FAO au Bénin

POUR UNE CONSOMMATION SAINE DE POISSON FUMÉ AU BENIN : La Direction de la Production Halieutique valide le four FTT proposé par la FAO.

Poisson fûmé au four traditionnel au Bénin
03/08/2022

L’atelier de validation s’est tenu à Cotonou le mercredi 03 août 2022, suivi d’une visite sur les sites d’expérimentations des Fours Thiaroye de Transformation (FTT) le lendemain. L’introduction de cet outil par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), au profit des femmes mareyeuses et transformatrices de poissons vise à améliorer les conditions de travail des femmes du secteur ainsi que les habitudes alimentaires avec un impact positif sur la santé des consommateurs. 

Le four FTT est une technologie améliorée de séchage et de fumage du poisson développée par la FAO, qui permet d’accroitre la qualité du poisson avec un niveau minimal de substances cancérigènes, d’améliorer les conditions de travail des transformatrices de poisson, de diminuer les pertes alimentaires dans les communautés de pêche, et de minimiser l’impact négatif des opérations de fumage sur l’environnement. Contrairement à la fumaison traditionnelle des produits halieutiques, le procédé du four FTT présente ainsi des avantages aussi bien pour le consommateur que pour les femmes mareyeuses et transformatrices de poissons. Le Four FTT est un outil à adopter pour le bien-être de tous, selon des résultats d’une étude conduite par la Direction de la production halieutique du Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (Maep) du Bénin, avec l’appui technique et financier de la FAO. 

La santé des acteurs de transformation de poissons, préservée.

Sur les cent cinquante (150) sujets enquêtés au total dans les départements de l’Atlantique, du Littoral, du Mono, de l’Ouémé et du Plateau, seulement quarante-deux (42) utilisent le four FTT dans leur activité de transformation et de vente de poissons. Le four FTT n’est pas encore introduit dans le Mono, l’Ouémé et l’Atlantique où les activités halieutiques sont largement pratiquées. Il ressort donc qu’une grande majorité des acteurs du secteur n’a donc pas encore accès à l’outil. Or l’étude réalisée par la Direction de la production halieutique avec l’appui de la FAO et d’autres institutions comme l’Union européenne, la Coopération suisse, la Banque mondiale, CARE international, a fait un constat préoccupant. En effet, selon les résultats de cette étude : « Toutes les femmes exerçant le métier reconnaissent que la pratique telle que menée depuis la génération de leur parent n’a pas fondamentalement changé en termes d’innovation technologique et cela aux risques de leur santé (maux de reins, maux d’yeux et des bouffées de chaleur) ». Victoire Gomez Aliou, présidente du Réseau national des femmes de la pêche confirme dans son discours lors de l’atelier, « les problèmes auxquels sont confrontés les femmes transformatrices sur le plan sanitaire (…), entre autres, Orl (Oto rhino laryngologie, ndlr.), ophtalmologie, etc., à cause de la fumée abondante que dégagent les foyers et fours traditionnels. » 

Des poissons de qualité dans les plats des consommateurs

L’étude réalisée a montré que la méthode au Four FTT ne fait pas de dépôts nocifs de fumées sur le poisson et ne le déshydrate pas autant que les fours traditionnels qui sont généralement en brique ou en tonneaux et qui distillent une quantité importante de fumée.  Le poisson obtenu par la technologie FTT conserve les nutriments essentiels à une bonne santé. La matière sèche, la matière grasse, les glucides totaux, l’azote total, les protéines brutes et l’énergie qu’apportent le poisson transformé au four FTT sont plus élevés que ceux produits aux fours traditionnels. Les études ont montré que ces nutriments sont dénaturés par les fours traditionnels en brique ou en tonneaux avec des conséquences potentielles sur l’organisme humain. Puis l’analyse chimique réalisée au cours de l’étude a confirmé que le poisson fumé au four traditionnel a des dépôts élevés de substances toxiques à l’organisme humain. 

Perspectives et recommandations au terme de l’atelier

Pour Aina Randrianantoandro, Spécialiste en post-capture du poisson à la FAO, qui a officié aux côtés du Conseiller technique du Maep en charge de la promotion de l’élevage et de la pêche Boubacar Mamadou Djaouga et du Directeur de la Production Halieutique Gaston Djihinto, ce mercredi à la clôture de l’atelier, « le four FTT n’est pas une panacée à tous les maux du secteur de la pêche artisanale. » Outre son rappel sur les avantages d’utiliser le four FTT, elle a également attiré l’attention sur « d’autres aspects de la chaine de valeur (…) à savoir :  les pratiques d’hygiène, les problèmes relatifs à la rareté du poisson, les liens entre les pêcheurs et les transformatrices de poisson, les défis liés à la commercialisation… La spécialiste recommande ainsi le four FTT aux acteurs de la pêche artisanale comme pilier d’un développement durable pour le secteur et a lancé un appel à tous les participants de l’atelier pour la dissémination de la technologie. D’ailleurs, cette recommandation a été confirmée par les représentantes des femmes transformatrices de poisson qui étaient présentes dans l’atelier. Ces dernières ont même suggéré l’élaboration prochaine d’un plan de communication visant à changer les comportements des acteurs en matière de pratiques de manutention, de transformation et de commercialisation du poisson.