Nouvelle technologie de suivi de résidus de pesticides dans l’eau en Afrique de l’Ouest


La FAO en partenariat avec Oregon State Université (OSU) va utiliser une nouvelle technologie d’évaluation et suivi des pesticides dans l’eau. Cette « méthode d’échantillonnage passif » (PSD), utilise une membrane artificielle fixée dans une cage en acier inoxydable et submergée dans l’eau pendant une période déterminée (un jour à un mois).

Au cours, de cette période, la membrane capte les pesticides contenus dans l’eau qui la traverse.  Une fois retirée de l'eau elle est séchée et expédiées au laboratoire où les produits chimiques accumulés sont extraits et analysés pour déterminer leur composition et leur concentration.  Cette méthode hautement fiable règle certains problèmes d’incertitude liés aux méthodes en « vrac » jusque là utilisées, mais également permet de réduire les couts et les contraintes liées au transport des grandes quantités d’eau vers les laboratoires de la sous région.

Cette nouvelle technologie promet de révolutionner la science de l'évaluation de la qualité de l'eau en augmentant la facilité et la fiabilité de l'analyse tout en réduisant sensiblement les coûts liés à l'échantillonnage.  Les dispositifs d'échantillonnage seront utilisés pour surveiller/suivre les mouvements de pesticides dans les eaux d'irrigation et de drainage ainsi que dans les systèmes fluviaux. Ce dispositif peut aussi être immergé dans les puits pour évaluer le taux  de pesticides dans la nappe phréatique.

Ce travail rentre dans le cadre d’un projet FAO/PNUE/FEM intitulé « Réduction de la dépendance en POP et d'autres produits agrochimiques  dans les bassins des fleuves Sénégal et Niger à travers  gestion  intégrée de la production,  des nuisibles  et de la pollution »  qui est devenu opérationnel en Mai 2009.  Ce projet a comme objectif  principal «Protéger les eaux transfrontalières des Bassins des Fleuves Sénégal et Niger à travers l’élimination de l’utilisation des pesticides POP et la réduction substantielle et l’élimination des autres pesticides toxiques utilisés dans l’agriculture, tout en augmentant la productivité agricole et les revenus des paysans».

Les pays participants sont la Guinée, le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Bénin.

Les principaux partenaires techniques du projet comprennent l'ONG internationale, ENDA Tiers Monde à travers son entité Enda Pronat, qui est chargée des études d’établissement de la situation de base sur les pratiques agricoles et les conditions socio économiques ; en collaboration avec une équipe technique du centre de la Protection Intégrée des végétaux de l'Oregon State Université (OSU), qui est l’un des groupes au monde, le plus expérimenté en matière de suivi des pesticides dans l’environnement. Les autres partenaires sont les laboratoires d’éco-toxicologie et d’analyse des résidus des pesticides, du Sénégal, du Mali et du Burkina Faso, qui seront liés avec l'équipe de l'OSU pour former un réseau de laboratoires pour l'appui aux  activités du projet.

Les données qui vont provenir des échantillonnages de six pays seront utilisées dans les modèles mis au point pour suivre le transport spatial et le devenir des pesticides chimiques dans les eaux transfrontières et dans les modèles utilisés pour estimer les risques potentiels sur la santé humaine.  Ces résultats seront restitués directement aux communautés à risque à travers le programme de formation GIPD/CEP de la FAO, mais également aux  décideurs nationaux et les organismes régionaux et internationaux chargé de la législation sur les pesticides.

Au cours d'une phase pilote conduites dans  trois collectivités situées le long du fleuve Sénégal, 19 pesticides chimiques ont été trouvés, dont 16 ont dépassé de plusieurs dizaines a des centaines de fois les normes européennes pour une eau de boisson. Ces échantillons provenaient des eaux  qui sont souvent consommées directement par les communautés locales. La plupart de ces pesticides chimiques sont dans la catégorie «modérée» à «hautement toxique». Certains d'entre eux, comme l'endosulfan, sont extrêmement toxique pour les organismes aquatiques. L'un des produits chimiques détectés, la dieldrine, fait partie de la catégorie des polluants organiques persistants (POP) et avaient été interdite d'utilisation dans la région depuis les années 1980.

Ce projet est financé par: le FEM, à travers ses OP 10 et 14 (Eaux internationales et polluants organiques persistants); cofinancé par le gouvernement des Pays-Bas à travers le  programme GIPD et une contribution des  pays bénéficiaires.

Pour renseignements, contactez Dr William Settle (william.settle @ fao.org) ou Dr Hama Garba (mohamed.hamagarba @ fao.org).

 

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