Colloque international sur le carbone organique du sol

A propos du symposium

Avec le changement climatique et la perte de biodiversité, les sols sont devenus l’une des ressources les plus vulnérables au monde.

Les sols abritent le plus grand réservoir de carbone au monde et jouent un rôle crucial dans l’équilibre global du carbone en régulant les processus biochimiques dynamiques et l’échange de gaz à effet de serre (GES) avec l’atmosphère. Dans le premier mètre de sol, les stocks de carbone organique du sol (COS) sont estimés à 1500±230 Gt de Carbone, mais jusqu’à maintenant, les sols ont été une source nette de GES. Ces pertes sont fortement influencées par le mode d’utilisation des terres, leur changement d’utilisation, le couvert végétal et la gestion des sols. Les stocks de COS dans les couches supérieures du sol (les premiers 40 cm) sont particulièrement sensibles et réactifs aux changements dans l’utilisation et la gestion des terres. Il est possible d’influencer la quantité de CO2 dans l’atmosphère : en maintenant le stock existant de carbone dans le sol (particulièrement important pour les sols contenant un haut niveau de Carbone Organique), ou en séquestrant le carbone dans le sol.  

Environ 33% des sols mondiaux sont dégradés. Les sols issus d’agroécosystèmes variés (terres cultivées, pâturages, prairies, tourbières, etc…) ont subi de grandes pertes de matière organique du sol (MOS) (et donc de COS). En effet, ces derniers ont perdu entre 25 et 75% de leurs réserves d’origine de carbone. Ces pertes offrent cependant une opportunité : la capacité de récupération du carbone dans les réserves des sols agricoles et dégradés est estimée entre 21 et 51 GtC. C’est à ce titre que le COS est inclus dans le suivi de l’indicateur de l’ODD 15.3.1, avec le stock de carbone au-dessus et en-dessous du sol qui constitue l’un des trois sous-indicateurs déterminant la proportion de terre dégradée sur le total des terres.

Le rôle des sols et du COS dans le système climatique et dans le contexte d’atténuation et d’adaptation au changement climatique a été largement reconnu et validé par de nombreuses études aussi bien expérimentales qu’au travers de modèles. Cependant, les bases de références à grande échelle et les évaluations de tendances sont toujours imprécises et de nombreux facteurs déterminants de la quantité et la qualité du COS dans différentes parties du monde, comme celles affectées par le changement climatique et les mesures pour optimiser le COS, sont encore insuffisamment étudiées.

Au cours de la 5ème Réunion de Travail du Groupe technique intergouvernemental sur les Sols (ITPS) du Partenariat Mondial sur les Sols (GSP), l’ITPS et le Secrétaire Général du GIEC se sont accordés sur la nécessité d’inclure le sujet du COS aux rapports d’évaluations du GIEC (ARs), à compter du prochain AR6. Par conséquent, l’ITPS et le GIEC, avec le soutien de la FAO, on conjointement organisé le Colloque International sur le Carbone Organique du Sol (GSOC17) pour discuter et élaborer les dernières informations sur les rôles du sol et du COS dans l’agenda du changement climatique. La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) et son Interface Sciences-Politiques (SPI) et l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) ont accepté de co-sponsoriser le GSOC17 à la lumière des importantes contributions que le maintien et l’amélioration du COS peuvent créer pour atteindre les objectifs de Neutralité en termes de dégradation des terres, de réduction des GES et favoriser l’adaptation au changement climatique.

Le colloque était une rencontre scientifique qui s’est tenue sur trois jours aux quartiers généraux de la FAO à Rome en Italie du 21 au 23 Mars 2017 avec plus 400 participants, représentant toutes les régions du monde.

Les trois principaux thèmes abordés étaient :

  1. Mesure, cartographie, suivi et revue du COS
  2. Maintenir et/ou augmenter les stocks de COS (promotion de la séquestration du COS) pour l’adaptation et l’atténuation du changement climatique, et la Neutralité en termes de dégradation des terres.
  3. Gestion du COS dans les sols avec a) fort COS – tourbières, permafrosts, et sols noirs b) prairies, systèmes de production animale et c) terres arides.

Des résumés et articles étaient requis pour supporter ces thèmes clés et inclure des cas d’études provenant de pays différents. Les lignes directrices pour la préparation des résumés et des articles ont été fournies.

Les participants du colloque incluaient les représentants des Etats membres de la FAO, les pays Parties à la CNULCD, les institutions organisatrices, les panels appropriés, les présentateurs dont les résumés étaient acceptés et scientifiques travaillant dans des domaines connexes.

Les objectifs spécifiques du Colloque étaient de :

  1. Examiner les connaissances scientifiques et techniques actuelles sur le rôle des sols et du COS dans le système climatique pour la séquestration du carbone et l’adaptation au climat.
  2. Passer en revue le potentiel et les limites de la gestion du COS pour contribuer à limiter et à atténuer le changement climatique, faire face à la dégradation des terres, et atteindre les Objectifs du Développement Durable.
  3. Passer en revue les connaissances actuelles de l’impact sur le COS (et des mécanismes de stabilisation/déstabilisation) de la gestion des sols et des terres, y compris l’identification des pratiques qui augmentent le COS.
  4. Permettre et renforcer la mise à disposition des connaissances sur la mesure du COS, la modélisation et la gestion, la dégradation des terres, et les liens avec d’autres réservoirs de carbone pour mieux informer le prochain rapport d’évaluation du GIEC et les rapports d’initiatives visant à combattre la dégradation des terres.
  5. Identifier les lacunes en termes de connaissances et explorer de nouvelles opportunités de collaboration pour la recherche.
  6. Identifier des options politiques pour des priorités pertinentes pour les sols et le COS afin d’encourager l’adoption de pratiques qui améliorent le COS au travers des agendas climatiques nationaux.