FAO au Cameroun

Anticiper les risques et impacts de la sécheresse sur les populations de l’Extrême-Nord

10/06/2024

Au Cameroun, la région de l'Extrême-Nord est sujette à un climat semi-aride, amplifié par des dérèglements climatiques de plus en plus fréquents, avec des effets plus graves sur la vulnérabilité des populations rurales, en particulier celle des petits producteurs.

En effet, dans cette partie sahélienne du pays, la sécheresse a un impact majeur sur l'environnement et la sécurité alimentaire. Elle favorise la baisse de la production agricole, la dégradation des moyens d’existence et les limitations d’accès des ménages aux sources habituelles de revenus et de nourriture. De plus, les précipitations irrégulières dues au changement climatique ont intensifié les luttes entre les groupes ethniques pour l’accès à l’eau et aux terres. A ce sujet, Joseph Vountsou, cadre de développement pour la commune de Logone Birni déclare : « les populations du Logone-et-Chari[1] sont très gentilles et accueillantes ; mais la sécheresse a un impact considérable sur nos vies et favorise les conflits ». Pallier tous ces effets requiert donc une gestion efficace et coordonnée des risques de catastrophes par une bonne analyse des risques, une identification et un suivi des indicateurs déclencheurs et la mise en place des actions anticipatoires.

C’est dans ce contexte que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a rassemblé à Maroua, ses partenaires[2] ainsi que les acteurs étatiques, techniques et les élus locaux, afin de mener une réflexion approfondie sur l'identification d'actions anticipatoires en vue d’atténuer les aléas de la sécheresse. L’atelier qui s’est tenu du 4 au 6 juin 2024 avait pour but d’accompagner les acteurs locaux (autorités, services techniques, ONGs et associations à la base, producteurs) dans l’élaboration d’un plan régional d’action d’anticipation et de réponse rapide aux risques de sécheresse dans la région de l’Extrême-Nord. Il intervient dans le cadre du projet d’amélioration de l'anticipation et de la gestion des crises alimentaires et nutritionnelles grâce au renforcement du suivi des aléas agro-climatiques et du système d'alerte précoce au Cameroun. Ce dernier est mis en œuvre par la FAO et ses partenaires, sur financement de la Direction générale pour la protection civile et les opérations d'aide humanitaire européennes de la Commission européenne (ECHO).

Une initiative pilote qui s’aligne aux priorités gouvernementales

Sur modération de la FAO avec l’appui technique des experts de l’Observatoire national sur les changements climatiques (ONACC), les échanges ont bénéficié de la pleine participation des partenaires du Programme national de veille et de renforcement de la sécurité alimentaire (PNVRSA)[3], de la Direction de la protection civile[4], de la Direction de la météorologie nationale et du Centre pour les données humanitaires d’OCHA. Les présentations et travaux de groupes ont permis d’aborder des problèmes concrets auxquels les populations sont confrontées, en matière d’anticipation et d’interventions précoces.

Au terme de l’atelier, les bases du plan régional d’action anticipatoire pour le risque climatique sécheresse ont été posées, à travers en autres, l’élaboration de l’outil calendrier de crise et la priorisation des indicateurs et seuils de déclenchement de l’action anticipatoire liés à l’aléa sécheresse. De même, les participants ont tablé sur une approche de planification opérationnelle pour la préparation et la mise en œuvre des actions d’anticipation pour la sécheresse dans l’Extrême-Nord.

Parlant au nom du gouverneur, Mamoudou Maoundé, inspecteur général des services régionaux a relevé l’importance de cet exercice pour la région. « Le Cameroun s’est récemment engagé à élaborer son premier plan de préparation aux crises alimentaires dont cet atelier apportera une contribution significative » a-t-il déclaré dans son discours d’ouverture. Il a également relevé que les résultats de ces travaux « contribueront sans nul doute à l’atteinte des objectifs de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30), notamment au pilier 4 » concernant la gouvernance, décentralisation et gestion stratégique de l’Etat.

Des interventions pour promouvoir la sécurité alimentaire et la résilience des communautés

Depuis plusieurs années, la sécheresse est l’aléa climatique qui impacte le plus la région de l’Extrême-Nord. Avec l'appui technique des partenaires étatiques, la FAO met en place les mécanismes de préparation et d’anticipation des principaux risques climatiques dans les douze communes les plus affectées de la région. Il s’agit d’une part de Mora, Koza, Tokombéré, Logone Birni, Makari, Kousseri et Blangoua qui ont déjà bénéficié d’un renforcement de leurs capacités dans l’analyse/priorisation des risques, la préparation opérationnelle, l’anticipation et la réponse. D’autre part, les communes de Gobo, Fotokol, Guéré, Waza et Goulfey seront intégrées à ce dispositif dans le second semestre de 2024, dans le cadre de sa mise à l’échelle. Le choix de ces communes tient du fait de leur exposition aux risques d’insécurité alimentaire, aux déplacements des populations, mais aussi aux catastrophes les plus fréquentes.

Dans un contexte de baisse de financements humanitaires et une période de soudure de plus en plus précoce, la FAO travaille avec ses partenaires pour soutenir les communautés affectées par les aléas climatiques, afin qu’elles puissent renforcer leur résilience et sauvegarder leur sécurité alimentaire.


[1] Département de la région de l’Extrême-Nord

[2] Action contre la faim et CODAS CARITAS

[3] Ministère de l’agriculture et du développement rural (MINADER)

[4] Ministère de l’administration territorial