CONFERENCE ANNUELLE DE 2025 DU FORUM DE BOAO POUR L’ASIE Créer un environnement favorable au développement pacifique et préserver la sécurité économique commune – Allocution

Mesdames et Messieurs,

Chers collègues,

Je suis très heureux de participer au Forum de Boao pour l’Asie. Le thème de cette année est tout à fait opportun et pertinent du point de vue du développement agricole durable, et pour la sécurité alimentaire mondiale.

Les systèmes agroalimentaires revêtent une importance économique et sociale considérable, en particulier pour les populations les plus pauvres et les plus jeunes du monde. À l’échelle mondiale, ces systèmes emploient plus de 1,23 milliard de personnes, soit près d’un tiers de la main-d’œuvre mondiale, et assurent la subsistance de 3,83 milliards de personnes vivant dans des ménages qui dépendent d’elles.

En Afrique, près de la moitié des travailleurs dépendent de ce secteur pour survivre. Dans des régions telles que le Sahel, où plus de 65 % de la population a moins de 25 ans, le risque de chômage généralisé, d’instabilité et de conflit va continuer à s’accroître en l’absence d’opportunités économiques adéquates. 

En 2023, environ 733 millions de personnes ont souffert de la faim.. Cela représente une personne sur 11 à l’échelle mondiale et une sur cinq en Afrique. La région asiatique compte le plus grand nombre de personnes souffrant de la faim, soit environ 385 millions, principalement en Asie du Sud.

Ces chiffres sont alarmants, et tandis que nous sommes réunis ici aujourd’hui, la faim et l’insécurité alimentaire continuent de prévaloir.

L’insécurité alimentaire découle tant des tensions récurrentes que des crises soudaines auxquelles la production agroalimentaire et les chaînes d’approvisionnement ont été confrontées.

Ces tensions à long terme comprennent la croissance démographique, les inégalités, les extrêmes climatiques et la dégradation de l’environnement, ainsi que les chocs qui en résultent, depuis les sécheresses et les inondations jusqu’aux hausses des prix des denrées alimentaires, en passant par les pandémies et les conflits armés.

Les conflits restent la principale cause de la progression de la faim à laquelle nous faisons face aujourd’hui.

D’après le Rapport mondial sur les crises alimentaires, en 2023, plus de 281 millions de personnes dans 59 pays et territoires en situation de crise alimentaire ont subi des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, les principaux facteurs étant les conflits et le climat, marquant ainsi la cinquième année consécutive d’une tendance à la hausse.

Il est évident qu’il ne peut y avoir de sécurité alimentaire sans paix.

La FAO s’aligne sur l’appel du Secrétaire général des Nations unies à résoudre les conflits armés en cours par le recours au dialogue et à la diplomatie.

La FAO continue d’insister sur le fait que la paix est une condition indispensable à la sécurité alimentaire et que l’alimentation est un droit humain fondamental.

Cette année marque le 80e anniversaire de la FAO, lorsque les membres fondateurs ont concrétisé leur vision, et je cite ici l’Acte constitutif de l’Organisation:

«L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture est née d’une aspiration à la paix, autant que d’un désir de vivre à l’abri du besoin. Les deux sont interdépendants. Il est indispensable de libérer progressivement l’humanité du besoin pour atteindre une paix durable.»

Selon un proverbe chinois, «Lorsque les greniers sont pleins, le peuple est en paix (仓廪实，天下安).»

Dans un contexte de crise, l’agriculture est l’une des clés pour une paix et une sécurité durables.

La faim est tout simplement inacceptable lorsque les systèmes agroalimentaires mondiaux ont la capacité de produire une quantité suffisante d’aliments pour nourrir tout le monde.

À la FAO, nous travaillons avec les pays membres pour promouvoir la transformation des systèmes agroalimentaires mondiaux dans la perspective de rendre ces systèmes plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.

Ceci viendrait ainsi appuyer la réalisation des «quatre améliorations» énoncées dans le Cadre stratégique 2022-2031 de la FAO: Améliorer la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie.

Cette transformation exige que des efforts soient déployés dans de multiples domaines, dont, notamment:

Premièrement: Intensifier l’aide agricole d’urgence;

Deuxièmement: Mettre en place des politiques favorables;

Troisièmement: Investir dans les systèmes agroalimentaires et les communautés rurales;

Quatrièmement: Mettre à profit la contribution de la science, des technologies et de l’innovation;

Cinquièmement: Garantir la transparence des marchés ainsi qu’un système de commerce mondial ouvert et équitable;

Sixièmement: Réduire les pertes et le gaspillage alimentaires;

Septièmement: Autonomiser les femmes, les jeunes, les peuples autochtones et les petits exploitants;

Huitièmement: Fournir la protection sociale nécessaire.

La voie à suivre est claire: nous devons produire plus avec moins.

Il nous faut diversifier les sources d’aliments.

Nous avons besoin d’une valeur ajoutée à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement alimentaire.

Nous devons assurer la disponibilité, l’accessibilité et l’abordabilité des aliments pour tous.

En combinaison avec ces trois dimensions de la sécurité alimentaire, nous avons besoin d’aliments correspondant aux quatre niveaux suivants:

Le premier niveau est celui des aliments de base;

Le deuxième niveau est celui des aliments nutritifs;

Le troisième niveau est celui des aliments sains; et

Le quatrième niveau est celui des aliments fonctionnels.

La combinaison des éléments ci-dessus, soit un total de 12 combinaisons, constitue le véritable indicateur de la sécurité alimentaire et de la nutrition à tous les échelons de la société, en particulier pour les ménages les plus pauvres et les plus vulnérables, tant pour répondre aux besoins immédiats que pour le développement de l’agriculture à long terme.

Mesdames et Messieurs,

Aucun pays ni aucune organisation ne peut y parvenir seul.

La table ronde d’aujourd’hui nous rappelle que dans un monde où les tensions géopolitiques augmentent, nous avons besoin de toute urgence de partenariats régionaux et mondiaux renforcés et d’une collaboration accrue à tous les niveaux.

Nous avons besoin d’une action conjointe et accélérée, dès maintenant.

Soyons solidaires et travaillons collectivement à la construction d’un monde pacifique libéré de la faim et de la malnutrition, pour les générations d’aujourd’hui et celles de demain.

Je vous remercie de votre attention.