Amélioration de la Production de Riz en Afrique de l'Ouest
 

Détail nouvelle

La promotion d’une action participative contribue au développement de la riziculture pluviale au Sénégal

30/05/2013
La promotion d’une action participative contribue au développement de la riziculture pluviale au Sénégal

Le Sénégal a de plus en plus recours aux importations  pour faire face à la demande croissante en riz de sa population; au cours des dix dernières années, la contribution du riz importé aux besoins nationaux a varié de 50 à 80%, correspondant à des volumes compris entre 700 000 et un million de tonnes, qui équivalent à des pertes de devises atteignant parfois 645 millions de dollars EU par an (FAO, 2013). Le Sénégal est ainsi l’un des plus gros importateurs de riz en Afrique de l’Ouest.


Au Sénégal, le riz est cultivé dans des systèmes de production qui varient de l’irrigué au pluvial strict, sur une superficie totale estimée à 125 000 hectares en 2009. Le potentiel rizicultivable est de plus de 350 000 hectares et reste quasiment inexploité ; plus de 50% de ces surfaces se situe en écologie pluviale, dans les Régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor (zone Sud), Tambacounda et Kédougou (zone Est et Sud-Est), ainsi que Fatick et Kaolack (zone centre).



La contribution essentielle de la riziculture pluviale
Pour répondre à ces défis, le Gouvernement a élaboré son Programme National d’Autosuffisance en Riz (PNAR), une feuille de route avec l’objectif d’atteindre l’autosuffisance en riz d’ici 2018. La stratégie de mise en œuvre du PNAR repose principalement sur l’augmentation des surfaces emblavées et l’amélioration des rendements, en insistant sur le développement de la riziculture pluviale, qui n’a pas été l’objet d’une attention particulière ces dernières années.

La riziculture pluviale possède un potentiel d’expansion avoisinant les 200 000 hectares et par conséquent une aptitude à combler le déficit rizicole. Les contraintes majeures qui limitent l’exploitation de ce potentiel sont la salinisation et l’acidification des terres, le déficit d’investissement (financement, encadrement et mécanisation), ainsi qu’un manque de semences de qualité et de variétés adaptées.


Le projet APRAO (Amélioration de la Production de Riz en Afrique de l’Ouest), à travers une approche holistique intégrant toute la chaine de valeur du riz, s’aligne sur les objectifs du PNAR en promouvant une bonne synergie d’actions avec les différents partenaires de la filière. Le but ultime du projet est l’intensification durable de la production du riz et une gestion soutenue des aspects post-récolte.



Une intervention participative
En zone de riziculture pluviale, des sites d’interventions ont été ciblés par APRAO pour un total de 330 hectares. Le site de Djilor Djidiack, dans la Région de Fatick, Arrondissement de Fiméla, a été sélectionné en raison de l’incidence de l’achat de riz importé de la part des ménages, et de la présence du projet IESA (Initiative Eau et Sécurité Alimentaire pour l’Afrique), qui intervient dans l’aménagement de la vallée et la récupération des terres salées.


L’approche participative mise en place par APRAO a permis d’impliquer fortement les bénéficiaires, de collaborer étroitement avec les partenaires et de mettre en valeur 20 ha de terres aménagées par IESA. Les compétences ont également été renforcées pour trois formateurs à travers la méthodologie des Champs écoles de producteurs : ces formateurs ont pu à leur tour transmettre leurs nouvelles connaissances à plus de 100 producteurs dont 25 femmes. Le projet APRAO a également mis à disposition des organisations de producteurs de disques de semis mieux adaptés au riz, de batteuse, de décortiqueuse, d’une aire de séchage, des mesures qui dans l’ensemble ont permis de réduire les pertes au semis et en post-récolte.


APRAO, en étroite collaboration avec la Division des semences de la Direction de l’Agriculture (DISEM), est également intervenu dans la professionnalisation des acteurs du sous-secteur semencier par la sensibilisation/information sur la législation semencière ; la formation sur les techniques de production de semences de variétés adaptées et performantes en particulier les NERICA (NERICA 1, NERICA 6), la Sahel 108 et la BG 90-2, ainsi que sur le processus de certification. Les semences produites ont été ensuite multipliées sur six hectares et ont permis à d’autres agriculteurs d’initier la culture du riz sur leurs terres.


APRAO a également insisté sur la promotion de l’appropriation des outils transférés de la part des groupes bénéficiaires: aussi, il a appuyé la mise en place de comités de gestion des équipements, des fonds de roulement facilitant la gestion en interne des intrants, et a insisté sur l’implication et le renforcement de capacités des femmes dans la production de semence et de paddy.



Consolider les acquis
La mise en œuvre du projet APRAO dans la région de Fatick a permis d’apprécier toute la pertinence d’une approche intégrée à travers une synergie et une mutualisation des ressources entre partenaires, une bonne implication des bénéficires et un appui technique et une professionnalisation des groupements.


L’extrapolation d’une telle pratique sur les 100 000 ha de terres rizicultivables en zone pluviale permettrait d’assurer une production annuelle de plus de 200 000 tonnes de paddy, qui irait combler environ le 20 pour cent du déficit rizicole du pays. Par ailleurs, les acteurs restent convaincus que la démultiplication d’initiatives de ce type permettrait de récupérer la majorité des bas-fonds jadis exploités, ce qui entrainerait une augmentation significative de la production de riz en zone pluviale.

Auteur(s): M. Paganini, M. Sarr, B. Dieng, R. Nono-Womdim
Tag(s): riziculture pluviale, APRAO, Sénégal, riz, chaine de valeur, participation