Réunion conjointe des ministres des affaires étrangères et du développement Sous l’égide de la Présidence du G20 assurée par la République italienne
de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO
29/06/2021
Réunion conjointe des ministres des affaires étrangères et du développement
Sous l’égide de la Présidence du G20 assurée par la République italienne
Intervention de
M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO
29 juin 2021
Texte avant allocution
Mesdames et Messieurs,
1. C’est pour moi un honneur d’être aujourd’hui parmi vous.
2. La FAO se félicite que la Présidence du G20 ait placé la sécurité alimentaire au centre de la réunion ministérielle d’aujourd’hui.
3. Avant la pandémie, nous n’étions pas en bonne voie pour atteindre le deuxième objectif de développement durable (ODD 2):
- près d’une personne sur dix, au niveau mondial, était en situation d’insécurité alimentaire grave;
- les taux de surpoids et d’obésité continuaient à augmenter dans les pays riches tout comme dans les pays pauvres;
- depuis 2012, le nombre de personnes obèses dépassait celui des personnes souffrant de la faim;
- trois milliards de personnes n’avaient pas accès à une alimentation saine à un coût minimal;
- tout ceci sans compter qu’il nous fallait parvenir à la neutralité en matière de dégradation des terres, utiliser l’eau de manière plus efficiente dans l’agriculture et atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
4. Après plus d’un an de pandémie, nous en constatons l’ampleur des conséquences à long terme sur les systèmes agroalimentaires et nous voyons combien la situation s’est détériorée au regard de la sécurité alimentaire dans le monde.
5. Le nombre de personnes souffrant de faim chronique s’est alourdi de 132 millions fin 2020.
6. Et 155 millions de personnes dans 55 pays ont été touchées par une insécurité alimentaire aiguë qui a atteint un niveau de crise.
7. La pandémie et les mesures qui ont été prises pour la freiner ont:
- intensifié les facteurs de fragilité préexistants;
- creusé les inégalités;
- mis au jour les vulnérabilités structurelles des systèmes agroalimentaires locaux et mondiaux; et
- frappé particulièrement durement les groupes les plus vulnérables.
8. La faim a gagné du terrain dans les zones rurales et dans les villes – non seulement dans les pays les plus pauvres, mais aussi dans les pays développés.
9. Dans toutes les régions en développement, on a constaté des effets défavorables sur les revenus des ménages des zones rurales du fait de la diminution des gains tirés des activités agricoles et non agricoles.
10. Mais il est nécessaire d’aborder aussi d’autres questions urgentes afin d’éliminer la faim:
- les effets du changement climatique sur l’agriculture seront inégaux d’un lieu à un autre de la planète;
- du fait de la croissance démographique et de la progression de l’urbanisation, nous devrons augmenter la production agroalimentaire de 50 pour cent d’ici à 2050;
- Dans certaines parties du monde, la sécurité alimentaire continuera à être menacée par l’instabilité et les conflits.
11. L’Italie – qui assure la Présidence du G20 – a su, avec une volonté et un sens politique remarquables, fédérer les efforts en faveur de la sécurité alimentaire.
12. Quatre-vingts pour cent de la frange la plus pauvre de la population mondiale, soit 600 millions de personnes, vivent en milieu rural, travaillent dans le secteur agricole et ne mangent pourtant pas à leur faim.
13. Près de la moitié d’entre eux sont des enfants de moins de 15 ans, qui ont moins de possibilités d’étudier et de travailler que leurs homologues des zones urbaines.
14. Il faut que les gouvernements recentrent leurs énergies et leurs investissements sur les zones rurales.
15. Le secteur agricole est la solution pour éradiquer la pauvreté et la sous-alimentation tout en réduisant les migrations non souhaitées.
16. L’éradication de la pauvreté et de la faim ne doit pas avoir un coût prohibitif.
17. Les réunions du G20 sont une occasion privilégiée de créer un consensus sur des questions d’envergure mondiale.
18. Le G20 peut favoriser une action collective et mettre au point et promouvoir des solutions innovantes pour renforcer et transformer les systèmes agroalimentaires partout dans le monde.
19. Le G20 a apporté des contributions précieuses à la sécurité alimentaire mondiale. Le Système d’information sur les marchés agricoles (AMIS) en est un exemple.
20. Je tiens à féliciter le Gouvernement de l’Italie pour son initiative visant à créer la Coalition pour l’alimentation, alliance mondiale en réaction à la pandémie à laquelle nous sommes très attachés.
21. Dans cette réunion conjointe historique, la FAO souhaite appeler le G20 et ses partenaires à réaffirmer leur engagement collectif et à agir de concert afin d’éradiquer la faim et la pauvreté.
22. Dans une étude de modélisation récente, la FAO et des partenaires ont découvert qu’un doublement de ces investissements pendant 10 ans – pendant que les pays les plus pauvres continuent à investir pour promouvoir une série d’interventions de faible coût – pourrait aider 500 millions de personnes à échapper à la faim.
23. En outre, il est nécessaire d’engager entre 39 et 50 milliards de dollars des États‑Unis par an pour éliminer la faim d’ici à 2030, comme visé dans le deuxième ODD.
24. Toutes les formes de financement et de partenariat – publiques, privées, bilatérales, multilatérales, innovantes – sont nécessaires pour soutenir la transformation de nos systèmes économiques et agroalimentaires, en particulier dans les pays à faible revenu.
25. L’intégration du secteur agroalimentaire dans les cadres de financement hybrides et le recours plus large à des mécanismes de financement mixtes sont de nature à contribuer à pallier les manques de financement pour accomplir les ODD.
26. Œuvrons ensemble aux quatre améliorations – de la production, de la nutrition, de l’environnement et des conditions de vie –, en ne laissant personne de côté!
27. Je vous remercie de votre attention.