Le Directeur général prononce une allocution devant le Conseil d’administration du Centre international Nizami Ganjavi
Rome – L’agriculture et les systèmes agroalimentaires sont la meilleure voie pour créer un monde durable dans lequel tous et toutes vivent dans la prospérité, a souligné aujourd’hui le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, dans une allocution adressée au Conseil d’administration du Centre international Nizami Ganjavi.
«Nos systèmes agroalimentaires ont besoin d’un changement de paradigme et doivent être transformés», a souligné M. Qu, qui était invité à présenter comment il envisage d’éradiquer la faim et la pauvreté et de créer un monde meilleur, en particulier au moyen des quatre améliorations (en matière de production, de nutrition, d’environnement et de conditions de vie) inscrites dans le Cadre stratégique 2021-2030 de la FAO.
«Ne pas souffrir de la faim est un droit fondamental», a déclaré M. Qu. «Au XXIe siècle, nous avons toutes les conditions, connaissances et capacités nécessaires pour l’éradiquer».
Le Centre international Nizami Ganjavi a été créé en 2012, en Azerbaïdjan, avec pour mission de promouvoir l’apprentissage, la tolérance, le dialogue et la compréhension dans le monde.
Parmi les participants du Conseil d’administration du Centre international Nizami Ganjavi, on comptait plusieurs anciens chefs d’État ou de gouvernement du monde entier, notamment Mme Veira Vike-Freiberga, ancienne Présidente de la Lettonie et Coprésidente du Centre, et Mme Kolinda Grabar-Kitarovic, ancienne Présidente de la Croatie, ainsi que d’anciens hauts fonctionnaires d’organisations internationales et d’organismes du système des Nations Unies, notamment Mme Maria Fernanda Espinosa, ancienne Présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies et ancienne ministre de son pays d’origine, l’Équateur.
«Nous vivons des temps difficiles», a affirmé le Directeur général, avant de signaler que 811 millions de personnes souffraient de la faim aujourd’hui et qu’il faudrait nourrir 2 milliards de personnes supplémentaires d’ici à 2050. Il a également abordé les répercussions négatives de la pandémie de covid‑19 et la hausse des prix des aliments et des carburants, qui surviennent alors que les finances de nombreux ménages et gouvernements sont prises en étau. Il a ajouté que la hausse des prix des engrais, ainsi que des prix des semences et des aliments pour animaux, était également inquiétante, car la baisse de l’utilisation de ces intrants agricoles faisait craindre «une baisse réelle de la productivité des cultures alimentaires qui se traduirait par une hausse encore plus importante des prix des produits alimentaires» et éventuellement par une augmentation du nombre de personnes sous-alimentées à l’avenir.
Les problèmes peuvent être des moteurs du progrès
M. Qu a évoqué les temps difficile qu’il a connu pendant son enfance en Chine et a affirmé que les avancées de la science, notamment les innovations de Yuan Longpin concernant le riz hybride dans les années 1970 – qui représente aujourd’hui plus de la moitié des cultures de son pays – lui ont fait comprendre que «les problèmes pouvaient également être des moteurs du progrès».
Il a affirmé que les technologies agricoles avaient le pouvoir de produire suffisamment de nourriture pour toutes les populations. Non seulement les systèmes agroalimentaires sont essentiels pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, mais «l’agriculture est également l’outil le plus inclusif pour éradiquer la pauvreté et la faim», a déclaré le Directeur général.
Le Cadre stratégique de la FAO pour la prochaine décennie vise à aider les Membres de la FAO à transformer les systèmes agroalimentaires, ce qui demande d’adopter des approches globales, afin de minimiser les arbitrages en s’appuyant sur les données, la science, les technologies, l’innovation et les politiques porteuses.
Les quatre améliorations sont au cœur de la feuille de route de la FAO:
L’amélioration en matière de production passe par une augmentation des revenus, des rendements et de la productivité agricoles et par l’optimisation de l’utilisation des ressources, ainsi que par la réduction des pertes alimentaires.
L’amélioration en matière de nutrition consiste à piloter la productivité agricole de sorte à produire des aliments sans danger et de haute qualité, en adoptant des méthodes durables, en encourageant une consommation équilibrée et en mettant fin au gaspillage alimentaire.
L’amélioration en matière d’environnement consiste à développer l’agriculture de précision et l’agriculture circulaire, afin d’optimiser l’utilisation des produits agrochimiques, à favoriser l’agriculture verte et climato-résiliente et à promouvoir la gestion durable des forêts et des ressources marines pour protéger la biodiversité.
Enfin, l’amélioration des conditions de vie de tous consiste à assurer une transformation rurale inclusive, en particulier pour les populations vulnérables, en intensifiant les investissements et en facilitant l’accès des pauvres des zones rurales aux avoirs, aux services, aux financements, aux perspectives d’emploi décent, aux débouchés économiques et à de meilleurs moyens de subsistance.
Le Directeur général a insisté sur le fait que, pour réaliser tout ce qui précède, il fallait éliminer les obstacles auxquels les femmes sont confrontées, tant en ce qui concerne la participation au processus de transformation qu’en ce qui concerne les avantages que l’on peut en tirer, et donner des moyens d’agir aux jeunes, afin de ne laisser personne de côté.
Le Directeur général a en outre répondu à des questions des membres du Conseil d’administration qui portaient sur les modalités de la promotion du rôle de la science dans l’ensemble des activités de l’Organisation. «J’espère que nous convenons tous que la science et l’innovation peuvent nous aider à avancer vers un monde meilleur pour tous», a déclaré la Scientifique en chef de la FAO, Mme Ismahane Elouafi, qui animait le débat.