Kenya : les agriculteurs défendent les semences indigènes
Au Kenya, une loi de 2012 interdit l'utilisation de semences indigènes non certifiées, ce qui oblige les agriculteurs à recourir à des variétés hybrides coûteuses. Malgré des sanctions sévères, beaucoup continuent de défendre les semences traditionnelles, arguant qu'elles sont mieux adaptées aux conditions locales et qu'elles résistent mieux au changement climatique. La loi, qui criminalise l'utilisation, la vente ou l'échange de semences non certifiées, a déclenché une bataille juridique, les petits exploitants se défendant contre une réglementation qu'ils considèrent comme injuste et restrictive.
Les semences indigènes, longtemps mises à l'écart, prouvent leur valeur à une époque d'instabilité climatique. Les recherches menées par l'Institut de recherche sur les ressources génétiques mettent en évidence leur capacité à prospérer dans des environnements à faible rendement où les semences hybrides ont du mal à s'imposer. Des agriculteurs comme Francis Ngiri, qui pratiquent l'agroécologie, résistent à la loi en conservant leurs propres banques de semences, assurant ainsi la survie de ces variétés éprouvées. Cependant, les processus de certification légale restent coûteux, ce qui rend le respect de la loi presque impossible pour beaucoup d'entre eux.
L'opposition croissante a conduit à une contestation judiciaire, les agriculteurs faisant valoir que la loi porte atteinte à la souveraineté alimentaire et affecte de manière disproportionnée les petits exploitants. Les experts soulignent que les semences indigènes ne sont pas dépassées, mais qu'elles sont essentielles à la résilience agricole à long terme. Une décision de justice est attendue en mars 2025, ce qui pourrait influencer l'avenir de la souveraineté des semences au Kenya.