Présentation de l’édition 2020 du rapport sur La situation des marchés des produits agricoles
de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO
23/09/2020
Présentation de l’édition 2020 du rapport sur La situation des marchés des produits agricoles
Marchés agricoles et développement durable: chaînes de valeur mondiales, petits exploitants et innovations numériques
Déclaration de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO
23 septembre 2020
Texte avant allocution
Mesdames et Messieurs les délégués,
Chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
1. Je vous remercie de votre présence aujourd’hui à l’occasion de la présentation de l’édition 2020 du rapport sur La situation des marchés des produits agricoles.
2. La propagation rapide de la covid-19, entre les pays et à l’échelle mondiale, nous a rappelé que nous vivions dans un monde où tout est lié. Les événements qui se produisent dans un pays peuvent avoir des conséquences multiples dans d’autres pays situés de l’autre côté de la planète.
3. Bien que la covid-19 ne soit pas le thème central de cette publication phare, ses répercussions mettent en évidence la contribution fondamentale des marchés et des échanges de denrées alimentaires à la sécurité alimentaire mondiale.
4. Les gouvernements et le secteur privé ont mis la même ardeur à faire en sorte que les chaînes d’approvisionnement alimentaire continuent de fonctionner et que les échanges de produits alimentaires se poursuivent de manière fluide malgré la pandémie.
5. Malheureusement, les effets de la covid-19 risquent d’aggraver les problèmes de sécurité alimentaire et de nutrition que connaissaient déjà bon nombre de pays.
6. Le commerce peut être une arme décisive face à ces difficultés.
7. Le commerce transfère les aliments des régions excédentaires vers les régions déficitaires, ce qui en fait un mécanisme essentiel pour combler les déficits de production engendrés par des phénomènes néfastes et imprévisibles.
8. Cette année, le rapport met en évidence les moyens par lesquels le commerce et les marchés peuvent améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition et, globalement, favoriser le développement durable.
9. L’un des principaux points à retenir du rapport est que des marchés qui fonctionnent correctement sont essentiels pour stimuler le développement et la croissance économique. Ces marchés peuvent être mis à profit pour produire des effets positifs et durables dans les domaines économique, social et environnemental.
10. Les chaînes de valeur mondiales peuvent faciliter l’intégration des pays en développement dans les marchés mondiaux. En effet, le fait que les différents stades de la production soient répartis entre plusieurs pays augmente les possibilités de participation.
11. Si les filières mondiales créent des liens étroits entre nos marchés alimentaires, elles offrent également un mécanisme qui permet de diffuser les meilleures pratiques d’un pays à l’autre et de promouvoir le développement durable.
12. Le rapport indique que les échanges de produits alimentaires et agricoles ont plus que doublé depuis 1995 et que les pays émergents et les pays en développement prennent aujourd’hui une part active aux marchés mondiaux puisqu’ils représentent un tiers du commerce mondial.
13. Les avancées technologiques ont permis de transformer les processus de production et le commerce, ce qui a ensuite rendu possible l’émergence de chaînes de valeur mondiales dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture.
14. Le rapport indique d’ailleurs que plus d’un tiers des exportations de produits agricoles et alimentaires auraient lieu au sein de chaînes de valeur mondiales.
15. S’il est vrai que des marchés qui fonctionnent bien sont essentiels pour atteindre les objectifs de développement durable, ils ne permettront pas à eux seuls de transformer nos sociétés à l’échelle et dans les délais requis.
16. Dans de nombreux pays en développement, les marchés ne fonctionnent pas correctement et les coûts de transaction sont élevés.
17. Les petits exploitants, en particulier, se heurtent à de nombreux obstacles liés aux défaillances des marchés. Les marchés des assurances et du crédit, par exemple, fonctionnent souvent mal ou sont tout simplement inexistants. Cette situation a un effet désastreux sur la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance et le développement.
18. D’autre part, tous les petits exploitants ne sont pas en mesure de participer aux chaînes de valeur mondiales car ils n’ont pas nécessairement les moyens ou les compétences nécessaires pour répondre aux exigences de qualité et de sécurité sanitaire des aliments.
19. Comment remédier à ces difficultés?
20. La solution réside dans des politiques judicieuses, des investissements et des mesures novatrices.
21. Il est indispensable d’adopter des politiques ambitieuses pour créer un environnement propice à l’essor des marchés, notamment grâce à l’amélioration des infrastructures et les services ruraux, à la communication, à l’éducation et aux technologies productives.
22. Il nous faut également des modèles fonctionnels inclusifs, tels que l’agriculture contractuelle, qui aident les agriculteurs à s’intégrer dans les chaînes de valeur plus complexes de notre époque.
23. Les technologies numériques peuvent réduire considérablement les coûts de transaction et raccourcir la chaîne de valeur.
24. Les changements profonds occasionnés par l’innovation numérique peuvent avoir plusieurs effets positifs sur les marchés et accélérer les progrès accomplis sur la voie des objectifs de développement durable.
25. Les technologies numériques favorisent par exemple l’inclusion financière puisqu’elles permettent aux institutions financières de s’incorporer aux marchés ruraux sans avoir à y établir une présence physique coûteuse.
26. La technologie de la chaîne de blocs peut renforcer la confiance, favoriser la transparence et augmenter la traçabilité des aliments tout au long de la filière.
27. Quant aux plateformes de commerce électronique, elles facilitent l’accès aux marchés et augmentent les possibilités offertes aux consommateurs tout en incitant les jeunes et les femmes à rester dans les zones rurales ou à y revenir.
28. Ce phénomène peut transformer ces zones en lieux où il fait bon vivre et travailler.
29. Mais les technologies numériques présentent aussi des risques et soulèvent des problèmes.
30. Par exemple, il est difficile pour les personnes analphabètes et les personnes âgées de les utiliser. La connectivité reste faible et coûteuse dans de nombreuses zones rurales.
31. La question de la propriété et de l’utilisation des données collectées à l’aide des technologies numériques a suscité de grandes inquiétudes.
32. Les technologies influent également sur la demande de main d’œuvre et les salaires.
33. D’autre part, les technologies numériques peuvent entraîner des entorses à la concurrence sur les marchés, lesquelles auront des effets sur les prix ou les quantités et, par conséquent, sur le bien-être.
34. Nous devons absolument tenir compte de ces questions et tenter d’y apporter des réponses afin de continuer à promouvoir l’adoption des technologies numériques.
Mesdames et Messieurs,
35. Permettez-moi de terminer en insistant sur l’importance majeure qu’il y a à garantir l’accès aux marchés.
36. Les obstacles au commerce sont contre-productifs.
37. Ils empêchent les marchés mondiaux de jouer correctement leur rôle en réagissant face aux crises et en stabilisant l’offre et la demande.
38. Les restrictions à l’exportation, en particulier lorsqu’elles sont imposées brusquement, augmentent la volatilité des marchés mondiaux et font du tort aux importateurs nets de denrées alimentaires. Elles peuvent aussi aller à l’encontre du but recherché et nuire à l’économie nationale.
39. Nous avons tous intérêt à faire en sorte que les marchés mondiaux restent une source stable de produits alimentaires.
40. Il convient d’encourager l’adoption de démarches équilibrées qui favorisent le commerce en tenant compte des objectifs nationaux touchant la sécurité alimentaire et le développement.
41. Le commerce et les marchés sont des éléments clés de la transformation de nos systèmes alimentaires, qui a pour finalité de les rendre plus durables et plus résilients.
42. Nous espérons que ce rapport contribuera à mieux faire comprendre le rôle primordial des marchés et à développer une coopération et des échanges productifs en matière de commerce agricole.
Je vous remercie de votre attention.