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LE JUTE, LE KÉNAF ET LES FIBRES APPARENTÉES

Rome, 7-9 décembre 1998

PROJECTIONS DES PRODUITS À L'HORIZON 2005: LES FIBRES DURES


Table of Contents

I. INTRODUCTION

II. POLYPROPYLÈNE

III. SISAL ET HENEQUEN

IV. ABACA

V. COCO

VI. PRINCIPAUX PROBLÈMES ET QUESTIONS DE DÉVELOPPEMENT


I. INTRODUCTION

1. Les projections présentées dans ce document font état d'une grande diversité de perspectives pour les trois fibres étudiées. Aussi, on prévoit que se poursuive le fléchissement de la demande de sisal et de henequen, le groupe de fibres ayant la plus haute valeur productive et commerciale, tandis que l'abaca devrait se maintenir sur le marché. En ce qui concerne le coco, il est vraisemblable que la consommation augmente, même si l'éventuelle hausse sera très largement tributaire de la consommation intérieure en Inde, les exportations de cette fibre vers les pays industrialisés étant en baisse. Un certain potentiel existe pour le développement des débouchés non traditionnels qui pourraient freiner la baisse pour les différentes fibres.

2. Les projections relatives aux fibres dures sont en grande partie fondées sur l'hypothèse que les récentes tendances observées sur les marchés se poursuivront pour les produits étudiés. Il est probable que les approvisionnements en polypropylène continueront à être abondants, ce qui entraînera une baisse ultérieure, en termes réels, des prix du polypropylène. Au regard de la concurrence constante avec les matières synthétiques, les prix des fibres dures devraient également baisser ultérieurement en termes réels.

II. POLYPROPYLÈNE

3. Les fibres dures sont concurrencées, à différents degrés, par les produits synthétiques de substitution, surtout dans leurs applications traditionnelles. Le cas probablement le plus frappant est celui de la ficelle agricole de sisal dont une grande part du marché a disparu au profit du polypropylène, et cela en dépit de la présence encore importante du sisal sur les marchés des États-Unis et, dans une moindre mesure, d'Europe. Les tendances de la production et des prix du polypropylène ont donc un impact direct sur les perspectives des fibres dures. La capacité de production mondiale du polypropylène devrait poursuivre son expansion dans les dix prochaines années, sans doute à un rythme plus rapide que la consommation, en entraînant une certaine baisse des prix. Cela risque d'avoir des incidences négatives sur la demande de sisal et des autres fibres dures en ce qui concerne leurs applications traditionnelles. Il n'est toutefois pas aisé de quantifier l'ampleur de ces effets, qui pourrait être relativement minime.

III. SISAL ET HENEQUEN

4. La demande de sisal et de henequen a sensiblement baissé depuis le niveau de 800 000 tonnes du début des années 70. Depuis lors, la consommation annuelle est tombée à 400 000 tonnes au milieu des années 80 et à un peu plus de 300 000 tonnes au milieu des années 90. La fabrication de ficelle agricole a toujours été le débouché le plus important pour le sisal et le henequen. Néanmoins, la concurrence avec les fibres synthétiques, conjuguée aux nouvelles techniques de récolte nécessitant moins de ficelle ou pas du tout, a donné lieu à un déclin à long terme du marché de la ficelle agricole de sisal. A la fin des années 70, environ 230 000 tonnes de sisal étaient utilisées pour la fabrication de ficelle, chiffre qui allait tomber à 175 000 tonnes dix ans plus tard. Au début des années 90, la réduction de la demande dans la région de l'ex-URSS et des pays d'Europe de l'Est a déterminé une baisse de 3 pour cent par an sur le marché mondial. Au milieu des années 90, la consommation mondiale n'était plus désormais que de 130 000 tonnes.

5. Le sisal est également en forte concurrence avec les fibres synthétiques en ce qui concerne de nombreuses autres applications, notamment les articles de corderie en général, les sacs et sachets, les tapis et nattes. Néanmoins, la demande de tapis de sisal a connu un certain essor: le volume des fibres employées dans cette application a atteint 20 000 tonnes au milieu des années 90, contre 16 000 tonnes dans les années 60. Suite au recul du marché de la ficelle et au développement des applications non traditionnelles, la proportion de fibres de sisal utilisées dans la fabrication de la ficelle a notablement baissé. On attendait une augmentation de l'emploi du sisal pour la fabrication de papier, mais le niveau semble relativement stationnaire ou pourrait même avoir légèrement baissé pour s'établir à 40 000 tonnes.

6. D'ici 2005, l'utilisation du sisal pour la ficelle agricole devrait continuer à baisser. En Europe, où le sisal a déjà perdu pas mal de terrain, la diminution pourrait ralentir. Le marché du sisal des Etats-Unis a également accusé un certain recul, mais il continue à représenter une grosse part du marché. Une certaine incertitude existe quant au potentiel des pays de l'ex-URSS, mais il est peu probable que l'on assiste à une reprise importante.

7. La demande de tapis en sisal pourrait continuer à progresser, même si la grande popularité de ce produit, dans la première moitié des années 90, pourrait se révéler de brève durée. Une quantité réduite de fibres est utilisée dans la pâte à papier. Le sisal pourrait donc trouver d'autres créneaux, même si, pour l'essentiel, ce potentiel ne devrait pas se réaliser avant 2005. Les produits artisanaux et les géotextiles sont deux autres secteurs où le sisal pourrait être de plus en plus utilisé au cours des prochaines années, mais les quantités nécessaires risquent fort de rester limitées d'ici à 2005. La proportion de fibres de sisal utilisées dans la fabrication de ficelle agricole devrait vraisemblablement continuer à diminuer car ces fibres sont de plus en plus employées dans une large gamme d'applications. Néanmoins, les taux de croissance actuellement enregistrés sont insuffisants pour compenser la contraction du marché traditionnel de la ficelle.

8. La production de sisal devrait vraisemblablement être ajustée à la baisse pour se rapprocher du niveau de consommation prévu en 2005, soit environ 260 000 tonnes. Les producteurs latino-américains (Brésil et Mexique) devraient être les premiers à ressentir les effets de l'affaiblissement du marché du sisal, la production dans ces pays étant davantage liée au marché traditionnel de la ficelle. Les fibres de meilleure qualité provenant des pays d'Afrique de l'Est ont une plus grande gamme de débouchés et la production du Kenya et de la Tanzanie pourrait reculer plus lentement qu'au Brésil. En Tanzanie, en particulier, la production a souffert au milieu des années 90 lorsque l'Office du sisal était sur le point d'être restructuré. Une structure privatisée ayant été récemment mise en place, on peut s'attendre à une certaine reprise.

9. Il est prévu que les exportations de sisal tomberont à environ 120 000 tonnes d'ici à 2005, du fait de la baisse de la demande des pays importateurs. Les importations de fibres devraient continuer à diminuer à un rythme plus rapide que celles des produits manufacturés. On peut donc s'attendre à ce qu'une proportion accrue de sisal soit commercialisée sous forme de produits manufacturés.

IV. ABACA

10. La consommation mondiale d'abaca devrait augmenter quelque peu pour atteindre 85 000 tonnes d'ici 2005. L'abaca trouve son principal débouché dans les applications non tissées, telles que sachets de thé, membranes pour le conditionnement des saucisses, différents types de filtres en papier et papier électrolytique. Il est prévu que les importations du Japon et de la Communauté européenne augmentent de façon régulière, mais celles de l'Amérique du Nord sont en baisse. L'abaca est exporté de plus en plus sous forme de pâte et non pas de fibre. Le marché des petits cordages continue à se contracter.

11. La production mondiale d'abaca a été assez stable au cours des dernières années et n'a guère évolué entre la moitié des années 80 et la moitié des années 90. La demande est restée relativement forte et les prix ont été fermes. A l'avenir, la production pourrait augmenter lentement du fait de la progression continue de la demande pour cette fibre. En outre, une hausse de la productivité a été enregistrée aux Philippines, qui assurent 85 pour cent de la production mondiale d'abaca, suite à la mise en _uvre de programmes de remise en état et de lutte contre les maladies. Peu de changements sont attendus en Equateur, ou dans les autres pays qui produisent cette fibre en petites quantités.

12. Les exportations totales provenant des Philippines et de l'Equateur devraient augmenter lentement suivant la consommation dans les pays industrialisés. Vraisemblablement, le commerce de l'abaca sous forme de pâte progressera tandis que les exportations de fibres et d'autres articles manufacturés fléchiront. Par conséquent, la proportion d'abaca sous forme de pâte en provenance des Philippines devrait continuer à croître. D'ici 2025, jusqu'à 50 pour cent des exportations globales (exprimées en équivalents-fibres) pourraient se présenter sous forme de pâte, contre moins de 40 pour cent au milieu des années 90. On peut également s'attendre à une légère croissance des exportations de produits artisanaux, même si les quantités concernées ne devraient représenter qu'une faible part du total des exportations.

V. COCO

13. La consommation mondiale de coco a augmenté de quatre pour cent par an au cours de la dernière décennie, résultat que l'on peut attribuer à la forte croissance dans les pays en développement, qui a amplement compensé la baisse de la consommation dans les pays industrialisés. En Inde, le plus grand pays producteur, la consommation s'est accrue de près de 7 pour cent par an et les autres pays en développement - producteurs et importateurs - ont également enregistré une nette augmentation, bien que les quantités fussent minimes. Cette évolution devrait se poursuivre en dépit d'un possible ralentissement de l'augmentation de la consommation en Inde. De même, pour que cette fibre trouve de nouveaux débouchés dans les pays industrialisés, les produits traditionnels devraient être remplacés par des produits non traditionnels, tels que les géotextiles, le coco caoutchouté et la tourbe de coco.

14. La production de coco est étroitement liée à la demande; il existe de grandes quantités d'enveloppes de noix de coco potentiellement exploitables. La production de fibres brunes a progressé d'environ 4 pour cent par an entre 1980 et 1996 et, si cette tendance se poursuit, quelque 330 000 tonnes pourraient être produites d'ici 2005. La production de filés, traditionnellement fabriqués à partir de la fibre blanche rouie, et aujourd'hui de plus en plus à partir de la fibre brune1, est également en hausse. Pour satisfaire la demande, la production totale de coco devrait atteindre quelque 600 000 tonnes d'ici 2005.

15. La hausse de production des dernières années a été largement absorbée par l'Inde et les exportations de coco et des produits à base de coco n'ont progressé que lentement. Les exportations de ces fibres, dominées par Sri Lanka, étaient de l'ordre de 80 000 tonnes au milieu des années 80 et sont tombées à 67 000 tonnes au milieu des années 90, soit une baisse annuelle de 2 pour cent. Comme la demande baisse dans les pays industrialisés, on peut s'attendre à ce que cette tendance se poursuive, et que les exploitations tombent à seulement 55 000 tonnes d'ici 2005. Il est toutefois prévu que les exportations de filés et de revêtements de sol continuent à augmenter pour atteindre 76 000 tonnes en 2005, ce qui compenserait amplement la contraction des exportations de fibres. A l'avenir, le commerce de plusieurs produits non traditionnels, en particulier, de géotextiles, pourrait augmenter, mais il s'agirait de quantités relativement minimes qui n'auraient guère d'incidence sur l'évolution générale du commerce des fibres de coco.

VI. PRINCIPAUX PROBLÈMES ET QUESTIONS DE DÉVELOPPEMENT

16. En ce qui concerne les exportations de sisal et de coco, la tendance à la baisse se poursuit, surtout à cause de la concurrence de plus en plus grande des produits synthétiques et, dans le cas du sisal, des pratiques de fenaison qui réduisent ou suppriment l'emploi de ficelle agricole. La consommation de coco s'est maintenue essentiellement grâce à la hausse de la consommation en Inde, le plus important pays producteur, et il est prévu que les exportations continuent à reculer. Quant à la demande d'abaca, elle est restée stable grâce à l'utilisation de cette fibre dans une série d'applications relativement nouvelles, son débouché traditionnel (cordages) ayant en grande partie disparu.

17. Tant le sisal que le coco trouvent de plus en plus de débouchés non traditionnels, même si la plupart des nouvelles applications n'absorbent jusqu'ici qu'une part relativement faible de la production totale. Les projets financés par le Fonds commun pour les produits de base visent essentiellement à trouver et développer de nouveaux débouchés commerciaux pour les fibres. Ainsi, l'un des deux projets sur le coco achevés en 1998 a identifié de nouveaux marchés potentiels pour le coco caoutchouté, les géotextiles et la poudre de coco. Le projet sur le sisal, qui est encore dans sa phase initiale, explore le potentiel commercial de cette fibre dans le domaine de la pâte à papier. Un nouveau projet sur le coco, qui doit encore être finalisé, vise à élaborer de nouveaux procédés pour les articles manufacturés et les matériaux d'emballage à partir de l'enveloppe des noix de coco. Ces projets pourraient contribuer à la viabilité de la production des fibres dures s'ils sont associés à une amélioration de la productivité et de l'utilisation des déchets. Cependant, des efforts supplémentaires sont encore requis pour inverser la tendance à la baisse des exportations de sisal et de coco.

Tableau 1. Production de fibres dures

  Réelle 1984 1994 1996 Escomptée 2005 Taux de croissance 1984-1994 1994-2005
 
milliers de tonnes d'équivalents-fibres
pourcentage annuel
Sisal et henequen
418
329
308
268
-2,4
-2,0
Abaca
77
76
84
85
-0,2
1,2
Coco            
Fibre brune
144
220
240
329
4,3
4,1
Filés
132
188
215
269
3,6
3,6
Total
276
408
454
598
4,0
3,9

Tableau 2. Exportations de fibres dures

  Réelles 1984 1994 1996 Escomptées 2005 Taux de croissance 1984-1994 1994-2005
 
milliers de tonnes d'équivalents-fibres
pourcentage annuel
Sisal et henequen            
Fibres
166
85
76
42
-6,4
-6,7
Prod.manufacturés
155
110
82
76
-3,4
-3,6
Total
321
196
157
119
-4,8
-4,9
Abaca            
Fibres
40
30
31
26
-2,9
-1,4
Pâte
12
23
26
35
6,3
4,4
Autres produits manufacturés
17
13
11
10
-3,1
-2,8
Total
70
65
69
71
-0,6
0,8
Coco            
Fibre brune
80
67
61
55
-1,8
-2,0
Filés et produits
44
58
64
76
2,7
2,8
Total
124
125
125
131
0,0
0,5

Tableau 3. Sisal et henequen: production réelle et escomptée

  Réelle 1984 1994 1996 Escomptée 2005 Taux de croissance 1984-1994 1994-2005
 
milliers de tonnes d'équivalents-fibres
pourcentage annuel
Amérique latine
291
214
194
161
-3,1
-2,8
Brésil
188,8
147
125
110
-2,5
-2,8
Mexique
73
38
38
26
-6,3
-3,1
Autres pays
30
29
31
25
-0,3
-1,5
Afrique
111
81
74
64
-3,1
-2,3
Kenya
49
32
26
22
-4,2
-3,6
Madagascar
13
13
14
13
0,6
0,0
Tanzanie
39
29
27
24
-3,0
-1,8
Autres pays
11
7
7
4
-3,9
-5,7
Asie
16
35
40
43
8,0
2,2
Total sisal et henequen
418
329
308
268
-2,4
-2,0

Tableau 4. Sisal et henequen: Consommation apparente réelle et escomptée, selon les principales utilisations finales

  Réelle 1984 1994 1996 Escomptée 2005 Taux de croissance 1984-1994 1994-2005
 
milliers de tonnes d'équivalents-fibres
pourcentage annuel
Ficelles agricoles
190
130
110
85
-3,7
-4,2
Autres ficelles, cordes et câbles
90
60
56
35
-10,9
-5,2
Sachets et sacs
65
50
35
30
-2,6
-5,0
Produits pour cables métalliques  
10
12
10
 
0,0
Rembourrage
15
5
7
5
-10,4
0,0
Tapis, nattes et paillassons
18
20
23
25
1,1
2,3
Papier
30
40
38
45
2,9
1,2
Toile pour polissage  
3
7
8
 
10,3
Autre
10
10
20
25
0,0
9,6
Total
418
328
308
268
-2,4
-2,0
dont:            
Pays en développement            
Producteurs
97
134
151
149
3,3
1,1
Importateurs
30
41
nd
40
3,0
-0,3
Pays développés
2 91
151
nd
79
-6,3
-6,2

Tableau 5. Abaca: consommation apparente réelle et escomptée

  Réelle 1984 1994 1996 Escomptée 2005 Taux de croissance 1984-1994 1994-2005
 
Milliers de tonnes d'équivalents-fibres
pourcentage annuel
Total mondial
77
76
84
85
-0,2
1,2
Pays en développement
18
13
19
18
-2,9
3,3
Producteurs (production-exportations)
8
11
15
15
3,3
3,5
Consommateurs (importations)
5
3
3
3
-3,1
-0,9
Pays développés
60
63
65
67
0,5
0,7
Amérique du Nord
24
16
15
10
-0,4
-4,4
CE
17
26
29
35
4,2
3,1
Japon
11
17
19
20
   
Autres
8
4
3
2
-6,4
-5,8
Consommation estimée, par principale utilisation finale
     
Cordages
17
12
10
6
-2,9
-7,4
Fabrication papier
57
59
70
73
0,3
2,1
Produits artisanaux et autres utilisations
3
5
5
6
5,0
2,1

Tableau 6. Coco: consommation apparente réelle et escomptée

  Réelle 1984 1994 1996 Escomptée 2005 Taux de croissance 1984-1994 1994-2005
 
Milliers de tonnes d'équivalents-fibres
pourcentage annuel
Pays développés
108
95
89
85
-1,3
-1,1
Pays en développement importateurs
8
21
27
39
10,2
6,3
Pays en développement producteurs
160
292
338
474
6,2
5,0
dont:            
Inde
140
267
312
444
6,7
5,2
Autre
20
25
26
30
2,3
1,9
Total mondial
276
408
454
598
4,0
3,9

1

Les données sur la production de fibres excluent celles utilisées pour produire des filés; il est donc indiqué d'additionner les «fibres » et les «filés » pour obtenir la production totale.