Un tournoi de football pour les jeunes au Cameroun met en lumière la lutte contre la résistance aux antimicrobiens

Le Cameroun accueille la Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens en Afrique
21 novembre 2024, Yaoundé – Un tournoi de football pour les jeunes, organisé cette semaine à Yaoundé, au Cameroun, a attiré l’attention sur la menace croissante de la résistance aux antimicrobiens (RAM) en Afrique. Cet événement s’inscrit dans le cadre de la Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens, le Cameroun étant l’hôte officiel des célébrations régionales pour l’Afrique.
Le tournoi de football a été supervisé par le Délégué de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) au Cameroun, le Dr Garga Gonne, et la Dr Jane Lwoyero, responsable de la RAM et de la sécurité sanitaire des aliments à l’OMSA. Dans son discours d’ouverture, le Dr Garga Gonne a souligné l’importance du plaidoyer envers les jeunes et par les jeunes sur la RAM, notant leur rôle essentiel dans la lutte mondiale contre la RAM.
Le tournoi a réuni de jeunes joueurs, des défenseurs de la santé et des responsables pour sensibiliser à la RAM, une menace sérieuse pour la santé mondiale. L’utilisation abusive et excessive d’antimicrobiens chez les humains, les animaux et dans l’agriculture accélère la RAM, rendant inefficaces ces médicaments vitaux.
« Les jeunes constituent un public prioritaire pour les efforts de sensibilisation et d’éducation. Ils jouent un rôle significatif en tant que futurs professionnels et consommateurs. Ils peuvent également être des agents de changement grâce à leur énergie et leur influence potentielle sur les processus décisionnels nationaux et mondiaux », a déclaré la Dr Jane Lwoyero de l’OMSA.
Dr Ali Ahmed Yahaya, responsable de l’équipe RAM à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a souligné l’importance d’impliquer les jeunes dans les efforts de plaidoyer. « Les médecins suivent des protocoles bien établis pour traiter les patients, mais malheureusement, nous nous trouvons dans des situations où certaines personnes utilisent des antibiotiques sans prescription », a-t-il déclaré. « Notre objectif est d’agir en impliquant plusieurs parties prenantes, y compris les jeunes qui jouent au football. Une fois informés sur la question, ces jeunes peuvent non seulement conseiller leurs familles, collègues et parents sur la manière d’éviter de déclencher une résistance aux antimicrobiens, mais aussi devenir plus conscients individuellement et changer leur comportement. »
La RAM, une menace pour l’Afrique
La RAM est un défi croissant en Afrique, où des infrastructures de santé limitées, des taux élevés de maladies infectieuses et une utilisation généralisée et abusive des antibiotiques aggravent le problème. On estime qu’en 2050, les infections résistantes aux antimicrobiens pourraient causer 4,1 millions de décès annuellement sur le continent si aucune mesure n’est prise.
L’utilisation abusive d’antibiotiques est également répandue dans l’agriculture, avec plus de 70 % des antibiotiques dans certains pays africains utilisés pour l’élevage, souvent sans supervision vétérinaire. Cela augmente le risque que des bactéries résistantes se transmettent aux humains.
Mettant en avant l’approche multisectorielle « Une seule santé » pour lutter contre la RAM, le tournoi de jeunes a été conjointement organisé par six partenaires clés : les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies (Africa CDC) de l’Union africaine, le Bureau interafricain des ressources animales (UA-BIRA) de l’Union africaine, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA).
L’approche « Une seule santé » reconnaît l’interconnexion entre la santé humaine, animale et environnementale dans la lutte contre la RAM. Dr Lassina Ouattara, responsable de l’équipe pays pour le Centre d’urgence de la FAO pour les maladies animales transfrontalières (ECTAD), a souligné l’importance de l’engagement public. « Lorsque les protocoles de prescription ne sont pas respectés, au fil du temps, les microbes visés par le médicament ne seront plus sensibles à celui-ci. Cela conduit à ce qu’on appelle la résistance. Cela signifie simplement que nous devons, grâce aux efforts de ces agences, aller au-delà du domaine des techniciens et des scientifiques, car l’ensemble de la population est concerné. »
Dr Garga Gonne, directeur des services vétérinaires au Cameroun, a également mis l’accent sur la nécessité de campagnes de sensibilisation. « Il s’agit de sensibiliser le public. La population n’en est pas consciente, il est donc nécessaire de sensibiliser pour que cette question soit perçue comme une préoccupation majeure. »
Unis sur le terrain et en dehors
Les jeunes ont joué un rôle central dans les événements de la semaine, de nombreux participants s’engageant à sensibiliser leurs communautés. « Compte tenu de ce que j’ai appris sur ce sujet, je peux sensibiliser mes pairs, qu’ils soient proches ou éloignés, à la résistance aux antimicrobiens », a déclaré Mbang Kevin, étudiant et footballeur.
L’étudiant universitaire Abdoulrahmane Ali Al-Ikhedir a souligné le rôle unique des jeunes dans les efforts de plaidoyer. « En matière de sensibilisation, la jeunesse est un acteur clé et, comme nous sommes toujours en contact avec la population, il est très pertinent et important pour nous de participer à ces activités », a-t-il déclaré.
Seuls 17 pays africains disposent de systèmes fonctionnels de surveillance de la RAM pour les humains, les animaux et l’environnement. Moins de la moitié des pays africains ont pleinement mis en œuvre des plans d’action nationaux contre la RAM, laissant d’importantes lacunes dans la réponse.
Les enjeux sont élevés : plus de 90 % des infections bactériennes dans les hôpitaux africains, comme les pneumonies et les infections du sang, présentent une certaine résistance aux antibiotiques. Si elle n’est pas traitée, la RAM pourrait coûter à l’Afrique 1,35 milliard de dollars par an en PIB perdu d’ici 2050.
Malgré ces défis, l’événement de Yaoundé a montré comment les jeunes peuvent être de puissants défenseurs du changement. Le tournoi de football était bien plus qu’un simple match : c’était un appel à l’action pour les communautés à travers l’Afrique afin de lutter contre la RAM grâce à la sensibilisation, l’éducation et la collaboration.
Grâce au travail d’équipe sur le terrain et en dehors, la lutte contre la résistance aux antimicrobiens peut sauver des millions de vies.