Regards sur la FAO: la transformation des systèmes agroalimentaires est la clé des solutions relatives au climat, à la biodiversité et aux terres
Bagdad, Mauritanie. Des femmes de la communauté procèdent au semis manuel.
© FAO / Giulio Napolitano
En cette année où des conférences des parties essentielles se sont concentrées sur les dimensions de la crise environnementale, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a montré comment la transformation des systèmes agroalimentaires pouvait et devait jouer un rôle central dans la réponse apportée aux défis interdépendants que constituent le changement climatique, la perte de biodiversité, la dégradation des terres et l’insécurité alimentaire. La FAO a diffusé un message clair et constant dans les forums mondiaux: les solutions axées sur les systèmes agroalimentaires sont les solutions relatives au climat, à la biodiversité et aux terres.
Le changement climatique a accentué la perte de biodiversité et la dégradation des terres, ce qui a eu des répercussions sur la productivité agricole et a contribué à l’insécurité alimentaire. Les pratiques agricoles non durables, quant à elles, entraînent une déforestation, l’émission de gaz à effet de serre et la perte d’écosystèmes essentiels. Il est nécessaire de prendre des mesures de toute urgence pour sortir de ce cycle vicieux. Investir dans des systèmes agroalimentaires durables et résilients constitue un point de départ efficace pour relever ces défis de manière conjointe.
Ce message a été au centre de la participation de la FAO aux forums internationaux organisés en 2024, comme la 29e session de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29 de la CCNUCC), la 16e session de la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP16 de la CDB) et la 16e session de la Conférence des parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (COP16 de la CLD), qui ont été essentiels pour permettre un dialogue mondial et obtenir des engagements.
«La proportion alarmante de 40 pour cent de la population mondiale est en situation de grande vulnérabilité face à la crise climatique. Les phénomènes météorologiques extrêmes sont l’un des principaux facteurs de la faim – dont souffrent plus de 730 millions de personnes –, à laquelle viennent s’ajouter l’insécurité alimentaire et la malnutrition sous toutes ses formes. Les systèmes agroalimentaires résilients et les pratiques agroalimentaires durables peuvent apporter des solutions aux défis interdépendants que posent l’alimentation, l’eau, les terres et la biodiversité», a déclaré M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO, lors de la semaine de haut niveau de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Tout au long de l’année, il a répété le message constant et cohérent selon lequel nous devons produire plus avec moins: nous devons produire des aliments en quantité suffisante pour nourrir une population croissante avec moins d’intrants agricoles et en générant moins d’effets négatifs sur l’environnement, effets qui, à long terme, nuisent à la sécurité alimentaire et au développement durable. Pour ce faire, nous devons assurer la réalisation des quatre améliorations – amélioration de la production, de la nutrition, de l’environnement et des conditions de vie –, en ne laissant personne de côté.
Dans les salles des Nations Unies comme dans les champs d’un grand nombre des plus de 190 pays membres qu’elle aide en apportant une assistance technique et ses connaissances spécialisées, la FAO a montré comment des systèmes agroalimentaires résilients et durables pouvaient nous aider à faire face aux répercussions de la crise climatique, à protéger la biodiversité et à garantir l’accès de tous à des aliments nutritifs et sans danger. De tels systèmes agroalimentaires constituent l’un des éléments du Cadre stratégique 2022-2031 de la FAO et un élément central de la mise en œuvre de la stratégie et du plan d’action de la FAO relatifs au changement climatique.
Intégrer les systèmes agroalimentaires dans les programmes nationaux
La FAO reconnaît qu’il est essentiel de traduire les engagements pris au niveau mondial en mesures nationales pour accomplir des progrès réels dans la transformation des systèmes agroalimentaires dans une optique de durabilité et aux fins de l’adaptation au changement climatique, et elle est l’organisation de référence pour ce qui est des compétences professionnelles spécialisées nécessaires à cet effet.
La FAO travaille en étroite collaboration avec les pays afin d’intégrer l’agriculture résiliente et durable et la sécurité alimentaire dans leurs plans nationaux, notamment en aidant à l’élaboration et à la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national (CDN) pour l’action climatique (dont la mise à jour est attendue d’ici à 2025) et des stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité (SPANB).
Parallèlement, la FAO s’emploie à faire en sorte que l’utilisation durable de la biodiversité, l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets, et la gestion durable intégrée des terres, des sols et de l’eau soient prises en compte dans les pratiques et les plans agricoles nationaux. Ce double levier d’action garantit que les systèmes agroalimentaires constituent un élément central des efforts nationaux déployés pour atteindre les objectifs de durabilité.
À la COP29, qui s’est tenue en Azerbaïdjan, la participation active de la FAO au Sommet des dirigeants mondiaux, aux manifestations de haut niveau et aux négociations a témoigné du rôle essentiel des systèmes agroalimentaires dans la lutte contre la crise climatique. La FAO a mené un programme complet et a publié des publications clés soulignant la nécessité urgente d’investir de manière accrue et ciblée dans les systèmes agroalimentaires afin de promouvoir une transformation durable et l’adaptation aux effets du changement climatique.
La FAO a également présenté une nouvelle analyse des CDN, qui met en relief les lacunes que présentent les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture en matière d’atténuation, d’adaptation et de financement dans les plans d’action nationaux relatifs au climat, et souligne que l’intégration des systèmes agroalimentaires dans les prochaines CDN serait essentielle à la réalisation, par les pays, des objectifs de l’Accord de Paris.
À la réunion internationale, la FAO a également collaboré avec la présidence de la COP29 au lancement de l’initiative climatique Bakou Harmoniya pour les agriculteurs. Cette initiative, appuyée par le partenariat Alimentation et agriculture au service d’une transformation durable (partenariat FAST) de la FAO, lancé en 2022, servira de plateforme à la COP pour coordonner l’action climatique en se fondant sur les systèmes agroalimentaires, et pour donner aux agriculteurs les moyens d’être les agents de l’action climatique. La FAO a également mené des débats lors de la Journée de l’alimentation, de l’agriculture et de l’eau, présentant des solutions en matière de financement, d’innovation et de partenariat en faveur de l’action climatique axées sur les systèmes agroalimentaires.
L’Organisation reste déterminée à aider les pays à accéder à un financement de l’action climatique, à élaborer leurs prochaines CDN de manière très ambitieuse en ce qui concerne l’action climatique liée aux systèmes agroalimentaires, et à mettre en œuvre leurs engagements en matière de climat, en particulier dans le cadre des préparatifs de la COP30, qui se tiendra au Brésil en 2025.
Par ailleurs, la participation de la FAO à la COP16 de la CDB, tenue en Colombie, a souligné l’importance cruciale de l’utilisation durable de la biodiversité et de l’agriculture durable pour le succès de la mise en œuvre du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal.
Dans ce contexte, la FAO a lancé l’initiative de soutien aux SPANB dans le domaine agricole , qui vise à fournir aux gouvernements un appui ciblé dans les secteurs agroalimentaires afin d’accélérer l’intégration des solutions agroalimentaires dans les plans de biodiversité ainsi que leur mise en œuvre, et de concrétiser le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal. La FAO a également joué un rôle essentiel dans les débats sur les droits des peuples autochtones en ce qui concerne la biodiversité et l’utilisation de l’information de séquençage numérique, en particulier s’agissant des ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture.
En 2025, la FAO accueillera à son siège, à Rome, la reprise de la session de la COP16, qui offrira une grande occasion de souligner l’importance cruciale de l’utilisation durable de la biodiversité et de l’agriculture, ainsi que la nécessité d’apporter un financement et un appui à destination des communautés rurales et agricoles qui dépendent de la biodiversité et en sont les gardiens.
On reconnait de plus en plus l’importance de la transformation des systèmes agroalimentaires pour concrétiser les aspirations, les plans et les engagements concernant le climat, la biodiversité et la dégradation des terres, cependant, ce sont en fin de compte les actions nationales, soutenues par des fonds, la technologie et des moyens, qui sont indispensables pour atteindre les objectifs établis dans l’Accord de Paris et le Cadre mondial de la biodiversité. La FAO continue d’œuvrer en faveur de la reconnaissance pleine et entière de l’importance des systèmes agroalimentaires en tant que pourvoyeurs de solutions clés dans les accords environnementaux multilatéraux, et de leur inclusion dans les plans nationaux.


Gauche/Droite : Népal - Personnes ramassant du fourrage pour nourrir les animaux. Pakistan © Chris Steele-Perkins/Magnum Photos for FAOConséquences des inondations. © FAO/Asim Hafeez
Financer les actions climatique et environnementale grâce à la transformation des systèmes agroalimentaires
Le financement est essentiel pour concrétiser les engagements et les plans, et la FAO a conscience que des investissements importants dans l’agriculture sont nécessaires, car ils sont la condition permettant de faire face aux défis relatifs au climat, à la biodiversité et à la dégradation des terres, et de transformer les systèmes agroalimentaires à l’échelle mondiale. En 2024, l’Organisation a eu activement recours à ses partenariats via des mécanismes de financement clés, notamment le Fonds vert pour le climat (FVC) et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), pour affecter des ressources cruciales à la réalisation de cet objectif.
La FAO a continué d’aider les pays à mettre en place les initiatives nécessaires et à faire face à la complexité du financement international des actions climatique et environnementale, en veillant à ce que les investissements, lesquels sont grandement nécessaires, parviennent à des projets promouvant une agriculture intelligente face au climat, la gestion durable des terres, des sols et de l’eau, et la conservation de la biodiversité.
Par exemple, deux initiatives saillantes présentées par le Directeur général de la FAO à la COP29 ont été le financement, approuvé par le FVC, de deux projets porteurs de transformation évalués à 134 millions de dollars, visant à favoriser la résilience des communautés agricoles vulnérables en Somalie et en Iraq face au changement climatique et l’adaptation de ces communautés aux effets de ce changement. Ces initiatives, menées par la FAO, donneront à des millions d’agriculteurs et d’éleveurs pastoraux les moyens de s’adapter aux effets croissants des crises climatiques, notamment les sécheresses, les inondations et la rareté de l’eau dans ces deux pays fragiles.
Depuis qu’ils sont devenus partenaires en 2016, la FAO et le FVC ont accru les investissements en faveur de l’action climatique dans le cadre de projets à fort impact destinés à rendre les secteurs de l’agriculture, des forêts et des pêches plus efficaces, plus inclusifs, plus durables et plus résilients face au changement climatique. À ce jour, la FAO a aidé les pays à accéder au portefeuille du FVC pour un montant dépassant 1,3 milliard d’USD.
En outre, en ce qui concerne la COP16 de la CLD, tenue à Riyad (Arabie saoudite), la FAO a été un acteur du lancement du Programme intégré sur les systèmes alimentaires. Le programme permettra d’affecter 282 millions d’USD du FEM et un cofinancement estimé à 1,8 milliard d’USD à des activités, menées dans 32 pays, visant à produire des effets environnementaux positifs sur la biodiversité, les terres et le changement climatique dans le monde entier, ainsi que des retombées socioéconomiques, à savoir l’amélioration de la sécurité alimentaire, de la nutrition et des moyens de subsistance.
Autre fait notable: en 2024, la FAO a également aidé 28 pays à mobiliser un financement de 70 millions d’USD du FEM destiné à favoriser le développement durable des villes et la gestion des eaux souterraines, et à lutter contre la perte de biodiversité, le changement climatique et la dégradation des terres. Le FEM a également permis le lancement de 48 projets menés par la FAO pour un montant d’environ 2,9 milliards d’USD, lesquels joueront un rôle essentiel s’agissant de favoriser le transformation durable des systèmes agroalimentaires pour mettre un terme à la faim et préserver l’environnement.
Le portefeuille mondial actif de la FAO financé par le FEM, qui à ce jour dépasse 1,4 milliard d’USD, permet d’apporter une aide à plus de 120 pays dans le cadre de projets qui répondent à des priorités locales, ont des conséquences positives sur l’environnement mondial et contribuent à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
Soutenir une transition juste
Le rapport de la FAO intitulé Unjust Climate (Le climat est injuste), publié au début de 2024, appelle à une transition juste vers un avenir climato-résilient qui privilégie l’équité et l’inclusion. Le rapport quantifie les pertes financières disproportionnées que subissent les femmes rurales en raison de la crise climatique, souligne la vulnérabilité croissante de ces dernières par rapport aux hommes, et met l’accent sur les incidences intersectionnelles et les solutions axées sur l’autonomisation. Cette approche fondée sur des données fournit un argument économique et social de poids en faveur d’un investissement accru dans les politiques et les programmes climatiques tenant compte de la problématique du genre qui visent à remédier aux inégalités existantes et à autonomiser les femmes dans les systèmes agroalimentaires.
«Les différences sociales liées à la situation géographique, au niveau de ressources, au genre et à l’âge ont une forte incidence, encore mal comprise, sur la vulnérabilité des populations rurales aux effets de la crise climatique. Ces conclusions font ressortir la nécessité urgente de consacrer beaucoup plus de ressources financières et d’accorder un soin politique particulier aux questions d’inclusion et de résilience dans les actions climatiques mondiales et nationales», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu.
La FAO reconnaît que la transition vers des systèmes agroalimentaires durables doit être juste et inclusive, et s’effectuer sans que personne ne soit laissé de côté. En 2024, l’Organisation a activement favorisé une transition juste, insistant sur l’importance de l’équité sociale et de l’égalité des genres dans la construction de l’avenir de l’alimentation et de l’agriculture. Le message de la FAO a été clairement repris dans les discussions ministérielles de haut niveau sur la transition juste tenues à la COP29.
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The Unjust Climate
The unequal impacts of climate change on countries, communities, and individuals undeniably pose a critical global challenge.
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Not deserting deserts: Scaling land restoration through innovation
In Mauritania rising temperatures are fuelling Sahara expansion ...
Présenter des exemples de réussite et promouvoir le partage des connaissances
Pour souligner l’importance de prendre des engagements et de passer de la parole aux actes afin de transformer les systèmes agroalimentaires, la FAO a continué de promouvoir des solutions qui offrent de multiples avantages concernant le climat, la biodiversité, les terres et la sécurité alimentaire, tout en favorisant le développement rural. Les avantages tirés profitent tant aux populations qu’à la planète.
Tout au long de 2024, la FAO a mis en avant des récits inspirants d’expérience du monde entier présentant les avantages tangibles des pratiques agricoles durables et soulignant le rôle crucial du développement rural.
Par exemple, en Colombie, la FAO soutient le développement rural en menant diverses initiatives qui contribuent à la réalisation des objectifs d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à ses effets. Ces initiatives promeuvent les moyens de subsistance durables tout en renforçant la fixation du carbone et la conservation de la biodiversité grâce à des pratiques telles que l’agroforesterie et l’élevage durable. En intégrant les arbres dans les paysages agricoles, les agriculteurs améliorent la santé des sols, diversifient leurs revenus et renforcent leur résilience face à la crise climatique.
De la restauration des terres dégradées en Amazonie au soutien aux agriculteurs dans la lutte contre la désertification en Afrique, la FAO a montré que nombre de ces solutions amélioraient déjà la vie des personnes et contribuaient à un avenir plus durable. En diffusant ces exemples de réussite et en promouvant l’échange de connaissances, la FAO vise à inspirer d’autres actions et à accélérer la transition mondiale vers des systèmes agroalimentaires durables. (Les exemples de réussite peuvent être consultés ici.)
Comme autre exemple de solutions reposant sur le nexus climat-alimentation-agriculture, on peut citer le programme des Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM). En 2024, la FAO a reconnu trois nouveaux sites en Autriche, en Indonésie et à Sao Tomé-et-Principe. Ces sites mettent en lumière des pratiques durables qui contribuent à la résilience face au climat, à la conservation de la biodiversité et à la sécurité alimentaire. En reconnaissant et en préservant ces systèmes du patrimoine, qui sont actuellement au nombre de 89 dans 28 pays, la FAO vise à garantir un avenir durable pour l’agriculture et la planète, en préservant les connaissances traditionnelles et en promouvant les pratiques durables. En 2025, la FAO vise l’objectif de 100 sites dans le monde entier.
En établissant un lien entre les objectifs mondiaux et l’action locale, en mobilisant des ressources cruciales et en promouvant une transition juste, la FAO contribue à bâtir un monde plus durable, plus équitable et plus résilient pour tous. À mesure que nous avancerons, il sera essentiel que la FAO continue d’assurer son rôle de chef de file et sa collaboration avec les partenaires pour garantir que les systèmes agroalimentaires jouent un rôle de premier plan s’agissant de parvenir à un avenir durable pour les populations et la planète et de réaliser les quatre améliorations – amélioration de la production, de la nutrition, de l’environnement et des conditions de vie –, sans laisser personne de côté.