Face à la covid-19, il faut investir davantage pour transformer les systèmes alimentaires africains
Addis-Abeba, le 27 juillet 2020 – M. Qu Dongyu, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a préconisé aujourd’hui de réaliser des investissements durables et stratégiques en vue d’accélérer la transformation des systèmes agroalimentaire africains face à la menace imminente d’une crise alimentaire liée à la covid-19. M. Qu Dongyu s’est exprimé à l’occasion d’une réunion tripartite des ministres africains de l’agriculture, du commerce et des finances organisée en ligne par la Commission de l’Union africaine, avec l’assistance technique de la FAO. Il s’agissait de la première réunion de ce type organisée en réponse à la crise de la covid-19.
«Nous devons aller plus loin, et nous ne pouvons le faire qu’ensemble», a déclaré M. Qu Dongyu.
Le Directeur général s’est félicité de la collaboration multisectorielle établie entre ces trois portefeuilles et a précisé que les difficultés provoquées par la pandémie étaient multidimensionnelles, complexes et imbriquées et exigeaient une intervention intégrée, globale et coordonnée de la part d’une multiplicité de parties prenantes et de partenaires.
Quelque 80 ministres et autres représentants de plus de 50 pays ont assisté à cette rencontre aux côtés de représentants, entre autres (par ordre alphabétique), de la Banque africaine de développement, de la Banque mondiale, de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), de la Commission européenne, du Fonds international de développement agricole (FIDA), du Programme alimentaire mondial (PAM), du secteur privé et d’autres partenaires.
La faim et les cas de covid-19 en hausse sur le continent africain
Des cas de covid-19 ont été signalés dans 54 pays africains; plus de 850 000 cas et plus de 17 000 décès ont été enregistrés sur le continent.
D’après le rapport sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2020, publié récemment, la faim augmente aussi en Afrique, en particulier en Afrique subsaharienne.
Le Directeur général de la FAO a fait savoir aux participants que plusieurs pays africains étaient en première ligne face à la menace imminente d’une crise alimentaire entraînée par la covid-19. Ces pays à risque étaient déjà gravement touchés par la faim et confrontés à des taux élevés d’insécurité alimentaire avant l’arrivée de la covid-19, conséquence de chocs simultanés tels que les organismes nuisibles et maladies transfrontières, les conflits et les événements climatiques extrêmes (sécheresses et inondations).
Josefa Sacko, Commissaire de l’Union africaine pour l’économie rurale et l’agriculture, présidait la réunion. Elle a souligné que la covid-19 risquait d’annuler tous les progrès accomplis dans l’éradication de la faim d’ici à 2025, objectif inscrit dans la Déclaration de Malabo de l’Union africaine, ainsi que dans la réalisation, d’ici à 2030, des objectifs de développement durable.
M. Qu Dongyu a quant à lui déclaré qu’il fallait prendre des mesures audacieuses et changer radicalement de démarche en ce qui concerne la transformation des systèmes alimentaires, de façon à rendre les régimes alimentaires sains accessibles et à faire progresser le combat contre la pauvreté, la faim et toutes les formes de malnutrition.
L’action menée par la FAO pour faire face à la crise
La FAO agit en première ligne pour résoudre les problèmes de sécurité alimentaire et de malnutrition causés par la covid-19, guidée par les sept domaines d’action prioritaire suivants: préserver les moyens de subsistance; favoriser l’inclusion économique et la protection sociale; renforcer la résilience des petits exploitants; prévenir la prochaine pandémie zoonotique; dynamiser le commerce et renforcer les normes de sécurité sanitaire des aliments; transformer les systèmes alimentaires tout au long de la chaîne de valeur; promouvoir le recours aux mégadonnées aux fins de la prise de décisions.
«Nous nous appuyons sur l’Initiative Main dans la main pour faciliter la mise en place de plateformes novatrices qui nous permettront d’avancer réellement dans la lutte contre la faim et la pauvreté en tirant parti du pouvoir des données, de la science et des analyses techniques, en établissant des partenariats multipartites et en mobilisant des ressources auprès des secteurs public et privé», a expliqué le Directeur général.
La réunion d’aujourd’hui s’est conclue par l’adoption d’une déclaration conjointe qui renforce une déclaration des ministres africains de l’agriculture, adoptée en avril, sur l’importance de garantir la sécurité alimentaire pour faire face à la crise de la covid-19, ainsi que les travaux de l’Équipe spéciale conjointe chargée de mettre en œuvre la déclaration du mois d’avril.