© Kenjebay Mamyrov et Perizat Nadyrbekova
Pendant des siècles, les chameaux étaient indispensables aux populations du Kirghizistan, pays montagneux et enclavé d’Asie centrale, où ils transportaient les yourtes et les biens des familles nomades qui traversaient les hauts plateaux, et leur fournissaient lait, viande et laine.
Le dicton selon lequel «le chameau porte les charges les plus lourdes» reste populaire, même si la plupart des Kirghizes sont aujourd’hui sédentaires et disposent d’autres sources de revenus. Même ceux d’entre eux, peu nombreux, qui continuent d’emmener leurs animaux dans les pâturages des hauts plateaux en été utilisent des camionnettes pour se déplacer.
Résultat, il ne reste aujourd’hui que 260 chameaux sur les quelque 12 000 qui vivaient dans les plaines kirghizes dans les années 1950.
Trente de ces chameaux de Bactriane à deux bosses appartiennent à Kenjebay Mamyrov, qui appartient à la septième génération d’une famille de producteurs de lait de chamelle du village d’Orto-Saz, dans le centre du pays. Il applique des compétences et des méthodes transmises de père en fils depuis des générations, comme la nutrition, et ses animaux continuent de paître exclusivement dans les montagnes.
© Kenjebay Mamyrov et Perizat Nadyrbekova
«Beaucoup d’herbes qui poussent dans nos montagnes sont considérées comme des plantes médicinales», explique Kenjebay. «C’est ce que mangent nos chameaux. Nous essayons de ne pas ajouter de foin ni de céréales à leur alimentation, pour obtenir du lait “naturel” et “pur”.»
Les chamelles produisent environ un litre de lait par jour, et ce sont généralement les femmes de la famille qui se chargent de les traire deux fois par jour. «La traite est difficile», affirme Perizat Nadyrbekova, la femme de Kenjebay. «Elles peuvent mordre ou cracher. Je suis la seule de la famille qu’elles autorisent à les traire.»
Cependant, ces efforts en valent la peine. Le lait de chamelle est beaucoup plus riche en vitamine C et en fer que le lait de vache, et un litre se vend facilement à 14 USD.
«Les protéines du lait de chamelle contiennent beaucoup d’immunoglobulines, ce qui renforce le système immunitaire humain et inhibe les processus inflammatoires», explique Dastan Kuikeev, vétérinaire chargé du suivi des animaux de l’exploitation.
© Kenjebay Mamyrov et Perizat Nadyrbekova
La promotion de ces avantages pour la santé fait partie de la stratégie mise en place par Kenjebay et Perizat pour développer leur activité et agrandir la population locale de chameaux.
Plus de 40 touristes ont déjà visité leur élevage l’été dernier, ce qui représente beaucoup de passage pour Orto-Saz, qui ne compte que 700 habitants. C’est aussi une bonne source de revenus supplémentaires et un moteur de développement local. Kenjebay indique que, hormis le lait de chamelle, les tapis en feutre de laine de chameau sont très prisés des touristes.
«Nous augmentons petit à petit la population de chameaux de Bactriane», explique-t-il. «Nous cherchons aujourd’hui des investisseurs qui pourraient nous aider à construire un hôtel et à créer les conditions qui inciteraient les touristes à rester.»