Directeur général QU Dongyu

Dialogue de haut niveau sur la création d’une plateforme internationale pour l’alimentation et l’agriculture numériques

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

03/12/2020

Dialogue de haut niveau sur la création d’une plateforme internationale pour l’alimentation et l’agriculture numériques

Jeudi 3 décembre 2020

Intervention de M. Qu Dongyu,
Directeur général de la FAO

Telle que prononcée

 

 

Honorables invités, 

Chers collègues, 

Mesdames et Messieurs,

1. J’ai le plaisir d’être avec vous cet après-midi pour aborder un sujet qui m’intéresse tout particulièrement: l’économie, la gouvernance et la société numériques

2. Connecter est peut-être un mot anodin désormais, mais cette année, en pleine pandémie, nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir nous connecter au monde entier, grâce au numérique.  

3. Nous vivons une période difficile. Ces derniers mois, nous avons tous constaté les dégâts que la pandémie a causés sur nos sociétés, nos économies et nos systèmes alimentaires.  

4. Comme nous le savons tous, la pandémie de covid-19 a accéléré l’utilisation des outils numériques et la connectivité s’est améliorée de façon spectaculaire, mais il existe encore une fracture numérique entre les pays et entre les populations.

5. Dans l’agriculture, la fracture numérique est encore plus manifeste que dans tout autre secteur.

6. Les effets des technologies numériques sur l’agriculture sont vastes et porteurs de transformation, car celles-ci ont un potentiel incroyable non seulement en ce qui concerne les exploitations agricoles et la création d’emplois, mais également la recherche et développement, les marchés, l’environnement et les consommateurs. 

7. La FAO utilise déjà des solutions axées sur l’innovation et fondées sur des technologies numériques. À titre d’exemple, l’application de la FAO Nuru, qui fonctionne sur smartphone, s’appuie sur l’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle pour contribuer à la lutte contre la chenille légionnaire d’automne en Afrique subsaharienne. 

8. Les capteursles satellites et l’internet des objets sont en train de révolutionner l’agriculture. 

9. L’agriculture est de plus en plus fondée sur les données, dont le volume exploité est de plus en plus important. Or, celles-ci peuvent améliorer l’efficacité et faire diminuer les incidences environnementales négatives.

10. Les plateformes de commerce électronique peuvent faire baisser les coûts de transaction, améliorer l’accès aux marchés, en particulier pour les petits exploitants, et permettre d’obtenir de meilleurs résultats en termes de revenus agricoles et de bien-être.

11. La technologie de la chaîne de blocs peut améliorer la traçabilité et favoriser la sécurité sanitaire des aliments. Elle peut faire passer le temps nécessaire pour retracer l’origine d’un aliment de quelques jours à quelques secondes. 

12. Il s’agit d’une avancée extraordinaire, car la sécurité sanitaire des aliments sera l’une des grandes priorités au sortir de la pandémie de covid-19. 

13. Les technologies numériques peuvent aider le secteur agricole à satisfaire la future demande d’aliments sains et nutritifs et à mieux gérer les ressources naturelles et favoriser une croissance de haute qualité. Elles peuvent favoriser l’inclusion et accélérer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement durable.

14. En revanche, les technologies numériques impliquent également des risques et des défis. Or, ces défis sont parfois propres à l’agriculture.

15. Il sera essentiel d’améliorer les infrastructures numériques et les compétences numériques, afin de permettre aux petits agriculteurs de participer à l’économie moderne et de réduire la fracture numérique.

16. Les craintes liées à la propriété, à la portabilité, à la confidentialité et à la responsabilité des données agricoles contribuent au fait que certains agriculteurs soient réticents à adopter les technologies numériques.

17. Il faut redoubler d’efforts pour répondre collectivement à ces craintes, sans nuire à l’innovation et aux progrès technologiques.

18. On peut également mentionner l’intelligence artificielle, qui peut être un moyen considérable d’accroître durablement la productivité et de renforcer la résilience face au changement climatique. 

19. Toutefois, nous devons nous assurer que les outils fondés sur l’intelligence artificielle sont conçus, élaborés et employés dans le respect des principes universels des droits de l’homme.

20. Plus spécifiquement, il faut que l’intelligence artificielle dans l’agriculture soit aussi encadrée par un ensemble de directives internationales, de considérations environnementales et de précautions liées à la sécurité sanitaire des aliments.

21. Au mois de février de cette année, la FAO a lancé, aux côtés de l’Académie pontificale pour la vie et d’autres acteurs, l’Appel de Rome pour une éthique de l’intelligence artificielle, qui porte sur l’utilisation transparente, inclusive, responsable, impartiale, fiable et sûre de l’intelligence artificielle

22. D’autres défis sont liés aux incidences économiques et sociales sur le long terme. Il ne fait pas de doute que la technologie entraînera une baisse de la quantité de main-d’œuvre nécessaire à la production, un recul des salaires et une amélioration de la compétitivité.

23. Il faut anticiper les effets transformateurs que les technologies numériques peuvent avoir sur les économies rurales et la gouvernance sociale, afin de relever ces défis économiques et sociaux.

24. Pour exploiter le potentiel des technologies numériques et comprendre les défis que celles-ci impliquent, il faut renforcer la collaboration et le consensus entre toutes les parties prenantes, notamment les gouvernements, le secteur privé, le monde universitaire et les agriculteurs eux-mêmes.

25. C’est la raison pour laquelle nous sommes réunis aujourd’hui pour débattre d’une initiative menée par la FAO et d’autres parties prenantes qui ont un rôle très important à jouer dans la résolution de ces problèmes.

26. En janvier 2020, le Forum mondial sur l’alimentation et l’agriculture, auquel ont assisté plus de 70 ministres de l’agriculture de pays Membres de la FAO, a appelé la FAO à créer une Plateforme internationale pour l’alimentation et l’agriculture numériques.  

27. Cette initiative prendra la forme d’un forum multipartite inclusif qui permettra de recenser les bénéfices et les risques potentiels du développement du numérique dans les systèmes alimentaires et agricoles et d’en débattre

28. Elle aura pour objectif d’aider les responsables de l’élaboration de politiques à créer un environnement propice au développement du numérique dans l’agriculture qui, d’une part, favorise l’innovation et, d’autre part, prenne en compte les spécificités et les risques encourus.  

29. Grâce au dialogue, la Plateforme internationale pour l’alimentation et l’agriculture numériques:

a. favorisera la coordination et le consensus entre toutes les parties prenantes et sensibilisera à des questions qui relèvent du développement du numérique dans l’alimentation et l’agriculture;

b. proposera des orientations, des bonnes pratiques, des recommandations et des directives volontaires pour faciliter la prise de décision; 

c. aidera les agriculteurs à partager leur expérience technique et à faire part de leurs félicitations. Il faut que le smartphone devienne le nouvel outil agricole des agriculteurs.

30. À l’ère du numérique, nos sociétés sont de plus en plus étroitement imbriquées. L’accélération et l’amplification de la covid-19 en témoignent. Nous sommes liés les uns aux autres comme jamais auparavant. 

31. À l’avenir, il faudra une coopération plus étroite et une intégration plus poussée – un niveau de mondialisation encore plus élevé atteint au moyen de la connectivité numérique.

32. Travaillons main dans la main, afin de faire en sorte que cette puissance numérique incroyable nous permette de transformer le système agroalimentaire, d’éliminer la faim, de faire reculer la pauvreté et de bâtir un avenir meilleur pour toute l’humanité.

Merci de votre attention.