Biotechnologies Agricoles
Biotechnologies agricoles pour les cultures, les forêts, l'élevage, les pêches et l'agro-industrie  Biotech-banner
 

Déclaration de la FAO sur les biotechnologies

La déclaration a été publiée en mars 2000 à l’occasion de la réunion au Japon du “Groupe Spécial Intergouvernemental du Codex sur les Aliments Dérivés des Biotechnologies”

Les biotechnologies constituent un outil important pour le développement durable de l'agriculture, des pêches et des forêts, ainsi que du secteur agroalimentaire. À condition d'être judicieusement associées à d'autres technologies de production de denrées alimentaires ou de produits et de services agricoles, les biotechnologies pourront, au cours du nouveau millénaire, contribuer dans une large mesure à la satisfaction des besoins d'une population en expansion et toujours plus urbanisée.

Il existe un large éventail de "biotechnologies" utilisant des techniques et susceptibles d'applications différentes. La Convention sur la diversité biologique définit les biotechnologies comme suit:
"toute application technologique qui utilise des systèmes biologiques, des organismes vivants ou des dérivés de ceux-ci pour réaliser ou modifier des produits ou des procédés à usage spécifique"

Interprétée lato sensu, la définition des biotechnologies englobe de nombreux outils et techniques qui sont d'usage courant dans le secteur agroalimentaire. Interprétée stricto sensu, comprenant les nouvelles techniques de l'ADN, la biologie moléculaire et les applications génétiques, la définition couvre diverses technologies telles que la manipulation et le transfert de gènes, le typage de l'ADN et le clonage de végétaux et d'animaux.

Alors que de nombreux aspects des biotechnologies et de leurs applications ne prêtent guère à controverse, les organismes génétiquement modifiés (OGM) sont devenus l’objet d'un débat très serré et parfois passionné. La FAO reconnaît que le génie génétique offre des possibilités d'accroître la production et la productivité de l'agriculture, de la foresterie et des pêches. Il permettrait d'obtenir des rendements supérieurs sur les terres marginales des pays dont la production actuelle est insuffisante pour nourrir leur population. On sait d'ores et déjà que le génie génétique contribue à limiter la transmission des maladies humaines et animales grâce à de nouveaux vaccins. Le riz génétiquement modifié peut contenir de la provitamine A et du fer, susceptibles d'améliorer l'état de santé de nombreuses communautés à faible revenu.

Grâce à d'autres méthodes biotechnologiques, des organismes permettant d'améliorer la qualité des denrées alimentaires ou de nettoyer des écosystèmes fragiles après déversement d'hydrocarbures et de métaux lourds ont été mis au point. Les cultures de tissus permettent de produire du matériel végétal plus sain et d'assurer aux agriculteurs des rendements accrus. La sélection pratiquée à l'aide de marqueurs et les empreintes génétiques permettent de mettre au point beaucoup plus rapidement et de manière beaucoup plus ciblée des génotypes améliorés pour toutes les espèces vivantes. Elles fournissent aussi de nouvelles méthodes de recherche susceptibles de faciliter la conservation et la caractérisation de la biodiversité. Grâce à ces nouvelles techniques, les scientifiques pourront reconnaître et cibler les locus des caractères quantitatifs et améliorer ce faisant l'efficacité de la sélection visant à résoudre certains problèmes agronomiques réputés insolubles, comme la résistance à la sécheresse et l'amélioration des systèmes radiculaires.

Toutefois, la FAO est bien consciente des préoccupations suscitées par les risques liés à certains aspects des biotechnologies. Ces risques se répartissent en deux catégories fondamentales: les effets sur la santé humaine et animale et les conséquences écologiques. La plus grande précaution est de rigueur pour limiter les risques de transfert de toxines d'une forme de vie à une autre, de création de nouvelles toxines et de transfert de composés allergènes d'une espèce à une autre, phénomènes qui pourraient donner lieu à des réactions allergiques non prévues. Les risques pour l'environnement incluent l'éventualité d'une allofécondation qui pourrait conduire, par exemple, à l'apparition de plantes adventices plus agressives ou d'espèces apparentées plus résistantes aux maladies ou au stress écologique, bouleversant l'équilibre de l'écosystème. Il existe aussi un risque de perte de biodiversité du fait, par exemple, de l'éviction de cultivars traditionnels par un petit nombre de cultivars génétiquement modifiés.

La FAO est favorable à un système d'évaluation sur des bases scientifiques qui déterminerait de manière objective les avantages et les risques liés à chaque OGM. Cela suppose l'adoption d'une approche de précaution étudiant, cas par cas, les préoccupations légitimes suscitées par chaque produit ou procédé avant sa dissémination. Il convient d'évaluer les effets possibles de chaque produit ou procédé sur la biodiversité, l'environnement et l'innocuité des denrées alimentaires et la mesure dans laquelle les avantages contrebalancent, dans chaque cas, les risques. Le processus d'évaluation doit aussi tirer parti de l'expérience acquise par les autorités nationales chargées de la réglementation en matière d'autorisation de ces produits. Un suivi vigilant des effets postérieurs à la dissémination de ces produits et procédés s'impose également pour s'assurer de leur innocuité à plus long terme pour les êtres humains, les animaux et l'environnement.

Actuellement, l'investissement dans la recherche biotechnologique a tendance à être concentré sur le secteur privé et orienté vers l'agriculture des pays à revenu élevé, où il existe un pouvoir d'achat pour ces nouveaux produits. Compte tenu de la contribution potentielle des biotechnologies à l'accroissement des approvisionnements alimentaires et à l'élimination de l'insécurité alimentaire et de la vulnérabilité, la FAO estime qu'il faudrait veiller à ce que les pays en développement, en général, et les agriculteurs pauvres en ressources, en particulier, bénéficient davantage de la recherche biotechnologique, tout en continuant à avoir accès à diverses sources de matériel génétique. La FAO propose à cet effet le renforcement des financements publics et du dialogue entre les secteurs public et privé.

La FAO continue à aider ses États Membres, et plus particulièrement les pays en développement, à recueillir les bénéfices liés à l'application des biotechnologies à l'agriculture, à la foresterie et aux pêches, grâce notamment au réseau sur les biotechnologies végétales pour l'Amérique latine et les Caraïbes (REDBIO) qui réunit 33 pays. L'Organisation aide également les pays en développement à participer de manière plus efficace et équitable au commerce international des biens et denrées alimentaires. La FAO fournit des informations et une assistance technique, ainsi que des analyses socioéconomiques et écologiques, sur les principales questions d'importance mondiale liées aux progrès technologiques. Chaque fois que le besoin s'en fait sentir, la FAO sert d'«honnête courtier?en offrant un forum de débat.

Ainsi, avec l'Organisation mondiale de la santé, la FAO assure le secrétariat de la Commission du Codex Alimentarius qui vient de créer un Groupe de travail intergouvernemental spécial sur les aliments dérivés des biotechnologies, au sein duquel des experts désignés par les gouvernements mettront au point des normes, directives ou recommandations, selon le cas, concernant des aliments dérivés des biotechnologies ou des caractéristiques introduites dans les aliments par des méthodes biotechnologiques. La Commission du Codex Alimentarius envisage également d'élaborer des directives pour l'étiquetage des aliments dérivés des biotechnologies, afin de permettre au consommateur de choisir en connaissance de cause.

Pour citer un autre exemple, la Commission FAO des ressources génétiques pour l'alimentation et l'agriculture est un forum intergouvernemental permanent où les pays mettent au point un Code de conduite pour les biotechnologies végétales visant à renforcer les avantages et à réduire les risques liés aux biotechnologies modernes. Ce Code sera fondé sur des considérations scientifiques et tiendra compte des incidences écologiques, socioéconomiques et éthiques des biotechnologies. Comme pour les applications à la médecine, ces aspects éthiques méritent un examen attentif. Aussi, l'Organisation envisage-t-elle la création d'un Comité international d'experts en matière d'éthique alimentaire et agricole.

La FAO s'efforce en permanence de déterminer les avantages potentiels et les risques associés à l'utilisation des technologies modernes pour accroître la productivité et la production végétales et animales. Toutefois, c'est aux gouvernements membres qu'il incombe de formuler des politiques en la matière.

©FAO/Giampiero Diana