Le nouveau guide de 112 pages publié par AGP, Produire plus avec moins, s’adresse aux décideurs et traite de l’intensification durable de l’agriculture paysanne. Produire plus avec moins  affirme que la Révolution verte a permis d’accroître de manière substantielle la production alimentaire et de renforcer la sécurité alimentaire dans le monde. Dans de nombreux pays, l’agriculture intensive a épuisé les ressources naturelles, compromettant sa productivité future. Pour faire face à la demande dans les 40 prochaines années, les agriculteurs des pays en développement devront produire deux fois plus, une gageure quand on sait qu’ils seront confrontés aux effets combinés des changements climatiques et de la concurrence accrue pour l’accès à la terre, à l’eau et à l’énergie. Il leur faudra donc apprendre à produire plus avec moins.

Le libre présente un nouveau modèle: l’intensification durable des cultures, qui permet d’accroître la production sur une même superficie tout en préservant les ressources, en réduisant l’impact négatif sur l’environnement et en améliorant le capital naturel et le flux des services environnementaux. Il présente une boîte à outils qui offre toute une panoplie de pratiques à la fois pertinentes, adoptables et adaptables s’appuyant sur l’écosystème; ces pratiques, qui renforcent la productivité agricole, peuvent servir de pierre angulaire aux programmes nationaux et régionaux. Les thèmes abordés incluent:

• Les systèmes d’exploitation agricole. L’intensification durable des cultures sera fondée sur des systèmes d’exploitation assurant aux producteurs et à la société dans son ensemble des gains de productivité et des avantages socioéconomiques et environnementaux. L’agriculture de conservation est un élément-clé de l’intensification durable, mais celle-ci exige également l’utilisation de bonnes semences de variétés adaptées et à haut rendement, la protection intégrée contre les ravageurs, la nutrition des plantes à partir de sols en bonne santé, et l’intégration des cultures, des pâturages, des arbres et de l’élevage.
• Les cultures et variétés. Les agriculteurs auront besoin de toute une gamme de variétés améliorées de plantes cultivées, d’origine génétique diverse, qui soient adaptées à toute une série d’écosystèmes agricoles et de méthodes d’exploitation agricole et capables de s’adapter aux changements climatiques. Le siècle dernier, environ 75 pour cent des ressources phytogénétiques ont été perdus et un tiers de la diversité biologique actuelle pourrait disparaître d’ici à 2050. Il est donc essentiel de renforcer l’appui fourni à la collecte, à la conservation et l’utilisation des ressources phytogénétiques.
• La gestion de l’eau. L’intensification durable nécessite des systèmes d’irrigation plus efficaces et précis, ainsi que des systèmes d’exploitation agricole utilisant une approche écosystémique pour préserver les ressources en eau. Des techniques très importantes pour l’intensification durable seront l’irrigation de précision, axée sur les savoirs, qui permet une application fiable et souple de l’eau, ainsi que l’irrigation déficitaire et la réutilisation des eaux usées.
• La protection des plantes. Les pesticides éliminent les ravageurs, mais aussi leurs ennemis naturels, et une utilisation excessive peut présenter des dangers pour les agriculteurs, les consommateurs et l’environnement. La première ligne de défense est un écosystème agricole sain. Dans les systèmes d’exploitation agricole bien gérés, les pertes de récolte dues aux insectes peuvent souvent être maintenues à un niveau minimum acceptable, en utilisant des variétés résistantes, en conservant les prédateurs et en gérant les nutriments des plantes de manière à réduire les reproductions d’insectes.

Le livre s’intéresse aussi au contexte d’élaboration des politiques ainsi qu’aux mécanismes institutionnels destinés à faciliter l’adoption et la mise en œuvre de l’intensification durable des cultures à grande échelle. Afin d’encourager les agriculteurs à intensifier durablement les cultures, des changements radicaux sont essentiels. Les décideurs doivent également prévoir des stimulants pour encourager les petits agriculteurs à exploiter judicieusement les ressources naturelles (par exemple au moyen de paiements pour les services environnementaux) et réduire les coûts de transactions liés à l’accès au crédit, mesure nécessaire de toute urgence pour faciliter les investissements. Des investissements massifs seront nécessaires pour remettre en état les capacités de recherche et de transfert de technologies dans les pays en développement afin de fournir des technologies appropriées aux agriculteurs et d’améliorer leurs compétences dans le cadre des écoles pratiques d’agriculture.